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a gloire; et l'on peut en rapporter beaucoup à Loius XIV. Son ardeur pour la gloire, son goût pour le grand et le noble, le désir de lui plaire, dont il faut encore lui faire honneur, puisque ses qualités personnelles l'inspiroient en partie, les récompenses, les distinctions qu'il accorda souvent au mérite; tout concourut à rendre son règne le plus brillant qu'il y ait eu depuis Auguste. Les lettres, les sciences, les arts, tous les talens naissoient à sa voix, et portoient son nom au delà de l'Europe; ses bienfaits allèrent chercher le mérite chez les étrangers. On se glorifioit alors d'être François, ou d'être connu en France. Les louanges idolâtres que les gens de lettres lui prodiguoient, n'étoient pas absolument fausses de leur part, et pourroient être excusées. La majesté de sa personne, lè faste même de sa cour, le culte qu'ils lui voyoient rendre, saisissoit leur imagination; l'enthousiasme devenoit contagieux, l'encens des adorateurs les enivroit eux-mêmes.

Cependant les rayons qui partent du trône n'échauffent que ceux qui en approchent. Ils éblouissent au loin, et n'y portent cette chaleur vivifiante, qui anime une nation. Tout fleurissoit à la cour, et la substance du peuple étoit l'aliment du luxe. Les graces, disons mieux, la reconnoissance du monarque, car il en doit, ne s'étendoit point sur un peuple dont il tiroit sa force et son éclat; sur les cultivateurs, genre d'hommes plus précieux que des artistes, des poëtes et des orateurs. Malheureusement ceux-ci flattent l'orgueil des princes, leur dispensent la gloire, trompent la postérité, et presque les contemporains. On ne connoîtroit pas la vérité, si des écrivains désintéressés, amis de l'humanité, n'avoient le courage de réclamer pour les hommes contre leurs oppresseurs. Je crois remplir ce devoir sacré. Je suis très-éloigné de vouloir dépriser les talens par leurs abus. C'est le premier, le plus beau, le seul luxe utile d'un grand état; mais dans un édifice on ne doit pas préférer les ornemens à la base.

Je n'ai dissimulé ni les bonnes qualités ni les défauts de Louis XIV; mais il seroit injuste de lui reprocher toutes ses fautes. Nous avons vu le peu d'éducation qu'il avoit reçu. Ajoutons le soin qu'on avoit pris d'altérer les vertus qu'il pouvoit avoir; et voyons ce qu'on doit imputer à ceux qui l'approchoient. Jamais prince n'a été Fobjet de tant d'adorations. Les hommages, qu'on lui rendoit, étaient un culte, une émula tion de servitude, une conspiration d'éloges, qu'il ne rougissoit de recevoir, puisqu'on ne rougissoit de les lui donner

pas

La dédicace de sa statue à la place des Victoires fut une apothéose *). Les prologues d'opéra l'enivroient de l'encens le plus infect, au point qu'il les chantoit naïvement lui-même. L'évêque de Noyon (Clermont Tonnère) si glorieux et si bas, fonde un prix à l'académie pour célébrer à perpétuité les vertus de Louis XIV, comme un sujet, inépuisable. On venoit le matin dans la chapelle du Louvre, entendre le panégyrique de Saint Louis; et le soir, à l'assemblée, on assistoit avec plus de dé votion à celui de Louis XIV. Ce n'étoit point à son insçu; on alloit sans pudeur lui communiquer le sujet de chaque éloge. Ce n'a pas été sans contradiction de la part de quelques serviles académiciens, que je suis venu à bout de dénaturer le sujet du prix: tant l'ame qui a rampé, a de peine à se relever **). Le Duc de Grammont, fils du premier maréchal de ce nom, demanda au Roi un brévet d'historiographe, pour être un flatteur en titre. Si on lui en préféra d'autres, la vérité n'y gagna pas d'avantage.

*) Der Herzog de la Feuillade liefs Ludwig XIV auf dem Siegsplatze zu Paris eine beim Ausbruch der Revolution zerstörte Statue aus vergoldeter Bronze errichten, die diesen König von der hinter ihm stehenden Siegesgöttin bekränzt darstellte. An den vier Ecken des Piedestals waren eben so viel gefesselte Sklaven mit den Attributen von Holland, Spanien, dem deutschen Reich und der Türkei angebracht, und an dem ganzen Monument eine Menge Inschriften, die man in Germain Brice's Description de la ville de Paris Tom. I. pag. 405 ff. gesamm. It findet. Unter den Füssen des Königs stand: Viro immortali; und tiefer: Ludovico magno patri exercituum et ductori semper felici. protectis sociis, adjectis imperio fortissimis populis, exstructis ad tuteJam finium firmissibus arcibus, oceano et mediterraneo inter se junctis, praedari vetitis toto mari piratis, emendatis legibus, deleta calviniana impietate, compulsis ad reverentiam nominis gentibus remotissimis, cunctisque summa providentia et virtute domi forisque compositis Franciscus Vicecomes d'Aubusson Dux de la Feuillade, ex Franciæ paribus et tribunis equitum unus ad memoriam posteritatis sempiternam P. D. C. 1686.

Domitis hostibus,

**) Rien ne peint mieux l'impression que la présence du Roi faisoit dans les esprits, que ce qui arriva à Heuri-Jules de Bourbon, fils du grand Condé, Il étoit sujet à des vapeurs, que, dans tout autre, qu'un prince, on auroit appellé folie. Il s'imaginoit quelques fois être transformé en chien, et aboyoit alors de toutes ses forces. Il fut un jour saisi d'un de ces accès dans la chambre du Roi. La présence du Monarque imposa à la folie, sans la détruire. Le malade se retira vers la fenêtre et mettant la tête de hors, étouffa sa voix le plus qu'il put, en faisant toutes les grimace, de l'aboyement.

Faut-il s'étonner qu'au milieu d'une cour d'empoisonneurs Louis ait pu tomber dans un délire d'amour propre et d'adoration de lui-même? Les maladies seules pouvoient lui rappeller qu'il étoit un homme. Il ne concevoit pas qu'on put séparer l'état de sa personne; on ne lui avoit pas appris que, pour accoûtumer les sujets à confondre ces deux idées, le prince ne doit jamais séparer leur intérêt du sien. Louvois, en inspirant à Louis XIV un esprit de conquête, lui avoit persuadé, qu'il pouvoit disposer des biens et du sang de ses peuples. Delà sortirent ces armées immenses, qui forcèrent ños ennemis d'en opposer de pareilles, mal qui s'est étendu et qui continue de miner la population de l'Europe. J'ai observé dans ma jeunesse, que ceux qui avoient le plus vécu sous son règne, lui étoient le moins favorables. Ces impressions se sont effacées à mesure que les malheureux qui gémissoient sous lui, ont disparu. Mais comme il subsiste des monumens de sa gloire, son règne sera toujours une époque remarquable dans les fastes de la monarchie.

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CHARLES

MONTESQUIEU.

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HARLES DE SECONDAT, BARON DE LA BREDE ET DE MONTESQUIEU, einer der denkendsten Köpfe Frankreichs, stammte aus einer alten in Guienne einheimischen Familie, und wurde 1689 auf dem Schlosse Brede bei Bourdeaux geboren. Die Früchte der sorgfältigen Erziehung, die er von seinem Vater genofs, zeigten sich früh. Schon in seinem 20sten, Jahre soll der Jüngling den Plan zu seinem unsterblichen Esprit des loix entworfen und die Materialien dazu zu sammeln angefangen haben. 1714 wurde er Rath im Parlement von Bourdeaux und 1716 Président à Mortier *) desselben. In den

*) Die Französischen Parlementer waren in verschiedene Kammern getheilt. La grand' chambre hiefs der Ort, wo sich das ganze Parlement versammelte, der König seinen Gerichtshof (lit de justice) hielt, und die Gesetze einregistrirt wurden. Der Präsident dieser grand chambre wurde Président à Mortier genannt. Mortier nämlich hat unter mehreren Bedeutungen auch die einer Mütze von schwarzem Sammt mit einer breiten goldenen Tresse besetzt, dergleichen gedachter Präsident bei feierlichen Gelegenheiten zu tragen pflegte.

Augenblicken von Mufse, die ihm seine Amtsgeschäfte erlaub ten, schrieb er auf seinem Landgute die berühmten lettres Persanes, die er 1721 herausgab. Ein seelenvolles Gemälde von den Schwächen und Lächerlichkeiten der Franzosen, angeblich von einigen reisenden Persern entworfen. „Dans cette espèce de tableau mouvant, sagt d'Alembert in seiner vortrefflichen Denkschrift auf Montesquieu *), Usbek expose avec autant de légèreté que d'énergie, ce qui a le plus frappé parmi nous ses yeux pénétrans; notre habitude de traiter sérieusement les choses les plus futiles, et de tourner les plus importantes en plaisanterie; nos conversations si bruyantes et si frivoles; notre ennui dans le sein du plaisir même; nos préjugés et nos actions en contradiction continuelle avec nos lumières; tant d'amour pour la gloire joint à tant de respect pour l'idole de la faveur; nos courtisans si rampans et si vains; notre politesse extérieure et notre mépris réel pour les étrangers, ou notre prédilection affectée pour eux; la bizarrerie de nos goûts, qui n'a rien au dessous d'elle que l'empressement de toute l'Europe à les adopter; nos disputes littéraires si vives et si inutiles; notre fureur d'écrire avant que de penser et de juger avant que de connoître." Die Schönheit des Stils, die Lebhaftigkeit der Darstellung, der durchaus herrschende feine Beobachtungsgeist und die Leichtigkeit, mit der die tiefsten Gegenstände abgehandelt sind, verschafften den lettres Persanes **) die günstigste Aufnahme und würden ihrem Verfasser sogleich die Pforten der Französischen Akademie geöffnet haben, wenn sich nicht der Kardinal Fleuri seiner Aufnahme widersetzt hätte. Dieser Prälat war nämlich von einigen Eiferern auf verschiedene Stellen der Briefe aufmerksam gemacht worden, in welchen ihr Verfasser nicht allzu

*) Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, Tome II; auch vor dem fünften Bande der Encyklopädie. **) Obgleich die unten abgedruckten Briefe an und für sich schätzbar sind, so muss doch bemerkt werden, dafs ihr Werth noch um vieles erhöht wird, wenn man sie in Verbindung mit den übrigen liest. Denn die lettres Persanes machen einen kleinen Roman aus, worin die interessirten Personen durch ein gemeinschaftliches Band verbunden sind. Man hat gegenwärtig eine gute Deutsche Übersetzung dieser Briefe, welche unter dem Titel erschienen ist: Persische Briefe aus dem Französischen übersetzt und mit Erläuterun. gen versehen von C. A. Michaelis, istes Bändchen, Lands- « hut 1805.

günstig über die Dogmen und Diener der katholischen Kirche urtheilt, z. B. wenn er den Pabst une vieille idole qu'on encense, par habitude nennt. Man sagt, Montesquieu habe, um den Kardinal zu beruhigen, eine Ausgabe der Briefe veranstaltet, aus der er die anstöfsigen Stellen weggelassen. Hiem durch, vorzüglich aber durch die Verwendung seines Freun des, des Marschalls d'Estrées, damaligen Direktors der Akademie, gelang es ihm, Mitglied einer Gesellschaft zu werden, von der er in seinen Briefen nicht auf das glimpflichste urtheilt. Da er durch seinen Esprit des loix auch dem Auslande nützlich werden wollte, so mufste er sich gründlicho Einsichten in die Gesetze und Verfassungen der kultivirben Europäischen Staaten zu erwerben suchen; und da dies nicht besser und kürzer geschehen konnte, als durch persönlichen Umgang mit den grössten Männern seiner Zeit, so legte er seine Ämter nieder und begab sich auf Reisen. Er sah Deutschland, Ungarn, Italien, die Schweiz, die vereinigten Niederlande und England. Ueberall wurde der Verfasser der lettres Persanes mit ausgezeichneter Achtung aufgenommen, besonders in England, wo er sich zwei Jahre aufhielt. Er fand, sagt d'Alembert, que l'Allemagne étoit faite pour y voyager, l'Italie pour y séjourner, l'Angleterre pour y penser et la France pour y vivre, Nach seiner Rückkehr legte er auf seinem Schlosse Brede die letzte Hand an sein Werk sur la cause de la grandeur et de la décadence des Romains, welches 1743 erschien und eine Römische Geschichte zum Gebrauch des Staatsmanns und Philosophen genannt werden kann, Er findet die Ursachen von der Gröfse der Römer hauptsächlich in ihrer Liebe zur Freiheit, zum Vaterlande und zur Arbeit; in den bürgerlichen Unruhen der frühern Zeiten, wodurch ihr Geist Spannkraft erhielt; in der Strenge ihrer Kriegszucht; in dem Schutz, den sie den Völkern gegen ihre Könige angedeihen liefsen; in ihrem Grundsatz, nur nach einem Siege Frieden zu schliefsen; in ihrer Politik, die Religion und die Gebräuche der besiegten Nationen unangetastet zu lassen: und die Ursachen ihres Verfalls in der Vergröfserung ihres Staats, wodurch die Volkstumulte in bürgerliche Kriege ausarteten; in den langwierigen, fern von Rom geführten, Kriegen, welche zu einer Erkaltung der Vaterlandsliebe Anlafs gaben; in der freigebigen Ertheilung des Bürgerrechts, wodurch das Römische Volk zu einem vielköpfigen Ungeheuer wurde; in dem durch den Asiatischen Luxus erzeugten Sitten

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