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APPENDICE

APPENDICE

I

ICONOGRAPHIE DE MARIVA

A

STATUE

Statue en pierre, de 2m, 20 de haut, par M. Albert Lefeuvre, à l'Hôtel-de-Ville de Paris'.

Marivaux est représenté en costume du temps, debout, la jambe gauche en avant, la droite appuyée contre une pile de livres et de manuscrits; près du pied droit, le masque comique. La main gauche, ramenée vers la poitrine, tient un manuscrit; la droite une plume à moitié levée. La tête, des plus expressives, élégante et fine, est légèrement penchée sur l'épaule droite; l'œil, un peu vague, fixé sur le papier, suit la pensée que la main va écrire. La bouche sourit, de ce sourire si particulier qu'ont essayé de saisir plusieurs portraitistes de Marivaux, et que M. Lefeuvre a très heureusement rendu, sans moue ni grimace prétentieuse. L'ensemble de la physionomie est aimable, d'une gaieté douce, plus malicieux que moqueur. Cette statue sera placée dans une niche, au troisième étage du pavillon de gauche, en façade sur le quai 2.

B

BUSTES

Les deux seuls bustes de Marivaux que nous connaissions se trouvent à la Comédie-Française.

1. Petite galerie du parterre. — Buste en marbre blanc, de 88 cen

1. Nous avons pu, grâce à l'obligeant intermédiaire de M. Roux, sous-directeur à la préfecture de la Seine, et à la complaisance de M. Lefeuvre, voir la maquette dans l'atelier de l'artiste, et, dans les chantiers de l'Hôtel-de-Ville, la statue livrée au praticien et non encore mise en place.

2. Il y a déjà longtemps, l'administration municipale de Paris rendait un autre hommage à la mémoire de Marivaux; par lettres patentes en date du 14 octobre 1780, la rue qui longe à droite l'Opéra-Comique et qui va de la rue Grétry au boulevard des Italiens, reçut, dès son ouverture le nom de rue de Marivaux.

timètres de haut, portant cette mention sur la droite du socle : « Offert à la Comédie-Française par Fauginet, 1843. »

Costume du temps, la tête légèrement tournée à gauche. L'ensemble est lourd, l'exécution médiocre. Le nez est trop mince; la bouche veut sourire et grimace.

2. Galerie du foyer public, dite Galerie des bustes. — Buste en marbre blanc, de 95 centimètres de haut, signé à gauche du socle : << Fanny Dubois-Davesne1, 1873. » Offert à la Comédie, en 1874, par son ancien régisseur général, M. Davesne, père de l'artiste.

Costume du temps, la tête légèrement tournée à droite, les épaules drapées d'un manteau, à la manière des chefs-d'œuvre de Caffieri, placés au foyer, et dont l'artiste s'est visiblement inspirée. La tête est vivante; la bouche sourit avec une finesse spirituelle, mais un peu voulue. En somme, que que apprêt dans cette physionomie plus marivaudante que nature. Mais, si ce n'est point là un Marivaux très vrai, c'est bien celui que l'on aime se représenter, au sortir de la salle où l'on vient de voir le Legs ou le Jeu de l'Amour et du Hasard.

C

TABLEAUX

1. C'est encore à la Comédie-Française que se trouve le seul portrait original de Marivaux. Il est dans la salle du Comité, au-dessus de la porte qui s'ouvre à gauche de la cheminée, à côté de celui de Ducis, par Taunay. Toile de 0,65 de haut sur 0,54 de large, signée, au bitume, en bas et à droite, L. M. Vanloo, 17532.

Ce portrait est d'un dessin large et soigné en même temps. La tête, très colorée, se détache en vigueur sur un fond sombre, légèrement vert; les yeux, grands, humides, aux prunelles châtain clair, sont admirables; la bouche, égayée d'un demi-sourire, rend avec un naturel parfait cette expression indéfinissable, faite de bonté, de malice et d'esprit, particulière à Marivaux. Le bas du tableau, corps et meuble, est largement traité; l'habit de soie est d'une exécution très habile, avec des effets de lumière qui font illusion. On remarquera l'attitude, le corps presque de dos et la tête de face. Le meuble sur lequel porte le bras gauche est l'écran grillé d'une loge. Le

1. Me Dubois-Davesne est encore l'auteur du buste de Scribe, qui se trouve dans la même galerie.

2. Louis-Michel Vanloo, fils aîné de Jean-Baptiste, qui, lui-même, était frère de Carle, naquit à Toulon en 1707 et mourut en 1771. On trouve sur lui, dans la Correspondance de Grimm, où la partie artistique, comme on sait, fut souvent traitée par Diderot, et dans les œuvres de ce dernier, un certain nombre de jugements qui se complètent les uns par les autres. Voy. notamment la Correspondance de Grimm, t. VII, p. 223, et les Euvres complètes de Diderot, édition Tourneux, t. VI, p. 405, t. X, p. 92, 107, et 256, et t. XI, p. 20. Ce dernier passage est la description fameuse du portrait de Diderot lui-même. Voy., sur ce même portrait, la lettre à Mile Volland du 11 octobre 1767.

modèle est donc au théâtre et se retourne pour parler à quelqu'un près de lui, le doigt encore dirigé vers la scène. Ce portrait, entre autres mérites, a celui de nous montrer Marivaux dans son milieu.

Marivaux avait alors soixante-cinq ans. Il n'était plus dans la force de l'âge et du talent, et cependant, de tous les portraits qui le représentent, celui-ci est assurément le plus séduisant et le plus vivant; c'est le seul qui soit d'un grand artiste; c'est enfin le seul dont nous ayons l'original. Ajoutons qu'il n'avait pas encore été reproduit. M. Emile Perrin, administrateur général de la Comédie-Française, a bien voulu nous autoriser à le faire graver pour notre travail'.

2. On voit, au musée de Versailles, aile du nord, salle des académiciens, no 2985, une copie du précédent tableau, sans nom d'auteur, avec la date de 1743 2.

Cette copie est médiocre, d'un coloris froid et terne; la main, si vivante dans l'original de Vanloo, manque ici. Mêmes dimensions que l'original. Le catalogue du musée et le texte descriptif des Galeries de Versailles, publiées par Gavard, ne donnent aucun renseignement sur cette toile, désignée par la simple mention « ancien tableau. » M. J. Pingard, chef du secrétariat de l'Institut, nous en a indiqué la provenance. Depuis la fin du dix-septième siècle environ, l'Académie française avait l'habitude de faire peindre les portraits de ses membres, et la suite de ces portraits ornait la salle de ses séances, au Louvre. Quelque temps avant la suppression des académies par la Convention, l'abbé Morellet, directeur, remplissant les fonctions de secrétaire perpétuel en l'absence de Marmontel, résolut de sauver les registres, titres, médailles, jetons, etc., de la compagnie. Il les emporta chez lui, après la dernière réunion des académiciens (5 août 1793). Quant aux portraits, au nombre de quatre-vingt, il les enferma dans une des tribunes de la salle des assemblées publiques 3. Lorsque, après le 26 octobre 1795

4. On trouve la première mention de ce tableau aux archives du Théâtre-Français, dans un État des statues, portraits, glaces et autres objets appartenant à l'ancienne Comédie-Française ou acquis depuis la réunion, » dressé en 1815; il était alors au foyer des acteurs. Il figure, sous le n° 14, dans le livret du Salon de 1753, p. 16. L'appréciation de Grimm (t. I, p. 59, 15 septembre 1753), rendant compte de l'exposition, est aussi courte et méprisante que possible: M. Louis-Michel Vanloo, dit-il, a exposé quelques portraits fort médiocres, entre autres... celui de M. de Marivaux.>> Bien différentes sont celles des autres critiques du temps: « Parmi (les portraits), dit Fréron, celui de M. de Marivaux attire tous les regards, parce qu'il est plus connu, et que la ressemblance frappe davantage. » (Eloge du Salon et des Peintres, p. 14.) Cependant le même Fréron s'étonne qu'un de ses confrères « donne la palme entre tous les portraits » à celui de Marivaux, « malgré le ton gris (?) qui y domine. L'abbé Le Blanc, parlant d'un autre portrait du même peintre, celui de M. Wall, ambassadeur d'Espagne en Angleterre, ajoute : On ne peut douter que ce portrait ne ressemble, si l'on en juge par celui de M. de Marivaux qui est du même peintre, qui a su exprimer tout l'esprit et toute la finesse de la physionomie de cetillustre académicien.» (Observations sur les ouvrages de MM. de l'Académie de peinture, 1753, p. 51.) Enfin, La Font de Saint-Yenne: « Son portrait (de Marivaux) est à mon sens un chefd'œuvre de l'art du portrait, si le sublime de cet art est l'expression vraie et vivante du caractère. Tout y est vie et parole; tout est âme dans ce visage. » (Sentiments sur quelques ouvrages de peinture, etc., p. 158.)

2. Cette date ne saurait être celle où fut peinte cette copie, puisque l'original est de 1753. Elle désigne l'année de la réception de Marivaux à l'Académie.

3. Récit fait à la seconde classe de l'Institut de la manière dont les titres et les registres de l'Académie française ont été conservés durant la Révolution, par 37

MARIVAUX.

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