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Hélas ! malgré mes vœux, malgré fa barbarie,
Je n'ai pû le revoir fans en être attendrie.
Que l'hymen eft puiffant fur les cœurs ver

tueux !

Rhadamifte de Crebil

Sentimens de tendreffe.

Lufignan Prince du Sang des anciens Rois de Jérufalem, après avoir langui dans les prifons du Soudan de cette Ville, en eft retiré par Zaïre Esclave aimée du Soudan. A certains fignes il reconnoît qu'elle eft fa fille ; il apprend qu'elle fuit la Religion des Mufulmans; il déplore fon malheur, & lui parle ainfi gager à fe faire Chrétienne.

Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu phêmes,

pour l'en

que tu blaf

Pour toi, pour l'Univers eft mort en ces lieux mêmes :

En ces lieux où mon bras le fervit tant de fois. En ces lieux où fon fang te parle par ma voix. Vois ces murs, vois ce Temple envahi par tes Maîtres,

Tout annonce le Dieu qu'ont vangé tes ancês

Tourne les yeux, fa Tombe eft près de ce Pa

lais.

C'est ici la Montagne où lavant nos forfaits,
Il voulut expirer fous les coups de l'impie.
C'est là que de fa tombe il rappella fa vie.
Tu ne faurois marcher dans cet augufte lieu
Tu n'y peux faire un pas fans y trouver ton
Dieu,

Et tu n'y peux refter fans renier ton pere;

Ton honneur qui te parle & ton Dieu qui t'éclaire;

Je te vois dans mes bras & pleurer & frémir, Sur ton front paliffant Dieu met le repentir. Je vois la vérité dans ton cœur.

ZAYRE.

Ah! mon pere",

Cher auteur de mes jours: Parlez, que dois-je

faire?

LUZIGNAN.

M'ôter par un feul mot ma crainte & mes ennuis, Dire: Je fuis Chrétienne.

ZAYRE.

Oui... Seigneur... Je la fuis,

LUZIGNAN.

Dieu! reçois fon aveu du sein de ton Empire,

Volt. Zaïre

Expreffion des fentimens de haine & de vengeance.

Rodogune Princeffe des Parthes, ayant appris que Cléopatre dont elle étoit haïe mortellement, vouloit la faire périr, s'excite elle-même à la vengeance & forme le deffein de la prévenir. C'étoit pour détourner le coup qui la menaçoit & pour vanger la mort de Démétrius Nicanor, fon époux, qui avoit été auparavant celui de Cleopatre, & que cette derniere avoit fait tuer en haine de fon mariage ayec Kodogune..

Sentimens étouffés de colere & de haine,
Rallumez vos flambeaux à celles de la Reine,
Et d'un oubli contraint rompez la dure loi,
Pour rendre enfin juftice aux Mânes d'un grand'
Roi:

Rapportez à mes yeux fon image fanglante,
D'amour & de fureur encor étincellante;
Telle que je le vis quand tout percé de coups
Il me oria: Vengeance, adieu, je meurs pour

vous..

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Chere ombre! hélas! bien loin de l'avoir pour

fuivie,

J'allois baifer la main (a) qui t'arracha la vie, Rendre un refpect de fille (6) à qui verfa tom fang,

Mais pardonne aux devoirs que m'impose mon

....

rang. Après avoir armé pour vanger cet outrage, D'une paix mal conçue on m'a faite le gage Et moi fermant les yeux fur ce noir attentat Je fuivois mon deftin en victime d'Etat. Mais aujourd'hui qu'on voit cette main parris cide

Des reftes de ta vie (c) infolemment avide,
Vouloir encor percer ce fein infortuné

Pour y chercher le cœur que tu m'avois donné; De la paix qu'elle rompt je ne fuis plus le ga ge,

Je brife avec honneur mon illuftre efclavagea
Fofe reprendre un cœur pour aimer & haïr,
Et ce n'eft plus qu'à toi que je veux obéir.
Le confentiras-tu cet effort fur ma flamme,
Toi, fon vivant portrait, qui régnes fur mort

ame,

Cher Prince, dont je n'ofe en mes plus doux fouhaits

Fier encor le nom aux murs de ce Palais

(4) En faifant fa paix avec Cléopatre.
(6) En époufant un des fils de Cléopatre,
(c) De la vie à elle.

Je fai quelles feront tes douleurs & tes crain

tes,

Je vois déja tes maux, j'entends déja tes plain

tes.

Mais pardonne aux devoirs qu'exige enfin un Roi

A qui tu dois le jour qu'il a perdu pour moi

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