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CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, LIBRAIRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB, N° 56.

M DCCC XLIII.

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OEUVRES DE P. CORNEILLE.

PRÉFACE DE L'ÉDITEUR.

Publier aujourd'hui les Œuvres de Corneille, ce n'est pas les reproduire telles qu'elles ont été livrées pour la première fois au public par Corneille lui-même, puisque, dans la suite, il leur a fait subir de nombreuses corrections; ce n'est pas non plus les réimprimer telles qu'elles existent dans les éditions de 1660 et 1663, car le texte de ces éditions, d'ailleurs incomplètes, a également éprouvé plusieurs rectifications importantes; ce n'est pas enfin faire reparaître l'édition donnée par Thomas Corneille en 1692 : quoiqu'elle soit revêtue de la formule banale, revu et corrigé par l'auteur, il est constant que, depuis la mort de son frère, Thomas Corneille a introduit, soit dans le texte, soit dans la coupe des scènes, quelques changements et quelques modifications 1.

Pour retrouver le texte de Corneille, il faut le chercher dans l'édition de 1682, la dernière qu'il ait revue, et la seale qui contienne tout son théâtre : c'est celle que nous avons suivie. Quelques négligences typographiques, faciles à expliquer par le grand âge de l'auteur 2 et par l'état de faiblesse dans lequel il passa les deux dernières années de sa vie, ne sauraient ôter à cette édition la confiance que sa date lui assure. Du reste, il nous a suffi de consulter les précédentes, pour faire disparaître ces incorrections qui ne peuvent arrêter un instant le lecteur, et qui détruiraient, au besoin, les conjectures de quelques hommes, fort éclairés d'ailleurs, suivant lesquels l'édition de 1682 aurait été surveillée et dirigée par les deux frères.

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pour être insérée dans l'Histoire de l'Académie1: mais pour compléter cette vie, nous avons cru devoir y joindre, sous le titre de Supplément, quelques faits relatifs à Corneille, et recueillis pour la plupart dans les écrits de ses contemporains.

Il est presque inutile d'ajouter que nous n'avons cité aucune des corrections adoptées par des comédiens qui se croient plus délicats que le public; ils seraient plus réservés sans doute, s'ils se rappelaient que Baron ayant osé changer quelques vers de Nicomède, fut interrompu par le parterre, qui répéta sur-le-champ et tout haut la véritable leçon: hommage éclatant qui vengeait Corneille des atteintes de la médiocrité, et faisait le plus bel éloge de ses ouvrages, puisqu'il prouvait que les vers mêmes qu'on croyait susceptibles d'être corrigés étaient dans la mémoire de tous les spectateurs. L'admiration et le respect de la postérité sont éternellement acquis à ce génie puissant qui prépara la plus belle époque de notre histoire; à cet écrivain fécond qui mit en jeu sur la scène toutes les passions du cœur humain; à ce poëte sublime qui sut réunir l'énergique et savante précision de Tacite à la noble et belle simplicité de Malherbe ; à cet homme prodigieux enfin, « véritablement né pour la « gloire de son pays, comparable, non à tout ce que l'an«< cienne Rome a produit d'excellents tragiques, puisqu'elle « confesse elle-même qu'en ce genre elle n'a pas été fort << heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, << dont la fameuse Athènes ne s'honore pas moins que des « Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en « même temps qu'eux 2.

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en prendre aux auteurs ' et à la cour, où c'eût été n servir sous le ministère

it la plus vaste ambition qui

de gouverner la France presPaisser la redoutable maison er toute l'Europe à son gré, ne y voulait joindre encore celle de Quand le Cid parut, il en fut aussi ait vu les Espagnols devant Paris. teurs contre cet ouvrage, ce qui ne difficile, et il se mit à leur tête 3. Scus Observations sur le Cid, adressées à ançaise, qu'il en faisait juge, et que le n fondateur, sollicitait puissamment cone accusée. Mais afin que l'Académie pût > statuts voulaient que l'autre partie, c'estorneille, y consentît. On tira donc de lui une de consentement, qu'il ne donna qu'à la e de déplaire au cardinal, et qu'il donna pouravec assez de fierté. Le moyen de ne pas ménaun pareil ministre, et qui était son bienfaiteur 4? ir il récompensait comme ministre ce même mérite dont il était jaloux comme poëte; et il semble que cette grande âme ne pouvait pas avoir des faiblesses qu'elle ne réparât en même temps par quelque chose de noble.

L'Académie française donna ses sentiments sur le u'il Cid, et cet ouvrage fut digne de la grande réputation de cette compagnie naissante. Elle sut conserver tous les égards qu'elle devait et à la passion du cardinal et à l'estime prodigieuse que le public avait conçue du Cid. Elle satisfit le cardinal en reprenant exactement tous les défauts de cette pièce, et le public en les reprenant avec modération, et même souvent avec des louanges.

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d. Jamais

Je me sou

de guerre et comédies du L'horrible barnpêcher le nom lle avait dans son ›utes les langues de turque: elle était en and; et par une exacrendue vers pour vers. ni est plus étonnant, en aient bien voulu copier ›riginal leur appartenait. oire de l'Académie, dit e France il était passé en beau comme le Cid. Si ce

ce que cette HISTOIRE Contient

1 J'ose plutôt penser qu'il faut s'en prendre à Cinna, qui fut mis par toute la cour au-dessus du Cid, quoiqu'il ne fût pas si touchant. (V.)

2 Le cardinal de Richelieu montra tant de partialité contre Corneille, que quand Scudéri eut donné sa mauvaise pièce de l'Amour tyrannique, que le cardinal trouvait divine, Sarrazin, par ordre de ce ministre, fit une mauvaise préface, dans laquelle il louait Hardy sans oser nommer Corneille. (V.)

3 Rotrou seul refusa de servir la jalousie du ministre, et cette noble conduite lui assura l'estime et l'amitié de Corneille.

4 Pierre Corneille avait le malheur de recevoir une petite

pension du cardinal, pour avoir quelque temps travaillé sous lui aux pièces des cinq auteurs : l'Etoile, fils du grand audiencier, dont nous avons les mémoires; Boisrobert, abbé de Chátillon-sur-Seine, aumônier du roi, et conseiller d'Etat; Colletet, qui n'est plus connu que par les satires de Boileau, mais que le cardinal regardait alors avec estime; Rotrou, lieutenant civil au bailliage de Dreux, homme de génie; Corneille lui-même, assez subordonné aux autres, qui l'emportaient sur lui par la fortune ou par la faveur. (V.)

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