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Clement, Pierre Grad RR2-Stor

LES

CINQ ANNÉES

LITTÉRAIRES,

O U

NOUVELLES

LITTÉRAIRES, &c.

DES ANNÉES 1748, 1749,1750,

1751 ET 1752.

PAR MR. CLÉMENT.

VOLUME III.

6/14/85

Imprimées A LA HAYE, Chés ANT. DE GROOT ET FILS,

Et fe diftribuent chés

PIERRE GOSSE JUNIOR,

Libraire dans la même Ville.

M. DCC. LIV.

Brak. R. R. 2 Rom lang *. Fn. P 12-7-357 31218

NOUVELLES

LITTERAIRES, &c.

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LETTRE LXIX.

Paris, 1er. Fevrier, 1751.

feroit trop fingulier, Monfieur, qu'il n'eût encor abfolument rien paru de bon fur un Ouvrage auffi intéreffant que l'Esprit des Loix. Les Journaux de Hollande en ont parlé superficiellement; ceux de France prefque point. L'Auteur a eu la politeffe, ou la foibleffe, de répondre folidement à une mauvaise Gazette Ecclefiaflique. Mr. Dupin, Fermier général, homme de mérite dans fon métier, avoit fait imprimer à fes dépens une groffe critique in-quarto, dont il n'a rien eu de plus preffé que de retirer le peu d'exA

em

emplaires qu'il avoit généreusement diftribués. L'un des Succeffeurs de l'Abbé Desfontaines, Mr. l'Abbé de la Porte, avoit répandu dans fes brochures diverses réflexions, qu'il vient de ramaffer en un Volume fous le titre d'Obfervations fur l'Efprit des Loix, ou l'Art de lire ce Livre, de l'entendre & d'en juger. La première partie de ce petit Ouvrage, telle que je l'ai lûe il y a trois ou quatre mois dans les feuilles périodiques, m'a paru médiocre; la feconde très bien raisonnée, très philofophique, très digne d'une réponse du Préfident; la troifième, foible, vague, peu réfléchie, & fans conféquence.

ON penfe ici de l'Esprit des Loix à peu près ce qu'on en penfe à Londres; c'est-à-dire qu'on le regarde comme un des meilleurs Livres de ce

Siècle, par l'abondance & l'élévation des penfées; par l'étendue, le choix & l'à propos de l'érudition; par la quantite d'observations utiles, de réflexions ingénieufes, de vûes faines, d'images fortes, ds traits hardis; mais imparfait dans la partie fyftématique; dans les Principes, dans l'application des Principes aux cas particuliers; dans la combinaifon des conféquences; dans la diftribution des matières; dans la liaison, dans l'ensemble, dans la continuité de la chaine des vérités. Ce qu'il y a de fâcheux, c'eft que cette partie fyftématique eft précisément celle dont l'Auteur fe montre le plus jaloux; c'étoit auffi la plus importante & la plus difficile. Sil avoit pu fubordonner tant de loix à deux ou trois Principes fimples, par des conféquences immédiates, ou du moins prochaines & très fenfibles, c'eût été la plus A 2 belle

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