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essentiellement brèves : Pourquoi ? parce qu'elles se prononcent dans le moins de temps possible.

Il y a donc des brèves, moins brèves les unes que les autres ; et par la même raison, il y a des longues plus ou moins longues, sans cependant que la moins brève puisse jamais être comptée parmi les longues, ni la moins longue parmi les brèves.

La syllabe féminine, celle où entre l'E muet, est plus brève que la plus brève des masculines, et quoiqu'on appelle cet E, muet, il ne l'est point; car il se fait entendre, mais à sa manière, soit qu'il fasse la syllabe entière, comme il fait la dernière du mot armée; soit qu'il accompagne une consonne, comme dans les deux premières du mot revenir.

Une chose à ne pas oublier, c'est qu'on mesure les syllabes, non pas relativement à la lenteur ou à la vitesse accidentelle de la prononciation, mais relativement aux proportions immuables, qui les rendent ou longues ou brèves. La syllabe longue est exprimée par ce signe; le brève l'est par cet autre ; et la douteuse l'est par la réunion de ces deux signes

Tâchons présentement de faire connoître nos longues, nos brèves et nos douteuses'; nous ne considérerons ici que la prononciation soutenue, sans toucher aux licences de la conversation.

1o. Toute syllabe, dont la dernière voyelle est suivie d'une consonne finale, qui n'est ni s niz, est brève : sắc, nectår, sěl, fil, pot, tuf, etc.

2o. Toute syllabe masculine, qu'elle soit brève ou

non au singulier, est toujours longue au pluriel : des sacs, des sēls, des pōts, etc.

3. Tout singulier masculin dont la finale est l'une des caractéristiques du pluriel, est long, le temps, le něz, etc.

4. Quand un mot finit par une / mouillée, la syllabe est brève : éventail, avril, vermeil, quenouille, fauteuil.

5°. Quand les voyelles nasales sont suivies d'une consonne qui n'est pas la leur propre, c'est-à-dire, qui n'est ni m nin, et qui commence par une autre syllabe, elles rendent longue la syllabe où elles se trouvent: jāmbe, jāmbòn, crăinte, trēmbler,pēindre, jõindre, tōmber, humble, etc.

6°. Quand les propres consonnes des voyelles nasales, c'est-à-dire, m ou'n, se redoublent, cela rend brève la syllabe à laquelle appartient la première des consonnes redoublées, qui demeure alors muette et n'est plus nasale : épigråmme, consonne, personne, qu'il prenne, etc.

7°. Toute syllabe qui finit par r, et qui est suivie d'une syllabe commençant par toute autre consonne, est brève : bărbe, bărque, berceau, infirme, ordre, etc.

8°. Quelle que soit la voyelle qui précède deux r, quand les deux ensemble ne forment qu'un son indivisible, la syllabe est toujours longue: arrêt, barre, bizarre, tonnērre, etc.

9. Entre deux voyelles, dont la dernière est muette, les lettres s et z allongent la syllabe pénul

tième base, extase, diocese, bêtise, franchise; rōse, épōuse, etc.

Mais si la syllabe qui commence par une de ces lettres est longue de sa nature, elle conserve sa quantité et souvent l'antépénultième devient brève : il s'extasie, pěsée, épousée, etc.

10°. Une r ou une s prononcée, qui suit une voyelle, et précède une autre consonne, rend la syllabe toujours brève : jăspe, măsque, åstre, burlesque, funeste, bărbe, běṛceau, infirme ŏrdre, etc.

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11o. Tous les mots qui finissent par un e muet, immédiatement précédé d'une voyelle, ont leur pénultième longue : pensée, armee, joie, j'envoie, je loue, il joue, la rūe, la nũe, etc.

Mais si dans tous ces mêmes mots, l'e muet se change en e fermé, alors la pénultième, de longue qu'elle étoit, devient brève joyeux, louer, : nuer, etc.

12°. Quand une voyelle finit la syllabe, et qu'elle est suivie d'une autre voyelle qui n'est pas l'e muet, la syllabe est brève, créé, féal, action, hăir, doué, tuer, etc.

D'Olivet, Traité de prosodie franç., p. 65 et suiv. L'observation des règles qu'on vient de lire sur la quantité, est si essentielle, que d'elle seule dépend souvent le sens que l'on doit donner aux mots, et pour finir sur cette propriété de la prosodie, nous allons donner la table des homonymes qui sont les plus usités.

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TABLE D'HOMONYMES

Qui ont une signification différente, selon qu'ils

sont prononcés longs ou brefs.

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Bailler, respirer.

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Bāt, selle pour les bêtes de Băt (il se), du verbe battre.

somme.

Bateleur, faiseur de tours.

Bēte, animal irraisonnable. Beauté, régularité et perfection des traits.

Boite, ustensile à couvercle.
Bōnd, saut.

Chair, substance molle.
Clair, adjectif.

Cōrps, substance étendue.

Cōte, os plat et courbé d'un animal.

Cours, lieu de promenade.
Craint (il), du verbe craindre.
Cuire,
verbe.
Dégoute (il), il ôte le goût.

Dōnt, pronom relatif.
Eteint, participe du verbe
éteindre.
Faite, sommet.
Fete, jour consacré à Dieu.
Faix, fardeau.
Fais (tu), du verbe faire.
Forêt, terrain couvert de bois.
Fumes (nous), du verbe faire.
Goute (il), du verbe goûter.

Batelier, conducteur d'un ba

teau.

Bette, herbe potagère.
Botté, qui porte des bottes.

Boite (il), du verbe boiter.
Bon, adjectif.
Cher, adjectif.

Clerc, celui qui travaille chez un notaire, un procureur. Cor, durillons aux pieds, instrument.

Cote, marque numérale.

Cour, lieu entouré de murs.
Crin, poil long et rude.
Cuir, peau d'un animal.
Dégoutte (il), il tombe goutte
à goutte.
Don, présent.
Etaim, laine cordée.
Etain, métal.

Faite, participe féminin du verbe faire.

Fait (il), du verbe faire. Foret, instrument à percer. Fume (je), du verbe fumer. Goutte, petite partie d'un liquide.

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Lai, laïque, frère lai.

Laisse (je), du verbe laisser. Laisse, cordon qui sert à

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Sās, tissu de crin qui sert à Ca, adverhe.

peser.

Sá, pronom possessif.

Saut, action de sauter.

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Sot, stupide, grossier.

Ceint, participe du verbe ceindre,

Sein, partie du corps humain. Seing, signature.

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