Graces au Ciel, mes mains ne font point cri minelles ; Plut aux Dieux que mon cœur fut innocent comme elles! ...Jufte Ciel qu'ai-je fait aujourd'hui ? Mon époux va paroître & fon fils avec lui, Il fe tairoit en vain : Je fai mes perfidies, Enone, & ne fuis point de ces femmes hardies Qui goûtant dans le crime une tranquille paix, Ont fçu le faire un front qui ne rougit jamais. Je connois mes fureurs, je les rappelle toutes. Il me femble déja que ces murs, que ces voû tes Vont prendre la parole & prêts à m'accufer, Attendent mon époux pour le défabuser. Mourons. De tant d'horreurs qu'un trépas me délivre, Eft-ce un malheur fi grand que de ceffer de vivre? La mort aux malheureux ne cause point d'effroi, Je ne crains que le nom que je laiffe après moi Et ailleurs elle dit: Mon époux eft vivant & moi je brûle encore; Rour qui? Quel eft le cœur où prétendent mes vœux ? Chaque mot fur mon front fait dreffer mes che veux. Mes crimes déformais ont comblé la mesure, (a) Elle avoit confenti qu'Enone accufât Hyppalite auprès de fon pere Théfée, d'avoir voulu attenter à fon honneur. . Et comme fa Confidente vouloit la calmer fur fes remords par des confeils pernicieux & impies. Elle lui répond: Je ne t'écoute plus. Va-t'en, monstre exécrable, Va, laiffe moi le foin de mon fort déplorable. Tous ceux qui comme toi par de lâches adref- Des Princes malheureux nourriffent les foiblef Les, Les pouffent au penchant où leur cœur eft en clin, Et leur ofent du crime applanir le chemin. Phédre de Rac. C'est à l'occafion de cette Tragédie, dont on vient de rapporter quelques morceaux, que Boileau s'exprime ainfi dans fon Épître à l'Auteur de cette Piéce admirable contre laquelle de fots critiques & de bas envieux s'éleverent dans les commencemens qu'elle parut. Que peut contre tes Vers une ignorance vai ne? Le Parnaffe François ennobli par ta veine, Qui rendu plus fameux par tes illuftres veilles, Vit naître fous ta main ces pompeufes merveil les. Defcriptions. Idoménée Roi de Créte fait le récit d'une effroyable tempête dont il fut battu, & qui lui donna lieu de faire le vœu téméraire dont il eut tant de fujet de fe repentir. Après dix ans d'absence empreffé de revoir Cet appui (a) de mon Trône & mon unique efpoir. 'A regagner la Créte auffi-tôt je m'apprête Ignorant le péril qui menaçoit ma tête. . . . Mais le Ciel ne m'offrit ces objets raviffans (a) Son fils Idamante. Que pour rendre toujours mes défirs plus pref fans. Une effroyable nuit fur les eaux répandue Pour appaifer les Dieux je priai. Je promis... Non, je ne promis rien, Dieux cruels! j'en frémis.... Neptune, l'inftrument d'une indigne foibleffe, Le premier des fujets rencontré par fon Roi,` |