ET incontinent Bazori prit la caf,, fette, & la porta chés la jeune Fille, ,, & lui récita fidèlement les paroles » que fon maître lui avoit dites. ET Dulec fut merveilleusement furprise en les oïant, & fon esprit fut incertain. TOUTEFOIS elle prit la caffet» te, & renvoïa Bazori en lui difant'; VA, & dis à celui qui t'a envoïé, ,, qu'avant que le foleil ait ramené deux fois les Jeux dans le Palais » des Enchantemens je lui donnerai à connoitre ma volonté, & lui rendrai compte de toutes les chofes ,, que tu m'as apportées de fa part. MAIS qu'il n'approche pas de ma » maison jusqu'à ce tems-là, d'autant qu'elle eft foigneufement gardée, & ,, qu'il y a des hommes forts & clair» voïans lefquels veillent jour & nuit » tout autour d'elle. " ALORS Bazori voulut reprendre ,, la parole & l'adreffer encore une " fois à la jeune Fille; mais elle lui رو fit figne de la main que c'étoit affés, & il fe retira un peu confus. ET aïant pris courage il s'en re"tourna promptement auprès de fon maître, lequel l'attendoit tantôt aux fenêtres, tantôt à la porte de fon » appartement; & il lui rapporta la réponse que Dulec lui avoit faite, comme elle avoit gardé la caffette, & la manière dont elle lui avoit impofé filence. ,, ET fon Maître l'écoutoit avec avi,, dité, & il lui faifoit répéter plufieurs fois les paroles que Dulec ,, avoit dites; & voïant que la caffet,, te étoit reftée entre les mains de la » jeune Fille, il ne favoit s'il devoit », s'en réjouir. " MAIS Dulec étant entrée dans fon cabinet " " cabinet avec Thamar fa chambrière, ouvrit la caffette. ET voïant les mille ficles d'or & toutes les pierres précieuses, fes "yeux furent éblouis, fon efprit fut ,, frappé d'admiration, & elle regarda attentivement chacune des pierres précieufes, lefquelles étoient arti stement taillées, & difpofées en plu» fieurs figures agréables à la vue. MAIS elle ne s'appropria point ,, en fon cœur toutes ces richeffes; toutefois aïant refermé la caffette, elle difoit à Thamar fa chambrière, » Voilà, ce qu'il m'offre est si confidérable, & ce qu'il me demande l'eft fi peu. OR Dulec avoit depuis plufieurs » mois un ami nommé Séva, dans le» quel elle avoit mis toute fon affec,, tion, & dont elle étoit aimée avec ,, ET Séva n'étoit point fi riche que Rabner, mais il portoit une (b) épée », en fon côté, & il étoit accrédité » dans la ville de Suze, & confidéré à ,, la Cour du Roi des Perfes. ,, ETil fe trouva que dans le tems que Rabner avoit envoïé fon ferviteur chés Dulec, Séva étoit à la Cour ,, du Roi des Perfes, laquelle fe tenoit alors dans une petite ville éloignée de Suze (c) environ le chemin ,, d'une journée. ET Dulec dépêcha promptement » un meffager à fon Bien-aimé avec une lettre écrite de fa propre main, » par laquelle elle l'informoit de ce qui venoit de fe paffer, comme Rabner l'avoit voulu tenter par ses préfens, (b) Cette épée au côté ne me paroit guère dans les ufages des anciens Perfes. Seroit-ce bévue du Traducteur, ou interpolation dans le Texte? (c) Comme qui diroit de Paris à Compiègne." H fens, & la manière dont elle les avoit reçus: elle demandoit auffi des confeils à fon Bien-aimé fur la con,,duite qu'elle devoit tenir d'ores-en» avant en cette rencontre. " ET le meffager étant arrivé au bout de fix heures (car il avoit eu ordre de faire une grande diligence) ,, remit la lettre à Séva, lequel en rompit le fceau avec précipitation. ET voïant qu'elle avoit été écrite d'une main tremblante, il commen» ça à lire avec émotion, & fon trouble augmentoit à mesure qu'il lifoit, fi bien que fon vifage en fut altéré & devint tout pâle. " ET il foupçonna fa Bien-aimée de quelque rufe, & il lui échappa » quelques paroles contre elle. MAIS aïant lu une feconde fois , la lettre, & confidérant les termes ingénus dans lesquels elle étoit écri " » te, |