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noms de chaque substance, les mots: non-conducteur, bon conducteur, assez bon conducteur, peu ou très-peu conducteur.

Voici, du reste, les conclusions de son travail assez semblables à divers égards à celles de MM. Hausmann et Henrici deux des physiciens qui se sont occupés de ce sujet :

1o Les minéraux conducteurs appartiennent aux cinq premiers types cristallins. On n'en trouve aucun parmi les douze espèces du système représenté par le prisme oblique ron symétrique.

2o Les minéraux présentent tous les degrés intermédiaires entre la conductibilité parfaite et l'isolement complet.

3o Les métaux natifs et leurs alliages sont conducteurs.

4° Il existe parmi les oxydes métalliques de grandes différences de conductibilité. Ceux qui sont opaques et doués d'éclat l'emportent en général sur les autres. M. Necker a rappelé cette circon

stance.

5o Les sulfures métalliques donnent lieu à une remarque semblable.

6o Les chlorures sont tantôt conducteurs (argent corné), tantôt isolants.

7o La même variété règne parmi les sels. La grande majorité d'entre eux est isolante.

8° L'état moléculaire détermine la conductibilité ou l'isolement d'une même substance. Le diamant isole, le graphite conduit fort bien.

9° Chez les minéraux d'origine végétale, la conductibilité est d'autant meilleure que la carbonisation est plus parfaite1.

10° Parmi les minéraux conducteurs qui ne cristallisent pas dans le système régulier, il en est qui présentent une conductibilité différente suivant la direction du courant rapportée à celle de l'axe de symétrie.

1 M. Chevreuse a publié d'intéressantes observations sur la conductibilité des charbons, dans les Annales de Chimie et de Phys., tome XXIX, page 440.

8.SUR QUELQUES FAITS RELATIFS AU COURANT ET A LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUES, par M. QUET. (Comptes rendus de l'Acad. des Sc., séance du 27 décembre 1852.)

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Lorsque le vide est fait aussi exactement qu'on peut l'obtenir avec une excellente machine pneumatique, dans le récipient connu sous le nom d'œuf électrique, si l'on met en communication les deux tiges du récipient avec les fils qui amènent les deux électricités fournies par la machine électrique que construit M. Ruhmkorff, on voit se produire dans le vide deux lumières différentes par la couleur, la forme et la position. L'une des lumières est violette et entoure régulièrement la boule et la tige négatives; l'autre est rouge de feu; elle adhère d'un côté à la boule positive, s'étend de l'autre vers la boule négative, et a pour limites latérales une surface de révolution autour de l'axe du récipient. Cette manifestation d'une double lumière électrique est une expérience neuve et curieuse de M. Ruhmkorff.

«En étudiant cette double lumière, je suis parvenu à établir qu'elle se compose d'une suite de couches brillantes entièrement séparées les unes des autres par des couches obscures, ou qu'elle est comme stratifiée.

« Pour bien développer ce phénomène de stratification et lui donner de l'éclat, je me sers du vide fait, dans un œuf ou un tube électrique, sur l'une des vapeurs fournies par l'esprit-de-bois, l'essence de térébenthine, l'huile de naphte, l'alcool, le sulfure de carbone, le bichlorure d'étain, etc., ou sur un mélange de ces vapeurs et d'air, ou bien encore sur le fluorure de silicium, etc.; je fais passer dans ces vides le courant d'induction fourni par la machine électrique si remarquable que construit M. Ruhmkorff, et j'obtiens alors une multitude de couches brillantes séparées par des couches obscures formant comme une pile de lumière électrique entre les deux pôles du récipient.

«Dans la lumière relative au pôle positif, lumière qui est ordinairement rouge, les couches brillantes les plus rapprochées de la boule négative ont une position et une figure sensiblement fixes,

en sorte qu'il est facile de constater sur elles qu'il y a discontinuité en passant de l'une à l'autre. La couche extrême ne touche pas la lumière du pôle négatif, elle en est séparée par une couche obscure qu'on peut rendre plus ou moins épaisse, suivant la nature des vides et leur perfection. Mais, indépendamment des trois ou quatre couches brillantes qui sont sensiblement fixes, la lumière du pôle positif contient une multitude d'autres couches dont la discontinuité est plus ou moins masquée par diverses illusions d'optique que j'élimine en m'y prenant comme suit:

«La lumière électrique, dans ces expériences, n'a pas une durée continue; elle consiste en une suite de décharges se succédant avec rapidité. La machine qui la fournit contient un petit marteau. magnétique qui tour à tour se lève et tombe sur une enclume de platine, et à chaque fois qu'il se lève, la lumière électrique se produit dans le vide. Au lieu de laisser au marteau le jeu alternatif et très-rapide que lui donne la construction de la machine, on peut le manœuvrer avec la main, et en le soulevant une seule fois, on obtient dans le vide une émission de lumière qui ne dure qu'un instant. Dans ces conditions, toutes les illusions d'optique cessent ; on n'a plus les mouvements ondulatoires et progressifs, ni les mouvements gyratoires qui peuvent masquer le véritable phénomène, mais on voit la pile entière de couches alternativement brillantes et obscures se dessiner avec une forme très-nette. En renouvelant cette manœuvre à volonté, il devient facile d'étudier les détails du phénomène.

L'extinction de l'une des lumières accompagnée d'une augmentation d'éclat dans l'autre, les changements de couleur qu'on peut faire subir séparément à l'une ou à l'autre, confirment bien l'idée que ces deux lumières sont douées de polarité.

La lumière du pôle positif n'est pas seule stratifiée, celle du pôle négatif l'est aussi; indépendamment d'une lueur vague qui termine ordinairement la lumière du pôle négatif et qui peut s'étendre à plus d'un centimètre et demi de la boule et de la tige, on reconnaît dans cette lumière deux couches brillantes séparées par une couche sombre. Dans certains vides, ces couches sont entourées d'anneaux brillants et obscurs.

Le phénomène d'une double lumière stratifiée présente des circonstances très-variées, suivant la nature des vides que l'on emploie. Ordinairement la lumière du pôle positif est rouge et l'autre est violette, mais j'ai trouvé que ces teintes ne sont pas nécessaires. Dans le vide fait sur le fluorure de silicium, j'obtiens une lumière jaune au pôle négatif; en faisant le vide dans des tubes de verre préalablement remplis de vapeurs d'essence de térébenthine, j'obtiens au pôle positit de longues colonnes d'une belle lumière blanche et phosphorescente, dont la stratification a lieu par couches sensiblement planes et d'inégale épaisseur'.

«La constitution de la lumière électrique que je viens de décrire semble indiquer que le mouvement électrique, établi dans les vides, se trouve alternativement dans des conditions opposées et telles qu'il rend lumineuse la couche de gaz très-raréfiée qu'il traverse, ou la laisse obscure suivant ces conditions: le courant électrique paraît ainsi doué d'un caractère de périodicité remarquable.

Comme les deux lumières stratifiées sont séparées par une couche obscure dans la plupart des vides, j'ai pensé que peut-être, en approchant les deux boules l'une de l'autre, je parviendrais à éteindre l'une des deux lumières électriques. L'expérience confirme cette prévision lorsqu'elle est faite dans le vide opéré sur l'air; c'est la lumière rouge qui disparaît complétement, tandis que la lumière violette se ravive, au contraire. Dans le vide fait sur le fluorure de silicium, on fait disparaître la lumière du pôle positif, et l'on ravive et la lumière jaune du pôle négatif, et les anneaux pourpres

1 Après avoir constaté expérimentalement le phénomène de stratification, j'ai fait part à M. Ruhmkorff de ce que j'avais découvert, et je l'ai prié d'achever la construction de ma machine électrique, pour me permettre d'examiner de suite le phénomène dans tous les vides possibles. Sur ces indications, sans connaître ni comment j'avais éliminé les illusions d'optique ni par quelles expériences j'avais été conduit à étudier les différents vides, M. Ruhmkorff a trouvé de lui-même, en essayant la machine qu'il disposait pour moi, et en opérant avec le vide fait sur un mélange d'air et de vapeurs d'alcool, l'un des vides qui montrent facilement le phénomène de stratification, quoique toutes les illusions d'optiques ne soient pas éliminées.

qui l'entourent; mais par un rapprochement des boules plus prononcé, on voit la lumière négative s'affaiblir, et des anneaux pourpres se développer autour de la boule positive.

En cherchant quelle peut être la cause de ces variations d'éclat, j'ai été amené à faire des expériences sur la conductibilité électrique des vides. Dans l'un des conducteurs qui portent l'électricité au récipient, j'ai interposé un galvanomètre convenable. Tant que le vide n'est pas suffisamment avancé, le galvanomètre n'indique rien, en sorte que dans ces conditions le gaz raréfié isole l'électricité de la machine. Lorsque le vide est tel que les déchar ges successives donnent l'apparence d'une lumière continue, l'aiguille du galvanomètre se dévie et indique l'existence d'un courant électrique; sa déviation augmente de plus en plus à mesure qu'on raréfie davantage le gaz; lorsque la lumière violette est bien développée sur la boule négative et sur toute la longueur de sa tige, ce qui suppose un vide très-bien fait avec une excellente machine pneumatique, si l'on approche les deux boules du récipient l'une de l'autre, on voit l'aiguille du galvanomètre se dévier davantage, et de plus en plus à mesure que la proximité des boules opposées devient plus grande. Il résulte de ces expériences, que les différents vides obtenus avec les gaz sont conducteurs des courants électriques, et qu'ils offrent une résistance plus ou moins considérable, suivant leur nature, leur degré de perfection, et aussi suivant l'épaisseur de vide que l'on emploie. Il me sera facile, par ce procédé, d'examiner l'effet de la température sur la conductibilité électrique des gaz convenablement raréfiés.

En étudiant les phénomènes de la lumière électrique dans les conditions que j'ai indiquées, on s'aperçoit par les variations qu'ils présentent, et aussi par les dépôts qui se forment sur les boules et sur les tiges, que les gaz très-raréfiés éprouvent sous l'influence de l'électricité des modifications particulières. Cette espèce d'électrochimie des vides m'a paru mériter une étude spéciale de ma part.

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