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exposés à l'évaporation à l'air libre à la température de 12o, au bout de quarante-huit heures, le premier, celui qui ne contenait que 1 1/, millimètre d'eau, avait perdu par l'évaporation 37 grains de son poids primitif, tandis que le second en avait perdu 48,8 grains. L'accroissement de la masse d'eau, la surface restant la même, aurait ainsi augmenté l'évaporation dans le rapport de près de 4 à 3.

Cette expérience a été variée en substituant des vases de verre à ceux de métal, la température de l'air ambiant étant cette fois de 40o. Dans ce cas, l'accroissement de la masse d'eau a paru favoriser l'évaporation dans le rapport de 6 à 5. En élevant la température de l'air ambiant jusqu'à 60°, l'effet de la profondeur du liquide pour accélérer l'évaporation a paru aller en augmentant. En effet, à cette température, un vase de verre, contenant une couche d'eau profonde de deux millimètres, avait perdu en dix heures 117 grains de son poids primitif, tandis qu'un vase semblable, contenant de l'eau profonde de 15 millimètres, avait perdu jusqu'à 165 grains dans le même temps. Des vases en porcelaine ont fourni des résultats analogues.

En répétant sur l'alcool les expériences qui précèdent, j'ai obtenu des résultats encore plus décisifs. C'est ainsi que deux vases de verre parfaitement semblables, et contenant, le premier une couche d'alcool de douze millimètres de profondeur, pesant 600 grains; le second une couche profonde de deux millimètres seulement, et pesant 100 grains; exposés l'un et l'autre à l'évaporation à la température de 12°, ont perdu au bout de six heures, le premier 69 grains, et le second 43 grains seulement de leur poids primitif.

Il est fort possible que cette influence apparente de la masse du liquide pour favoriser l'évaporation, ne soit due qu'à la facilité plus grande avec laquelle les couches d'un liquide, lorsque celui-ci a une certaine profondeur, peuvent se déplacer, et arriver successivement à la surface. On comprend, en effet, que la couche supérieure du liquide, devenue plus pesante par suite du refroidissement provenant de l'évaporation, doit descendre au fond, et être remplacée par la couche suivante, qui arriverait à la surface, s'évaporer et se refroidir à son tour. Il en serait de même successivement pour les autres couches. Je dois cependant ajouter que les essais que j'ai faits pour constater, dans les petites quantités de liquide que j'employais habituellement, des différences de température entre les différentes couches, ne m'ont pas fourni de résultat concluant.

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§ 6. De l'effet produit sur l'évaporation par le mélange avec un liquide d'une substance étrangère, ayant moins d'adhésion pour les molécules de ce liquide que celles-ci n'ont de cohésion entre elles.

J'arrive maintenant à l'examen de l'hypothèse suggé rée par M. de la Rive, au sujet de l'apparition de grands glaciers sur la surface du globe terrestre. Ce physicien suppose, que le froid produit par l'évaporation est plus intense quand l'eau qui s'évapore est mélangée avec certaines substances qu'elle tient en suspension, ou entre les pores desquelles elle est logée. Si cette opinion est fondée, elle ne peut guère provenir que d'une diminution de cohésion entre les particules de l'eau, due à la présence de ces substances, pour lesquelles les molécules

liquides auraient moins d'adhésion qu'elles n'ont de cohésion les unes pour les autres. Il en résulterait comme conséquence, accélération dans l'évaporation de l'eau, et partant, augmentation du froid produit. J'ai donc cherché à déterminer par l'expérience, 1° si effectivement il y a accélération dans l'évaporation de l'eau, lorsque ce liquide se trouve mélangé avec du sable, de la sciure de bois, ou autres substances semblables; 2° si de l'eau, mélangée avec ces substances, se maintient habituellement à une température plus basse qu'une même surface d'eau pure.

Pour résoudre la première question, j'ai fait les expériences suivantes :

J'ai introduit dans trois petits vases cylindriques de mêmes dimensions, l'un de métal, le second en verre et le troisième en porcelaine, une certaine quantité de sable siliceux sur lequel j'ai versé de l'eau, jusqu'à ce que non-seulement le sable en fut saturé, mais qu'une couche d'eau de deux à trois millimètres d'épaisseur surnageât au-dessus. Il se trouvait ainsi dans chaque vase 300 grains d'eau mélangée avec le sable. Trois vases parfaitement semblables aux précédents, contenaient chacun 300 grains d'eau, sans sable. Les six vases ont été exposés simultanément à l'évaporation à l'air libre, dont la température a varié entre 18° et 25° pendant la durée de l'expérience. Une observation a été faite journellement sur la perte comparative de poids due à la quantité d'eau évaporée de chaque vase. Au bout de cinq jours les résultats suivants ont été constatés

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Je ne cite ici qu'une seule expérience, mais je l'ai répétée un grand nombre de fois, en variant les circonstances accessoires.

Poids perdu par le vase de verre contenant 300 grains d'eau, sans sable . . .

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Idem par le vase de verre contenant l'eau et le sable..

Poids perdu par le vase d'étain contenant 300 grains d'eau sans sable. . . .

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Idem par le vase d'étain contenant l'eau et le sable . .

Poids perdu par le vase de porcelaine contenant 300 grains d'eau sans sable . . .

Idem par le vase de porcelaine contenant l'eau

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Il résulte de cette expérience que de l'eau, mélangée avec du sable dans un vase d'une nature quelconque, s'évapore plus rapidement que la même quantité d'eau seule. La différence entre les quantités d'eau évaporée est plus considérable, lorsque l'évaporation a lieu dans des vases de porcelaine que lorsqu'elle a lieu dans des vases de verre ou de métal. Dans le premier cas, cette différence atteint quelquefois 7 ou 8 pour cent; dans le second, elle n'a jamais dépassé 4 ou 5 pour cent, au moins à la température ordinaire de l'atmosphère. Si l'on élève la température du milieu ambiant jusqu'à 50o, j'ai vu la différence entre la quantité d'eau qui s'évapore dans un temps donné, suivant qu'elle est seule ou mélangée avec du sable, atteindre près de 15 pour cent.

L'effet du sable pour accélérer l'évaporation a lieu pour l'alcool comme pour l'eau. Après quarante heures d'évaporation dans deux vases semblables en porcelaine, à la température de 10° à 12°, 200 grains d'alcool du commerce avaient perdu 111,4 grains sur leur poids primitif, tandis que la même quantité d'alcool mêlé avec du sable avait perdu dans le même temps 126,3 grains. Sc. Phys. T. XXII.

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Le sable n'est pas la seule substance qui accélère l'évaporation des liquides avec lesquels il est mélangé. J'ai remarqué que la sciure de bois produisait un effet analogue, quoiqu'à un degré moindre. Il en serait probablement de même de toute autre substance de même nature, ayant moins d'adhésion pour les particules du liquide avec lequel elle est mélangée, que celles-ci n'ont de cohésion entre elles.

Je passe maintenant à l'examen de la seconde question. « De l'eau mélangée avec du sable se maintient-elle à « une température plus basse qu'une surface égale d'eau « sans sable placée dans les mêmes circonstances? » — La réponse est affirmative; l'expérience m'a, en effet, démontré, que toutes choses d'ailleurs égales, de l'eau mélangée avec du sable en quantité suffisante pour le saturer, et pour laisser une couche mince d'eau audessus de la surface de ce sable, est plus froide que de l'eau exposée seule à la même température. La différence entre la température de l'eau et celle du sable humide varie cependant suivant la nature du vase dans lequel l'expérience a lieu; c'est lorsqu'on emploie des vases minces de métal, qu'elle est le plus considérable. Une moyenne, calculée sur cinquante-six expériences, m'a donné dans ce cas 0°,45 pour différence entre la température de l'eau et celle de la surface du sable humide, l'air extérieur variant de 15° à 25°. Si on se sert de vases de verre, cette différence ne dépasse pas en moyenne 0o,16; et si on compare la température de l'eau et celle du sable humide dans des vases de porcelaine, elle devient à peine sensible, ne dépassant pas en moyenne 0°,02.

Il m'a paru qu'il y aurait quelque intérêt à compa

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