Page images
PDF
EPUB

sont de la première classe, c'est-à-dire qu'elles ont été faites immédiatement sur le texte original. On peut dire la même chose de la version Arabico-samaritaine, dont il est ici question; elle paroît avoir été faite, non sur la version Samaritaine, mais sur le texte Hébreu-samaritain; on en verra les preuves dans la suite de ce mémoire. Mais je dois, avant tout, donner une notice abrégée des divers manuscrits de cette version qui existent, à ma connoissance, dans les bibliothèques de l'Europe. Le nombre en est plus grand qu'on ne seroit tenté de le croire, attendu la rareté des manuscrits Samaritains en général. De ces exemplaires, les uns sont écrits en caractères Samaritains, les autres en caractères Arabes.

Le plus célèbre de tous est, sans contredit, celui qui se trouve à Rome dans la bibliothèque Barberine (b). Il contient en trois colonnes le texte Hébreu-samaritain, la version Samaritaine, et la version Arabico-samaritaine, écrite aussi en caractères Samaritains.

Plusieurs écrivains célèbres ont donné la description plus ou moins détaillée de ce rare manuscrit, qui avoit appartenu au savant Peiresc, et qu'il légua par son testament au cardinal François Barberin. On peut consulter à ce sujet le P. Morin, Peiresc, le Long, Wolf, Blanchini, Bjornstahl dans sa lettre au P. Fabricy, Hwiid (c), et l'ouvrage qu'a publié à Rome, en 1782, M. J. B. de Rossi, sous le titre d'Appendix de celeberrimo codice tritaplo Samaritano bibliotheca Barberina, à la suite de son Specimen variarum lectionum sacri textûs et Chaldaica Estheris additamenta

(b) Voyez sur cette bibliothèque, les | Lettres de Bjornstahl, édit. Allemande, , p. 59, et Adler, Bibl. krit. Reise,

p. 87.

=

(c) J. Morin, dans la préface qui se trouve au commencement du 1. vol. de la Polyglotte de Paris, et dans les Opusc. Hebr. Samarit. in præfat. ad Adnotat. in transl. Sam. p. 96. Peiresc, lettre au P. Morin, dans le recueil intitulé Antiquitates eccles. Orient. lettre 36, éd. de Londres, page 182, feuille N. Le Long, Biblioth. Sac. édit. de 1723, pages 7 et 84. Wolf, Biblioth.. Hebr.

t. II, p. 425. Bjornstahl, dans sa lettre citée à la fin du 1. tome de l'ouvrage du P. Fabricy, intitulé Des titres primitifs de la révélation, p. 373, &c., et dans le Recueil de ses lettres à M. Gjoerwell, traduct. Allem. tome I, page 330. = Blanchini, Evangeliarium quadruplex Latina versionis antiqua, t. II, p. 629. (On trouve sur la planche qui est placée après la p. 604, une page entière de ce manuscrit.) A. Ch. Hwiid, Specimen inedita versionis Arab.-samaritana Pentateuchi; Romæ, 1780.

139 et seq.

cum Latina versione ac notis, et qui a été réimprimé à Tubingue, én 1783, par les soins de M. Chr. Fred. Schnurrer. Le savant auteur de ce petit traité, dont tous les ouvrages sont marqués au coin d'une saine critique, relève les méprises échappées aux écrivains qui ont parlé de ce manuscrit sans en avoir une connoissance exacte, et sur - tout les fautes où sont tombés à ce sujet Bjornstahl et Hwiid.

Il s'est cependant trompé lui-même sur quelques points essentiels; et pour compléter la notice de ce manuscrit précieux, il faut joindre à ce qu'il en dit, la description qu'en a donnée en 1783, dans la Relation de son voyage, le savant M. J. G. Chr. Adler, aujourd'hui surintendant des églises du duché de Sleswick. Comme ce dernier ouvrage est écrit en allemand, on me saura gré d'en donner ici un extrait aussi abrégé qu'il me sera possible. Le manuscrit est en parchemin, très-proprement écrit et avec Adler's Bibl. beaucoup d'exactitude. Il est défectueux au commencement, et krit. Reise, p. cette lacune comprend les 33 premiers chapitres et les 22 premiers versets du chapitre 34 de la Genèse. On y a suppléé par l'ancienne version Syriaque. A la fin de chaque livre sont de courtes notes en carschouni, c'est-à-dire, en fangue Arabe et en caractères Syriaques; par exemple, on a Fin du livre 1. Cela prouve que ce manuscrit a servi à quelque Chrétien Syrien et Maronite. Dans le corps du volume, il manque plusieurs feuilles : elles ont été remplacées, tantôt par des feuillets d'un autre manuscrit Samaritain plus récent, qui vraisemblablement étoit lui-même défectueux, tantôt par une main encore plus moderne, et très-mauvaise.

er

On doit rapporter à la première restauration du manuscrit, quelques-uns des derniers feuillets de l'Exode qui ne contiennent que le texte Hébreu-samaritain, et à la fin desquels on lit en samaritain: Smsp Guy quiz NA 'APAVAN •Smby ·24 mm 53m20 94 ·2·T

[ocr errors][ocr errors]

E 'IIP 'MÁS 'Ny 2 uyuy 2 75w 'szty wyzywy 23 -: 399

c'est-à-dire, Translata est hæc lex sancta, à possessione legis periti,

servi pauperis, et humilis Ab-Elyoun de filiis Haschouri [vel Syri]
ad possessionem Abrahami filii filiæ ejus, ut eam tolleret, ipso adhuc
superstite [i. e. non jure hæreditario] pro argenti summâ, ineunte
anno 858 regni filiorum Cedar. Auferat eam in domum suam in bene-
dictionem (d). L'an 858 de l'hégire revient à l'an 1453 de notre
ère. Par-tout où il y a des lacunes ainsi réparées, on n'a rétabli
ni l'une ni l'autre des traductions. En trois endroits du manuscrit,
on trouve des notes qui indiquent le temps où il a été écrit. La
première, qui est différente de celle qu'on vient de lire, est à la fin
de l'Exode, et elle porte la date de l'an 624 de l'ère des Musul-
mans, au mois de rébi 2.d La même date se trouve à la fin du
livre des Nombres : M. Adler croit qu'elle n'est point de la main
du copiste, mais d'une main plus récente, qui, pour remplir la
place qui étoit restée vide, a copié mot pour mot celle qu'on lisoit
à la fin de l'Exode. Enfin, on trouve une autre note à la fin du
Deutéronome, qui porte l'an 887. Suivant cette note, que M.
de Rossi a publiée en entier, ce manuscrit a été réparé par une
main qui a suppléé, à la date de 887, toute la fin du Deutéro-
nome, depuis ces mots, my ch. 11, v. 29. Mais M.
Adler, qui doit avoir une connoissance plus parfaite de ce ma-
nuscrit qu'il a copié en entier, tient pour certain que cette res-
tauration a été faite pour un manuscrit tritaple différent de
celui où elle se trouve aujourd'hui ; que le manuscrit Barberin ne
contient qu'une partie de ce fragment, qui commence au ch. 31, 143.
V. 12, et non au ch. 1 1, v. 29; que jusque-là, ou plutôt jusqu'au
ch. 28, v. 68 (ce qui devroit se trouver dans l'intervalle, man-
quant absolument), tout ce qui s'est conservé fait partie du
manuscrit primitif, et appartient à la date de 624. Dans le frag-
ment qui sert à compléter le Deutéronome, et qui commence,
comme nous venons de le dire, au v. 12 du ch. 31, il s'est
encore fait une nouvelle lacune qui comprend depuis le v. 19
du ch. 31 jusqu'au v. 16 du ch. 33. Il résulte des observations
de M. Adler, que le corps du manuscrit tritaple est de l'an 624,

mm

(d) M. de Rossi qui a publié d'autres | notes pareilles qui se trouvent dans ce manuscrit, ayant omis celle-ci, je la donne, non d'après la relation imprimée

du voyage de M. Adler, mais d'après
la copie qu'a bien voulu m'en com-
muniquer ce savant; et j'y joins une
traduction littérale.

Append. de celeb. cod. trit. Samarit. pag. 170, ex edit.

Schnurreri.

Adler's Bibl.

krit. Reise, p

celeb, cod. trit.

et la fin du Deutéronome seulement, depuis le v. 12 du ch. 3 1, 31, de l'an 887. En désignant ainsi l'âge du manuscrit avec M. Adler, je ne tiens aucun compte de toutes les parties restaurées qui sont soit en syriaque, soit purement en hébreu-samaritain, sans version Samaritaine ni version Arabe. L'an 624 de l'ère Musulmane revient à l'an 1227 de J. C., si l'on suppose que ces 624 ans sont des années lunaires; l'année 887, dans la même supposition, répond à l'année 1482 de l'ère vulgaire.

Le rapport que j'indique ici, est fondé, comme je viens de l'observer, sur la supposition que l'année employée par les Samaritains est lunaire comme celle des Musulmans. C'est en effet ce qui est incertain, comme l'a observé, d'après le P. Morin, Append. de M. de Rossi. Il est impossible que les Samaritains n'observent pas Sam. p. 165 pour l'ordre des fêtes et tout ce qui concerne la religion, une année composée de l'année solaire et de l'année lunaire, comme les Juifs; mais cela ne prouve pas démonstrativement que quand ils datent de l'année de l'hégire, ils réduisent les années lunaires et vagues des Musulmans en années solaires ou agronomiques. Sans entrer à ce sujet dans une discussion étrangère à ce mémoire, j'ajouterai seulement que s'il s'agit ici d'années solaires, l'an 624 répondra à l'an 1245, et l'an 887 à l'an 1508 de notre ère. Ne pourroit-on pas supposer que quand on trouve dans ces dates le nom d'un mois Arabe, comme dans la première, où on lit le nom du mois de rébi second, les années sont les années lunaires des Musulmans; que ce sont au contraire des années solaires, quand on y rencontre le nom d'un mois Hébreu ou Syrien, comme dans la seconde, qui est datée du mois de tammuz?

Le P. le Long avoit mal-à-propos avancé que le manuscrit tritaple de Peiresc se trouvoit dans la Bibliothèque du roi (e), en attribuant à un des manuscrits Samaritains de cette bibliothèque les caractères qui ne convenoient qu'à celui-là ; et les auteurs du Catal, cod, catalogue imprimé des manuscrits du roi, quoique plus exacts dans la description du même manuscrit, étoient néanmoins tombés dans une erreur singulière, en attribuant au manuscrit

manuscr. Bibl. reg. tom. 1, so.

p.

(e) Après avoir donné la description | Bibl. reg. cod. 310. Emptus fuit hic codex du manuscrit tritaple, dans les propres Damasci anno Christi 1631 pro Nicolao termes du P. Morin, le P. le Long ajoute: | Fabri de Peiresc. Biblioth. sacra, p. 84.

Samaritain n.o 1 de cette bibliothèque, une partie de la description que le P. Morin avoit faite du manuscrit tritaple. Cette erreur a été durement relevée, et même d'une manière peu exacte, par Bjornstahl, que Hwiid a copié. Au surplus cette méprise, que le P. Houbigant (f) avoit reconnue et indiquée plusieurs années avant Bjornstahl, comme le fait observer M. de Rossi, Append. de n'induira plus personne en erreur. Ce savant a remarqué avec cel, cod, trit. raison, à cette occasion, que Bjornstahl avoit poussé trop sa critique, et que la première partie de la description du manuscrit n.o 1, faite par les auteurs du catalogue, étoit exacte, et différoit en cela de celle du P. le Long. Wolf et le D. Durell ont copié la faute du P. le Long.

loin

lb. p. 157. Wolf, Bibl. Hebr. t. II, 432; The heb.

[ocr errors]

text of the pa-
f Jacob and
rall. prophec.
of
Mos., Préfac.

La bibliothèque Bodleyenne d'Oxford possède deux manuscrits de la version Arabico-samaritaine. De ces deux manuscrits, l'un a appartenu autrefois au célèbre Ussérius. Edm. Castell le cite dans ses Remarques sur le Pentateuque Samaritain, insérées P. v. note. dans le tome VI de la Polyglotte de Londres (g); et dans la préface de son Dictionnaire heptaglotte, il nous apprend qu'il en a fait usage parmi les matériaux dont il s'est servi pour composer cet ouvrage (h). Il est à deux colonnes, dont l'une contient le texte Samaritain, et l'autre la version Arabe, écrite en caractères Sama- manusc. Angl. ritains. Br. Walton, dans ses Prolégomènes, dit que ce manuscrit a été écrit vers l'an 15 24 par un copiste nommé Ab-Helion (i); 3128.

etiam) quæ datâ occasione hic notantur,
Edm. Cast. in præfat. ad Animady. Sa-
mariticas.

(h) Fragmentum Pentateuchi Arabico-
samaritani.

(f) Prolegom. in Script. sacram; Paris, 1746, in-4.o, p. 185. Cette observation ne se trouve point dans l'édition de ces Prolégomènes qui est à la tête de l'édition in-folio de la Bible Hébraïque et Latine du P. Houbigant; Paris, (i) Voyez sur ce manuscrit et sur le 1753. II paroît par la préface de l'édi- suivant, Walton, Prolegom. XI, §. 21 (et tion in-4. des Prolégomènes, que le pre- non 12, comme on le lit dans le Long, mier tome de la Bible étoit déjà imprimé Bibl. Sacr. p. 116); Wolf, Bibl. Hebr. en 1746, quoiqu'il porte la date de 1753. t. II, p. 432; the Hebrew text of the (g) Porrò etiam discrepantiæ subinde parallel prophecies of Jacob and Moses... by inter Chaldæo-samaritanum et Arabico-D. Durell; préface, p. v; = Kennicott, samaritanum (cujus quod habuimus exemplar valdè fuit fragmentosum, defectu laborans non tantùm plurium sæpe integrorum capitum, sed et quorumdam etiam librorum, Levitici scilicet totius, exceptisque plus minus viginti versibus Numerorum

the State of the printed Hebrew text; dis-
sertation the 2.4 p. 31 et 538;=H. E. G.
Paulus, Dissertatio critica exhibens speci-
mina versionum Pentat. septem Arab. c.
Iena, 1789, p. 4; le Long, Bibl. Sacr.
p. 116.

Catal. cod.

et Hiber. t. I,

p. 156, cod.

« PreviousContinue »