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au pied ou sous l'ombre d'arbres de haute tige plus ou moins âgés et assez distants les uns des autres.

En supposant que la culture purement artificielle des truffes, comme celle qui serait praticable dans un jardin, dût un jour être couronnée de succès, nous doutons qu'elle puisse jamais équivaloir à la culture indirecte, si l'on peut ainsi parler, que les Loudunois semblent avoir les premiers mise à profit. Aussi serait-il à souhaiter que leur exemple fût suivi dans une foule de lieux où il le pourrait être avec bonheur. Leur méthode, qui a pour autre conséquence de créer des bois là où il n'en existe point, mérite doublement d'être recommandée. Quant à celle qui consiste à répandre des fragments de truffes mûres dans un terrain boisé qui ne produit point encore ces champignons, nous croyons qu'elle peut aussi donner des résultats satisfaisants, quoi que nous ayons dit plus haut à son sujet; mais elle ne devra être tentée que dans des circonstances analogues à celles offertes par les truffières naturelles; on reconnaîtra alors qu'une foule de lieux supposés improductifs en truffes en produisent réellement déjà avec plus ou moins d'abondance, et que beaucoup de bois pourraient être convertis en truffières à l'aide de quelques soins, qui consisteraient surtout à diminuer le nombre des arbres et à débarrasser le sol des broussailles qui l'empêcheraient de recevoir à la fois facilement les eaux pluviales et l'influence directe des rayons du soleil1.

1

Léop. Trattinick, dans ses Essbare Schwämme (p. 29, 1 ed.) traite aussi de chimériques et inapplicables les procédés artificiels proposés avant lui pour la culture des truffes. Néanmoins, malgré son inexpérience, il se hasarde à en indiquer de nouveaux. Celui qu'il conseillerait de préférence, consisterait à choisir un coteau

L'industrie loudunoise, mise également en pratique dans les environs de Civray, a donné une valeur importante à des terrains qui n'en avaient antérieurement presque aucune; elle a enrichi beaucoup de cultivateurs qui, aujourd'hui, dit M. Delastre, « font des semis réglés de chêne, calculés de façon à en avoir chaque année quelques portions à exploiter comme truffières. » A la Bonardelière, près Civray, on évalue 80 à 100 francs le revenu annuel en truffes d'une boisselée (15 ares 20 centiares) de taillis de chênes.

Dans l'arrondissement d'Apt (Vaucluse), comme nous l'apprend M. Ét. Bonnet, plusieurs propriétaires ont aussi créé des truffières dans leurs domaines, à l'imitation d'un chercheur de truffes, natif du Roussillon, et nommé Tallon, qui, le premier, avait eu l'idée de semer des chênes verts, dans l'espoir de recueillir plus tard des truffes sous leur ombre. Le petit bois né de ce semis

incliné à l'ouest, qui offrirait dans sa partie supérieure un ruisseau ou un réservoir ombragé d'arbres, et dont le bas serait planté de chênes, de châtaigniers et de genévriers épars; le sol devrait être léger, noir, meuble et sablonneux; on le nétoyerait avec soin des broussailles et des gazons qui le couvriraient; puis, en avril ou mai, on y placerait de jeunes truffes fraîchement arrachées de leur sol natal, et qui retiendraient encore beaucoup de terres autour d'elles. Les circonstances qu'exige Trattinick seraient difficiles à rencontrer, et la nature du sol qu'il indique n'est point celle ordinaire aux truffières naturelles; mais, quoique les champignons ne semblent pas, en général, se prêter facilement à la transplantation, on réussirait sans doute à la pratiquer sur de jeunes individus enveloppés de mycelium; ainsi les Tuber melanosporum, que nous avons récoltés dans les truffières du Poitou en septembre 1850, auraient vraisemblablement très-bien pu être replantés avec succès, au moins pour la propagation de leur espèce, car nous avons vu croître leur mycelium dans les flacons où nous les avons renfermés (Voyez plus haut).

a trente ans aujourd'hui, et protége une truffière en plein rapport. Les arbres y sont espacés de cinq mètres environ les uns des autres; mais dès que leurs branches se joindront et couvriront le sol d'une ombre trop épaisse, ils devront être éclaircis, sous peine, pour l'industrieux cultivateur, de voir sa truffière devenir promptement stérile, ainsi que l'expérience l'a déjà prouvé maintes fois en Provence comme ailleurs.

NOUVELLE ANALYSE DE L'EAU MINÉRALE DE SAXON DANS LE CANTON DU VALAIS (EN SUISSE), par M. Pyrame MORIN. (Lue à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, le 16 décembre 1852.) (Extrait.)

En 1844 je publiai dans la Bibliothèque Universelle (numéro de mai, p. 139), l'analyse que je venais de terminer de l'eau minérale de Saxon.

J'avais trouvé sur 1000 grammes :

Acide carbonique combiné et dissous. 0,037 gramme.

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Je donnais aussi les combinaisons formées substances ci-dessus.

les

La Société helvétique des sciences naturelles étant réunie à Sion, en août 1852, MM. Pignant et Césati, annoncèrent à la Section de Physique et de Chimie, que les effets des eaux de Saxon n'étaient pas en rapport avec l'analyse que j'en avais faite, ils avaient repris le travail et s'étaient persuadés que cette source contenait des iodures en grande quantité, probablement aussi des bromures et peut-être des cyanures. M. Césati ajoutait que la source sort d'un calcaire hippuritique. M. le D' Claivaz, fit part à la section médico-chirurgicale de cette même découverte, l'iode existant dans l'eau à la dose de deux grains environ (0,10 gr.) par litre (Bibl. Univ., numéro de novembre 1852, pages 192 et 205).

Lorsque j'appris à Genève les détails de cette double communication, je m'empressai de revoir mes notés de 1844. Dans le mémoire que je publiais à cette époque, je ne mentionnais point les résultats négatifs que j'avais obtenus. J'avais cependant recherché l'iode et le brome sans en trouver. Le précipité obtenu par le nitrate d'argent, et qui aurait dû renfermer l'iode, pesait 0,020 gr. par litre d'eau, tandis qu'à présent l'eau contenant 0,100 gr. d'iode seul, donnerait 0,185 gr. pour sa combinaison avec l'argent, le chlore non compris, c'està-dire, un précipité neuf fois plus considérable que celui que j'avais obtenu il y a neuf ans.

Par conséquent, si l'iode existe effectivement dans l'eau de Saxon, je devais conclure de ce qui précède, qu'il y était arrivé depuis mon travail analytique.

Le 19 août, après la dernière séance de la Société des sciences naturelles, MM. Gosse et Herpin, docteurs,

ont visité les bains de Saxon. En leur présence et avce toutes les précautions voulues, ils ont fait remplir et boucher une bouteille, au fond du bassin de la source, et ils me l'ont apportée.

Cette eau était limpide, elle avait une légère saveur iodée et une odeur d'iode très-sensible. Du papier amidoné, placé dans le col vide de la bouteille devenait promptement bleu violet.

Ces caractères sont devenus de plus en plus prononcés, et maintenant, plus de quatre mois après que l'eau a été puisée, la bouteille ayant été ouverte plus de trente fois, la saveur et l'odeur sont très-fortes, et le bouchon a pris une teinte violacée.

Les réactions de l'iode avec l'amidon, le palladium ou l'argent sont très-faciles à constater. Un gramme d'eau donne avec le palladium, un précipité suffisant précipité suffisant pour laisser voir la coloration bleue avec l'amidon; le nitrate d'argent produit un dépôt jaune ; une partie d'eau étendue de soixante fois son poids d'eau pure, laisse encore instantanément reconnaître la présence de l'iode par l'amidon.

J'ai dosé l'iode au moyen du chlorure de palladium en acidulant l'eau, et je me suis assuré de l'exactitude de mes résultats en convertissant l'iodure de palladium en iodure d'argent plus facile à peser exactement. J'ai obtenu en minimum 0,1485 gr. (environ 3 grains.) par litre.

Ayant trouvé d'autre part que l'eau ne renferme pas de brome, j'ai pu peser à la fois chlore et iode à l'état de sels d'argent, ce qui m'a donné pour le chlore 0,0092 gr.

Enfin le poids total des substances fixes, dissoutes

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