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à lire, que

Autrefois, on faisoit sonner les consonnes à l'aide des voyelles sonores, c'est-à-dire, que b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z, se prononçoient bé, cé, dé, effe, gé, ache, ji, ka, elle, emme, enne, pé, qu, erre, esse, té, vé, icse, zède; mais les inconvéniens de cette méthode engagèrent MM. de Port-Royal à en proposer une nouvelle plus simple et applicable à toutes les langues. Il est certain, disoient ces célèbres et profonds Grammairiens, 1". part., chap. VI de leur Grammaire générale, que ce n'est pas une grande peine à ceux qui commencent , que de connoître simplement les lettres, mais que la plus grande est de les assembler. Or, ce qui rend maintenant cela plus difficile, c'est que chaque lettre ayant son nom, on la prononce scule autrement qu'en l'assemblant avec d'autres. Il semble donc que la voie la plus naturelle, comme quelques gens d'esprit l'ont déjà remarqué, seroit que ceux qui montrent à lire, n'apprissent d'abord aux enfans à connoître leurs lettres que par le nom de leur prononciation, et qu'on ne leur nommât les consonnes que par le son propre qu'elles ont dans les syllabes où elles se trouvent, en ajoutant seulement à ce son propre celui de l'e muet, qui est l'effet de l'impulsion de l'air nécessaire pour faire entendre la consonne; par exemple, qu'on donnât pour nom àb, ce que l'on prononce dans la dernière syllabe de tombe; à d, celui de la dernière syllabe de ronde ; et ainsi des autres qui n'ont qu'un seul son.

Que pour celles qui en ont plusieurs, comme c, g,

t,s,

on les appelât par le son le plus naturel et le plus ordinaire, qui est au c le son de que, et au g, le son de gue; aut, le son de la dernière syllabe de forte, et à l's, celui de la dernière syllabe de bourse. Ensuite, qu'on leur apprît à prononcer à part, et sans épeler, les syllabes ce, ci, ge, gi, tia, tie, tii, et qu'on leur fit entendre que l's, entre deux voyelles, sonne.comme un z: miseria, MISÈRE, de même que s'il y avoit mizeria, MIZÈRE, etc.

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Quoique cette nouvelle méthode ait de grands avantages sur l'ancienne; quoiqu'elle habitue à une bonne prononciation, en faisant donner à chaque syllabe son vrai son et sa juste valeur ; quoiqu'elle fasse disparoître tout accent vicieux, et qu'elle diminue les difficultés de l'épellation, puisque, dit Dumarsais, épeler ainsi, c'est lire : cependant, elle resta quelque temps dans l'oubli, par cela seul qu'elle étoit contraire à la pratique générale; mais enfin, l'empire du préjugé une fois affoibli, elle est devenue à peu près la seule en usage.

Suivant la nouvelle épellation, toutes les lettres de l'alphabet sont masculines; suivant l'ancienne, toutes les lettres qu'on ne prononce qu'avec le secours d'autres lettres dont on les fait précéder, sont féminines; c'est-à-dire, que les lettres ƒ, h, l, m, n, r, s, que l'on prononce effe, ache, elle, emme, enne, erre, esse, sont féminines; on n'excepte, comme on voit, que la lettre x, qui est masculine, quoiqu'on ne la prononce qu'avec le secours des lettres i, c, s, e à l'égard des lettres a, b, c, d,

e, g, i, j, k, o, p, q, t, u, e, y, z, que l'on prononce sans les faire précéder d'autres lettres, elles sont masculines.

Chaque consonne ne devroit avoir qu'un son désigné par un seul caractère, et ce seul caractère devroit être incommunicable à tout autre son. Mais comme, dans la langue françoise, il arrive que le même caractère représente plusieurs sons, ou que plusieurs caractères ne représentent que le même son, nous distinguerons dans les consonnes, deux sons, le son propre, et le son accidentel; nous appellerons son propre, le son que la consonne a naturellement, et son accidentel, le son qu'elle reçoit par position.

Bb.

TABLE DES CONSONNES,

Selon leur son propre ou accidentel.

Son propre BE: Babilone, beat, bonnet, bulle, boule.

De quelque lettre que le b soit suivi, il ne reçoit aucune altération dans le son qui lui est propre, soit au commencement, soit au milieu du mot, excepté que devant s et devant, il se prononce comme un p; c'est-à-dire que, observer, obtenir, se prononcent opserver, optenir.

Final; il ne se prononce pas dans plomb, à plomb; mais il se prononce dans les noms propres Joab, Moab, Job, Jacob, Aureng-Zeb, rumb (de vent).

En cas de redoublement, qui n'a licu que dans

abbé et ses dérivés, et dans Abbeville, on n'en prononce qu'un.

En faveur de la prononciation, on a ôté, malgré l'étymologie, un b, d'abrégé, abréger, aboyer.

C c.

C.

Régnier Desmarais, au mot prononciation. - De Wailly, p. 416.-Levizac, p. 73, t. 1.-Dict. de l'Acad., M. Sicard, p. 444, tom. 2.

au mot rumb.
Caminade, p. 629.

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Et

Son propre QUE: cabane, coco, cadre, cou;
Son accidentel SE: François, maçon, conçu,
Cécile.

Son accidentel GUE: second et ses dérivés. Quoique nous ayions un caractère pour le ċ, et un autre pour le g, cependant, lorsque la prononciation du c a été changée en celle du g, nous avons conservé le c dans notre orthographe, parce que les yeux s'étoient accoutumés à voir le c en ces inots-là; ainsi, nous écrivons toujours second, seconder, quoique nous prononcions segond, segonder. Secret, secrétaire, se prononcent se-kret, sekrétaire.

Eglogue s'écrivoit autrefois éclogue, et l'on prononçoit églogue; à présent il s'écrit et se prononce églogue.

Dict. de l'Acad., aux mots second, secret, églogue.
- Encyclopédie in fol., lettre C. - Urb. Domergue
Restaut 23.
Levizac, p. 74, t. 1.

125.

p.

De Wailly, p. 416. Et M. Sicard, p. 446, t. 2.

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pronon

C initial, ou dans le corps d'un mot, conserve le

son qui lui est propre avant a, o, u, l, n, r, t ; ainsi on prononce, avec le son propre, cabaret, colonne, cuiller, cligne-musette, etc.

C ne se prononce pas au milieu des mots, avant q, ca, cu, cl,er, et l'on prononce, sans faire sonner le c, acquét, accaparement, accueil, acclimater;

accrue.

Il prend le son accidentel se, avant e, i; ceinture, ciguë, et avant ca, co, cu, quand on met une cédille dessous, comme en ces mots, façade, garçon, aperçu. S'il se trouve suivi de ce, ci, il a le son qui lui est propre, succès, accident.

C, à la fin des mots, ne se prononce point dans colignac, estomac, clerc, broc, croc, accroc, marc d'argent, échecs, jonc, almanach, tabac, et dans donc suivi d'une consonne; mais e se prononce ordinairement dans Cognac, trictrac, avec, bec, syndic, estoc, aqueduc, échec, agaric, respect, etc.

On ne fait point sonner le c final sur la voyelle initiale du mot suivant, si ce n'est dans quelques occasions assez rares, où on lui donne le son du q, comme dans porc-épic, du blanc au noir, franc étourdi, que l'on prononce por quépiq, du blanquau noir, fran-quétourdi.

Dans le redoublement, les deux cc ne se prononcent qu'avant e et i, accessit, accident.

Régnier Desmarais, au mot prononciation. Encyclopédie in - folio, lettre C.-Leviząc, p. 75, tom. 1. Urb. Domergue, pag. 125. - De Wailly, pag. 417. -Gaminade, pag. 634.

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