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Je ne demande point que ta divinité
Conforme à mes désirs sa volonté suprême:
Tu prévois, quand ton choix s'oppose à ce que j'aime,
Que mon penchant peut nuire à ma félicité.
Je ne dis point qu'aux bons tu te montres propice:
Qu'auroient à souhaiter ceux qui sont vertueux?
En faveur des ingrats, appaise ta justice:

Le mortel qui t'offense est assez malheureux,
Vois d'un oeil indulgent, ô principe des êtres,
Le fils religieux qui rend à ta grandeur
Le culte qu'avant lui t'ont rendu ses ancêtres;
Pardonne, s'il se trompe, à la foi de son coeur.
Pourrois-tu rejetter un innocent hommage?

Ah! quel que soit l'autel d'où l'encens monte aux cieux,
Si cet encens est pur, il doit plaire à tes yeux,
Et pour tous les humains l'amour n'a qu'un langage.

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Heureux, qui des mortels oubliant les chimères,
Possède une compagne, un livre, un ami sur,
Et vit indépendant sous le toit de ses pères!
Pour lui le ciel se peint d'un éternel azur;
L'innocence embellit son front toujours paisible;
La vérité l'éclaire, et descend dans son coeur;

Et par un sentier peu pénible,

La nature qu'il suit, le conduit au bonheur.
Envain près de sa solitude

La Discorde en fureur fait retentir sa voix:
Livré dans le silence au charme de l'étude,
Il voit avec douleur, mais sans inquiétude,
Les états se heurter pour lá cause des Rois.
Tandis que la veuve éplorée

Aux pieds des tribunaux va porter ses clameurs,
Dans les embrassemens d'une épouse adorée
De la volupté seule il sent couler les pleurs.
Il laissé au loin mugir les orages du monde;
Sur les bords d'une eau vive, à l'ombre des berceaux,
Il dit, en bénissant sa retraite profonde,
C'est dans l'obscurité qu'habite le repos.
L'homme, occupé d'étendre et d'annoblir son être,
Au sein d'un doux loisir apprend à se connoitre,

C'est là qu'il apprécie à leur juste valeur
Les prestiges légers qué la foule idolâtre;
L'univers lui présente un bizarre théâtre,
Où le rôle souvent déshonore l'acteur:

Il voit, dans ce chaos de bassesse et d'intrigues,
Le mérite isòlé luttant contre les brigues,
Sur les talens la haine attisant son flambeau,

La trahison au ris perfide

De l'honnête franchise empruntant le manteat, it
Les noms sacrés de foi, de vertu, d'amitié,
Honteusement rendus à l'intérêt sordide.
Le sage se détourne, et sourit de pitié:
11 file d'heureux jours, à l'abri de l'envie,
Sans regrets du passé, sans soin du lendemain;
Et quand l'être éternel le rappelle en son séin
Il s'endort doucement, pour renaître à la vie.

Si le ciel l'eût permis, tel seroit mon destin. ii.
Quelquefois éveillé par le chant des fauvettes,.
Et par le vent frais du matin,
J'irois fouler les près semés de violettes
Et mollement assis, un La-Bruyère en main,
Au milieu des bosquets humectés de rosée,
Des vanités du genre humain
J'amuseros en paix mon oisive pensée.
Le regard fixé vers les cieux

Loin de la sphère étroite, où rampe le vulgaire,
J'oserois remonter à la cause première,

Et lever le rideau qui la couvre à mes yeux.

Tandis que le sommeil engourdit tous les êtres,
Ma Muse, au point du jour, errante sur des fleurs,
Chanteroit des Bergers, les innocentes moeurs,
Et frapperoit l'écho de ses pipeaux champêtres:
Coulez avec lenteur, délicieux instans!

Ah! quel ravissement égale

Celui qu'un ciel serein fait naître dans nos sens!
Quel charme prête à nos accens,

L'éclat majestueux de l'aubé matinale!

T

Quel plaisir, sous des cintres verds!
De respirer le baume et la fraicheur des airs,
D'entendre, bouillonner une source qui tombe,
La les hôtes des bois préluder leurs concerts,
Ici sur des rameaux soupirer la colombe!irmanavû

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Souvent la douce paix, qui règne dans les bois, Eleveroit ma Muse à des objets sublimes:

J'oserois consacrer mes rimes

A chanter les héros, les vertus et les loix.

De la nuit des tombeaux écartant les ténèbres,
Souvent j'évoquerois ces oracles célèbres
A qui l'enthousiasme a dressé des autels,
Ces esprits créateurs, ces bienfaiteurs du monde,
Qui par des écrits immortels

Ont chassé loin de nous l'ignorance profonde,
Rassemblés devant moi, les grands législateurs
Offriroient à mes yeux leur code politique,
Précieux monument de la sagesse antique:
Ceux à qui la nature ouvrit ses profondeurs,
Me feroient pénétrer dans leur laboratoire;
D'autres des Nations me décriroient Is moeurs,
Et les faits éclatans consignés dans l'histoire:
Et l'affligeant tableau des humaines erreurs.
Combien je bénirois Titus et sa mémoire!
Que Socrate mourant me coûteroit de pleurs!
Mais puissé-je oublier les Héros destructeurs,
Dont le malheur public a fait toute la gloire!

Dans un beau clair de lune, à penser occupé,
Et des mondes sans nombre admirant l'harmonie,
Je voudrois promener ma douce rêverie,
Sous un feuillage épais, d'ombres enveloppé,
Ou le long d'un ruisseau qui fuit dans la prairie,

La nuit me surprendoit, assis dans un festin,
Auprès d'une troupe choisie,
Conversant de Philosophie,

Et raisonnant le verre en main,
Sur le vain songe de la vie.

Pour sauver de l'oubli ses écrits et son nom,
Qu'un autre se consume en de pénibles veilles!
Si je cueillois, Eglé, sur tes lèvres vermeilles
Le prix flatteur d'une chanson,

A mes vers. négligés, si tu daignois sourire,
Seroit-il pour mon coeur un souffrage plus doux?
T'intéresser, ste plaire, c'est le but où j'aspires
De l'immortalité je serois moins jaloux,

Que me fait, près de toi, l'opinion des hommes?
Que me fait l'avenir? Le présent est à nous;
Notre univers est où nous sommes.

Mais, ciel! déjà le temps, précipitant son cours,
Va faner sur mon front la brillante couronne
Dont je suis décoré par la main des amours,
Comme on voit se faner le feuillage d'automne.
O noeuds de l'amitié que je portai toujours!
Reparez dans mon coeur ces douloureuses pertes:
Les sources du plaisir me sont encore ouvertes,
Si vous me consolez au déclin de mes jours.

Félicité du Sage!, ô sort digne d'envie!
C'est à te posséder que je borne mès voeux.
Eh! que me faudroit-il pour être plus heureux?
J'aurois, dans cette courte vie,

Joni de tous les biens répandus sous les cieux.
Chéri de toi, ma douce Amie,

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Et des coeurs droits qui m'ont connu,
D'un riant avenir égayant ma pensée,
Adorateur de la vertu,

N'ayant point à gémir de l'avoir embrassée,
Libre de passions, dont l'homme est combattu,
Je verrai, sans effroi, se briser mon argile,
Qu'a-t-on à rédouter, lorsqu'on à bien vécu?
Un jour pur est suivi par une nuit tranquille."

Pleurez, o mes Amis! quand mon luth, sous mes doigts,
Cessera de se faire entendre,

Et si vous marchez quelquefois

Sur la terre où sera mon cendre,

Dites-vous l'un à l'autre: » avoit un coeur tendre; k »L'amitié lui fut chère; il respecta ses loix.<<

Et toi, qui réunis les talens et les charmes!
Quand près de mon tombeau tu porteras tes pas,
Tu laisseras peut-être échapper quelques larmes
Ah! si je puis briser les chaînes du trépas,
Pour visiter encor ces retraites fleuries,

Ces bois, ces côteaux, ces prairies,

Où tu daignas souvent me serrer dans les brass vira's
Si mon ame vers toi peut descendre ici-bas, moky
Qu'un doux frémissement t'annonce sa présence:

Quand, l'esprit pénétré de célestes objets,
Tu viendras méditer dans l'ombre des bosquets,
Crois, qu'alors sur ta tête elle plane en silence.

1

L

buchs.

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DE LA HARPE.

"

man nur

Man sehe den ersten Theil der dritten Auflage des HandZu seinen poetischen Werken gehört le comte de Varvic, ein Trauerspiel, das mit Beyfall aufgeführt wurde; Barnevel, drame imité de l'anglois, en cinq actes, mehrere poetische Episteln, Oden, Allegorien, eine Übersetzung des ersten und 7ten Gesangs der Pharsalia des Lukan u, s. w. Am vor theilhaftesten zeichnen sich einige Heldenbriefe aus. Perschiedene derselben (Montézume à Cortès, Caton à César, Elisabeth à Don Carlos, Socrate à ses amis etc.) wurden bereits im Jahre 1749 unter dem Titel: Héroïdes nouvelles, ohne Vorwissen des Verfassers bekannt gemacht. Im zweyten Bande der 1778 in 6 Theilen in 8. erschienenen Ausgabe seiner Werke findet noch zwey, nämlich Annibal à Flaminius, verfertigt im Jahre 1760, und Servilie à Brutus. Die übrigen, sagt Laharpe, habe er weggelassen, parcequ'elles n'étoient guères, ainsi que tant d'autres pièces de ce genre, que des monologues vagues et prolixes. Die Heroide Servilie à Brutus erhielt im Jahre 1767 den Preis von der Akademie zu Marseille und betrifft die Frage, ob Brutus, der Mörder Cäsars, einen unnützen Mord beging oder eine seinem Vaterlande nützliche That verrichtete? Wir bemerken übrigens noch, dafs Marcus Junius Brutus ein Sohn der Servilia, Schwester des grofsen Catò, war, und daßs ihm unser Dichter, einer bekannten Sage zufolge, nicht den Junius Brutus, sondern den Caesar selbst zum Vater giebt

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!) SERVILIB A BRUTUS,

Après la mort de César.

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Eh bien! César n'est plus, et tu crois Rome libre
Tu te crois le héros et le vengeur du Tibre, 20
Et t'armant d'un poignard au milieu du Sénat,
Tu viens de t'illustrer par un assassinat.
Le meurtre de César a commencé ta gloire.

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