Page images
PDF
EPUB

tard érigé en duché-pairie (1550), en faveur du connétable Anne de Montmorency. Après la mort de Henri II de Montmorency, que Richelieu fit exécuter en 1632, et en qui finit la branche directe des ducs de Montmorency, le duché fut rétabli en faveur de Henri de Bourbon, prince de Condé, sous le nom d'Enghien, village dépendant de la seigneurie de Montmorency. Sous la Convention, cette ville reçut le nom d'Emile; mais le mot ne fit pas fortune, et l'ancien nom est resté.

MONTMORENCY (Maison de). La famille de ce nom le dispute en ancienneté et en illustration aux plus anciennes et aux plus nobles familles de l'Europe. On trouve en effet, dès l'an 950, parmi les grands feudataires du duche de France, un Bouchard [**, sire de Montmorency; ce qui suppose déjà pluseurs générations de noblesse et d'importance politique. En outre, janis aucune maison non royale n'a présenté une telle accumulation de dignités, d'emplois, de mérite; on compte, debuis 1060 jusqu'à nos jours, parmi les seigneurs de Montmorency, six connétables, douze maréchaux de France, quatre amiraux, plusieurs cardinaux, une foule de grands officiers de la couronne, de grands chambellans, de grands maîtres et de chevaliers des orres du Saint-Esprit, de Saint-Michel, de la Toison d'or, de la Jarretière, etc. Depuis huit siècles ils portent le titre de premiers barons de France; ils se sont alliés à plusieurs maisons royales, Henri IV les a proclamés la première maison de l'Europe après celle de Bourbon.

Cette maison, à la prendre depuis Hugues Capet, compte, jusqu'à nos ours, vingt-six ou vingt-sept généraons. Sous Mathieu II, le grand contable, mort en 1230, la maison de ontinorency se partage en deux branlees, la branche aînée ou des barons de fontmorency, et la branche cadette ou Montmorency-Laval. Cette dernière, ent Guy de Montmorency, fils de Maeu et d'Emme, héritière de Laval, sa econde ou troisième femme, est le chef, jconservé les armes de Montmorency ps'est perpétuée jusqu'à nos jours par tenombreux rameaux. La ligne directe

s'éteignit à la sixième génération par une fille qui en porta le nom et les biens à un Montfort. Les descendants de celui-ci, entre autres alliances, donnent des femmes à un Bourbon-Vendôme et au roi René. Ils épousent des filles de Bretagne, d'Alençon, enfin l'héritière titulaire de Naples, et se fondent dans la maison de la Trémouille. Dans les Laval-Montmorency, continués par des rameaux cadets, on remarque un maréchal de France sous Charles VII; un autre du nom de Boisdauphin (Voy. ce nom), sous Henri IV; et enfin deux maréchaux de Laval, dont l'un fut fait duc héréditaire en 1758.

En 1447, après la mort de Jean II, quinzième descendant de Bouchard, la branche aînée des Montmorency se partage en trois branches: 1° celle de Nivelle; 2° celle de Fosseux; 3° celle dite ducs de Montmorency. Les deux premières, issues de l'héritière de Nivelle et Fosseux, première femme de Jean II, sont déshéritées. La branche de Nivelle se fixe dans les Pays-Bas, y est comblée d'honneurs et de biens, y acquiert le comté de Horn, et finit à la quatrième génération dans la personne du comte de Horn et du baron de Montigny, son frère, décapités en 1568 et 1570, victimes de la cruelle politique de Philippe II et du sanguinaire duc d'Albe.

-

Celle de Fosseux se fixe également dans les Pays-Bas, y donne naissance aux branches de Wastines et de Boutteville, revient ensuite en France, où elle continue jusqu'à nos jours et compte vingt-six generations. Le rameau de Lauresse, qui n'a fourni que deux ou trois générations, appartenait à cette branche. - Dans la branche de Boutteville, on remarque Boutteville (voyez ce nom), décapité en 1627, par ordre de Richelieu, pour s'être battu en duel au mépris des lois. Il formait la troisième génération. La quatrième fut le célèbre maréchal de Luxembourg, le vainqueur de Fleurus et de Steinkerque; il avait épousé l'héritière du duché de Luxembourg. De lui descendent les Montmorency du surnom de Luxembourg et de Tingri. (Voyez LUXEMBOURG).-La branche de Wastines, fixée aussi dans les Pays-Bas, y acquiert de grands biens par mariages, donne plu

re

sieurs chevaliers de la Toison d'or, çoit de Philippe IV le titre de prince de Robecq, revient en France sur la fin du dix-septième siècle, et s'éteint de nos jours.

La troisième branche, dite des ducs de Montmorency, issue de l'héritière de Chantilly, seconde femme de Jean II, et qui hérita cependant du titre de son auteur au détriment des fils du premier lit (Nivelle et Fosseux), donna naissance aux rameaux de Thoré, de Damville, de Montbéron, etc., et s'éteignit en 1632, en le personne du maréchal Henri II de Montmorency, décapité à Toulouse par l'ordre de Richelieu. Sa sœur, Charlotte-Marguerite de Montmorency, épousa Henri, prince de Condé, fut mère du grand Condé, du prince de Conti et de la duchesse de Longueville, et apporta dans la seconde branche de la maison de Bourbon les immenses biens de la maison ducale de Montmorency.

Voici la filiation de la branche aînée de cette illustre famille :

Bouchard Ier, sire de Montmorency, était, dès 950, un des puissants feuda taires du duché de Paris.

Après 978. Bouchard II, dit le Barbu, construisit la forteresse de Montmorency avec l'autorisation du roi Robert, mais s'attira la colère de ce prince pour avoir dévasté les propriétés de l'abbaye de Saint-Denis.

1020. Bouchard III.

Albéric, frère puîné du précédent, fut connétable sous Henri Ier et Philippe Ier, et c'est à dater de lui que la charge de connétable, autrefois simple comes stabuli, tend à devenir la première dignité de l'État.

Avant 1060. Thibault Ier succède, vers 1083, à son oncle Albéric dans la charge de connétable, jouit d'un grand crédit à la cour de Philippe Ier, et est qualifié dans divers actes de l'époque, des titres de prince, noble prince du

royaume.

1090. Hervé, frère du précédent, et son successeur, grand bouteiller de France.

1094. Bouchard IV s'intitula sire de Montmorency par la grâce de Dieu, exerça des déprédations sur les terres

de ses voisins, et résista dans sa forteresse aux armes de Louis le Gros.

Après 1124. Mathieu Ier, son fils, reçut en 1130 la charge de connétable. Il 'épousa d'abord Aline, fille naturelle de Henri Ier d'Angleterre, et en secondes noces Adélaïde de Savoie, veuve de Louis le Gros et mère de Louis VII, et devint ainsi le beau-père de ce prince. Pendant la seconde croisade, il partagea avec le célèbre abbé Suger l'administration du royaume', et après le retour de Louis le Jeune, jouit à sa cour d'un grand crédit jusqu'à sa mort arrivée en 1160. Mathieu, le cinquième de ses fils, fonda la branche de Montmorency-Marly. (Voy. MARLY.)

1189. Mathieu II, surnommé le grand connétable, se signala par une suite de faits glorieux. Au siége de Château-Gaillard (1202), il se distingua non moins par son habileté que par son courage. Ce fut à lui qu'après la condamnation de Jean sans Terre Philippe-Auguste fut en grande partie redevable de la conquête de la Normandie (1203-1204). Il eut une très-grande part à la victoire de Bouvines, où, dit-on, il enleva de sa main quatre aigles impériales. Il fut, en 1218, revêtu de la dignité de connétable; accompagna Louis VIII dans sa glorieuse campagne de Saintonge, puis dans la croisade contre Avignon; et quand, au retour de cette derniere expédition, Louis VIII mourut à Montpensier, il plaça son fils aîné, encore en connétable, lequel, pendant la minorité bas âge, sous la protection du grand de saint Louis, fut le plus ferme appui de la régente, Blanche de Castille, l'autorité de laquelle plusieurs grands vassaux avaient tenté de se soustraire. Il mourut en 1230. Par ses alliances et celles de ses ancêtres, le grand connétable se trouvait grand-oncle, beaufrère, neveu, petit-fils de deux empereurs d'Allemagne, de six rois, et allié de tous les souverains de l'Europe. I avait épousé, en secondes noces, Emme, fille et héritière de Gui VI, sire de Laval. Il en eut un fils qui fut la tige de la branche de Laval.

1230. Bouchard VI, son fils aîné, lui succéda dans la baronnie de Mont morency.

1243. Mathieu III, fils du précédent

mourut devant Tunis à la dernière croisade.

1270. Mathieu IV, dit le Grand, fils aîné et successeur de Mathieu III, se distingua dans la Pouille, en 1282, en Aragon, en 1285, en Guienne, en 1294, et commanda, en 1295, avec Jean de Harcourt, la flotte qui alla incendier la ville de Douvres, et en ravagea les environs. Il se trouva ensuite aux batailles de Furnes et de Courtrai, et contribua à la victoire de Mons-en-Puelle.

1305. Mathieu V, son fils aîné. 1306. Jean Ier, frère du précédent. 1325. Charles, fils aîné de Jean Ier, fut nommé maréchal de France, en 1345, combattit vaillamment aux désastreuses journées de Crécy et de Poitiers, et fut un des négociateurs du fatal traité de Bretigny et un des otages du roi Jean.

1381. Jacques, son fils aîné, se trouva, en 1382, à la bataille de Rosebecque. 1414. Jean II fut la tige des branches de Nivelle et de Fosseux. Fidèle à la cause royale, sous Louis XI, il vit avec la plus vive indignation ses deux fils embrasser le parti du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, et pour les punir, il les déshérita. Ayant sommé l'aîné, Jean de Nivelle, de rentrer dans le devoir, le jeune homme, loin d'obéir, abandonna ses terres et se retira à la cour de Gand. Alors son père, dans sa colère, le traita de chien; et c'est de là qu'est venu le proverbe : Il ressemble au chien de Nivelle, qui fuit quand on l'appelle. Jean II institua son troisième fils, Guillaume, qu'il avait eu d'un second ou troisième lit, l'unique héritier de ses biens et de son nom. Nous avons vu ce que devinrent les deux branches de Nivelle et de Fosseux.

1477. Guillaume suivit Charles VIII et Louis XII, dans leurs expéditions d'Italie, et fut, après la bataille de Pavie, l'un des signataires du traité conclu entre la régente et le roi d'Angleterre (1525).

1531. Anne, premier duc de MONTMORENCY,né à Chantilly en 1493, mort en 1567, fit ses premières armes à Ravenne sous Gaston de Foix, combattit vaillamment à Marignan, et fit à la Bicoque (1522) des prodiges de valeur qui lui valurent le bâton de maréchal. En 1524,

il contribua à faire lever le siége de Marseille, et poursuivit vivement le connétable de Bourbon dans sa retraite. Il n'assista pas à la bataille de Pavie : il avait été envoyé la veille en détachement loin du champ de bataille. Quand il entendit le canon, il accourut pour combattre auprès du roi; mais chemin faisant, il tomba entre les mains de l'ennemi et partagea la captivité de François Ier. Rendu à la liberté moyennant rançon, il prit part aux négociations qui amenèrent le traité de Madrid. Le gouvernement du Languedoc, la charge de grand maître de France et l'administration des affaires furent la récompense de son dévouement et de ses services. Il entendait parfaitement les finances, et pendant tout le temps qu'il présida aux affaires, elles furent dirigées avec justice et économie, ou plutôt parcimonie. Son avarice personnelle, devenue presque proverbiale, en le portant à favoriser Savone, qui lui payait largement sa protection, au détriment de Gênes, patrie de Doria, força ce célèbre amiral à abandonner Francois er et à se donner à Charles-Quint; et l'on sait quel mal son inimitié et ses talents firent à la France.

L'époque vraiment glorieuse pour Anne de Montmorency fut l'année 1536, dans laquelle il détruisit par la famine la redoutable armée que Charles-Quint avait conduite en Provence. (Voyez ANNALES, tome Ier, page 301.) Cet horrible plan de campagne, dont la froide exécution sauva la Provence et la France peut-être, lui valut le surnom de Fabius français et l'épée de connétable. Peu de temps après (1541), il fut disgracié, et se retira à Chantilly. On donne deux causes de cette disgrâce: les uns disent qu'elle fut occasionnée par le conseil qu'il donna au roi de livrer passage à CharlesQuint, après la trêve de Nice, sans imposer aucune condition à ce prince, qui avait promis à Montmorency d'investir le duc d'Orléans du duché de Milan, mais qui, arrivé en Flandre, oublia et nia sa promesse ; d'autres l'attribuent à la jalousie du roi. Quoi qu'il en soit, le connétable resta à Chantilly, étranger aux affaires et à la cour, tant que vécut François Ier (1547); et l'on

dit que celui-ci, à son lit de mort, conseilla au dauphin, qui allait lui succéder, de ne pas rappeler le connétable. Ce fut cependant par le rappel de Montmorency que Henri II inaugura son règne; il l'appela son vieux ami et lui donna toute sa confiance. En 1548, le connétable réprima avec une horrible cruauté la révolte de la Guienne (voyez ANNALES, t. Ier, p. 303). En 1557, Montmorency, que l'on mettait sans cesse à la tête des armées, perdit par sa faute la désastreuse bataille de Saint-Quentin, qui aurait pu être si fatale à la France si l'ennemi avait su profiter de sa victoire, et que l'on a comparée aux journées de Crécy et de Poitiers. Il y fut fait prisonnier, et dans la captivité, il prit part aux négociations qui amenèrent le déplorable traité de Cateau-Cambresis, qui enlevait à la France plus de territoire que n'auraient pu lui en faire perdre vingt ans de guerre. Les historiens s'accordent à faire peser sur Montmorency la responsabilité de cet acte funeste; les Guises allèrent jusqu'à l'accuser de trahison.

Après la mort de Henri II, il fit tous ses efforts pour conserver le pouvoir et faire éliminer les Guises; mais ceux-ci, par l'appui de leur nièce, Marie Stuart, reine de France, l'emportèrent sur lui, et François II conseilla au connétable d'aller prendre du repos dans ses terres. Il se retira, comme à l'époque de sa première disgrâce, dans sa terre de Chantilly, qu'il se plut à embellir. Sous le règne précédent, il avait obtenu que la baronnie de Montmorency fût érigée en duché-pairie, privilége qui, jusque-là, n'avait été accordé qu'aux princes du sang.

Après la mort de François II, Catherine de Médicis, qui voulait l'opposer -aux Guises, le rappela à la cour. Mais, fidèle au culte de ses pères, il ne put voir sans indignation les égards que la régente marquait aux calvinistes, et se réconcilia avec les Guises. Ce fut alors que se forma entre le connétable, François de Guise et le maréchal SaintAndré, cette fatale union que l'histoire a flétrie du nom de triumvirat. Après le massacre de Vassy, Montmorency s'empare de la personne du jeune roi Charles IX, et le conduit à Paris, où il

interdit le culte protestant, chasse les ministres et les huguenots des temples, et en fait brûler les chaises et les bancs, ce qui lui vaut le sobriquet de capitaine brûle-bancs. Cependant la guerre civile a éclaté; le prince de Condé a pris les armes. Les deux partis en viennent aux mains près de Dreux. Condé et Montmorency sont l'un et l'autre faits prisonniers, et Guise, arrivé sur la fin de la bataille, décide la victoire en faveur des catholiques. La pacification d'Amboise rend la liberté aux deux captifs, et tous deux réunis vont enlever le Havre aux Anglais. Peu de temps après, Montmorency, négligé par la régente, conçoit le projet d'une SaintBarthélemy. La populace devait être ameutée contre les calvinistes; 300 d'entre eux, dont la liste de proscription avait été signée de la main du connétable, devaient être égorgés et leurs maisons pillées. Catherine de Médicis parvint à déjouer cet infernal complot, et pour la troisième fois, Montmorency fut envoyé à Chantilly.

Il en sortit encore quand éclata la seconde guerre civile, et se remit à la tête du parti catholique. Il livra bataille au prince de Condé dans la plaine SaintDenis, et y fut assassiné par l'Écossais Robert Stuart. Seul au milieu d'un escadron ennemi, où il combattait avec l'ardeur d'un jeune homme, le connétable, se voyant couché en joue par l'Écossais, lui cria: « Tu ne me connais done << pas? C'est parce que je te connais « que je te tue, » lui répondit Stuart, et en disant ces mots, il tira sur lui à bout portant. Montmorency, en tombant, porta à son lâche meurtrier un coup terrible du pommeau de son épée, et lui brisa la mâchoire. Le connétable survecut trois jours à sa blessure. Apprenant que les siens avaient remporté la victoire, sa réponse fut celle d'Epaminondas aux champs de Mantinée : « Je « meurs content, et certes, je n'aurais « su mourir et n'enterrer en plus beau « lit et cimetière que celui-ci.» Transporté malgré lui à Paris, car il voulait rendre le dernier soupir sur le champ de bataille, il interrompit les prières du prêtre qui voulait le préparer à la mort « Laissez-moi donc, mon père, lui dit-il avec humeur; croyez-vous

[ocr errors]

« qu'ayant su vivre 80 ans, je ne sau«rai pas mourir un quart d'heure ? » Пl expira le 12 novembre 1567, à l'âge de 74 ans. On lui fit de somptueuses funérailles. Brave soldat, mais général dur, capricieux et médiocre, car le ravage d'une province n'exige pas de talents, et le désastre de Saint-Quentin est de lui, tandis que les victoires de Dreux et de Saint-Denis ne lui appartiennent pas; sujet fidèle, mais courtisan avide; ministre laborieux, mais non intègre; soutien constant, mais fanatique et intéressé, du parti catholique, Anne de Montmorency a obtenu des factions une réputation fort audessus de son mérite. On en a fait le personnage le plus illustre de sa race; mais en réalité, sa gloire doit s'effacer devant celle de Mathieu II, qui eut, et à un plus haut degré, toutes ses qualités, et n'eut point ses défauts.

Le connétable Anne de Montmorency laissa cinq fils, qui tous jouèrent un rôle politique.

1567. François, duc de MONTMORENCY, fut successivement grand maître de France et maréchal; il combattit au Havre avec son père, fut gouverneur de Paris en 1553, se montra ennemi des Guises, fut sur le point d'être arrêté après la paix perfide de Lonjumeau, échappa par la fuite au massacre de la Saint-Barthélemy, entra dans le parti des Malcontents, fut l'âme de la conspiration des Jours gras, fut enfermé à la Bastille, ne dut la vie qu'à la crainte que ses frères Damville et Thoré inspiraient à la cour, et ne sortit de sa prison qu'à la condition de se charger de négocier avec les rebelles.

1579. Henri Ier, duc de MONTMORENCY, connu sous le nom de Damville pendant la vie de son père Anne et celle de son frère François, mort sans posté rité, fit Condé prisonnier à la bataille de Dreux, fut nommé (1563) gouverneur du Languedoc, obtint (1566) le bâton de maréchal, n'échappa au massacre de la Saint-Barthélemy qu'en se réfugiant dans son gouvernement; disgracie par Henri III, devint chef du parti des Politiques, défit les troupes royales envoyées contre lui en Languedoc, fut un des premiers à reconnaître Henri IV, reçut de lui l'épée de connétable, et lui

fut toujours fidèle. Il mourut en 1614," laissant un fils, Henri II de Montmorency, et une fille, qui fut la mère du grand Condé. On dit qu'après la mort de François II, la reine d'Ecosse, éprise d'amour pour lui, l'aurait épousé, si la haine de Catherine de Médicis pour les Montmorency n'y eût mis obstacle, et n'eut forcé Marie Stuart à quitter la France.

Charles de Montmorency, seigneur de Méru, fut amiral, colonel général des Suisses et Grisons, et mourut en 1612.

Gabriel de Montmorency, baron de Montbéron, capitaine d'une compagnie de 50 hommes d'armes, fut tué à la bataille de Dreux.

Guillaume de Montmorency, seigneur de Thoré, colonel général de la cavalerie légère en Piémont, mourut en 1601.

Des cinq fils du connétable Anne, quatre moururent sans postérité; Henri seul, comme nous l'avons déjà dit, laissa des enfants.

1614. Henri II, duc de MONTMORENCY, naquit à Chantilly en 1595, et eut pour parrain Henri IV. Louis XIII le fit amiral en 1612, à l'âge de 17 ans, et chevalier du Saint-Esprit en 1619. Il succéda à son père dans le gouvernement du Languedoc, y combattit les protestants, et se distingua aux siéges de Montauban et de Montpellier. En 1622, il reconquit au roi les îles de Ré et d'Oléron. Quand Richelieu voulut attaquer la Rochelle, il acheta à Montmorency la charge d'amiral pour

un

million. Dans le même temps, Montmorency combattait avec succès les protestants et le duc de Rohan en Languedoc, et amenait la paix d'Alais. Il se distingua ensuite en Piémont, et reçut du roi les marques les moins équivoques de reconnaissance, entre autres, le bâton de maréchal. Mais il n'était pas satisfait; il aspirait à la dignité de connétable. Mécontent de la cour, qui la lui refusait, il se jeta dans le parti de Gaston. On sait qu'il prit les armes contre le roi; que, par la lâcheté de Gaston, il fut battu à Castelnaudary et fait prisonnier; que, traduit devant le parlement de Toulouse, il fut condamné à mort, et que, malgré les

« PreviousContinue »