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produisent les cantons humides voisins des hautes montagnes de l'Inde, et nos voyageurs modernes les ont remarqués avec étonVoy. de Marc nement: Marc Paul leur donne quinze pas de longueur sur Paul, chap. 36. trois paumes de grosseur; ceux que Turner a vus, avoient bassade au Ti- jusqu'à trente pieds de haut.

Turner, Am

bet, tom. I, pag. 77,139.

720.

725.

J'ai pensé que ces renseignemens ne devoient pas être négligés, non plus que l'analogie qui me semble exister entre le nom de Suprà, p. 718- Tibet et celui de Tabis, donné par Méla, Pline et Solin, à un promontoire qui, selon eux, devoit terminer la Sérique au nord, sur les bords de l'océan Oriental. Le groupe des montagnes du Suprà, p. 724, Tibet, ayant été, comme je l'ai dit, une des barrières que ni les Grees ni les Romains n'ont jamais franchies, ils ont pu croire que l'extrémité septentrionale de ces monts formoit un cap vers l'orient, à quelque distance de la grande chaîne, et sur les frontières de la Scythie. Ces indications sont, au reste, les seules que Du Halde, je trouve dans l'antiquité, qui aient rapport aux contrées situées à Descript. de la Chine, t. IV, l'orient de la Sérique : elles s'appliquent l'une et l'autre au Tibet, pag. 45. Bogle, Relation du qui fait la limite du Séri-nagar.

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bet, p. 24, 25. Turner, Ambas

Si l'on cherche maintenant quels pouvoient être les objets de sade au Tibet, commerce qui attiroient les anciens dans ces climats rigoureux, tom. II, pag. 64, on trouvera que le Tibet fournit de l'or en assez grande quantité, 251, 252. et que la plupart des fleuves en charient . Les Issédons, dit Voyages, t. 11, Elien (t), sont surnommés Myrmeces, du nom des fourmis qui, pag. 172. chez eux, gardent les mines d'or.

b Thévenot,

Kiatib Tché

pag. 375, ms.

b

léby, Djihan Toutes les montagnes qui entourent les sources de l'Indus et numa, tom. I, du Gange, renferment des mines de fer; et ce fer, selon Thévede la Bibl. nat. not et Kiatib Tchéléby c, est très-recherché dans toute l'Asie. Pl. 1. XXXIV, Il y a dix-huit siècles que Pline écrivoit: Ex omnibus autem generibus palma Serico ferro est.

cap. 41.

Ubi suprà. Ce naturaliste ajoute : Seres hoc [ferrum] cum vestibus suis Periplus maris pellibusque mittunt. L'auteur du Périple de la mer Érythrée, Eryth. pag. 22; apud Geograph parle aussi des fourrures de la Sérique, que l'on transportoit en minores grac., descendant l'Indus, jusqu'à Minnagara, où les navigateurs Grecs et Romains alloient les chercher; et Tavernier assure qu'on Voyages, t. II, pourroit tirer beaucoup de pelleteries du Tibet, si ses habitans liv. 3, chap. 25. (t) Elian. de Natur, animal. lib. 111, cap. 4. Alien semble mettre les Issédons dans l'Inde; c'est par erreur.

tom. 1.

Tavernier,

avoient

avoient plus d'adresse qu'ils n'en ont, pour tuer les martres et les autres animaux qui peuplent leurs montagnes.

Tavernier, tom. II, liv. 3,

Ce pays produit encore du plomb, du cuivre, du cinabre, du cristal, du musc, de la rhubarbe; mais il nourrit sur-tout une chap. 5. Bogle, espèce de chèvre dont le poil surpasse de beaucoup en finesse, Relat, du Tibet, en beauté, tout ce que l'on connoît de plus parfait en ce genre Bernier, Voyag.

pages 23 25.

tom. II, p. 280, 281. Turner

pag. 64, 251

dans le reste du monde. Le poil précieux de ces chèvres me paroît être cette laine Ambassade au soyeuse que les Romains recherchoient avec tant d'empressement, Tibet, tom. II, et dont l'origine leur étoit tellement inconnue, qu'ils la prenoient 254. pour une espèce de soie ou de coton que l'on recueilloit sur les arbres. Les marchands apportoient ce poil en Europe, lorsqu'il n'avoit encore reçu qu'une main-d'oeuvre grossière; et les femmes, après en avoir formé un nouveau tissu, s'en faisoient des vêtemens extrêmement légers. Seres, lanicio silvarum nobiles, perfusam Plin. lib. VI, aquâ depectentes frondium canitiem: unde geminus feminis nostris labor redordiendi fila, rursumque texendi. Tam multiplici opere tam longinquo orbe petitur, ut in publico matrona transluceat.

cap. 20.

A cet égard, l'industrie des Tibétains n'est pas plus avancée aujourd'hui qu'elle ne l'étoit au temps de Pline : ils ne savent pas encore employer le beau poil de leurs chèvres : ce sont les habitans du Cachmir qui le leur achètent pour le préparer et en faire Bernier, Voyag ces châles si estimés dans toute l'Asie, en Afrique et même en tom. II, p. 281. Bogle, Relation Europe. On ne connoît rien de plus beau que ces étoffes; leur du Tibet, p. 23. extrême finesse les rend réellement transparentes, comme l'expres- Tibet, sion de Pline l'annonce. Le haut prix que les Orientaux les payent, tom. II, p. 175. celui que les Européens y mettent depuis quelques années, explique 193. comment les femmes Romaines ont pu les rechercher autrefois pour

leur parure et pour s'en faire des vêtemens entiers; ce sont, je crois, les serica vestes dont Pline (v) leur reprochoit l'usage, comme un objet de luxe immodéré. Les anciens, plus actifs que nous sur ce point, savoient se procurer à-la-fois, et les étoffes, et la matière qui servoit à leur fabrication.

(v) Quò magis ac magis admirari su- | bit..., vestes ad Seras peti... Plin. lib. XII, cap. I.... aut veste Sericâ versicolores

Tome XLIX.

unguentis madidas. Hunc habet novissimè
exitum luxuria feminarum. Lib. xxi,
cap. 8.

Bbbbb

Turner Am

Strab. I. XV, pag. 702.

'Arrian. Rer. Indicar.p. 514, $19.

S. III.

La Sérique placée dans l'Inde.

J'AI annoncé, dès le commencement de ce mémoire, que la laine soyeuse dont je viens de parler, devoit être distinguée de la soie proprement dite. Les anciens tiroient aussi cette dernière substance de la Sérique : le Séri-nagar est trop froid pour en produire; ainsi il faut indiquer un canton assez proche de cette province pour qu'il ait pu en faire partie ou qu'on ait pu le confondre quelquefois avec elle; il faut que ce canton ait porté et porte encore le nom de Sérique, que dans le nom actuel de sa capitale on retrouve celui de Sera, et qu'enfin il soit situé sous un climat assez chaud pour que les vers-à-soie aient pu s'y multiplier facilement et dans tous les temps.

Ces conditions exigent qu'on se transporte dans l'Inde, sur le revers immédiat de la grande chaîne de l'Asie; et l'on y reconnoîtra toutes les circonstances rapportées par les auteurs qui ont placé la Sérique dans cette contrée.

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On convient unanimement, dit Strabon, que le pays situé au-delà de l'Hypanis est le meilleur de l'Inde; mais on n'en » sait rien avec certitude. La distance, et le peu de connoissance des lieux, ont fait exagérer jusqu'au prodige ce qu'on en a >> raconté : on dit que les fourmis y extraient l'or des mines (x); » que certains animaux et même des hommes y ont une forme singulière et des propriétés extraordinaires; que les Sères, par exemple, vivent si long-temps, qu'ils vont au-delà de deux

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» cents ans.... »

Il est clair, d'après ce passage, que Strabon plaçoit la Sérique à l'orient de l'Hypanis, entre ce fleuve et le Gange, dans la partie septentrionale de l'Inde. Cette position répond exactement au midi du Séri-nagar.,

Arrien dit aussi que l'expédition d'Alexandre s'étant bornée

(x) Ce fait, rapporté aussi par Héro- | dote, lib. 111, S. 102-104, et par Mégasthène, Strab. lib. xv, pag. 706, paroît être le même que celui dont Ælien a voulu parler (suprà, pag. 743 ): mais ces

auteurs, plus instruits qu'Alien sur ce qui concerne l'Inde, n'y ont point placé les Issédons, parce que ces peuples n'ont jamais appartenu à cette contrée:

à l'Hypanis, qu'il nomme Hyphasis, il n'a pu se procurer aucune notion sur les pays situés au-delà de ce fleuve.

L'Abréviateur de Strabon n'a pas suivi exactement son au- Chrestomat, ex Strab. geoteur, lorsqu'il dit que le Caucase, en bornant l'Inde au nord, graphicor. lib. la séparoit des pays occupés par les Sacques, les Scythes et les xv, pag. 192. Sères. Strabon n'a point dit que le Caucase séparât l'Inde du pays des Sères; cette opinion appartient à un siècle postérieur au sien, et elle indique les Sères de la Scythie, qu'il n'a point connus. Étienne de Byzance ne fait que nommer les Sères, pour dire Steph. Byzant. que c'est une nation Indienne. Mais voici un fait plus positif.

verlo Σήρες.

Gothico, l. IV,

Procope de Césarée rapporte que deux moines venus de Procop. Casal'Inde, ayant appris que Justinien cherchoit à affoiblir la puis- riens. de Bello sance des Perses et à les priver des sommes considérables qu'ils cap. 17, p. 613. tiroient des Romains pour la soie qu'ils leur vendoient, demandèrent à l'empereur d'être envoyés dans une province de l'Inde nommée Serinda, où ils avoient déjà séjourné, et s'engagèrent à lui rapporter des œufs de vers-à-soie.... L'empereur accepta leurs offres, et les moines remplirent leur promesse.

Il est parlé des peuples de Serinda, dès le temps de Julien. A peine ce prince fut-il assis sur le trône de Constantinople, qu'un grand nombre de nations lui envoyèrent des ambassadeurs pour lui demander la paix. Il en vint des pays les plus éloignés, dit Ammien Marcellin: Inde nationibus Indicis certatim cum donis Ammian. Marcellin. l. XXII, optimates mittentibus ante tempus, abusque Indis et Serindis (y).

a

Cette province de Serinda est très - connue aujourd'hui dans l'Inde, sous le nom de Ser-hend; elle est située au midi du Sérinagar, dont elle n'est séparée que par les montagnes de Séra-lick, les Seri montes des anciens. La province entière est située à l'orient de l'Hypanis, entre ce fleuve et le Gange, comme Strabon l'a indiqué, de sorte qu'il n'est point douteux que les Sères de cet auteur ne soient les mêmes que les Serindi de Procope et d'Ammien Marcellin.

La capitale du Ser-hend porte le même nom que la province;

(y) Henri de Valois a préféré une leçon qui porte abusque Divis et Serendivis: il rapporte ces noms aux peuples de la petite île de Diu ou Diul-Sindi,

et à ceux de Ceilan. Je ne crois point
que cette leçon, ni la conjecture qu'elle
a fait naître, puissent être admises.

Bbbbb ij

pag. 206.

lib. 11,-suprà

elle n'est qu'à trente lieues des monts Séra-lick, et quoique sa latitude diffère peu de celle de Séri-nagar, cependant, comme elle est défendue des vents du nord par les hautes montagnes qui la séparent de cette ville, elle se trouve sous un ciel très-chaud et très-propre à élever des vers-à-soie.

Les noms de Ser-indi, de Ser-inda et de Ser-hend, sont visiblement composés des mots Seres et Inde ou Hend, comme écrivent les géographes Orientaux; on a désigné par-là les Sères-Indiens, la Sérique de l'Inde, Serica Indica, suivant l'expression des auteurs du moyen âge, et la ville de Sera située dans l'Inde, par opposition à d'autres Sères, à une autre Sérique, à une autre Sera, placés hors des limites de l'Inde et que j'ai reconnus dans le Séri-nagar.

Les nombreuses conquêtes, les fréquentes émigrations des peuples Scythiques dans les contrées méridionales de l'Asie, sont assez connues, et suffisent pour expliquer comment une nation, en se divisant, a pu conserver son nom, et y ajouter, pour se distinguer de la mère-patrie, le nom du pays où elle se formoit un nouvel établissement. L'histoire ancienne et moderne fournit trop d'exemples semblables pour qu'il soit besoin d'en apporter des preuves.

Il faut même que les conquêtes des Sères se soient quelquefois étendues bien au-delà du Ser-hend et du petit Tibet. On trouve Anonymi Ra- dans l'Anonyme de Ravenne, que la plus grande partie de vennat. Geogr; l'Inde septentrionale a porté le nom d'India Serica, et que ce pag. 723. nom s'étendoit depuis la Bactriane jusqu'au-delà de Palibothra, Expositio totius puisque cette ville et celle de Bactres y étoient comprises. L'aumundi et gen- teur d'une petite géographie écrite en latin barbare vers le temps tium, p. 2. Inter Geograph, miu. de Constance (m), met aussi les Sères sur les confins du Gracos, t. III. Brachmanes, qu'on sait avoir été un peuple Indien.

pays des

Il sembleroit que l'Eygûr auroit aussi été soumis aux Sères; du moins croit-on entrevoir quelque analogie entre le nom de cette province et celui des peuples Ithaguri de Ptolémée, comme D'Anville, Re- d'Anville en trouve entre le nom de Hami ou plutôt Kami, et celui de l'Asmiræa regio.

cherches sur la Sérique,p. 596.

Mais la découverte de l'Eygûr me paroît postérieure à Ptolémée ; et si l'Asmiraa doit répondre au canton de Hami, je pense

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