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indirects; ainsi Crébillon a manqué à cette règle,

lorsqu'il a dit :

Ce n'est que du tyran

dont je me plains aux Dieux.

Il devoit dire QUE je me plains aux Dieux. Buffon y a également manqué, quand il a dit, en parlant du sens intérieur :

C'est cependant DE ce sens DONT il faut nous servir, si nous voulons nous connoître.

Il devoit dire : C'est cependant DE ce sens QU'IL faut, etc.

Voltaire a commis cette faute plus d'une fois, et dans son Supplément au Siècle de Louis XIV, tom. 31, pag. 167, édit. in-12, il a dit: Ce fut DE lui et DE lui seul DONT je tins ; il falloit : QUE je tins.

La règle s'applique pareillement aux phrases construites par où : DANS mon ame où; DANS cet état où, c'est-là où, signifient DANS mon ame DANS laquelle; DANS cet état DANS lequel; c'est DANS cet endroit DANS lequel. La construction étant semblable, où doit être remplacé par que, et alors, il faut dire : Dans mon ame QUE; dans cet état QUE; c'est-là QUE.

C'est par une conséquence de cet usage, que l'on emploie dont, de qui, à qui, et non pas, que, si l'antécédent n'a devant lui ni préposition, ni article; et Voltaire, dans sa Préface de Catilina, a dit :

Ce n'est pas là le mérite dont il s'agit.

Racine, dans Athalie, act. 3, ́sc. 2 :

C'est votre illustre mère à qui je veux parler.

Corneille, dans Cinna, act. 5, sc. 3.

C'est ma jalouse rage à qui vous le devez.

De Wailly, p. 194. MM. Lhomond et Le Tel-
lier, p. 158. Levizac, t. 1, p. 352. — Domergue,
P. 62.
Caminade, 129 et 130.
Et Domairon,

p. 125, t. 1.

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Quoiqu'un verbe actif aît essentiellement un rẻgime direct, on l'emploie sans régime, quand on le prend dans un sens indéfini.

Notre Monarque MÉDITE avec profondeur, ENTREPREND avec hardiesse, VOIT bien, SAIT IMAGINER, EST né pour VAINCRE.

Mais on ne diroit pas bien, je médite, j'entreprends contre vous, parce que ce défini contre vous fait attendre la chose qu'on médite, qu'on entreprend.

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Les régimes pronoms sont : que, me, te, se, le, la, les, nous, vous, quel, en, et y. Il est essentiel de les bien connoître, parce que les règles des participes passés en dépendent. Exemple, dans lequel nous avons réuni, à dessein, plusieurs pronoms et plusieurs participes: J'adopte entièrement les idées QUE vous m'avez DONNÉES, au sujet de l'association DONT je VOUS ai PARLÉ ; et je suis bien convaincu QUE si je l'avois FAITE comme je L'avois conçue, il EN seroit RÉSULTE des inconvéniens QUE je n'avois pas PRÉVUS.

Toutes les fois qu'un verbe est actif, et qu'il est accompagné d'un pronom qui doit lui tenir lieu de régime direct, il est à observer, par rapport au pronom le ou les, que ce pronom ne peut être remplacé par le pronom lui ou leur, l'un et l'autre régime indirect.

en repos,

La conscience d'un coupable ne le laissant jamais il n'a pas besoin qu'on LE fasse souvenir de ses fautes. Qu'on LUI fasse souvenir ne seroit pas correct, parce que faire souvenir demande à sa suite un régime direct, et que lui, signifiant à lui, n'en est pas un.

Ce seroit également une faute que de se servir devant un verbe actif, qui est accompagné d'un régime direct, du pronom le ou les, au lieu du pronom lui ou leur; car, puisque le ou les cst régime direct, ce seroit alors donner à ce verbe deux régimes directs; et nous venons de dire, il n'y a qu'un instant, que cela étoit contraire aux principes. On s'exprimeroit donc mal si l'on disoit : C'est la brutalité des animaux qui LES fait suivre les mouvemens de leur colère. C'est qui LEUR fait suivre, qu'il faut dire.

Les régimes-pronoms se placent ordinairement avant le verbe. Il y a quelques exceptions; nous les avons toutes données, lorsque nous avons parlé de la place des Pronoms personnels en régime, pag. 188

et suivantes.

ARTICLE XX.

DES TEMPS, DES MODES, ET DE LEUR EMPLOI.

On distingue dans les verbes, comme nous l'avons vu, page 343, quatre modes ou manières principales de manifester l'affirmation; savoir : l'indicatif, l'impératif, le subjonctif, et l'infinitif.

S. I°r.

De l'Indicatif, et Emploi des Temps de ce Mode.

Le mode indicatif est la manière d'exprimer le présent, le passé et le futur, avec affirmation pure et simple. On l'appelle indicatif, parce qu'il indique ce qu'on affirme d'une chose d'une manière directe, positive et indépendante, quel que soit le temps auquel cette affirmation se rapporte. Il est composé de dix temps, qui sont : leprétérit absolu, l'imparfait, ou présent relatif; le prétérit; le prétérit défini; le prétérit antérieur; le plus - que - parfait; le futur simple, ou absolu; le futur antérieur, ou relatif; le conditionnel présent, et le conditionnel passé.

1°. Du Présent absolu.

I. Le présent absolu sert à exprimer qu'une chose est ou se fait au moment où l'on parle. Il ne peut y avoir qu'un présent, parce que le moment actuel ne peut être plus ou moins présent. Je lis, tu écris, il réfléchit, marquent un présent absolu et sans dépendance.

II. On se sert encore du présent absolu pour exprimer un état actuel : NAPOLÉON paroit, toutes les passions se TAISENT et les factions s'ANEAN

TISSENT.

III. Il sert aussi à exprimer une chose que l'on fait habituellement, `ou l'état habituel d'un sujet : JE PASSE une grande partie de la journée à travailler.

IV. On l'emploie pour marquer des choses qui sont et qui seront toujours vraies : Dieu EST éternel; sa puissance EST sans bornes, et sa clémence EST grande.

V. Le présent absolu se met quelquefois pour un futur: Je pars BIENTÔT. - Où allez-vous DEMAIN? Mais cet emploi n'a lieu que relativement à un futur proche; car on s'énonceroit mal, si l'on disoit : JE SUCCÈDE à mon père L'ANNÉE PROCHAINE. Le présent absolu désigne encore le futur, quand il est précédé du mot si, exprimant une condition: IL EST DÉCIDÉ à suivre une autre carrière, SI ce qu'il a entrepris réussit.

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VI. Mais l'emploi le plus heureux que l'on puisse faire du présent absolu, c'est de s'en servir au lieu des deux prétérits, indéfini ou défini. Ce tour donne plus de force et de vivacité à ce qu'on raconte : Dès que la flotte EST en pleine mer, le ciel SE COUVRE de nuages, les éclairs BRILLENT de toutes parts, le tonnerre GRONDE, la mer ÉCUME, les flots s'ENTRE-CHOQUENT, les abîmes s'OUVRENT, les vaisseaux PER

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