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Qui gardent les noms de vieillir :
Mais l'art d'en faire des couronnes,
N'eft pas fu de toutes perfonnes;
Et trois ou quatre feulement,
Au nombre defquels on me range,
Peuvent donner une louange
Qui demeure éternellement.

FRAGMENT.

1610.

ET quand j'aurai peint ton image,

Comme j'en prépare l'ouvrage, Sans doute on dira quelque jour : Quoique d'Apelle on nous raconte Malherbe pouvoit à sa honte Achever la mère d'Amour,

SONNET

A LA REINE MARIE DE MÉDICIS,

Sur la mort de monfeigneur le duc d'Orléans, fon fecond fils. 1611.

Confolez

Onfolez-vous, MADAME, appaisez votre
plainte :

La France, à qui vos yeux tiennent lieu de foleil,
Ne dormira jamais d'un paisible fommeil,
Tant que fur votre front la douleur fera peinte.

Rendez-vous à vous-même, affurez votre crainte,
Et de votre vertu recevez ce confeil:

Que fouffrir fans murmure eft le feul appareil
Qui peut guérir l'ennui dont vous êtes atteinte.

Le ciel en qui votre ame a borné fes amours,
Étoit bien obligé de vous donner des jours
Qui fuffent fans orage,&qui n'euffent pointd'ombre;

Mais ayant de vos fils les grands cœurs découverts,
N'a-t-il pas moins failli d'en ôter.un du nombre,
Que d'en partager trois en un feul univers?

SONNE T.

Epitaphe du même duc d'Orléans. 1611.

PLUS

Lus Mars que Mars de la Thrace, Mon père victorieux,

Aux rois les plus glorieux

Ota la première place.

Ma mère vient d'une race
Si fertile en demi-dieux,
Que fon éclat radieux
Toutes lumières efface.

Je fuis poudre toutefois,
Tant la Parque a fait fes loix
Égales & néceffaires.

Rien ne m'en a fu parer:
Apprenez, ames vulgaires,
A mourir fans murmurer,

STANCES

A LA REINE MARIE DE MÉDICIS,

Pendant fa régence. 1611.

OBJET divin des ames & des

yeux,

REINE, le chef-d'oeuvre des cieux, Quels doctes vers me feront avouer Digne de te louer !

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Les monts fameux des vierges que je fers,
Ont-ils des fleurs en leurs déferts,
Qui, s'efforçant d'embellir ta couleur,
Ne terniffent la leur?

Le Thermodon a vu feoir autrefois
Des reines au trône des rois :

Mais que vit-il par qui foit débattu
Le prix à ta vertu?

Certes, nos lis, quoique bien cultivés,
Ne s'étoient jamais élevés
Au point heureux, où les deftins amis
Sous ta main les ont mis.

A leur odeur l'Anglois fe relâchant,
Notre amitié ya recherchant ;

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