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Méprisant ton devancier (1).
Plus que lui tu t'es cru sage;
Mais pour juger l'ouvrier,
Il faut connaître l'ouvrage.
De tes nobles travaux
Enfants du délire,

Nos travers et nos maux
Ont fait la satyre!

Tes sophistes si vantés,

N'en voulant jamais démordre,
De leurs cerveaux exaltés

Nous ont prouvé le désordre;
Et malgré tout le bruit.
De la renommée,

Ce grand feu n'a produit
Que de la fumée.

Guidés par le grand esprit

Du plus fameux de leurs maîtres,
A la fois ils ont proscrit

Dieu, notre âme, autels et prêtres.
Plus de frein, plus de mœurs ;

« Vive l'athéisme! »

De ces graves docteurs,

C'est le catéchisme.

f) Le siècle de Louis XIV.

Pour nous mettre mieux au fait

Des secrets de la nature,
Tu nous as, siècle parfait,
Plongés dans la nuit obscure.
O le beau jugement

Qui, pour te complaire,
T'a nommé savamment

Siècle de lumière !

LE MÊME.

CHANSONS D'UN HOMME RENTRÉ DANS LE TON.

DIEU! QUE LES GENS D'ESPRIT
SONT BÊTES.

AIR: J'étais bon chasseur autrefois.

J'entends toujours vanter l'esprit ;
J'en voudrais savoir quelque chose.
J'aperçois un groupe qui rit:

L'esprit sans doute en est la cause.
Mais c'est un faiseur de couplets
Qui dit des choses déshonnêtes:
Il fait rire quatre valets.

Dieu! que les gens d'esprit sont bêtes!

Plus loin je rencontre un savant
Qui parle de ses découvertes:
Inventeur des moulins à vent,
Enfonceur de portes ouvertes,
Pour nous garder tous en santé
Il a des trouvailles parfaites:
Mais il s'est toujours mal porté.
Dieu ! que les gens d'esprit sont bêtes!

Celui qui vient si galamment

Ne veut être que moraliste;
Il philosophe dignement;

Mais de ses fautes j'ai la liste;

Perfide et vain, fourbe et menteur,
La débauche anime ses fêtes;

Puis il fait le réformateur.

Dieu! que les gens d'esprit sont bêtes!

Un politique renommé,

A trois pas de là se démène.
Il rêve, en sage consommé,
Le bonheur de l'espèce humaine.
C'est la paix qu'il nous a promis;
Mais il embouche les trompettes;
Ses amis sont ses ennemis.

Dieu que les gens d'esprit sont bêtes!

Pour corriger les mœurs du temps,
(Du théâtre c'est le programme),
En cinq grands actes attristants,
Un homme d'esprit fait un drame.
C'est un ensemble de bourreaux,
De scélérats et de coquettes,

De forfaits, de traits immoraux.
Dieu que les gens d'esprit sont bêtes!

!

Puis je vois un critique vain
Qui veut expliquer la nature;
Il n'y trouve rien de divin;
Il combat la Sainte-Ecriture.
Mais quoi! lui-même il se dément,
Ruine les raisons qu'il a faites,

Se contredit à tout moment.

Dieu !

que les

gens d'esprit sont bêtes!

C'est que nous nommons gens d'esprit

Ceux dont la cervelle hardie
Blague, raisonne, chiffre, écrit;
C'est que l'audace est applaudie.
Mais l'esprit vrai ne détruit pas;
Il est encor dans quelques têtes;
Et lorsque Dieu conduit leurs pas,
Les gens d'esprit ne sont pas bêtes,

LA CHANSON DES FILEUSES.

AIR nouveau.

Voici la chanson des fileuses,
Qui, par un travail assidu,
Trouvent le moyen d'être heureuses.
Au travail le bonheur est dû.

Que le fuseau tourne en cadence;
Par le travail notre splendeur vivra.
Filez, c'est pour vous l'opulence;
Filez, et Dieu vous bénira.

La villageoise, humble et prospère, File depuis plus de mille ans. Le fil qu'elle sait si bien faire Est le trésor des tisserands. Filez, tissez avec constance, Par le travail l'aisance vous viendra. Filez, tissez, c'est l'opulence, Travaillez; Dieu vous bénira.

La faible enfance et la vieillesse
Dans ces travaux ont leur butin,
Travaux sans poids pour la faiblesse,
Travaux du soir et du matin.

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