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varre, résistait toujours et se refusait à ouvrir ses portes. Le maréchal de Lauriston, chargé du siége de cette ville, le fit commencer le 25 août. Le 3 septembre, il attaqua les postes avancés des troupes espagnoles et se rendit maître du faubourg de la Rocheappea. Ces dispositions préliminaires achevées, il fixa à la nuit du 10 au 11 l'ouverture de la tranchée contre la partie saillante de la citadelle, le bastion Sainte-Marie et les demi-lunes adjacentes. Le travail devait commencer à deux cents toises du glacis. Le terrain favorisa cette entreprise, qui avait l'avantage de faire ouvrir la première parallèle à la distance où commence ordinairement la deuxième; et la place et la citadelle de Pampelune capítulèrent le 17 septembre 1823.

PAMPHLET ou plutôt pamflet, expression dont l'étymologie est fort douteuse,qui désigne un écrit court, rapide, critique, incisif, dirigé contre un fait ou contre un homme important, et pris généralement en mauvaise part, jusqu'au jour où des écrivains du premier ordre le réhabilitèrent en l'employant comme forme habituelle de leur politique. Pascal, dans ses Lettres provinciales, éleva le pamphlet à des proportions jusque-là inconnues; mais c'était à l'époque actuelle qu'il était réservé de faire du pamphlet l'arme habituelle et la plus dangereuse des partis.

Vers le commencement de la révolu tion de 1789, le pamphlet tint, dans nos luttes politiques, une place considérable; Camille Desmoulins et Marat furent alors, de tous les pamphlétaires, les plus vigoureux, les plus spirituels et les plus hardis; le premier conservant la forme antique sous l'influence même des plus tumultueuses passions; le second, au contraire, peu soucieux de la forme, trempant sa plume dans la boue ou dans le fiel, mais trouvant parfois dans sa colère et dans sa haine des mouvements pleins de verve et d'éloquence.

Le Consulat et l'Empire mirent un terme à ces luttes violentes, et le pamphlet, qui ne vit qu'à la condition d'avoir ses coudées franches, fut vaincu par le despotisme brutal de l'épée. On sait comment Napoléon répondait aux

pamphlétaires; il les traitait à peu près comme des idéologues, et nul ne put entrer en lutte avec ce singulier logicien. La Restauration fit au pamphlet la partie plus facile et plus belle. Le pouvoir royal soulevait alors contre lui une masse de résistances; des rangs d'une opposition parfaitement disciplinée sortaient chaque jour des champions pleins d'audace et de talent. Il en était deux parmi eux qui faisaient surtout au pouvoir une rude guerre, et troublaient le sommeil des gens du roi. Pamphlétaires tous deux dans l'acception la plus élevée du mot, l'un mettant au service de la cause populaire un talent poétique de premier ordre, une âme indépendante, un esprit élevé: c'était Béranger, dont la France entière répétait les chants avec amour et enthousiasme; l'autre, esprit calme et sérieux, homme simple, voué aux travaux de la vie littéraire, et que les injustices de la faction royaliste avaient surpris et troublé au milieu de ces travaux, dans sa belle et poétique province de Touraine : celui-ci était PaulLouis Courier, le bon et honnête vigneron, l'ancien canonnier à cheval. Un matin il se réveilla pamphlétaire; c'était à propos d'une splendide donation que des courtisans voulaient forcer la France à faire à un prince encore enfant; il trouvait injuste que, pour donner à plus riche que soi, le paysan prélevât une part de son maigre pécule; et son indignation se trouva être un beau et véritable pamphlet, non plus l'arme de la médisance spirituelle ou le sifflement de la calomnie, mais bien l'arme loyale et noble d'un parti, l'attaque leste et hardie du faible contre le fort.

Nul encore n'avait donné au pamphlet cette double autorité de l'esprit et du bon sens. La France salua d'un cri de joie l'audacieux écrivam, et tant que Paul-Louis vécut, le pamphlet eut les honneurs de la lutte. On sait comment après l'une des nombreuses condamnations que lui valurent ces écrits spirituels et mordants, Courier, qui demeurera sans contredit comme le type le plus élevé du pamphlétaire,définissait lui-même le pamphlet. C'était après la séance où M. l'avocat général de Broe croyait avoir

écrasé l'écrivain sous cette virulente apostrophe: Vil pamphlétaire ! Courier rencontre sur le grand escalier du palais, M. Arthus Bertrand, libraire, « son juré, qui s'en allait dîner, l'ayant « déclaré coupable. » Il lui demanda quel était le sens de ce mot pamphlet qui, sans lui être nouveau, avait pour« tant besoin d'une explication.

« C'est, répondit l'honnête libraire, un « écrit de deux pages comme le vôtre, « d'une feuille où deux seulement. >> « De trois feuilles, reprit l'écrivain, se«rait-ce encore un pamphlet ? » - Le libraire embarrassé dit que ce pourrait bien être encore un pamphlet dans l'acception commune, mais qu'à proprement parler le pamphlet n'avait qu'une feuille seule. La conversation, racontée avec tant de verve et d'esprit par le pamphlétaire, continuait sur ce ton,lorsque, après une sortie du libraire sur le poison que contiennent les pamphlets, Courier lui demande naïvement s'il ne lit pas, lui juré, les mandements de monseigneur de Troyes pour le Carême et pour l'Avent, ou les pastorales de monseigneur de Toulouse sur la suprématie papale; ce sont cependant de simples feuilles, de vrais pamphlets; et il continue ainsi, rangeant parmi les pamphlétaires, Démosthène, Cicéron, Pascal, Franklin. Cette spirituelle et éloquente apologie, ce pamphlet des pamphlets, ainsi qu'il l'a appelé luimême, restera comme le chef-d'œuvre du genre tant il est vrai qu'une conviction profonde et un talent supérieur suffisent à ennoblir toute expression de la pensée, quelle que soit sa forme.

Courier tomba jeune encore sous la balle d'un assassin; Béranger vit silencieux, mais non inactif, dans son humble solitude de Passy. Mais l'arme puissante qu'ils ont laissée sur le sol à été ramassée par une main vigoureuse et exercée. Le pamphlétaire du gouvernement de juillet, logicien inflexible, écrivain spirituel et incisif, M. de Cormenin s'est élancé à la brèche dans toutes les circonstances où la bourse, plus en core que la liberté du contribuable, était menacée, et le ministère a dû plus d'une défaite mémorable à cet intrépide jouteur. C'est à la liste civile qu'il s'est attaqué surtout, ce sont ses exigences

qu'il a combattues; il a arraché d'une main ferme les haillons dont elle couvrait ses trésors; elle se faisait pauvre et tendait la main, et nous tous, bonnes gens! allions peut-être fouiller dans nos poches, quand le pamphlétaire est venu nous faire le compte de ses revenus immenses, tant pour les bois, tant pour les prés, tant pour les châteaux, etc., etc., et nous avons conservé notre obole jusqu'au moment où l'impôt nous le demandera sous une autre forme.

PANARD (Charles-François), né à Nogent-le-Roi près de Chartres, vers 1694, mort à Paris en 1765, se distingua par des chansons faciles et piquantes, et mérita d'être surnommé le la Fontaine du vaudeville. On a imprimé une collection de son Théâtre et OEuvres diverses, Paris, 1763, 4 vol. in-12, dans laquelle il y a 5 comédies, 13 opéras-comiques, des chansons, des fables, et quelques petites pièces galantes, bachiques et morales. M. ArmandGouffé a publié les OEuvres choisies de Panard, 1803, 3 vol. in-18.

PANCKOUCKE (André-Joseph), libraire, né à Lille en 1700, auteur d'un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons seulement les suivants: Dictionnaire historique et géographique de la châtellenie de Lille, 1733, in-12; Dictionnaire des proverbes français, 1749, in-12; Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre, 1762, in-12.

Charles - Joseph, son fils, né à Lille en 1736, vint s'établir à Paris en 1764, et s'y fit bientôt connaître par quelques écrits littéraires, et par des mémoires adressés à l'Académie des sciences. Devenu propriétaire du Mercure, il sut lui redonner la vogue. Dans le même temps il faisait paraître les OEuvres de Buffon, le Grand Vocabulaire français, le Répertoire universel de jurisprudence, l'Abrégé des voyages, par La Harpe, etc. Peu de temps après, il conçut le plan de l'Encyclopédie méthodique, puis, en 1789, celui du Moniteur, qui devint plus tard la feuille officielle du gouvernement. Enfin, sous le régime directorial, après avoir cédé ses presses et ses grandes opérations à son gendre, M. Agasse, il

créa la feuille intitulée: la Clef du cabinet des souverains, qui fut subventionnée par le gouvernement consulaire; il mourut à Paris en 1798.

Charles-Louis Fleury, son fils, né à Paris, en 1780, a aussi cultivé les lettres avec succès, et les grandes entreprises qu'il a formées et menées à terme, n'ont pas été moins utiles à la littérature et aux arts que celles de son père. Citons seulement, parmi les ouvrages dont il a été l'éditeur, le Dictionnaire des sciences médicales (60 vol. in-8°); l'utile recueil des Victoires et Conquêtes des Français (34 vol. in-8°), et surtout la Bibliothèque latine-francaise (176 vol. in-8°), dont le Tacite, traduit par M. Panckoucke lui-même, est une des parties les plus estimées.

PANETIER DE FRANCE (GRAND). On appelait ainsi l'officier de la couronne qui commandait à tous les officiers de la paneterie du roi, et, avec le grand échanson, servait le monarque à table, dans les jours de cérémonies. Voici la liste chronologique de ceux qui occupèrent successivement cette charge: 1. Eudes Arrode (1217). II. Hugues d'Athies (1224). III. Geoffroi de la Chapelle (1240). IV. Jean Britaut de Nangis (1260). V. Mathieu, vidame de Chartres (1287). VI. Robert de Meudon (1298).

VII. Mathieu de Trie (1298 et 1302). Mathieu de la Muse est nommé panetier du roi dans un titre de 1297.

Guillaume Rebrachien prend la qualité de panetier du roi en 1300.

Guillaume de Mussi, chevalier, panetier du

roi en 1302.

Robert aux Gans, panetier du roi en 1303. Jean Coulon de Saint-Paul, panetier du roi en 1303.

Jean Arrode, panetier du roi en 1304. Gérard Cauchat est nommé panetier du roi dans un titre de 1304.

VIII. Raoul, dit Herpin, seigneur d'Erqueri (1305).

Guillaume de Hangest prend la qualité de panetier du roi en 1304 et en 1306.

Jean le Cordonnier portait la qualité de pauetier du roi en 1307.

Gilles de Laon est nommé panetier du roi dans un titre de 1308.

Jean de la Chapelle, châtelain de Nemours, est dit panetier du roi dans un titre de 1309. Adam de Meulant est dit panetier du roi dans un titre de 1309.

Robert de Macheau prend la qualité de panetier du roi en 1309.

Robert de Sarmiselles était panetier du roi Philippe le Bel.

Pierre de Fai était panetier du roi Charles le Bel.

IX. Bouchard II de Montmorency, panetier de France (1323).

X. Charles, sire de Montmorency (1344).
XI. Hugues, sire de Hangest (1345).
XII. Jean, sire de Trainel (1355).
XIII. Raoul de Raineval (1358).
Mathieu de Bellai, panetier du roi, en
1372, sous Charles V.

Pierre de la Crique; panetier du roi en 1386, sous Charles VI.

XIV. Gui, sire de la Roche-Guyon, panetier de France (1396).

Gérard d'Athies, seigneur de Moyencourt, était alors panetier du roi.

XV. Antoine de Craon, seigneur de Beauverger, panetier de France (1411).

XVI. Jean Malet, sire de Graville (1413).
XVII. Robert, dit Robinet de Mailli (1418).
XVIII. Roland de Donguerre (1419).
XIX. Jean de Prie (1425).

XX. Jean de Naillac (1428).
XXI. Jacques de Châtillon (1432).
XXII. Antoine de Chabannes, comte de
Dammartin (1449).

XXIII. Louis, sire de Crussol (1461).
XXIV. Jacques, sire de Crussol (1473).
XXV. Jacques Odart, seigneur de Cursai
(1485).

René de Cossé, seigneur de Brissac, était premier panetier du roi en 1495.

XXVI. Charles de Crussol, vicomte d'Usez (1533).

XXVII. Artus de Cossé, comte de Secon

digni (1552).

XXVIII. Charles 11 de Cossé (1621).
XXIX. François de Cossé (1651).
XXX. Louis de Cossé (1661).

XXXI. Timoléon, comte de Cossé (1675).
XXXII. Artus Timoléon de Cosse.
XXXIII. Charles - Timoléon Louis de
Cosse (1709).

XXXIV. Jean-Paul de Cossé, duc de Brissac, pair de France (1732).

PANIS, né dans le Périgord, exerçait en 1787 la profession d'avocat à Paris, lorsqu'il épousa la sœur du brasseur Santerre. Il figura dans les rassemblements qui se portèrent au château des Tuileries dans la matinée du 10 août, et devint l'un des membres de la fameuse commune qui prit le nom de cette journée. La nouvelle municipalité

choisit dans son sein une commission du comité de salut public. Panis en fit partie, et signa en cette qualité la circulaire envoyée dans tous les départements après les massacres de septembre. Voy. les ANNALES, t. II, p. 252. Élu ensuite député à la Convention, il se rangea du parti de la Montagne, mais s'y fit peu remarquer. Dans le procès du roi, il vota pour la mort, contre l'appel au peuple et contre le sursis. Il fut, pendant quelque temps, membre du comité de sûreté générale, et prit une part active aux événements des 9 et 10 thermidor. Dans la journée du 1er prairial an III, il tenta de défendre les chefs des insurgés, dont la Convention venait d'ordonner la mise en accusation; mais il ne put parvenir à se faire écouter, et le 7, ayant voulu parler en faveur de son ami Laignelot, il fut lui-même décrété d'arrestation et ne recouvra la liberté que par l'amnistie du 4 brumaire an IV.

Il fut ensuite employé dans l'administration des hospices de Paris. Resté pauvre, il s'était depuis longtemps retiré de la scène politique, lorsque la loi dite d'amnistie le força, en 1816, d'aller chercher un refuge en Italie. Il y vécut d'une pension que lui faisaient ses enfants, jusqu'en 1830, époque où il put enfin rentrer en France. Il mourut à Marly-le-Roi, en 1833.

PANORAMA. Il n'y a pas plus d'un demi-siècle que les panoramas sont connus en France. Ce fut l'Américain Fulton qui en obtint le brevet en 1787. Aidé des artistes Fontaine, Prévost et Bourgeois, il exposa au public, quatre ans après l'obtention de son brevet, une vue de Paris qui surprit tout le monde, tant par la nouveauté du spectacle que par le mérite de l'exécution, l'exactitude des détails et l'illusion complète que produisait ce nouveau genre de peinture. Ils exposèrent ensuite successivement les panoramas de Lyon, de Toulon, de Londres, de Rome et de Naples. Prévost acquit bientôt dans ce genre un talent supérieur et une réputation digne de son talent; ses panoramas d'Amsterdam, d'Anvers, de Jérusalem et d'Athènes, furent tour à tour l'objet de l'étonnement et de l'admiration. David, dit-on, visitant un des pre

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miers panoramas de cet artiste, avait dit à ses élèves: Messieurs, c'est ici qu'il « faut venir étudier la nature. » D'après la manière de voir de David, nous n'oserions affirmer l'authenticité de ce mot, mais il explique parfaitement l'effet produit par l'apparition des panoramas, puisqu'on n'a pas craint de mettre dans la bouche du maître de la peinture un éloge aussi absolu. M. de Chateaubriand, dans la préface de ses œuvres complètes, a cru devoir payer aussi un tribut d'éloge à Prévost.« On a vu à « Paris, dit-il, les panoramas de Jéru« salem et d'Athènes; l'illusion était « complète; je reconnus au premier a coup d'œil tous les monuments, tous « les lieux, et jusqu'à la petite cour où « se trouve la petite chambre que j'ha« bitais dans le couvent de Saint-Sau« veur. Jamais voyageur ne fut mis à << si rude épreuve. Je ne pouvais m'at<< tendre qu'on transportât Jérusalem « et Athènes à Paris.» Il faut dire que, pour l'exécution de ses panoramas, Prévost ne s'en rapportait pas à des dessins, et qu'il allait lui-même sur les lieux. On ne doit donc pas s'étonner de trouver dans ses ouvrages une si scrupuleuse exactitude. Il était parti en 1817 pour aller visiter les lieux les plus célèbres de l'Orient, et c'était dans ce voyage qu'il avait fait les dessins de Jérusalem, d'Athènes et de Constantinople. Mais ces travaux l'avaient fatigué, et des trois panoramas, deux seulement furent exécutés par lui; il mourut en 1823, au moment où il commençait celui de Constantinople; M. Roumy le termina d'après ses dessins. La démolition de la rotonde des Capucines, où avait lieu l'exposition de ces ouvrages, fit craindre de voir périr un art qui était devenu si intéressant; en effet, le défaut de local convenable est une des grandes difficultés que rencontrent les peintres qui veulent exécuter de semblables travaux. Mais on construisit, rue SaintFiacre, un bâtiment où M. Alaux fit voir successivement le panorama de Westminster et celui de Saint-Pierre de Rome. En 1830, M. Langlois exposa. rue des Marais du Temple, le panorama de Navarin et celui d'Alger. Enfin, depuis quelques années, cet artiste a fait élever. dans les Champs ÉlyETC.)

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sées, une vaste rotonde, où on a vu en dernier lieu le panorama de Moscou.

Les panoramas sont un genre de peinture tout à fait à part, et outre un talent au-dessus de l'ordinaire, ils exigent pour leur exécution de grandes dépenses. Les artistes peuvent difficilement suffire à ces frais, et le gouvernement, pour une œuvre aussi capitale, devrait venir à leur aide. On pourrait construire un monument, qui servirait en même temps à la décoration d'une place, et où les artistes pourraient faire exposer leurs panoramas: ce serait le seul moyen de donner à cet art une extension qu'il serait à souhaiter de lui voir prendre.

MM. Daguerre et Bouton, qui avaient été choisis par Prévost pour l'aider dans ses travaux, ouvrirent, le 11 juillet 1822, sous le nom de diorama, une exposition du même genre, mais sur une échelle plus petite. Outre les illusions d'optique, produites par la disposition de la lumière, MM. Daguerre et Bouton essayèrent de rendre parfois le bruit des eaux tombantes; enfin, il y eut dans le diorama autant de mécanique que de peinture. Ainsi, dans celui qui représentait le mont Saint-Gothard, entre autres, outre le bruit du torrent qu'on avait imité, on voyait à un certain moment les neiges amoncelées se détacher et produire une avalanche. Dans un diorama représentant l'intérieur d'une église, on avait imaginé de reproduire l'effet de jour et l'effet de nuit. Un incendie, qui dévora le local où avaient lieu ces expositions, vint arrêter les essais de MM. Daguerre et Bouton dans ce genre de spectacle. Nous citerons, parmi les tableaux exécutés par les auteurs du Diorama, l'Intérieur de la cathédrale de Cantorbéry, le Port de Brest, l'Intérieur de l'église de Chartres, la Chapelle d'Holy-Rood, le Mont St-Gothard; des Vues de Venise, d'Edimbourg et de la Forêt-Noire. M. Daguerre a annoncé récemment qu'il allait ouvrir un nouveau diorama; les nombreuses expériences et découvertes de cet artiste sur les effets de la lumière, avant et depuis l'invention de cet instrument auquel il a donné son nom, font espérer d'intéressantes expositions. PANTHEON. Voyez PARIS.

PAOLI (Pascal) naquit, en 1726, à Morosaglia (Corse), dans le hameau appelé la Stretta. Son père Hyacinthe, un des chefs de la nation avant et depuis le départ du roi Théodore, fut obligé de se réfugier en 1739 à Naples, dont le roi lui donna un régiment. Pascal fut élevé à l'École militaire, et son père, qui était un poëte distingué, prit soin de son éducation littéraire. Il était officier dans le régiment de son père, lorsqu'il revint en Corse, visiter les parents qu'il y avait laissés : c'était en 1755. La guerre que la république de Gênes continuait à faire à la Corse était à son plus fort, et les représentants de la nation, convoqués à Orezza, allaient délibérer sur les chefs qu'ils devaient nommer pour guider le pays dans cette lutte importante. Paoli se rendit à l'assemblée comme député de Morosaglia. La renommée de son père, sa bonne mine, peut-être aussi son uniforme, attirèrent sur lui tous les regards. On savait qu'il avait reçu une brillante éducation, et, quant à son patriotisme, on n'en pouvait douter. Il fut donc d'une voix unanime nommé général en chef de la nation. Il voulait décliner cet honneur; on insista, et il fut forcé d'accepter. Il demanda alors qu'on lui donnât pour collègue Mario Matra homme de guerre déjà renommé, et qui commandait avant lui les nationaux. Ôn applaudit à ce choix, et les deux généraux prirent ensemble les mesures nécessaires pour continuer la guerre.

Cependant des dissensions s'élevèrent bientôt entre eux; Matra, plus expérimenté, leva un corps de partisans, marcha contre son collègue; mais la lutte se termina par la mort de ce général qui fut tué au siége du couvent de Bozio. Paoli, resté seul général, combattit d'abord avec avantage les Génois et les troupes françaises venues à leur secours (voyez l'article CORSE); puis, vaincu, en 1769, par les forces supérieures du comte de Vaux, il quitta la Corse avec cinq ou six cents de ses partisans, et se retira en Angleterre, où le gouvernement lui donna une généreuse hospitalité. Enfin, après un exil de vingt ans, Paoli fut rappelé, en 1790, dans sa patrie, et son voyage de Paris en Corse fut une véritable marche triomphale.

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