Essais de morale et de critique

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Calmann Lévy, 1889 - Social ethics - 456 pages
 

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Popular passages

Page 334 - Environ l'an 1629, quelques particuliers logés en divers endroits de Paris, ne trouvant rien de plus incommode dans cette grande ville, que d'aller fort souvent se chercher les uns les autres sans se trouver, résolurent de se voir un jour de la semaine chez l'un d'eux.
Page 321 - Dans notre éducation intellectuelle, nous avions été l'un et l'autre à cette grande école allemande de science et de critique qui, à la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci, a renouvelé tant de branches de l'esprit humain. Nous avions admiré l'application, la sagacité, la force d'esprit qui ont été déployées dans cette œuvre. Nous n'avons rien à dédire de ce que nous avons dit ; nos éloges sont sans repentance. Ce que nous avions aimé était vraiment aimable...
Page 176 - Oh ! parlez-moi des mystères de ce monde que mes désirs pressentent, au sein duquel mon âme, fatiguée des ombres de la terre, aspire à se plonger. Parlez-moi de celui qui l'a fait et le remplit de lui-même, et seul peut remplir le vide immense qu'il a creusé en moi.
Page 159 - Là se rapporte cette liberté funeste, et dont on ne peut avoir assez d'horreur, la liberté de la librairie pour publier quelque écrit que ce soit, liberté que quelques-uns osent solliciter et étendre avec tant de bruit et d'ardeur.
Page 170 - Lamennais revint, mais ayant perdu la foi. « 11 ya, dit-il, une certaine simplicité d'âme qui empêche de comprendre beaucoup de choses, et principalement celles dont se compose le monde réel. Sans s'attendre à le trouver parfait, ce qui ne serait pas seulement de la simplicité, mais de la folie, on se figure qu'entre lui et le type idéal qu'on s'en est formé d'après les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie.
Page 80 - La tentative de construire la théorie des choses par le jeu des formules vides de l'esprit est une prétention aussi vaine que celle du tisserand qui voudrait produire de la toile en faisant aller sa navette sans y mettre du fil.
Page 186 - ... lui trop de colère et pas assez de dédain. Les conséquences littéraires de ce défaut sont fort graves : la colère amène la déclamation et le mauvais goût ; le dédain au contraire produit presque toujours un style délicat. La colère a besoin d'être partagée ; elle est indiscrète, car elle veut se communiquer. Le dédain est une fine et délicieuse volupté qu'on savoure à soi seul; il est discret, car il se suffit.
Page 107 - Cependant, dès les premiers mois de 1820, j'avais commence à lire la grande collection des historiens originaux de la France et des Gaules. A mesure que j'avançais dans cette lecture, à la vive impression du plaisir que me causait la peinture contemporaine des hommes et des choses de notre vieille histoire, se joignait un sourd mouvement de colère contre les écrivains modernes, qui, loin de reproduire fidèlement ce spectacle, avaient travesti les faits , dénaturé les caractères , imposé...
Page 369 - ... aussi étendus, aussi cultivés que le nôtre ni en aussi grand nombre ; aucun siècle n'a vu si finement et n'a serré de si près la vérité en toute chose. Mais ce progrès ne s'est réalisé que dans un très-petit nombre d'hommes, et leur élévation même n'a servi qu'à les isoler. La tête semble de plus en plus perdre le gouvernement des choses. C'est en ce sens que la physionomie générale de notre temps est bien moins noble que celle d'autrefois.
Page 384 - Comparée à l'imagination classique, l'imagination celtique est vraiment l'infini comparé au fini. Dans le beau mabinogi du Songe de Maxen Wledig, l'empereur Maxime voit en rêve une jeune fille si belle qu'à son réveil il déclare ne pouvoir vivre sans elle. Pendant plusieurs années, ses envoyés courent le monde pour la lui trouver : on la rencontre enfin en Bretagne. Ainsi fit la race celtique : elle s'est fatiguée à prendre ses songes pour des réalités et à courir après ses splendides...

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