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continuité des effets obtenus par les appareils d'induction font vivement désirer un accroissement dans la tension des courants obtenus par induction.

Les succès déjà obtenus par M. Rhumkorff laissent entrevoir une époque où mes appareils remplaceront les machines électriques. Nous avons essayé, pour augmenter leur puissance, de faire passer dans un même fil le courant induit de deux bobines, servies par un élément de Bunsen; on maintenait séparés les courants principaux, qu'on interrompait au même instant.

Les courants induits marchant dans le même sens, les phénomènes lumineux dans le vide nous ont indiqué que les deux appareils réunis ont plus d'action qu'un seul; mais notre espérance a été trompée sur l'accroissement de cette action.

Nous avons alors fait passer les courants introduits dans un même fil, mais en sens opposé; le résultat de cette expérience n'est pas sans importance.

Les deux courants circulent ensemble, mais n'exercent aucune influence mutuelle.

Les deux boules qui forment les pôles dans l'appareil vide, sont entourées, ainsi que leurs supports, de cette atmosphère bleuviolacée que nous avons signalée, M. Breguet et moi.

Les deux pôles sont de même nature, et comprennent entre eux une flamme rougeâtre, qui disparaît par le rapprochement des boules; pour une distance de 4 à 5 centimètres, il existe un espace entièrement obscur entre les pôles, qui conservent cependant leurs atmosphères lumineuses.

Les phénomènes lumineux nous ont paru plus intenses dans l'expérience précédente1.

1 En répétant les curieuses expériences de M. Quet, j'ai fait l'observation suivante. Les extrémités du fil induit d'un appareil Ruhmkorff aboutissant dans une cloche vide d'air, la lueur électrique se montra dans toute sa beauté. Ayant laissé rentrer de l'air jusqu'à ce que cette lueur ne se produisit plus, j'ai trouvé qu'il suffit, pour la faire renaître, d'exciter, à l'aide de conducteurs indépendants et d'une machine électrique ordinaire, des étincelles dans le voisinage de l'espace où elle se montrait. On l'aperçoit aussi longtemps que le passage des étincelles dure.

Elie WARTMANN.

40.

INFLUENCE DE LA NATURE DU GAZ AMBIANT SUR LE POUVOIR RÉCHAUFFANT DU COURANT VOLTAÏQUE, par M. CLAUSIUS. (Philos. Magaz., mars 1853.)

On se rappelle les expériences curieuses de Grove, par lesquelles ce savant a démontré que deux fils de platine parfaitement semblables, disposés à la suite l'un de l'autre dans le même circuit voltaïque, s'échauffent inégalement, s'ils ne sont pas entourés du même milieu gazeux, de telle façon, par exemple, que si l'un de ces milieux est de l'hydrogène, le fil n'atteint pas même la chaleur rouge, tandis que si l'autre est l'oxygène, le fil devient rouge-blanc, sous l'influence du même courant. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est que si les deux tubes qui renferment les deux fils et les deux gaz sont plongés dans des quantités égales d'eau qui servent de calorimètres, l'eau dans laquelle plonge le tube plein d'hydrogène ne s'échauffe que de 10°, tandis que celle dans laquelle plonge le tube plein d'oxygène s'échauffe de 21°.

Cette dernière circonstance semble rendre inadmissible l'explication par laquelle on attribuerait l'effet observé aux pouvoirs refroidissants différents des divers gaz, puisque si l'hydrogène emporte plus vite la chaleur du fil de platine qu'il entoure, il doit donner lui-même cette chaleur également plus vite à l'eau dont il est lui-même entouré, et, par conséquent, la réchauffer davantage. Malgré cette objection, présentée par Müller dans son Rapport sur les progrès récents de la Physique, Clausius fait remarquer que lorsqu'on étend les observations à d'autres gaz, on trouve que ces divers gaz se comportent dans ces expériences de la même manière que dans celles de Dulong et Petit, faites en vue de déterminer leur pouvoir refroidissant. Ainsi, en prenant pour unité la quantité de chaleur donnée par l'hydrogène, on obtient, d'après les recherches de Grove, pour les quantités de chaleur données par les autres gaz, les nombres suivants: Azote: 2,26; oxygène : 2,10; acide carbonique: 1,90; gaz oléfiant: 1,57; hydrogène: 1. Clausius conclut de là que l'effet observé par Grove est bien un résultat du pouvoir refroidissant de chaque gaz. En effet, le gaz qui refroidit le plus le

fil de platine, le rend par là même plus conducteur, puisque l'élévation de la température diminue la conductibilité dans les métaux; et en affaiblissant ainsi la résistance qu'il oppose à la transmission du courant, diminue en même temps la quantité de chaleur développée par cette transmission, quantité qui dépend elle-même du degré de résistance présenté par le fil. Par contre, le fil placé dans le gaz doué d'un pouvoir moins refroidissant doit s'échauffer davantage, puisque sa résistance au courant augmente par le seul fait que sa température peut demeurer plus élevée.

Cette explication de Clausius, parfaitement satisfaisante, est la même que celle que Davy avait donnée de l'ancienne expérience dans laquelle, ayant placé deux fils métalliques parfaitement semblables l'un à la suite de l'autre dans un circuit voltaïque capable de les faire rougir, dès qu'il refroidissait l'un des deux avec un morceau de glace, l'autre devenait d'autant plus incandescent.

41. NOTES SUR LES EFFETS CALORIFIQUES DÉVELOPPÉS DANS LE CIRCUIT VOLTAÏQUE, DANS LEURS RAPPORTS AVEC L'ACTION CHIMIQUE QUI DONNE NAISSANCE AU COURANT, par M. P.-A. FAVRE. (Comptes rendus de l'Acad. des Sc., du 21 février 1853.)

Plusieurs physiciens se sont occupés de la question relative à la chaleur dégagée sur le trajet d'un circuit voltaïque; je citerai particulièrement MM. de la Rive, Peltier, Joule, Edmond Becquerel, etc.

«La quantité de chaleur dégagée dans le circuit pendant le passage de l'électricité, dépend de la conductibilité, et les lois de ce dégagement de chaleur ont été étudiées par M. Ed. Becquerel.

Mais personne, à ma connaissance, n'a cherché ou n'est parvenu à résoudre le problème suivant :

«La chaleur développée par le passage de l'électricité dans les conducteurs de la pile, est-elle une partie intégrante de la chaleur mise en jeu par les seules actions chimiques qui développent le courant?

«En prouvant que ces deux actions sont réellement complémentaires, et que l'échauffement du fil provient d'un emprunt fait à la chaleur dégagée par la pile, on arriverait à la solution d'un problème qui intéresse la théorie électrochimique de la pile ellemême. On trouverait également dans cette étude le point de départ de relations intéressantes à établir entre les actions chimiques et les effets dynamiques qui peuvent en dériver.

« J'ai songé à employer, à cet effet, le calorimètre à mercure qui nous a servi, à M. Silbermann et à moi, pour une série de recherches thermo-chimiques, et qui est déjà connu de l'Académie.

@ La moufle de ce calorimètre, construit sur une plus grande échelle que précédemment, a pu recevoir une éprouvette contenant une petite pile à hélice, construite ad hoc, et formée d'un élément platine et zinc amalgamé.

«Il m'était facile d'évaluer en calories la quantité de chaleur versée dans le calorimètre par la pile en activité.

« Dans le cas d'un circuit extérieur, il aurait fallu ajouter l'effet calorique dû à la résistance du circuit, pour avoir l'effet total. Au lieu de mesurer séparément ce dernier effet, pour reconnaître s'il était ou non complémentaire du premier, j'ai pensé qu'il suffirait de fermer le circuit voltaïque dans l'intérieur même de la moufle calorimétrique, en faisant varier la résistance à la conductibilité par l'interposition de fils de platine de divers diamètres. De cette façon, la totalité de la chaleur développée est versée dans un calorimètre unique et mesurée par les indications d'une seule colonne mercurielle.

« Or, en opérant ainsi, et j'insiste sur ce point, j'ai constamment trouvé la même quantité de chaleur dégagée pour une même somme d'actions chimiques, c'est-à-dire pour le même volume d'hydrogène recueilli. Le diamètre des fils n'avait donc d'influence que pour accélérer ou retarder la durée nécessaire au dégagement d'un même volume d'hydrogène, et pour déplacer le lieu du dégagement d'une fraction de la chaleur produite.

«En présence des expériences de M. Mayer et de M. Joule, et des considérations suggérées par ces travaux à MM. Clausius et

Thomson, plusieurs physiciens paraissent portés à introduire, d'après les idées de ces savants, un nouvel élément dans la discussion de la théorie des effets dynamiques de la chaleur.

« On serait conduit à admettre que, pendant le développement d'actions dynamiques produites à la suite de phénomènes calorifiques, il y a une certaine quantité de chaleur qui est, pour ainsi dire, perdue quant à l'effet thermométrique, tant que l'action dynamique s'exerce; cette quantité de chaleur redevient sensible lorsque le mouvement ou le travail moteur développé est détruit.

« Je me suis demandé si l'action du courant de la pile appliquée à développer le magnétisme dans le fer doux, ne serait pas susceptible d'éprouver des variations accusées par la somme de chaleur versée dans le calorimètre, dans le cas où l'aimant temporaire serait assujetti à produire une action dynamique, à porter un certain poids par exemple. Y aurait-il égalité dans les quantités de chaleur développées par une même somme d'actions chimiques de la pile suivant que l'électro-aimant portera ou non la charge maximum que comporte son aimantation?

J'ai entrepris quelques expériences dans cette voie; mais, jusqu'à présent, à raison peut-être des faibles dimensions de la moufle du calorimètre et de la faiblesse de la pile qui y était logée, les différences qui ont paru se manifester sont trop faibles pour me permettre une conclusion. Je m'occupe de reprendre ces expériences sur une plus grande échelle, et je m'empresserai de communiquer à l'Académie les résultats obtenus, s'ils me paraissent dignes de fixer son attention. »

Observations sur la note qui précède, par M. A. DE LA RIVE.

Je dois rappeler ici que j'ai déjà émis (Bibl. Univ., tome XII, p. 389) le principe énoncé par M. Favre. J'avais essayé d'en démontrer l'exactitude en me servant d'un petit couple platine et zinc distillé, plongé dans de l'acide nitrique très-pur et très-concentré. J'intercalais dans le conducteur en cuivre qui réunissait les deux métaux de ce petit couple des fils de platine de même longueur, mais de diamètres différents, disposés de façon à plon

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