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carrosse,

chez vous *) à Montélimart **); qu'ils prennent le chemin du Ils menèrent Madame de Coulanges par celui que je vous dis sans du But qui descendit proptement, et soutint la litière, elle tomboit dans un précipice épouvantable: il m'a conté cela dix fois, et m'a fait transir. La crainte qu'on ne vous mène par ce chemin m'a déjà réveillée plus d'une fois la nuit. Je vous conjure ma três chère, de donner ce soin à quelqu'un qui ait plus d'attention à votre conservation que vousmême. J'écrirai à Moulins à un M. de Chatelain, qui est un très bon et très honnête homme, et qui vous rendra mille petits services: il a de l'esprit et de la pitié. Vous y verrez aussi Madame de Gamaches, qui est de la maison MontmorinSaint-Héran; elle est vive, elle est jolie femme: elle ne m'a pas quittée pendant quatre ou cinq jours en deux fois que j'ai été à Moulins ou chez Mesdames Fouquet; enfin, elle est ma première amie de Moulins. Adieu ma très-chère, songez à me venir voir; je n'attendrai point de sang froid cette joie, et mes petits esprits se mettront en mouvement pour aller au-devant de vous.

LA BRUYÈRE.

JEAN DE LA BRUYÈRE wurde 1644 in einem Dorfe bei Dourdan unweit Paris geboren. Er war zuerst Finanzintendant (Trésorier) zu Caen, in der Folge Monsieur's ***) Lekrer in der Geschichte mit einem ansehnlichen Gehalt und seit 1696 Mitglied der Französischen Akademie. Durch seine zu erst 1687 in 12. erschienenen Caractères de Théophraste, traduits du Grec, avec les mœurs de ce siècle, ist sein Name durch ganz Europa bekannt geworden. Man kann ohne Uebertreibung sagen, dafs er und sein Zeitgenosse Molière mehr Thorheiten ausgerottet und Tugenden verbreitet haben, als alle übrigen Moralisten seiner Nation zusammen genommen. Mit Recht sagt Boileau von ihm:

*) Wahrscheinlich von Grignan, einer Stadt in der Pro vence. **) Montélimart, eine Stadt in der ehemaligen Dauphiné, auf dem Wege aus der Provence nach Paris. ***) Der älteste Bruder des Königs von Frankreich heifst bekanntlich allemahl

Monsieur*

Tout esprit orgueilleux qui s'aime
Par ses leçons se voit guéri,

Et dans son livre si chéri

Apprend à se haïr lui-même.

Er zeigte durch seine kraftvolle Schreibart und seinen lebhaften Ausdruck, dafs die Französische Sprache einer grössern Stärke fähig sey, als man bis dahin geglaubt hatte. Boileau wirft ihm indessen nicht ohne Grund vor, dafs er von seinem Muster Montagne einen mit unter harten und dunkeln Stil kopirt habe. Seine Gemälde, obgleich hin und wieder mit Fleifs etwas überladen, sind so treu, dafs noch jetzt ein jedes Land die Originale dazu aufstellt. Es erschien bald ein Schlüssel

zu den Caractères, der allen Ausgaben beigefugt ist, aber behutsam gebraucht werden mufs, da es von einem so feinen Beobachter der Sitten und einem so tiefen Kenner des menschlichen Herzens nicht zu erwarten ist, dafs er zu jedem seiner Gemälde ein Pariser Original habe sitzen lassen. Er übte selbst die Moral, die er lehrte, in ihrem ganzen Umfange, und àlles, was man von seinem Charakter sagt, zeigt, dafs es ihm ernstlich um die Besserung der Menschen zu thun gewesen. Man fand indessen in seinem Werke nichts als persönliche Satire, und verkürzte durch hamische, mit Bitterkeit begleitete, Deutungen sein Leben. Er starb 1699 an einem Schlagflufs. Die besten Ausgaben seiner Caractères sind die von Amsterdam (1741, 2 Vol. 12) und von Paris 1750, 2 Vol. 12 und 1765 in 4). Die Dresdner von 1769, 2 Vol. 8. verdient empfohlen zu werden. Im Jahre 1802 ist eine mit Stereotypen gedruckte Ausgabe der Caractères in drei niedlichen Oktavbänden erschienen; der dritte Band enthält die Caractères de Theophraste, traduits par de la Bruyère, avec des additions et des notes nouvelles par Schweighauser (einen Sohn des berühmten Humanisten). Ausserdem giebt es eine uns noch nicht bekannte Ausgabe der Caractères mit Anmerkungen der Frau von Genlis, Paris 1812. Man hat eine sehr mittelmässige Suite des Caractères par Théophraste etc., von einem gewissen Aleaume, Advokaten zu Rouen, die 1700 in 12 erschien und verschiedenen Ausgaben beigefügt ist. Ausführlichere Nachrichten von la Bruyère findet man im 19ten Bande der bekannten Mémoires de Niceron, auch steht eine vortreffliche Notice sur la personne et les écrits de la Bruyère in dem dritten Theile der Mélanges de Littérature par J. B. A、 Suard, Paris 1803, 3 Vol.

1) CARACTÈRE D'UN DISTRÀ ÍT.

Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il

:

la referme il s'apperçoit qu'il est en bonnet de nuit; et venant à mieux s'examiner, il se trouve rasé à moitié; il voit que sòn épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par dessus ses chausses. S'il marche dans les places, il se sent tout d'un coup rudement frapper à l'estomac ou au visage; il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu'à ce qu'ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve au devant un timon de charretté ou derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier sur ses épaules. On l'a vu une fois heurter du front contre celui d'un aveugle, s'embarrasser dans ses jambes, et tomber avec lui, chacun de son côté, à la renverse. Il cherche, il brouille, il crie, il s'échauffe, il appelle ses valets l'un après l'autre, on lui perd tout, on lui égare tout: il demande ses gants qu'il a dans ses mains, semblable à cette femme qui perdoit le temps à demander son masque, lorsqu'elle l'avoit sur son visage. Il entre à l'appartement et passe sous, un lustre où sa perruque s'accroche et demeure suspendue; tous les courtisans regardent et rient: Ménalque regarde aussi, et rit plus haut que les autres, il cherche des yeux dans toute l'assemblée, où est celui qui montre ses oreilles, et à qui il manque une perruque. S'il va par la ville, après avoir fait quelque chemin, il se croit égaré, il s'émeut, et il demande où il est à des passans, qui lui disent précisement le nom de sa rue: il entre ensuite dans sa maison, d'où il sort précipitamment, croyant qu'il s'est trompé. Il descend dú palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour le sien, il se met dedans; le cocher touche et croit ramener son maître dans sa maison: Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l'escalier, parcourt l'antichambre, la chambre, le cabinet; tout lui est familier; rien ne lui est nouveau, il s'assied, il se repose, il est chez soi. Le maître arrive, celui-ci se lève pour le recevoir; il le traite fort civilement, le prie de s'asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre; il parle, il rêve, il reprend la parole: le maître de la maison s'ennuye, et demeure étonné: Ménalque ne l'est pas moins, et ne dit pas ce qu'il en pense; il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif, qui se retirera à la fin; il l'espère, et il prend patience; la nuit arrive qu'il est à peine détrompé. Une autre fois il rend visite à une femme, et se persuadant bientôt que

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c'est lui qui la reçoit, il s'établit dans son fauteuil et ne songe nullement à l'abandonner: il trouve ensuite que cette dame fait ses visites longues; il attend à tous, momens qu'elle se lève et le laisse en liberté: mais comme cela tire en longueur, qu'il a faim, et que la nuit est déjà avancée, il la prie à souper; elle rit, et si haut, qu'elle le réveille. Lui-même se marie le ma tin, l'oublie le soir, et découche la nuit de ses noces; et quelques années après il perd sa femme, elle meurt entre ses bras, il assiste à ses obsèques, et le lendemain, quand on lui vient dire qu'on a servi, il demande si sa femme est prête, et si elle est avertie. C'est lui encore qui entre dans une église, et prenant l'aveugle qui est collé à la porte, pour un pilier, et sa tasse pour le bénitier, y plonge la main, la porte à son front, lorsqu'il entend tout d'un coup le pilier qui parle, et qui lui offre des oraisons. Il s'avance dans la nef, il croit voir un prie-dien, il se jette lourdement dessus: la machine plie, s'enfonce, et fait des efforts pour crier: Ménalque est surpris de se voir à genoux sur les jambes d'un fort petit homme, appuyé sur son dos, les deux bras passés sur ses épaules, et ses deux mains jointes et étendues, qui lui prennent le nez et lui ferment la bouche; il se retire confus, et va s'agenouiller ailleurs: il tire un livre pour faire sa prière, et c'est sa pantoufle qu'il a prise pour ses heures, et qu'il a mise dans sa poche avant que de sortir. Il n'est pas hors de l'église, qu'un homme de livrée court après lui, le joint, lui demande en riant, s'il n'a point la pantoufle de Monseigneur; Ménalque lui montre la sienne, et lui dit: voilà toutes les pantoufles que j'ai sur moi: il se fouille néanmoins, et tire celle de l'évêque de ** qu'il vient de quitter, qu'il a trouvé malade auprès de son feu, et dont, avant de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle, comme l'un de ses gants qui étoit à terre; ainsi Ménalque s'en retourne chez soi avec une pantoufle de moins. Il a une fois perdu au jeu tout l'argent qui étoit dans sa hoursè, et voulant continuer de jouer, il entre dans son cabinet, ouvre une armoire, y prend sa cassette, en tire ce qu'il lui plait, croit la remettre où il l'a prise: il entend aboyer dans son armoire qu'il vient de fermer: étonné de ce prodige, il l'ouvre une seconde fois, et il éclate de rire d'y voir son chien qu'il a serré pour sa cassette. Il joue au trictrac, il demande à boire, on lui en apporte; c'est à lui à jouer, il tient le cornet d'une main et un verre de l'autre; et comme il a un grand soif, il avale les dez et presque le cornet, jette le verre d'eau dans le trictrac et

inonde celui contre qui il joue; et dans une chambre où il est familier, il crache sur le lit, et jette son chapeau à terre, croyant faire tout le contraire. Il se promène sur l'eau, et il demande quelle heure il est on lui présente une montre; à peine l'a-t-il reçue, que ne songeant plus ni à l'heure, ni à la montre, il la jette dans la rivière, comme une chose qui l'embarrasse. Lui-même écrit une longue lettre, met de la poudre dessus à plusieurs reprises, et jette toujours la poudre dans l'encrier; ce n'est pas tout, il écrit une seconde lettre, et après les avoir achevées toutes deux, il se trompe à l'adresse: un duc et pair reçoit l'une de ces deux lettres, et en l'ouvrant il y hit ces mots: Maître Olivier, ne manquez pas, sitôt la présente reçue, de m'envoyer ma provision de foin... Son fermier reçoit l'autre, il l'ouvre, et se la fait lire; on y trouve: Monseigneur, j'ai reçu avec une soumission aveugle les ordres qu'il a plu à Votre Grandeur . . . Lui-même encore écrit une lettre pendant la nuit, et après l'avoir cachetée, il éteint sa bougie, et il ne laisse pas d'être surpris de ne voir goutte, et il sait à peine comment cela est arrivé. Ménalque descend l'escalier du Louvre, un autre le monte à qui il dit: C'est vous que je cherche: il le prend par la main, le fait descendre avec lui, traverse plusieurs cours, entre dans les salles, en sort; il va, il revient sur ses pas; il regarde enfin celui qu'il traine après soi depuis un quart d'heure. Il est étonné que ce soit lui, il n'a rien à lui dire; il lui quitte la main, et tourne d'un autre côté. Souvent il vous interroge, et il est déjà bien loin de vous, quand vous songez à lui repondre: ou bien il vous demande, en courant, comment se porte votre père, et comme yous lui dites qu'il est fort mal, il vous crie qu'il en est bien aise. Il vous trouve une autre fois sur son chemin: il est ravi de vous rencontrer, il sort de chez vous pour vous entretenir d'une certaine chose; il contemple votre main: vous avez-là, dit-il, un beau rubis, est-il balais *)? Il vous quitte et continue sa route: voilà l'affaire importante dont il avoit à vous parler. Se trouve-t-il en campagne, il dit à quelqu'un, qu'il le trouve heureux d'avoir pu se dérober à la cour pendant l'automne, et d'avoir passé dans ses terres tout le temps de Fontainebleau: à d'autres il tient d'autres discours, puis revenant

*) Dies Wort wird immer in Verbindung mit rubis gebraucht. Un rubis balais bezeichnet einen incarnatfarbigen oder blafsrothen, zuweilen auch in's bläuliche spielenden Rubin, einen Ballas.

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