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les Égyptiens appellent sacrés, et qui a été gravée de la propre

main d'Hermès....

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Il existe, à trente stades à l'est de l'île Sacrée, une autre île plus grande; et l'on dit que du cap oriental de cette dernière, l'Inde, à cause de son prodigieux éloignement, ne paroît à l'horizon que sous la forme d'une vapeur très-étendue.

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Pour approprier cette description à quelque lieu connu, il faut trouver des îles situées vers les parties orientales de l'Arabie; if faut qu'elles soient près de ses rivages, dans les cantons où croît l'encens; que l'une de ces îles ait environ deux cents stades de largeur, et qu'il y ait un motif pour croire que ses anciens habitans ont professé la religion des Egyptiens.

Or, les îles de Maceira me semblent réunir ces différentes conditions.

Elles sont situées fort près du continent de l'Arabie, vers sa partie la plus orientale, et par conséquent du côté de la Carmanie.

que

Elles sont au nombre de cinq, en comptant les îlots qui avoisinent les deux principales, et ne sont séparées du Mahrah par un bras de mer fort étroit. J'ai dit qu'on recueille de l'encens Suprà, p. 763. sur les côtes du Mahrah opposées aux îles dont je parle; et c'est aux peuples de cette contrée, qui s'occupent encore du transport des parfums, que les Panchéens vendoient ceux que produisoient leurs îles.

J'ai reconnu dans la plus grande des îles Maceira, celle de Serapis du Périple, qui lui donne près de deux cents stades de Suprà, p. 764. large, et dans laquelle il indique trois bourgades habitées par les prêtres des Ichthyophages, comme Évhémère avoit distingué trois peuplades différentes dans son île. Selon lui, les hommes et les femmes portoient des ornemens semblables à ceux des Perses: il falloit donc que ces peuples eussent des relations entre eux; et le Périple les indique, en ajoutant que la contrée barbare du Mahrah étoit soumise à la Perse.

que ce

lib. VI, cap. 7.

pag. 181

Enfin, Ptolémée dit qu'il y avoit dans cette île un temple Ptolem. Geogr. célèbre; et, d'après le nom qu'elle portoit, il est visible devoit être celui de Sérapis, la même divinité que le Jupiter des Grecs. Le nom de Serapis prouve de plus que le culte des Tome XLIX.

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étonnant

Panchéens leur venoit de l'Égypte; il n'est donc pas qu'Évhémère ait trouvé dans leur temple des inscriptions en Diodor. Sicul. caractères hiéroglyphiques, ou sacrés, dont les Égyptiens attriBiblioth. tom. I, buoient l'invention à Hermès.

lib. 1, §. 16,

pag. 19.

146.

Recherches,

Ainsi, les principaux faits rapportés par Évhémère, ceux qui servent à indiquer l'emplacement de l'île des Panchéens, se trouvent confirmés par les rapprochemens que je viens de faire. Quant aux circonstances qu'il a cru devoir y ajouter, sur la richesse du temple de ces peuples, sur la bonté de leurs lois et la pureté de leurs moeurs, elles rappellent trop les rêves philosophiques de Platon et les écarts de sa brillante imagination, pour ne pas y reconnoître les mêmes idées et le même but. C'est une manie commune à tous les siècles, que celle de ces philosophes spéculatifs, qui, ne sachant ni fixer le bonheur auprès d'eux, ni le procurer aux hommes, le leur montrent sans cesse, relégué aux extrémités de la terre, dans des îles presque ignorées, ou plutôt dans les contes ingénieux que nous offrent leurs futiles romans.

Le lecteur à qui j'ai fait voir ce qu'étoit l'Atlantide de Platon, tom. 1, p. 143- appréciera également ce que pouvoit être la Panchaïe d'Évhémère, en se rappelant que de son temps, et même plusieurs siècles après lui, les insulaires de Maceira étoient si peu civilisés, qu'ils alloient presque nus, et qu'ils n'avoient encore substitué aux fruits du paliurus (0) dont ils se nourrissoient à l'époque de Cassandre, que Periplus maris le poisson abandonné par la mer sur leurs rivages. Erythrai, p. 19.

Il étoit donc impossible que les navigateurs Grecs reconnussent dans des mœurs si barbares, et dans un dénuement si absolu, ces lois sages, cette abondance, ce luxe, ces immenses richesses, qu'Évhémère leur avoit attribués; et comme ils ne rencontrèrent nulle part le peuple fortuné dont ce philosophe avoit conté tant de merveilles, ils ont dû en rejeter la découverte, et la mettre au même rang que les fables dont il s'étoit plu à la défigurer.

L'emplacement du temple des Panchéens offre quelque incertitude : les deux cents stades de largeur qu'Evhémère donne à leur île, feroient croire qu'il a parlé de la grande Maceira; mais,

(0) Le Paliurus d'Évhémère est vrai- | phages, le Rhamnus lotus de Linné, semblablement le jujubier des Loto-Systema natura, tom. II, pag. 179.

comme il ajoute qu'à trente stades à l'orient, il existoit une autre Eratosthen, et île plus considérable, il y a quelque apparence que le temple se Strab. lib. 11 Polybius, apud trouvoit dans la petite Maceira, à laquelle il a pu prêter l'étendue p. 104; Strab. lib, I, pag. 47; de la première, pour lui donner plus d'importance. Du moins vi, p. 299. trouve-t-on dans Ammien Marcellin (p), que le temple de Serapis Plutarch. De étoit placé dans une île qu'il nomme Turgana; et il sembleroit pag. 602. Boen résulter que la dénomination d'île de Serapis n'appartenoit pas chart. Geograp. exclusivement à celle où étoit le temple du dieu, mais plutôt au lib. 11, cap. 18, sacra, Phaleg, groupe entier des îles de Maceira qui lui étoient consacrées, pag. 104. Huet, quoique dans la suite on l'ait appliquée, par préférence, à la plus grande de toutes.

près du

Isid. et Osirid.

Hist. du com

merce et de la navigation des anc. chap. 52, Pag. 356. L'ab bé Sévin, Mé

moir. de l'Aca

Lettres, t. VIII, pag. 114.

Tels sont, au surplus, les faits qui me portent à croire que l'île Panchaïa, dont beaucoup d'auteurs ont nié l'existence a, et que d'autres ont placée tantôt dans l'intérieur de l'Abyssinie, tantôt dém. des Bellesdans la Basse - Égypte, tantôt dans l'Arabie Pétrée, mont Sinaï, quoiqu'on ne recueille pas un grain d'encens dans ces diverses contrées, n'est autre chose que la petite Maceira, peu connue aujourd'hui et j'ai cru devoir présenter ces éclaircissemens, à la suite d'un mémoire dont l'objet embrasse les principaux lieux visités par les anciens sur les côtes méridionales de l'Arabie.

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pon. Melam

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Is. Vossii Observat. ad Pompag. 585. Harduin. Not. Plin. tom. 1,

et Emendat. in

pag. 358, n.

CVIII.

Fourm. l'aîné, Mémoir.de l'A

dém, des BellesLettres, t. XV, pag. 289.

TABLEAU &c.

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