fe, le commencement en eft médiocre; j'en ai retranché l'un & l'autre pour la rendre digne de vous être préfentée, en attendant le Prophète (1) Jérémie francifé par l'Auteur de l'Epitre à Manon. (1) Les Lamentations de ce Prophète mises, dit-on, en 5 ou 6 odes, par Mr. d'Arnaud. LET LETTRE CI. Paris, 1er. Juin, 1752. VOICI enfin une idée de Mr. de Buffon qui, j'espère, aura paffé tranquilement en Amérique, la découverte du fameux miroir d'Archimède, qui lança le feu du Soleil fur la flotte des Romains & la réduifit en cendres lorfqu'elle approcha des remparts de Syracufe. Ce fait attesté par divers auteurs, cru pendant 15 ou 16 fiècles, traité de fable par Descartes, & bientôt par tout le troupeau des Phyficiens, Mr. de Buffon en a prouvé la poffibilité en imaginant`un miroir femblable & même de beaucoup plus grand effet. Vous favés, Monfieur, qu'avec les miroirs ordinaires on n'avoit jamais brulé E 3 brulé à plus de 15 ou 20 pieds; celui d'Archimède, au rapport de (a) l’Hiftorien qui en parle avec le plus de détail, a brulé à la portée du trait, c'est-à-dire à 150 ou 200 pieds; celui de Mr. de Buffon, à 150 pieds, par un foible foleil de printems, a très promptement enflammé des planches de fapin & de hêtre goudronnées; jugés de ce qu'il eût fait par un foleil d'été, & de ce qu'il pourroit faire réuni avec quelques autres pareils : trois miroirs de cette efpèce porteroient le feu à 400 pieds & au delà... Vous entendés bien que ce ne peut être ici un miroir concave & d'u une (a) Tzetzès, Poëte Grec du 12e. Siècle. Il parle même de la réunion de plusieurs miroirs plans, difpofés de façon à diriger les raïons du Soleil vers un même point, ce qui femble avoir donné lieu à l'idée de Mr. de Buffon: mais on affure que celui-ci n'en avoit aucune connoiffance auffi a-t-il fait fa machine bien différente de celle que décrit le Poëte-Hiftorien. Voïés l'article Miroir ardent de la nouvelle Encyclopédie. : une feule pièce, c'eft un affemblage de petits miroirs plans, un compofé de 168 glaces étamées, chacune de fix pouces fur huit, éloignées les unes des autres d'environ quatre lignes, fi bien que chacune fe peut mouvoir en tout fens & indépendamment de toutes les autres, & laiffe voir à celui qui opère l'endroit où il faut conduire & réunir fes raïons. * Prenés le Thermomètre, les (b) Infectes, les Poulets, & même les Bouteilles renverfées de Mr. de Réaumur, toutes les réfolutions de problèmes de navigation de Mr. Bouguer, toutes les futures explications de la Transfubftantiation de Mr. Lignac; ce qui peut réfulter de gloire de tout cela raffem blés (b) Vous connoiffés les nombreux volumes de Mr. de Réaumur fur les Infectes, & les deux petits fur l'Art de faire éclorre les Poulets fans le Secours des poules, &c. Voïés mes Lettres du 15 Août & du 15 Dec. 1751, & ma dernière de cette année. blés-le en un point avec 168 glaces, & tâchés d'en faire quelque chofe d'auffi brillant que cette découverte de Mr. de Buffon. Ce n'eft pas par malice que je vous la rappelle aujourd'hui, Monfieur, c'eft que je viens de lire le Mémoire à ce fujet dans le nouveau (c) volume de l'Académie des Sciences, où vous trouverés auffi un nouveau loch de Mr. Bouguer, très ingénieux & très utile. Mais favés-vous ce que c'eft qu'un loch? J'en doute par une affés mauvaife raison, c'eft que je l'ignorois il y a deux jours. Un loch eft un inftrument pour mefurer le fillage ou le chemin d'un navire, un morceau de bois, garni de plomb, attaché à une ficelle, & qu'on laiffe tomber à la mer pour fervir comme de point fixe; la ficelle étendue depuis ce point jufqu'au vaisseau mesure le chemin qu'a (c) Celui pour 1747, qui vient de paroitre. |