une riviere qui roule majestueufe ment fes eaux. Cependant pour fou tenir la dignité de fon caractere, il faut une imagination riche & féconde, un génie noble & élevé, & beaucoup de magnificence & d'é clat dans l'expreffion. C'eft ce qu'on peut appercevoir dans ces ftrophes d'une Ode de Rousseau à la For tune : Quel eft donc le héros folide Et qui, pere de la patrie, Compte fes jours par fes bienfaits. Quels traits me présentent vos fastes, Des vœux outrés, des projets vaftes, Un Un peuple au fer abandonné, Des meres pâles & fanglantes Des mains du foldat effréné. Montrez-nous, Guerriers magnanimes, Mais au moindre revers funefte, L'Ode galante demande, avec un air de gaieté, de la douceur, de la naïveté & de la délicatesse, soit dans les penfées, foit dans l'expreffion. Anacréon qui vivoit du tems de Cyrus, en a été le plus parfait modéle; & l'on en peut juger par cette traduction d'une de fes principalesOdes, quelqu'inférieure qu'elle foit à l'original. Pour l'entendre, il faut fe rappeller les Anciens employoient que quelquefois des pigeons pour donner promptement de leurs nouvelles, quand ils alloient d'une ville à une autre. Le voyageur emportoit avec lui quelques pigeons, & les lâchoit quand il étoit arrivé, avec des billets attachés à leur cou. Ces oiseaux retournoient rapidement à leur.colombier, & il n'y avoit point de voie plus prompte pour faire tenir des lettres. Anacréon feint qu'un pigeon qui portoit une lettre à fa maîtreffe, eft rencontré par un Paffant qui le queftionne fur le fujet de fon voyage. LE PASSANT. D'où viens-tu, Colombe aimable? Rend une odeur admirable, Dont l'air eft tout embaumé. LA COLOMBE, Anacréon, ce Poète, 1 Je Son cœur ne peut être épris. Dans les bois, fur les montagnes, Pour quelque chétive graine Me régale de fon pain, Sur fa lyre je me pose, Tu m'as rendue à la fin Malherbe & Rouffeau fe font dif tingués par la Poëfie Lyrique, & l'on pourroit citer plufieurs chanfons Françoifes pour exemples d'Odes bacchiques & galantes. La Cantate eft une invention de nos jours. Elle a pris naiffance en Italie, mais elle a reçû en France une forme toute nouvelle. C'eft un petit Poëme fait pour être mis en chant, & qui contient une action dont le récit eft fort court, & entremêlé d'ariettes. Le Ballet eft ordinairement compofé d'un Prologue & de quatre Actes détachés, dont chacun renferme une action particuliére, un peu plus étendue que celle de la Cantate, entremêlé d'ariettes, & furtout accompagné de danses ; car c'est ce |