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Toutes les fois qu'il se trouve joint, soit avec un substantif seul, soit avec un substantif suivi de son adjectif, il signifie quel que soit le; et alors il n'est jamais qu'adjectif déclinable; c'est-à-dire, prenant le genre et le nombre. Exemples:

QUELQUES RICHESSES que l'on possède, on est raement content de son sort.

QUELQUES FAUTES graves que nous ayons commises, confions-nous en la miséricorde de Dieu.

Mais quand quelque n'est joint qu'avec un nom adjectif, alors il signifie quoi que, à quelque point que, et est adverbe; c'est-à-dire, ne prenant ni ni nombre. Exemples:

genre,

QUELQUE SINCÈRES que les hommes paroissent être avec les femmes, elles ne doivent pas s'attendre à n'être jamais trompées.

QUELQUE ÉCLAIRES que nous soyons, ne nous glorifions pas de notre savoir.

QUELQUE FOLLES que soient les modes, on en est esclave.

Quelque ne prend encore ni genre, ni nombre, quand il signifie environ. Exemple: Il y a QUELQUE cing cents ans QUE Gilia Flavio, fameux pilote, né à Naples, a fait l'intéressante découverte de la boussole : c'est-à-dire, il y a environ cinq cents ans.

Vaugelas, 3. et 329o. Rem. - Th. Corneille, sur ces Rem., p. 380, t. 1, et 348, t. 2; et l'Acad. , P. 5 de ses Observ. sur Vaugelas.-Le P. Buffier, no. 475. De La Touche, p. 242. t. 1.— Regnier Desmarais, 320 de sa Gramm. Girard , p. 431, t. 1 de ses Vrais Princ. de la lang. franç.-Restaut, p. 177 t 489- De Wailly, p. 135. Levizac, p. 399, t. 1. Tome 1.

p.

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X

roult, p. 14, 2o.

Caminade, p. 111.-M. Sicard, p. 152, t. 2.-M. GueMM. Lhomond et Le Telt. I. — Le Dict.

lier

part.

Domairon, p. 120,
152.
, p.

de l'Acad. et celui de Richelet.

Regnier Desmarais et Restaut ont voulu faire une exception à cette règle : ils ont prétendu que quand le mot quelque se trouvoit devant des adjectifs suivis immédiatement de leurs substantifs, il étoit pronom, et non pas adverbe, et qu'il falloit dire : QUELQUES GRANDS BIENS que l'on possède, QUELQUES BELLES QUALITÉS que l'on ait, en écrivant quelque avec une s, comme un pronom pluriel. Mais l'Académie, en ses observations sur la 5°. remarque de Vaugelas, a rejeté ce sentiment, en disant qu'en toutes ces sortes de phrases, il falloit seulement avoir égard à l'idée de quantumcumque qu'elles portoient dans l'esprit ; en sorte que QUELQUE grands biens que l'on possède, vouloit toujours dire QUELQUE GRANDS que soientles biens que l'on possède ; et QUELQUE BELLES qualités que l'on ait, vouloit dire, QUELQUE BELLES que soient les qualités que l'on ait; en conséquence, elle a décidé que la règle de quelque, adverbe, devant les adjectifs pluriels, et de quelque, pronom, devant les substantifs aussi pluriels, n'a aucune exception.

Quelque régit de avant l'adjectif qui le suit, et de régit que; on dira donc : DE QUELQUE sorte, DE QUELQUE manière que l'on s'y prenne, DE QUELQUE pays, DE QUELQUE religion QUE l'on soit, et non pas QUELQUE sorte, QUELQUE manière, QUELQUE pays, etc.

De même, on ne doit pas dire, QUELQUE sagesse DONT on se vante, QUELQUE personne qui l'on parle, mais bien, DE QUELQUE sagesse QUE l'on se vante, A QUELQUE personne QUE l'on parle.

Enfin, que est si nécessaire à la suite de quelque, précédé d'une préposition, qu'il n'est pas permis de dire, en QUELQUE endroit où l'on vive; la syntaxe veut, en QUELQUE endroit QUE l'on vive.

Dict. de l'Acad., au mot quelque. -Caminade, p. 798. — Fabre, p. 138.

Quelque que régit le subjonctif: exemple: QUELQUE penchant QUE l'on AIT pour tel ou tel vice, on est cependant maître de s'en garantir.

(Pensées de CICéron).

L'Acad., sur la 139. Rem. de Vaugelas, p. 155.De Wailly, p. 272. - Fabre, p. 245.

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QUEL QUE.

Quel que signifie la même chose que quelque que avant un substantif; il se dit des personnes et des choses et prend le genre et le nombre; mais quoique ces deux pronoms signifient la même chose ils ne s'emploient pas l'un pour l'autre ; c'est la place du substantif qui décide du choix que l'on doit en faire.

Si le substantif qu'on veut qualifier par cet adjec tif pronominal, se trouve placé avant le que, et par conséquent avant le verbe, il faut se servir de quelque, pronom adjectif, qui prend la livrée de son substantif, ainsi qu'on l'a vu dans les exemples don

nés plus haut, et dans celui-ci : QUELQUES disgraces QUE vous éprouviez, conduisez-vous de manière que vos ennemis mémes soient forcés de vous plaindre et de vous admirer.

Mais si le substantif ne vient qu'à la suite du verbe, et par conséquent du que, c'est quel qu'il faut employer; et alors quel est un pronom adjectif qui a un substantif pour correspondant, et conséquemment, il doit en prendre les inflexions. Exemples: Les criminels doivent être punis, QUELS Qu'ils puissent être.

QUELLE QUE soit votre naissance, QUELLES QUE soient vos dignités, vous ne devez mépriser personne. Girard, Viais Princ. de la lang. franç., p. 431, t. 1. Et les autorités ci-dessus.

Souvent on confond tel que avec quel que; mais pour ne pas commettre cette erreur, il suffira de se rappeler que tel que sert à la comparaison, et qu'il régit l'indicatif, parce que dans les phrases où on l'emploie, il exprime qu'une chose est. Exemple: On craint de se voir TEL Qu'on est, parce qu'on n'est pas TEL Qu'on devroit être.

Toutes les fois donc qu'on trouve tel que avec le subjonctif, c'est une faute; ainsi, un titre TEL Qu'il soit, n'est rien, si ceux qui le portent ne sont grands par eux-mêmes, est mal dit; c'est un titre QUEL Qu'il soit, etc., que l'on doit dire.

A TEL degré d'honneur QUE vous l'éleviez. Je poursuivrai les complices de cette mort, TELS QU'ils soient; dites: A QUELQUE degré d'honneur QUE vous

l'éleviez.

Je poursuivrai les complices de cette

mort, QUELS qu'ils soient, etc.

L'Acad., sur la 139. et 397. Rem. de Vaugelas, p. 155 et 408. — De Wailly, pag. 136. — Levizac, p. 399. Caminade, p. 107-Fabre, p. 245. - Domairon, p. 121, t. 1. De La Touche, p. 242, t. I.

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Richelet, en son Dict., au mot tel.

TOUT QUE.

Cette expression régit l'indicatif, parce que exprimant dans les phrases où elle entre qu'une chose est, elle exclut toute idée de désir, d'incertitude ou de doute; on dit donc :

TOUT aimable qu'est la vertu, elle a moins d'adorateurs que le vice.

Mais on dit : QUELQUE habile QUE l'on soit, doit être modeste.

De Wailly, p. 272.- Levizac, p. 400, t. 1. — Et le Dict. crit. de Féraud.

CHAPITRE V.

ARTICLE PREMIER.

DU VERBE EN GÉNÉRAL.

Le mot Verbe est le mot par excellence, le mot qui entre dans toute les phrases, pour être le lien de nos pensées, et qui, seul, a la propriété non-seulement d'en manifester la manière et la forme, mais de marquer encore le rapport qu'elles ont au présent, au passé et au futur: sa fonction est d'exprimer des actions, des passions et des situations,

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