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Coulanges vous écrit ; c'est grand dommage que ce ne soit une meilleure écriture et une meilleure orthographe; son style assurément le mériterait bien, convenez-en, madame; mais il ne faut pas espérer qu'elle s'en corrige. Tout ce qui est à souhaiter, c'est que vous puissiez lire ce qu'elle vous mande. » (Lettre de madame de Coulanges à madame de Grignan, 7 juillet 1703, t. XI, p. 398.)

Page 401, lignes 3 et 4 : Madame de Sévigné se plut toujours dans la société de la femme de son cousin.

Madame de Sévigné ne voulait pas que son cousin quittât la rue du Parc-Royal pour aller demeurer au Temple, parce que cela éloignait d'elle madame de Coulanges. « Au lieu de trouver, comme je faisais, cette jolie madame de Coulanges sous ma main, prendre du café avec elle, y courir après la messe, y revenir le soir comme chez soi; enfin, mon pauvre cousin, ne m'en parlez pas : je suis trop heureuse d'avoir quelques mois pour m'accoutumer à ce bizarre dérangement. » (Lettre du 1er décembre 1690, t. IX, p. 427.)

CHAPITRE XX.

Page 415, lignes 23 et 24: SOLI DEO HONOR ET GLORIA:

Cette inscription, qui est tirée du texte de l'épître de saint Paul aux Romains, a donné lieu au continuateur de Bayle (Chauffepié, Supplément au Dictionnaire de Bayle) de prêter à madame de Sévigné, dans l'intérêt du protestantisme, des sentiments contraires à l'invocation des saints, que ses lettres démentent en un grand nombre d'endroits.

Page 416, ligne 26 : Racine passera comme le café.

L'usage du café n'ayant été introduit en France que vers l'an 1669, il en résulte que les premiers chefs-d'œuvre de Racine lui sont antérieurs; Andromaque date de 1669, les Plaideurs de 1668, Britannicus de 1669, Bajazet de 1672. Le premier traité, je crois, publié sur le café, en français, est celui qui est intitulé De l'usage du caphé, du thé, et chocolate (sic); Lyon, chez Girin, 1671, in-8°. Il est traduit du latin, et il est dit, page 30, « que la plupart de ceux qui usent du café y sont réduits par nécessité, et le prennent plutôt comme un

médicament que comme un régal. » Il en était de même du thé et du chocolat. Mais dix ans plus tard il se faisait de toutes ces substances, et surtout du café, une très-grande consommation à Londres et à Pa· ris, « non-seulement, dit de Blégny, chez les marchands de liqueurs, mais encore dans les maisons particulières et dans les communautés. » Du bon usage du thé, du café et du chocolat, pour la préservation et la guérison des maladies, par M. de Blégny; Paris, 1687, in-12, p. 96 et 166. De Blégny, d'après Bernier, dit que dans l'Inde et la Perse on use très-peu de café, et seulement dans les ports de mer; mais que par toute la Turquie on en fait un fort grand usage. « Peu s'en faut, ajoute de Blégny, que les Anglais et les Hollandais ne suivent l'exemple des Turcs, et peu s'en faut aussi que nous ne soyons aussi avancés que ceux-là sur cette habitude; mais en revanche les Espagnols, les Italiens et les Flamands ne s'y portent pas volontiers. » (P. 166.) Bien loin de dénigrer le café, et surtout le café au lait, madame de Sévigné fut une des premières à en prendre, et elle en recommandait l'usage à sa fille. (SÉVIGNÉ, Lettres. 19 février 1690, t. X, p. 263, édit. de G.)

A

SUPPLÉMENT

AUX NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS DE LA PREMIÈRE PARTIE

En développant dans la première et la seconde partie de cet ouvrage la politique de Mazarin, j'ai souvent eu occasion de citer des lettres autographes de Mazarin, de Colbert et de Louis XIV', qui appartiennent à la Bibliothèque royale. Des fragments de ces lettres avaient déjà été imprimés, mais très-incorrectement, par Soulavie, dans les Euvres de Saint-Simon. Elles ont été très-bien publiées dans les Documents historiques sur l'histoire de France, par M. Champollion-Figeac, qui me les avait indiquées. Mais j'ai cité à la page 215 de la première partie une lettre autographe d'Anne d'Autriche au cardinal Mazarin, que je ne trouve point dans le recueil de M. Champollion-Figeac. Cette lettre n'a point été publiée ailleurs, et il est intéressant de la faire connaître, parce qu'elle vient à l'appui de ce que j'ai dit du refroidissement d'Anne d'Autriche pour le cardinal Mazarin, lorsque celui-ci, afin de conserver le pouvoir, se fit un appui du jeune roi, dont il avait capté toute la confiance, contre la reine sa mère, ou plutôt contre les intrigues des personnes qui l'entouraient.

LETTRE D'ANNE D'AUTRICHE AU CARDINAL MAZARIN.

« A Saintes, ce 30 juin 1660.

« Vostre letre ma donnee une grande joye je ne say si je seray asses heureuse pour que vous le croies et que si eusse creu qune de mes letres vous eust autant pleut j'en aurays escrit de bon cœur et il est vray que den voir tant et des transports avec lon les recent et je les voyes lire me fesoit fort souvenir d'un autre tant viens presque a tout momants quoy que vous en

1 Voyez II® partie, p. 155, 161, 229.

don je me soupuissiez croire et

2 Temps

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douter je vous asseure que tous ceux de ma vie seront enploies à vous tesmoigner que jamais il ni a euee damitie plus veritable que la mienne et si vous ne le croies pas jespere de la justice que jay que vous vous repâtires' quelque jour den avoir jamais douté et si je vous pouves aussi bien faire voir mon cœur que ce que je vous dis sur ce papier je suis asseurée que vous series contant, ou vous series le plus ingrat homme du monde et je ne croie pas que cela soiet. La Reyne2 qui escrit eicy sur ma table me dit de vous dire que ce que vous me mandes du confidant 3 ne lui déplait pas et que je vous asseure de son affession, mon fils 4 vous remercie aussi et 22 5 me prie de vous dire que jusques au dernier soupir ‡‡‡‡ quoique vous en croies

« Et au dos est escrit: A Monsieur le Cardinal. »

La lettre était fermée par une petite faveur rouge, scellée des deux côtés du cachet d'Anne d'Autriche, et dont les bouts subsistent encore, ainsi que les cachets. Cette lettre, ployée, n'a que la grandeur d'un billet.

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Cette lettre a éte écrite lorsque Louis XIV, après son mariage, revint avec toute la cour, de Saint-Jean-de-Luz à Paris. D'après les nombreuses relations de ce voyage, le 23 juin on était à Bordeaux, le 27 à Blaye. Le 29, dit Colletet dans sa relation (pag. 5), les reines partirent pour Saintes, » où elles arrivèrent le 30; c'est de là et de ce jour qu'est datée la lettre. Le roi s'était écarté, et avait été au Brouage avec le cardinal, qui rejoignit les reines le lendemain à Saint-Jeand'Angely.

1 Repentirez.

2 Le jeune reine, la femme de Louis XIV.

3 Le confident, c'est le roi. Voyez les Lettres inédites de MAZARIN; publiées par M. Ravenel.

4 Philippe de France, le frère de Louis XIV.

5 Le numéro 22 est, dit-on, la reine elle-même; et aux conjecture que ces remplacent les mots par lesquels elle était convenue d'exprimer sa tendresse pour Mazarin. Voyez la clef dans les Lettres inédites de MAZARIN, publiées par M. Ravenel, 1836, in-8°, p. 491.

TABLE SOMMAIRE

DES CHAPITRES DE CE VOLUME.

CHAPITRE PREMIER. 1664-1666.

Occupation de Bussy dans son exil.-Louis XIV et sa cour.—
Madame de Sévigné et madame Duplessis-Guénégaud.— De
Pomponne, ambassadeur en Suède.-Société réunie à Fresnes.
Correspondance de M. de Pomponne et de madame de

Sévigné

Pages.

CHAPITRE II. 1666-1667.

Mademoiselle de Sévigné est produite dans le monde.-Partis qui se présentent pour elle. Madame de Sévigné aux Rochers. Guerre d'Espagne. - De Louis XIV et de son gouvernement.-De ses victoires et de ses maîtresses..

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De Bussy et des personnes avec lesquelles il était en correspondance..

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48

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Madame de Sévigné passe l'automne au château de Fresnes.Arnauld d'Andilly. - Le comte de la Rochefoucauld.-Madame de la Fayette.-Madame de Motteville.-Le comte de Cessac.-Madame de Caderousse.-Lettre de mademoiselle de Sévigné à l'abbé le Tellier..

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70

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