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y a deux sortes de verbes actifs; les uns peuvent être pris dans un sens passif, et en conséquence, avoir un objet régime direct), j'aime, je suis aimé ; les autres, au contraire, ne peuvent pas être pris dans un sens passif, et par conséquent, avoir d'objet (régime direct), je demeure.

Deuxièmement. Que, lorsqu'un verbe actif est de nature à devenir passif, l'auxiliaire avoir est destiné à la conjugaison des modes actifs, et l'auxiliaire étre, à la conjugaison des modes passifs.

Troisièmement. Enfin, que dans les modes actifs, le verbe exprime l'action du sujet, j'aime, j'ai aimé; et que dans les modes passifs, il en exprime seulement l'état, je suis aimé, j'ai été aimé.

De là, on peut conclure que l'auxiliaire avoir a, par l'usage que nous en faisons, plus de rapport à l'action, et que l'auxiliaire être a, au contraire, plus de rapport à l'état en effet, il semble que dans il a monté à cheval, on considère plus l'action de monter; et que dans il est monté, on considère moins l'action que l'état où l'on est, après avoir monté.

D'où il suit, qu'on peut établir pour règles, qu'un participe doit se construire avec le verbe avoir, toutes les fois que l'action qu'il signifie, est l'idée principale que nous voulons exprimer, et qu'il doit se construire avec le verbe être, toutes les fois cette idée principale est moins l'action l'état que qui la suit, ou qui en est l'effet.

que

En conséquence, quoiqu'il y ait une action dans arriver, partir, venir, comme nous n'apercevons

presque plus qu'un état dans les participes arrivé, parti, venu; on dira toujours il est arrivé, parti, venu, et jamais il a arrivé, etc.

Mais que lorsque le participe peut également exprimer l'état et l'action, nous devons nous servir du verbe avoir, quand nous voulons plus particulièrement indiquer l'action; et qu'au contraire, nous devons nous servir du verbe être, quand nous voulons plus particulièrement indiquer l'état.

Je dirai donc, la procession A passé sous mes fenêtres, parce que je songe à l'action de la procession qui passoit mais que quelqu'un me demande s'il vient à temps pour la voir, je répondrai, elle EST passée, parce que je ne songe plus qu'à l'état de la procession.

Nous disons la fièvre à cessé, ei la fièvre EST cessée; cependant il n'y a pas d'action dans le participe cessé : pourquoi donc ces deux constructions?

Quoique cet exemple paroisse contraire à la règle proposée, il en est la confirmation. En effet, quand on dit que la fièvre EST cessée, c'est qu'on juge qu'elle ne reviendra pas; et par conséquent le participe cessée signifie un état, et doit se construire avec le verbe être ; mais quand on dit, la fièvre ▲ cessé, on présume qu'elle reviendra, ou au moins on a tout lieu de le craindre. La fièvre a cessé, signifie donc qu'elle a cessé d'agir pour recommencer; or, c'est cette action à laquelle on pense, qui porte à se servir en pareil cas de l'auxiliaire avoir.

Condillac, chap. XX, p. 248.

Après avoir rapporté les deux règles qui précè dent, telles qu'elles ont été énoncées par Condillac ; c'est-à-dire, avec le développement qui en est la conséquence, nous allons encore, pour satisfaire nos lecteurs sur un point de vue d'une assez grande délicatesse, les leur mettre sous les yeux dans toute la simplicité avec laquelle elles ont été énoncées par Restaut, page 274 de sa grammaire, et par De Wailly,

page 71.

I. Règle. Les verbes neutres dont les participes passés sont déclinables, c'est-à-dire, peuvent être joints à des substantifs masculins ou féminins, avec des terminaisons différentes pour le genre et pour le nombre, se conjuguent avec l'auxiliaire être ; au lieu que les verbes neutres, dont les participes passés sont indéclinables, et ne peuvent être joints à aucun nom substantif, se conjuguent avec l'auxiliaire avoir.

Ainsi, les verbes tomber, arriver, se conjuguent avec l'auxiliaire ÊTRE, parce qu'on peut dire, un homme tombé, une femme tombée, un homme arrivé, une femme arrivée. Régner ou dormir, au contraire, se conjuguent avec l'auxiliaire AVOIR, parce qu'on ne peut pas dire, un homme régné, une femme régnée, un homme dormi, une femme dormie.

II. Règle. Le participe doit ordinairement se construire avec le verbe AVOIR, toutes les fois qu'il est suivi de son objet (régime direct), il a cessé son travail. Mais le participe, au contraire, doit se construire avec le verbe ÊTRE, toutes les fois qu'il est sans

régime direct: Jésus-Christ EST descendu du ciel en

terre.

Observations sur les participes AYANT et ÉTANT.

Ayant est le participe présent du verbe avoir; étant est le participe présent du verbe être ; l'un et l'autre ne prennent point d's au pluriel : ainsi on dit, je les ai trouvés AYANT le verre à la main, et non pas, ayans. La géographie et la chronologie ÉTANT les deux yeux de l'histoire, pour bien étudier celle-ci, il faut être guidé par celle-là ; étans seroit une faute.

Ayant, employé avec le mot cause, devient substantif, et il signifie posséder; aussi dit-on au barreau, ses hoirs et AVANS cause.

Th. Corneille, sur la 407. Rem. de Vaugelas, p. 67, t. 3; l'Acad., en ses Observat., p. 426. Son Dict., au mot ayant. De Wailly, pag. 243. Gueroult, p. 44, 2o. partie.

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Pour les autres temps, on suivra la conjugaison du verbe être; et pour l'adjectif, on fera comme au présent; c'est-à-dire, qu'au pluriel, on ajoutera une s; et au féminin, un e muet.

ARTICLE XI.

MODÈLES DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE CONJUGAISONS.

Avant de donner ces modèles, nous croyons nécessaire d'observer, que quoique nous n'ayons distingué que quatre espèces de conjugaisons, parce que les verbes ne se terminent réellement que de quatre manières différentes à l'infinitif: en er, en ir, en oir, ou en re, il s'en faut pourtant bien que ce soit sur un fondement de cette nature que l'on puisse asseoir le modèle de toutes les conjugaisons, leur base n'existant réellement que dans les terminaisons des temps primitifs, d'où se forment les temps simples.

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