L'espèce de vandalisme, exercé sur ce poëme de M. (ci-devant l'abbé) de Lille, dans les éditions de Paris, est d'autant plus inconcevable, qu'on ne sauroit l'attribuer à la censure d'un gouvernement qui a tout fait pour rappeler l'auteur dans sa patrie, et qui l'a reçu avec les honneurs dús à la célébrité de sa muse. Quelque beaux et touchans que soient les morceaux qui, à Paris, ont été retranchés ou défigurés, ils n'étoient pas plus de nature à jeter des alarmes dans le 'public, que presque tout le reste du poëme où l'auteur flétrit les crimes de la révolution, et où il en célèbre les · augustes victimes, avec l'intention très-marquée de perpetuer l'horreur des uns, et d'exciter les plus douloureux souvenirs et la plus douce pitié pour les autres. * Il faut donc que quelques vaines terreurs se soient emparées des éditeurs qui ensuite, se sont mis à trancher, à tailler, sans voir où portoient leurs coups, et qui, pour remplir les vides, ont été forcés d'avoir recours à des morceaux disparates ou tirés méme d'autres poëmes de l'auteur, * Quoi qu'il en soit, comme ces amphigouris ont révolté tout le monde aussi-bien en France que dans le reste de l'Europe, et comme c'est précisément ce qui a été supprimé, qui excite avantage l'intérêt et la curiosité, il en résulte que les éditions de Paris ne sont d'aucun prix pour les amateurs. |