3o. Les vers de huit fyllabes. Tu renverses l'audacieux, Tu reléves qui s'humilie, Le pauvre que le monde oublie, Tes châtimens & tes bienfaits; 4o. Les vers de fept fyllabes. Mon cœur, fois en affûrance, Dieu fe fouvient de ta foi. so. Les vers de fix fyllabes. Reprenez, belle Flore, Joignez-vous à Pomone Les beaux jours du Printems. 6o. Les vers de cinq fyllabes. Dans ces prés fleuris Qu'arrofe la Seine, Mes chères brebis. J'ai fait, pour vous rendre Aux fureurs des loups. Que je vous regrette! Mais il faut céder. Sans chien, fans houlette Puiffiez-vous contentes Brebis mes amours. L'arrangement des vers confifte à les joindre enfemble de maniere qu'ils forment une fuite; mais on n'y place pas toujours les rimes de la même façon. Tantôt elles fe fuivent; c'est-à-dire, qu'après deux vers mafculins, on fait marcher deux vers féminins, enfuite deux vers mafculins, puis deux féminins, & ainfi des autres. Ces rimes ainfi fuivies s'appellent des rimes plattes, comme dans ce paffage : Avant que la raifon s'expliquant par la voix, cence. Cet ordre fut, dit-on, le fruit des premiers vers. De-là font nés ces bruits reçûs dans l'univers, Qu'aux Qu'aux accens dont Orphée emplit les monts de Thrace, Les tigres amollis dépouilloient leur audace, Qu'aux accords d'Amphion les pierres fe mou voient, Et fur les murs Thébains en ordre s'élevoient. L'harmonie en naiffant produifit ces miracles. Depuis le Ciel en vers fit parler les oracles. Tantôt les rimes masculines & féminines font entrelacées ; & on les appelle des rimes croifées, comme dans les Odes, dans les Stances, & dans plufieurs autres genres de Poëfie; on en voit l'exemple dans ces yers: Heureux qui de la Sageffe * E CHAPITRE IX. De la quantité des Mots. LEs Grecs & les Latins n'employoient point la rime dans leurs vers; ils en régloient la mefure par la longueur, & par la briéveté des fyllabes. La fyllabe longue a un tems, & la fyllabe bréve un demi-tems. De ces tems & de ces demi-tems fe formoient les mesures qu'ils appelloient des pieds, & de ces pieds fe compofoient les vers; ainfi, felon qu'il y avoit dans leurs vers un plus grand nombre de tems ou de demi-tems, ou ce qui revient au même, un plus grand nombre de fyllabes bréves & Tongues, leurs vers avoient plus ou moins de fyllabes. Quoique les vers François ne foient point affujettis à la proportion des Tyllabes longues & bréves; cependant il faut leur donner, autant qu'il eft poffible, felon les idées qu'on veut exprimer, différens degrés de lenteur ou de vîteffe, en y mettang |