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Periplus maris Moscha, le principal entrepôt de l'encens recueilli dans la réErythrai, p. 18. gion des Sachalita.

Stukii Scholia in Peripl. mar. Erythr.pag. 54. D'Anville, Géo

Le rapprochement des noms d'Omana et de Moscha a fait penser à la plupart des géographes modernes, que ces noms devoient graph. ancienne se rapporter à la contrée d'Oman, et à la ville de Mascat, située abrég. tom. II, vers l'embouchure du golfe Persique, à plus de sept mille cent pag. 227. Niebuhr, Descript. stades, ou deux cent quatre-vingt-six lieues du point où je suis de l'Arab. pag. arrivé et c'est peut-être une des raisons qui auront engagé 257 Voyage d'Anville à transporter le Syagros au Ras al-Hhad.

tom. II, p. 70,

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Mais les mesures du Périple sont trop exactes, et l'ordre des lieux est trop bien observé, pour que l'on y suppose une semblable méprise. Pour l'admettre, on seroit obligé, ou de faire disparoître toutes les contrées intermédiaires depuis le Syagros jusqu'à Mascat, quoiqu'il en donne la description et les distances, ou de rejeter ces distances dans l'intérieur du golfe Persique, tandis qu'on verra les mesures du Périple s'arrêter avant même d'avoir atteint l'embouchure de ce golfe. D'ailleurs, jamais la région désignée par les anciens sous le nom de Sachalites, ne s'est étendue jusqu'à l'Oman, dont elle étoit séparée par les vastes déserts du Mahrah; et la ville de Mascat d'aujourd'hui n'étoit pas connue avant le douzième siècle. En expliquant dans la suite de ce Mémoire la carte de Ptolémée, je dirai pourquoi les peuples Sachalita et Omanita y paroissent voisins l'un de l'autre.

Le golfe Omana du Périple fait partie de celui du Séger, et porte le nom de Kalfat, comme la contrée qui succède imméL'Édrisi, Geo- diatement au cap de Fartak. Les Arabes appellent aussi ce rivage graph. Nubiens. Ghobb ul - camar, la Côte de la lune, parce qu'il est entouré à mat. 1, pag. 26. quelque distance par une chaîne de montagnes sémi-circulaire, qu'ils ont comparée au croissant, et qu'ils ont nommée la Montagne de la lune.

pars VI, cli

Cette chaîne se rapproche de la mer, et suit ses bords jusque vers le plus grand enfoncement du golfe de Séger : ce point est précisément à onze cents stades du cap de Fartak, et au milieu de la côte du Séger, ou du pays des Sachalita, d'où vient encore aujourd'hui le meilleur encens de l'Arabie. Niebuhr a entendu cript. de l'Ara- parler d'une ville de Moschech, située dans ces cantons; et je bie, pag. 249. pense que ce peut être le port de Moscha, d'autant plus qu'on lui

Niebuhr, Des

a indiqué en même temps d'autres villes inconnues en Europe, et dont les noms ressemblent trop à ceux des villes qui avoisinent Moscha, dans la carte de Ptolémée, pour ne pas les y faire reconnoître. J'en parlerai dans la suite.

De Moscha à Asichon, le Périple compte quinze cents stades, et place vis-à-vis son territoire sept îles qu'il nomme Zenobii.

Il n'y a point de doute, comme je l'ai dit, qu'Asichon ne soit la ville d'Hasec d'aujourd'hui; son nom n'a point changé, Suprà, p. 759. et il ne diffère ici que par la finale que les Grecs y avoient ajoutée. Hasec se trouve d'ailleurs à la distance précise qui m'est donnée, soit du cap de Fartak, le Syagros du Périple, soit du point où Moscha est venue se placer dans ma carte.

A l'entrée du golfe où est Hasec, sont les îles de Kuria-muria, qui représentent les Zenobii insula. Dans la version de l'Édrisi, les deux principales îles de ce groupe sont nommées Chartan et L'Edrisi, GeoMartan; mais comme, par le défaut de points diacritiques, on graph. Nubicns. peut lire dans le texte Khuryan et Muryan, on voit que c'est de masli ces îles que le golfe d'Hasec a pris parmi nos marins le nom de Kuria-muria, puisque les Arabes ne le connoissent que sous celui de Giun al-hascisc, le golfe des Herbes.

pars VI, climat. I, pag. 24.

Après ces îles, dit le Périple, vient une contrée barbare qui appartient à la Perse. Quand on l'a suivie l'espace d'environ deux Periplus maris mille stades, on arrive à une autre île nommée Serapis, large de Erythrai, p. 19. près de deux cents stades, et distante de cent vingt stades du continent: elle renferme trois villages habités par les prêtres des Ichthyophages.

Cette côte barbare est celle du Mahrah, vaste contrée dont la plus grande partie n'est qu'un désert stérile. Les environs de la mer, moins arides que l'intérieur, produisent de l'encens qui est exporté dans d'autres cantons. Le reste du pays n'offre ni pal- Abulfeda, Des miers ni terres cultivées : les chameaux et les dromadaires qu'on cript. Arabia, p. 66. L'Edrisi, y élève, sont les seules richesses que possèdent ses malheureux Geograph. Nuhabitans; et la langue qu'ils parlent, est un dialecte barbare très-biens. pars VI, difficile à entendre. Il paroît donc que les peuples du Mahrah ne se mêlent point avec les autres Arabes, et qu'ils ne sont pas plus policés aujourd'hui, qu'ils ne l'étoient au commencement de l'ère Chrétienne.

climat. 2, p. 13.

Ddddd ij

Sur cette côte, et à deux mille stades des îles de Kuria-muria, on trouve l'île de Maceira ou Midjaré sa distance du continent et sa largeur sont les mêmes que celles de l'île de Sérapis données par le Périple; de sorte qu'il doit paroître certain qu'elle la repré

sente.

Ces parages, ainsi que ceux de l'Hadramaüt et du Séger, ne sont fréquentés aujourd'hui que par les Arabes d'Aden, de Késem, d'Hasec et de Mascat, dont l'objet est d'en exporter l'encens que l'on y recueille. Les navigateurs Européens en approchent rarement, et nous laissent sans détails particuliers sur une grande partie de cette côte.

De l'île de Sérapis, ou du continent qu'elle avoisine, en se portant vers le nord l'espace d'environ deux mille stades, on Periplus maris arrivoit, selon le Périple, aux îles Calai, situées dans un golfe Erythrai, p. 19, à l'entrée de la mer de Perse.

20.

Plus loin, on trouvoit les îles Papiæ, ensuite le mont Kaλos ou Pulcher, et, à quelque distance au-delà, l'embouchure du golfe Persique.

Sur la gauche du détroit, on voyoit de hautes montagnes nommées Sabo, et sur la droite, dans le continent, une montagne ronde et élevée, appelée la montagne de Sémiramis.

En partant du milieu de la grande Maceira, et en mesurant le long des côtes dix-neuf cents stades, on sera conduit près du cap de Kalhat ou de Calaïat, voisin de la ville et de quelques îlots du même nom : je les reconnois pour les îles Calai, avec d'autant plus de certitude, que leur dénomination actuelle Voyage de la suffiroit seule pour constater leur identité, quand même la mede, p. 34. Am- sure précédente manqueroit à cette preuve. Kalhat est d'ailleurs bassade de Fi- une des plus anciennes villes de l'Oman; l'air et les eaux y sont Niebuhr, Des- excellens, et l'on y voit encore les ruines de plusieurs grands cript. de l'Ara- édifices 2.

*Abd-culrizac,

Perse dans l'In

gueroa, pag. 12.

bie,

258.

b

pag, 257,

verbo Calæi.

с

Ortelius b, Stukius et d'autres, se sont trompés sur le sens du Ortelu The passage qui indique les îles Calai à l'entrée de la mer de Perse, saur, geograph. et non à l'entrée du golfe Persique, comme ils le prétendent, Stukii Schol. et où ils ont cherché inutilement ces îles. Quoique l'auteur du in Peripl. maris Périple ne fasse pas mention du Ras al-Hhad, il distingue néanErythr. p. 55. moins très clairement le golfe qu'il appelle mer de Perse, et

1

qui est compris entre ce promontoire et les côtes du Kerman, d'avec celui que l'on nomme proprement golfe Persique. S'il cesse, aux îles Calai, de donner les mesures du reste de cette côte, les lieux dont il parle n'en sont pas moins faciles à reconnoître, puisque les îles Papia ne peuvent répondre qu'à celles de Sohar, et le mont Pulcher, au cap de Kurfékian, qui est fort élevé, et situé, comme il le dit, à quelque distance en-deçà de l'embouchure du golfe Persique.

Ce cap est formé par l'extrémité d'une branche de la haute chaîne de montagnes que l'auteur du Périple indique à la gauche du détroit. Cette chaîne est connue aujourd'hui sous le nom de Montagnes noires: celui de Sabo, qu'elle portoit à l'époque du Périple, lui venoit d'une peuplade de Sabéens qui en occupoient les environs, et qui paroît exister encore, comme je le dirai dans la suite. La montagne de Sémiramis, qu'on apercevoit sur la droite, est le mont Elburz, célèbre dans ces cantons par un pirée que les Guèbres y avoient établi autrefois.

Ainsi, l'application sur la carte moderne, de tous les détails que j'ai puisés dans le Périple, atteste la grande exactitude des mesures qu'il renferme; et la rencontre des principaux lieux dont il a parlé, aux distances précises qu'il leur assigne, justifie la correction que j'ai proposée dans celle d'Ocelis à Arabia Felix.

Je vais faire voir que la carte de Ptolémée, malgré la difformité de son contour, avoit été construite, dans son origine, sur des données également exactes, et qu'il est possible de les

retrouver encore.

S. II.

Des Côtes méridionales de l'Arabie, selon la carte de

Prolémée (h).

y

EN rapprochant la carte de Ptolémée de celle que l'on doit aux connoissances des voyageurs et des géographes modernes, on est frappé d'un grand nombre de dissemblances très-remarquables. Dans la première, les côtes méridionales de l'Arabie présentent une longueur beaucoup plus grande que dans la seconde; tous (h) Voyez et comparez les Cartes n.os I et II.

les cantons y sont portés plus à l'orient que je ne les ai fixés d'après les mesures du Périple; et les vastes déserts de l'intérieur de l'Arabie y paroissent peuplés de nations nombreuses, dont il ne reste aucun vestige. Mais je crois pouvoir indiquer l'origine de ces erreurs et la cause de ces déplacemens.

Si, d'après les Tables de Ptolémée (i), on calcule les distances qu'elles donnent pour le trait de la côte, depuis le Palindromos à l'entrée du golfe Arabique, jusqu'au promontoire Corodamum, en considérant chacune des positions comme si elles étoient placées sur une carte plate, et liées entre elles par une suite de triangles, Ptolem. Geo- on trouvera, en évaluant comme cet auteur, le degré à cinq cents graph., lib. 1, stades, qu'il a mis entre les deux points précédens 15,425 stades. La carte moderne, depuis le cap septentrional de Bab almandeb, le Palindromos de Ptolémée, jusqu'au cap de Kuriat, l'ancien Corodamum, comme l'analogie des noms l'indique et comme toutes les mesures le justifieront, ne présente, en suivant les sinuosités des côtes, que 1 1,550 stades pareils aux précédens; ainsi les mesures de Ptolémée seroient beaucoup trop grandes.

cap. 11, pag. 13.

anciens, tom. I,

185; t. II,

Mais, si l'on se rappelle ce que j'ai eu occasion de dire plusieurs fois, sur la méprise des anciens constructeurs de cartes, qui n'ont pas su distinguer toujours la longueur du stade employé Recherches sur dans les itinéraires qu'ils consultoient; et si l'on fait attention et positive des 1.° que 15,425 stades de sept cents au degré, n'en valent que pag. 13, 11, 11,030 de cinq cents; 2.o qu'il existe dans les mesures de la carte pag. 167, 179, ancienne une lacune de 500 stades, comme je l'ai annoncé, et 240, 245, 246. comme je le ferai voir bientôt; on reconnoîtra que ces deux dersur les Mesures nières sommes réunies, s'élevant à 11,530 stades, représentent itinéraires des exactement la mesure prise sur la carte moderne. Dès-lors, il doit à la tête de l'éd. paroître certain que cette portion de la côte de l'Arabie, telle que françoise de la nous l'offrent les Tables de Ptolémée, avoit été combinée d'après Géogr.de Strab. un itinéraire fort exact, dans lequel les distances étoient données en petits stades de sept cents, et que toute l'erreur vient de les avoir employés sur la carte ancienne comme s'ils eussent été de grands stades de cinq cents au degré.

Observations

anciens, placées

L'effet de cette inattention a été de prolonger tous les espaces de deux cinquièmes au-delà de leur étendue réelle, et c'est là (i) Voyez l'Extrait de ces Tables à la fin de ce Mémoire.

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