L'esprit du siècle

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de Saint-Hilaire
P. Mortier, 1746 - French essays - 304 pages
 

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Page 244 - C'est le paresseux de l'écriture, qui veut et ne veut pas; qui veut de loin ce qu'il faut vouloir, mais à qui les mains tombent de langueur dès qu'il regarde le travail de près. Que faire d'un tel homme? Il n'est bon à rien. Les affaires l'ennuient, la lecture sérieuse le fatigue, le service de l'armée trouble ses plaisirs, l'assiduité même de la cour le gêne.
Page 26 - Une femme de ce caractère, ou plutôt de cette espèce, n'a ni principes, ni passions, ni idées. Elle ne pense point, et croit sentir; elle a l'esprit et le cœur également froids et stériles. Elle n'est occupée que de petits objets, et ne parle que par lieux communs, qu'elle prend pour des traits neufs. Elle rappelle tout à elle, ou à une minutie dont elle sera frappée. Elle aime à paraître instruite , et se croit nécessaire.
Page 174 - ... jamais. Cette puérilité de la maladie règne principalement dans le grand monde , et surtout dans une moitié de ce grand monde qui occupe plus les médecins, qui sait mieux les mettre à la mode , et qui a souvent plus besoin d'être amusée que guérie.
Page 139 - Souvent des égards qu'on vous marque, des louanges qu'on vous adresse d'une manière indirecte , un certain sourire d'applaudissement aux choses communes que vous dites, ont pour objet unique de vous faire tomber dans un ridicule, soit en vous faisant parler de vous-même avec éloge , soit en vous engageant à mettre au jour des talens médiocres. Si vous ne...
Page 196 - Je vais vous en faire un portrait véritable. Almon , fans égards pour ce qui convient aux autres , eft accoutumé à ne fe jamais contraindre. Quoiqu'il ait de Fefprit , s'il loue , ou s'il blâme , c'eft toujours par caprice ; voilà ce qu'il appelle être naturel.
Page 47 - Ce n'est pas ordinairement la perte réelle que l'on fait dans une bataille (c'est-à-dire celle de quelques milliers d'hommes) qui est funeste à un État, mais la perte imaginaire et le découragement qui le prive des forces mêmes que la fortune lui avait laissées.
Page 257 - ... dans fon cœur. Toutes les opinions , tous les fyftêmes lui plaifent également ; il les adopte, il les abandonne, il les réfute , il les foutient.
Page 178 - Jamais les traits de la fimple Nature n'ont été mieux marqués qu'en lui, ni plus exempts de tout mélange étranger. Un fens droit & étendu , qui s'attachoit au vrai par une efpèce de fympathie , & fentoit le faux fans le difcuter , lui épargnoit les longs circuits par où les autres marchent ; & d'ailleurs fa vertu étoit en quelque forte un inftinct heureux , fi prompt qu'il prévenoit fa raifon.
Page 270 - ... de traiter avec les autres hommes. Mais enfin on lui en fait gré. On s'y attendoit même fi peu , que dès qu'il ne diminue rien des foins & des égards qu'il mettoit auparavant dans la Société , on fe fait l'illufion de croire qu'il y en apporte davantage.
Page 74 - D'un vin d'Aï dont la mousse pressée, De la bouteille avec force élancée, Comme un éclair? fait voler le bouchon ; II part, on rit; il frappe le plafond.

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