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Exemple 3:

Un petit campagnard borné et têtu

Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous.

On commença la récitation des leçons. Il les écouta, de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.

C'était un garçon de tempérament modéré, qui jouait aux récréations, travaillait à l'étude, écoutant en classe, dormant bien au dortoir, mangeant bien au réfectoire. Il avait pour correspondant 1 un quincaillier en gros de la rue Ganterie qui le faisait sortir une fois par mois, le dimanche, après que sa boutique était fermée, l'envoyait se promener sur le port à regarder les bateaux, puis le ramenait au collège, dès sept heures, avant le souper. Le soir de chaque jeudi, il écrivait une longue lettre à sa mère, avec de l'encre rouge et trois pains à cacheter; puis il repassait ses cahiers d'histoire ou bien lisait un vieux volume d'Anacharsis qui traînait dans l'étude. En promenade, il causait avec le domestique, qui était de la campagne comme

lui

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1

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personne qui représente les parents auprès des autorités d'un collège.

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Le programme des cours, qu'il lut sur l'affiche, lui fit un effet d'étourdissement: cours d'anatomie, cours de pathologie, cours de physiologie, cours de pharmacie, cours de chimie, et de botanique, et de clinique, et de thérapeutique, sans compter l'hygiène ni la matière médicale, tous noms dont il ignorait les étymologies et qui étaient comme autant de portes de sanctuaires pleins d'augustes ténèbres. Il n'y comprit rien; il avait beau écouter, il ne saisissait pas. Il travaillait pourtant, il avait des cahiers reliés, il suivait tous les cours, il ne perdait pas une seule visite. Il accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place, les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie.

Il échoua complètement à son examen d'officier de santé. Il se remit au travail et prépara sans discontinuer les matières de son examen, dont il apprit d'avance toutes les questions par Il fut reçu avec une assez bonne note.

cœur.

Exemple 4:

FLAUBERT, Madame Bovary.

Le Chanteur de Kymé

Il allait par le sentier qui suit le rivage le long des collines. Son front était nu, coupé de rides profondes et ceint d'un bandeau de laine rouge. Sur ses tempes les boucles blanches de ses cheveux flottaient au vent de la mer. Les flocons d'une barbe de neige se pressaient à son menton. Sa tunique et ses pieds nus avaient la couleur des chemins sur lesquels il errait depuis tant d'années. A son côté pendait une lyre grossière. On le nommait le vieillard, on le nommait aussi le Chanteur. Il recevait encore un autre nom des enfants qu'il instruisait dans la poésie et dans la musique, et plusieurs l'appelaient l'Aveugle, parce que sur ses prunelles, que l'âge avait ternies, tombaient des paupières gonflées et rougies par la fumée des foyers, où il avait coutume de s'asseoir pour chanter. Mais il ne vivait pas dans une nuit éternelle, et l'on disait qu'il voyait ce que les autres humains ne voient pas. A. FRANCE, Clio.

Quelquefois deux portraits sont réunis pour former contraste ou dans un but de comparaison. On a alors ce qu'on appelle un parallèle. On en trouvera un exemple dans le chapitre III à l'article Comparaison, p. 28.

1er Sujet : Le bavard

Le bavard parle sans discontinuer; que ce soit pour dire quelque chose de sensé ou non, peu lui importe; la question est de parler; c'est, pour lui, un acte aussi naturel que celui de manger ou de respirer.

Il ne suppose pas même qu'il puisse être imprudent dans sa conversation, indiscret, indélicat, médisant. Et pourtant il ne manque pas de faire des réflexions blessantes même pour ceux qui l'entourent.

Il racontera sans sourciller une histoire égrillarde devant une personne en deuil; il parlera du bon dîner qu'il vient de faire à quelqu'un qui n'a pas mangé depuis vingt-quatre heures. Il fera part de ses joies à une personne qui vient d'éprouver un violent chagrin; de ses succès à quelqu'un qui vient de subir un échec. Il parle de banqueroute au milieu d'une famille où il y a cette tache; d'exécution et d'échafaud devant un homme dont le père y a monté; de roture devant des roturiers qui sont riches et qui se donnent pour nobles.

Il est insupportable à tout le monde et on le lui fait savoir suffisamment pour qu'il s'aperçoive de la vérité de cette parole de La Bruyère: "L'on se repent rarement de parler peu, très souvent de trop parler."

2ème Sujet

d'après LA BRUYÈRE.

Portrait du blasé

(a) Description physique: âge, apparence, etc.

(b) Déceptions: leurs causes; tout vu, tout éprouvé.

(c) Quelques exemples de sa carrière.

(d) Résultat (physique, moral).

Plan:

gème Sujet Le collectionneur de timbres-poste

Vous allez voir le collectionneur dans sa chambre. Description table couverte de morceaux de papier noirci. Ce sont des timbres qu'il examine à la loupe.

Il est absorbé. Il ne répond qu'à peine à votre salut. Il parle de ses timbres, de leur prix, de leur classification, des émissions passées, présentes et futures.

Vous remarquez un joli timbre dans un coin. Il le regarde avec dédain, il n'est pas rare. Il vous en montre un petit, sale, mal gravé, couvert d'oblitérations: il ne l'échangerait pas pour les joyaux de la couronne. Ne riez pas, il se fâcherait. Il l'a payé très cher.

Il nous montre une place vacante dans son album; il y a trois ans qu'il cherche l'original correspondant: il y a un mois il avait cru en découvrir un exemplaire, il l'avait acheté. Il s'est trouvé être faux. Il en a pleuré. S'il ne le remplace tôt ou tard il mourra de chagrin.

4ème Sujet : Jean "Tout à l'heure," Pierre "Tout de suite " (parallèle).

Plan:

I. Jean. (a) Le matin; réveil.

(b) L'école, travail.

(c) Quelques autres exemples.
(d) Son avenir peu encourageant.

II. Pierre. (a) Réveil.

(b) Devoirs, leçons, l'école.

(c) Autres exemples.
(d) Le futur plein d'espoir.

G

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8. Jean qui rit, Jean qui pleure (parallèle).

9. Harpagon (d'après l'Avare).

10. Le Plaideur (d'après Racine).

11. Le paysan latin (d'après Virgile).

12. L'aède grec (d'après l'Iliade et l'Odyssée), v. p. 95, Le Chanteur de Kymé.

13. Louis XI., d'après Scott (Quentin Durward).

14. Guillaume le Conquérant.

15. Alfred le Grand.

16. Sir Walter Raleigh.

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Le Naufrage de la Blanche-Nef

La flotte fut rassemblée au mois de décembre dans le port de Barfleur. Au moment du départ, un certain Thomas, fils d'Étienne, vint trouver le roi, et, lui offrant un marc d'or, lui parla ainsi : “ Étienne, mon père, a servi toute sa vie le tien sur mer, et c'est lui qui conduisait le vaisseau sur lequel ton père monta pour aller à la conquête; seigneur roi, je te supplie de me bailler en fief le même office j'ai un navire appelé la Blanche-Nef et disposé comme il convient.”

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