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L'âge de l'adolescence ne précède pas de dix-huit mois l'époque observée dans le nord de l'Europe. Un enfant, à sa naissance, est, pendant cinq jours consécutifs, purgé avec de l'huile de ricin, tandis que sa mère est absolument privée de nourriture pendant trois jours. Dans quelques parties de l'Espagne, elle est au contraire reconfortée par des consommés succulents de porc et d'autres viandes. L'une et l'autre méthode réussissent également.

On sait que le culte antique de Boudha, maintenant extirpé de l'Inde continentale, a laissé des temples dans la vallée de Cachemyre, à Karlie et dans plusieurs autres parties de la chaîne des Ghats. Ils sont tous excavés dans le roc. Le D' Bradley a visité, au nord de la ville d'Aurengabad, trois groupes considérables de temples du même genre, taillés dans la face méridionale d'une chaîne de collines formées d'un trap amygdaloïde. Ils sont abandonnés, comme les autres temples de Boudha, et souvent rendus presque inaccessibles par la chute des masses qui leur servent de toit. Dans les nombreuses sculptures dont ils sont décorés, le Dieu est représenté, tantôt absorbé dans une contemplation méditative, tantôt jouant voluptueusement avec des femmes légèrement vêtues. Un grand nombre de ces figures ont la chevelure disposée de manière à ressembler à une perruque. Ces excavations d'Aurengabad ne sont éloignées que de quelques lieues des temples plus célèbres d'Ellora, qui étaient destinés surtout au culte de Siva.

Enfin, le lieutenant Biggs a récemment découvert, assez près de la rivière Malpurba, à Jawullee, éloigné de 50 milles environ, à l'est-nord-est de Goa, ainsi qu'à Pundkul qui en est à 10 milles, plusieurs temples consacrés autrefois à Vichnou, couverts d'inscriptions en langue canarine et remarquables par la grandeur des matériaux dont ils ont été construits.

P. C.

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ AMÉRICAINE DE GÉOGRAPHIE ET DE STATISTIQUE. Vol. I, New-York, 1852.

Le projet de former la Société dont nous annonçons la première publication date de l'année 1850; mais elle n'a été définitivement

constituée qu'en 1852. Elle est placée sous la présidence de l'historien Bancroft, et compte dans son bureau un grand nombre d'hommes distingués par leurs connaissances. Le premier cahier de son bulletin contient un article intéressant sur l'état politique et commercial du Paraguay, par M. Ed. Hopkins, consul des EtatsUnis dans cette république, et qui a passé un grand nombre d'années à parcourir l'Amérique méridionale. Nous citerons aussi l'extrait d'une lettre de M. Livingston sur ses découvertes dans l'Afrique Méridionale; un aperçu des ressources commerciales des ports de la Turquie sur la Mer Noire, par M. Danesi, consul des Etats-Unis à Constantinople, et enfin, un tableau des principales productions agricoles de l'Union américaine en 1840 et en 1850. Il est à remarquer que le riz, la laine, le maïs et le sucre, ont seuls suivi le mouvement ascendant de la population, qui a été de 36/ p. % en dix ans. Ce premier bulletin des travaux présentés à la Société américaine de géographie est un point de départ fort honorable, et d'où nous sommes persuadés cependant qu'elle ne tardera pas à s'élever à des publications plus importantes, car ce ne sont ni les hommes distingués, ni le champ d'observations qui lui manquent. P. C.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

ESSAI SUR LA LIBERTÉ DU COMMERCE DES NATIONS, examen de la théorie anglaise du libre échange, par Ch. Gouraud. Paris, chez A. Durand, 5, rue des Grès, 1853; 1 vol. in-8° 5 fr.

M. Gouraud est un adversaire déclaré du libre échange, système déplorable, suivant lui, dont les résultats seraient funestes à la prospérité des nations ainsi qu'à la science économique elle-même. Il s'efforce de prouver que la protection est indispensable pour doter un pays de divers genres d'industrie qui, sans cela, ne s'y seraient jamais développés, pour créer la concurrence, pour organiser et soutenir le commerce, enfin, pour fournir à l'économie politique un champ à exploiter, soit comme art, soit comme science. Cette

dernière utilité nous semble assez originale, on ne s'était pas avisé jusqu'ici de la faire valoir. Quant aux autres, les arguments de l'auteur n'offrent rien de neuf, si ce n'est qu'il essaie de combattre les libres-échangistes avec leurs propres armes. Ainsi le fait que la nature n'a pas doté tous les pays des mêmes productions lui semble précisément rendre les douanes nécessaires afin de rétablir l'équilibre en protégeant des industries qui, sans cela, ne pourraient exister que dans les contrées où se trouvent les matières premières dont elles se servent. C'est aux douanes que l'Angleterre et la France doivent leurs manufactures, qui sont pour elles une source abondante de richesse; le libre échange les ruinerait bientôt, car elles ne pourraient soutenir la concurrence de rivaux placés dans des conditions meilleures. M. Gouraud prétend que chaque nation réduite aux seules ressources de son propre sol s'appauvrirait, que l'industrie et l'agriculture privées du stimulant que leur apporte le système prohibitif dépériraient, qu'en un mot la civilisation ne tarderait pas à s'en ressentir de la manière la plus déplorable. Il accuse les partisans du libre échange d'imiter ces révolutionnaires qui, par leurs excès, compromettent l'existence de l'ordre. social, et dont les dangereuses utopies ne servent qu'à provoquer une réaction en faveur du despotisme. Sa polémique est singulièrement passionnée; l'exemple de l'Angleterre n'est, à ses yeux, qu'un piége tendu aux autres Etats de l'Europe afin de les entraîner dans une ruine commune dont elle espère profiter; mais cette manœuvre tournera certainement à sa confusion, si le Continent sait demeurer fidèle aux bonnes traditions du régime protecteur. Le but de l'économie politique doit être enfin, non pas d'abolir les entraves, de renverser les barrières internationales, mais au contraire, de les perfectionner de telle sorte que chaque pays puisse arriver fabriquer le plus grand nombre des objets nécessaires à sa consommation. Simplifier à cet égard l'organisation actuelle, suivre les indications de la nature en laissant l'industrie choisir les contrées qui lui conviennent et en comptant sur le libre échange pour ap provisionner tous les marchés, ce serait détruire la science avec ses belles combinaisons et ses problèmes compliqués.

Voilà quel est à peu près le sens de ce livre, dans lequel M. Gouraud nous paraît n'avoir envisagé que l'un des deux grands côtés de la question. Il défend avec beaucoup de zèle, on pourrait même dire avec trop de zèle, les intérêts des producteurs ; il se montre animé d'un enthousiasme du reste bien légitime, pour le spectacle que présentent les efforts de l'activité humaine luttant contre les obstacles avec une persévérance opiniâtre, surmontant à force de travail et de génie toutes les difficultés qu'on lui suscite. C'est trèsbeau sans doute, mais les consommateurs préféreraient que ce ne fût pas si cher, parce qu'en définitive ce sont eux qui paient les frais de la représentation. Ils ne comprennent pas quel avantage, par exemple, peut leur offrir la fabrication du sucre indigène tandis que sans les droits d'entrée, ils obtiendraient le sucre des colonies à un prix très-inférieur. On aura de la peine à leur persuader que c'est un bien d'être grevé de lourds impôts pour la plus grande satisfaction de quelques riches propriétaires d'usines, et qu'il y ait bénéfice pour le pays à produire lui-même, à l'aide de moyens artificiels, coûteux et vexatoires, ce que le libre échange lui fournirait tout naturellement et à beaucoup meilleur marché.

M. Gouraud n'aborde guère les objections de ce genre, qui, cependant, ne sont pas sans valeur. Est-ce son respect exagéré pour la science qui les lui fait dédaigner? Nous ne savons, mais dans ce cas il devrait se rappeler que l'économie politique est de date trop récente pour n'avoir pas de nombreuses modifications à subir, et d'ailleurs ce serait une étude assez inutile si elle ne conduisait pas à réformer les abus d'une vieille organisation qui offre encore tant de traces de barbarie et d'ignorance. Le libre échange nous paraît une conséquence nécessaire des progrès de la civilisation. Il s'établira certainement, en dépit de toutes les résistances. Mieux vaudrait donc lui préparer les voies, afin que son triomphe put s'accomplir sans secousse, et que les graves intérêts créés par le régime protecteur ne restassent pas exposés aux désastreux effels d'une révolution violente et soudaine.

SCIENCES ET ARTS.

FONDATION DE SMITHSON.-1. Smithsonian contributions to Knowledge. Vol. II and III, Washington.-2. Fourth annual report of the board of Regents of the Smithsonian Institution, for the year, 1849. Washington, 1850.-3. Fifth annual report, Washington, 1851. 4. Notices of public libraries in the United States of America, by Ch. Jewett, librarian to the Smithsonian Institution, Washington, 1851.

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Nous avons, dans un article publié précédemment, fait connaître aux lecteurs de la Bibliothèque Universelle l'origine de la fondation dont les cinq volumes que nous avons devant nous exposent les travaux et la situation. La somme originairement léguée par M. Smithson, dans le but de contribuer à l'avancement des connaissances humaines, était de 515,169 dollars, dont les intérêts, à 6 pour 100, assuraient un revenu de 30,910 dollars. Ces intérêts, accumulés jusqu'en 1846, augmentèrent le capital de 242,129 dollars, somme que les régents de la fondation furent autorisés à consacrer à la construction et à l'établissement d'un vaste édifice, destiné à servir de musée et de bibliothèque, édifice dont le corps principal est déjà occupé.

Il n'existait, avant 1849, qu'un mince dépôt de livres, qui, dans le cours de cette année, fut porté à 4,233 volumes par des acquisitions, par des dons et par le dépôt des productions littéraires imprimées aux Etats Unis et sur lesquelles les auteurs s'assurent ainsi les droits de propriété. Cette source a produit 887 volumes en 1849 et 452 l'année suivante. Dès qu'il a été connu que la bibliothèque était ouverte aux dons particuliers, ils y ont afflué, et y arriveront sans doute en plus grand nombre encore; sur 435,000 volumes dont se compose la bibliothèque du Musée Britannique, plus de 250,000 n'ont pas une autre origine. Il en est de même dans tout pays où les fondations sont respectées. Le Musée d'histoire naturelle et d'antiquités s'est également enrichi des dons de quelques voya

geurs.

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