Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][graphic]
[blocks in formation]

Les bouches du Cattaro. Dessin de A. de Bar, gravure de Langeval.

SELIM ET LAZARE.

On sait qu'à l'Ecole centrale, pépinière de nos ingénieurs civils, les élèves étrangers sont admis.

En 1857, par suite de circonstances qu'il serait superflu de relater ici, je me liai avec deux jeunes centraux, originaires, l'un du Monténégro, l'autre de la Turquie.

Ce dernier, doux et timide comme une jeune fille, avait les traits, le teint, les yeux de son pays, mais des habitudes tout à fait européennes. A le voir porter notre costume avec aisance et parler sans accent notre langue, jamais on n'aurait dit que ce fût un Turc. Il ne conservait, de son éducation première, qu'un peu

(1) La reproduction est autorisée pour les journaux ayant traité avec la Société des gens de lettres.

MARS 1876.

d'indolence et de gravité. Il parlait peu : La parole est d'argent, mais le silence est d'or. Sa pâleur bistrée, son air languissant, certains accès de toux donnaient à craindre que notre climat ne lui devint fatal. Pauvre Sélim! Il avait la mélancolie, la bonté, la beauté, le regard de ceux qui doivent mourir jeunes. En somme, un charmant garçon de vingt ans.

Tel était aussi l'âge du Monténégrin; mais quel contraste en toute autre chose! Grand, nerveux, vigoureux, le front bombé, le profil aquilin, la moustache déjà terrible, il promettait de ressembler à ces indomptables highlanders de l'Orient qui, depuis des siècles, tiennent en échec la puissance ottomane.

[ocr errors][merged small]

Lorsque je les présentai l'un à l'autre, les yeux de Lazare il se nommait ainsi s'enflammèrent tout à coup Il eut comme une fougueuse velléité de bondir sur Sélim.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

J'intervins, leur parlant, les regardant tour à tour. Mon jeune Osmanli n'avait pas bronché. Il se reculait, un peu plus pàle, la tête haute, et comme cherchant une arme à sa ceinture. S'il était plus faible, il n'était pas moins courageux que Lazare.

Celui-ci, spontanément, lui tendit la main :

Pardon! je me croyais là-bas, parmi nos rochers. Ilaine de race, haine éternelle!

Pourquoi? répliqua doucement Sélim. Ne voyonsnous pas les Français et les Anglais devenir amis? Entre quels peuples a-t-il coulé plus de sang? S'il est écrit que nous nous réconcilierons à notre tour, Dieu n'aura qu'à sourire.

- Décidément, conclut l'autre, vous valez mieux que moi, vous... mais vous seul !

Et désormais ce fut entre nous trois une cordiale intimité. J'avais contraint Lazare à m'expliquer les causes de son ressentiment, voici sa réponse:

Mais nous sommes toujours en guerre, et cela depuis l'époque héroïque. Mes ancêtres étaient à Nicopolis, à Démotika, à Kossovo... dernier champ de bataille où succomba notre nationalité.

La nationalité serbe, n'est-ce pas?

Oui; nous sommes Serbes de race et Grecs de religion. Comme tels, deux fois les ennemis du croissant. Après la prise de Constantinople, lorsque le flot envahisseur s'étendit jusqu'à l'Adriatique, jusqu'au Danube, sans cesse on nous a vus combattre à l'avantgarde de ceux qui se dévouaient pour lui barrer le passage et le refouler en Asie. L'Europe, rebutée par l'insuccès des croisades, se détournait de l'Orient. Plus de secours; aucun appui! Quelques alliances passagères avec Venise, avec l'Autriche, avec la Russie. Nous secondions des ingrats, qui, dans leurs traités de paix, oubliaient toujours le Monténégro. Seuls, nous ne nous sommes jamais abandonnés. Vainement l'éternel ennemi, n'ayant plus d'autres adversaires, concentrait sur nous tous ses efforts: efforts furieux, rage impuissante, et qui se brisait contre les escarpements qui nous entourent. Une forteresse; des Thermopyles, où Léonidas et ses Spartiates se retrouveront toujours. Ah! si vous aviez le temps de regarder, quel spectacle! Tout un peuple, des millions de turbans contre une poignée de héros... et qui leur résistent, et qui les bravent, appelant sans cesse à la révolte leurs frères de l'Herzégovine et de la Bosnie. Des opprimés, des martyrs, ceux-là! Jamais vaincus n'ont subi de pareilles lois. Nous sommes leur refuge et leur espoir; ils savent que c'est de notre montagne que partira le signal -de la délivrance!

Cependant, observai-je, vous avez dû traverser de rudes épreuves?

Mais, répondit-il, nous en sommes toujours sortis plus résolus et plus fiers. Trois ou quatre fois, par surprise ou par trahison, les hordes musulmanes portèrent jusque dans nos vallées l'incendie et le carnage, mais la vengeance ne tarda guère. Demandez ce que devinrent les bataillons de Soliman-Pacha, ceux du séraskir Abdul, les vingt mille combattants que commandait, en 1739, le vizir Mohammed, on vous montrera leurs tombeaux. La Montagne noire dévore les armées turques. A leur approche, pas un Monténégrin qui ne se transforme en soldat. Les vieillards, les enfants, les femmes, les pierres elles-mêmes se lèveraient au besoin pour défendre notre indépendance. Un acharnement sans trêve ni miséricorde. Après chaque vic

toire, que de vides dans nos rangs! Les proscrits d'alentour les remplissent. Aujourd'hui des Uscoques, abandonnant la mer où votre civilisation ne tolère plus les pirates. Demain, des Klephtes ou des Palikares, outlaws chassés des bois. Interrogez Sélim, il vous dira peut-être de nous tous : « Ce sont des bandits, ce sont des sauvages!»>

Je n'y manquai pas; notre jeune Ottoman me répondit :

- Hélas! nous ne valons pas mieux les uns que les autres. Mais ces mœurs féroces ne tarderont plus à s'adoucir. Nous venons chez vous, et quelques-uns dans le but de s'instruire. J'en atteste à cette école la présence de Lazare... et la mienne.

Sélim n'y devait pas rester. Dès les premiers froids, son mal s'aggrava. L'étude, malgré des efforts de volonté, lui devint impossible. Un des princes de la science, notre regretté docteur Trousseau, déclara qu'il ne serait sauvé que par un prompt retour au pays natal.

Je revois nos adieux, son visage amaigri, sa pâleur, ses yeux entourés d'un cercle bleuâtre et qui semblaient encore plus grands, encore plus noirs, leur affectueuse expression, le triste sourire qu'il avait aux lèvres.

Nous projetions un voyage pour nos vacances, me dit-il, et ce n'est pas ma faute si je pars le premier. Promets de venir me rejoindre... je tâcherai d'être guéri pour te faire un joyeux accueil.

Après avoir reçu cet engagement, il se retourna vers notre compagnon et lui dit :

- Lazare, je n'ose pas vous inviter à venir à Constantinople; mais, s'il m'était permis de vous être utile un jour, soit à vous, soit aux vôtres, n'oubliez pas qu'il y aura vers le Bosphore un Turc qui ne sera jamais votre ennemi.

L'express allait partir, à peine eurent-ils le temps de se serrer la main.

Quand je me retournai vers Lazare, sa physionomie expressive attesta qu'il n'était pas moins ému que moimême. Il essuyait une larme; il murmurait, à l'adresse de l'ami dont nous venions d'être séparés : - Un brave cœur, quoique Turc!

II. - LA LETTRE DU VLADIKA.

Lazare, ardent et tenace au travail, y consacrait la plupart de ses nuits. « Un rude piocheur ! » disaient les camarades. J'avais voulu le modérer; cette explication s'en était suivie :

- Eh! ce n'est pas dans une ambition personnelle que je veux acquérir la science; c'est pour mon pays, pour ma peuplade. Sur les soixante mille braves qui la composent, il n'y en a pas une centaine qui sachent lire. Je serai le premier ingénieur de la Montagne noire, et Dieu sait qu'elle en a besoin. Elle est telle à peu près qu'au lendemain de la convulsion terrestre qui l'enfanta. On s'est cotisé pour que je vienne ici; il a même fallu, tant nous sommes pauvres, que le vladika parfit la somme.

Le vladika?

C'est notre évêque. Un saint homme, et très-savant. Il a fait ses classes dans un monastère russe. C'est à lui que je dois de parler français, toute mon instruction. Oh! je serai digne de l'espoir qu'il a mis en moi.

A quelque temps de là, nous remarquâmes que le

[blocks in formation]

Sur ta nourriture?

. Oui.
Pourquoi?

- C'est mon secret.

Refuserais-tu de le confier à moi, ton ami?

Au fait, reprit-il après une courte hésitation, tu me comprendras... Tu seras discret? Ecoute.

Ce préambule surexcitait ma curiosité. Je pris place sur un coin de la table, en offrant une cigarette à Lazare, qui, nous l'avions également constaté, ne fumait presque plus.

Il enfourcha sa chaise de paille, et ce fut à peu près en ces termes qu'il commença :

Deux années d'études préparatoires, plus celle-ci, notre première de Centrale, cela fera trois... trois ans que j'aurai quitté la maison, la famille. Et j'en devrais passer encore autant sans les revoir? Non! Tu sais, les montagnards sont enclins à ces fièvres-là... C'est le mal du pays.

Rien de plus naturel, m'écriai-je, et de plus honorable. Mais nous avons deux mois de vacances...

Tu en parles à ton aise, répliqua-t-il, toi, dont les parents sont riches. Je ne veux pas demander aux miens l'argent du voyage. Je me prive pour le gagner.

Aux dépens de ton estomac. Toi, Lazare, qui as si grand appétit...

-Bah! conclut-il, j'ai surtout de grandes jambes, et si l'épargne est insuffisante, elles me porteront jusque-là. Sept ou huit cents lieues!... Juste le temps d'aller et de venir... Mais j'aurai gravi la montagne, embrassé les parents, les amis. Ce sera toute une nouvelle provision de patience et de courage.

Lazare s'attendrissait. Rien de touchant comme l'émotion de ce jeune Porthos, qui refoulait dans sa gorge des sanglots d'enfant.

On a deviné que déjà j'offrais ma bourse.

Halte-là! m'interrompit-il en se redressant avec fierté, je suis de ceux qui n'acceptent rien que d'euxmêmes.

Et, malgré mes efforts d'éloquence, il s'obstina dans sa vie d'isolement, de travail et de privations.

Certain jour de congé, dès le matin, je le vis arriver tout triomphant, tout joyeux.

-Allons déjeuner! me dit-il; c'est moi qui t'invite. Un bon déjeuner... mais hors la ville, en plein air, avec de la viande et du bon vin!... Il était temps, je crevais d'inanition.

[blocks in formation]
[ocr errors]

Et, m'entraînant, il montrait, dans un sourire, ses dents aiguës et blanches comme celles d'un jeune loup. Comme bien on pense, je ne le fis pas attendre. Je voulus même prendre une voiture; mais il refusa, alléguant qu'à pied nous irions plus vite.

Effectivement, j'avais peine à le suivre, lorsque, fort à propos, l'horloge de la gare de la Bastille me rappela l'heure d'un train dont nous pouvions encore profiter. Lazare daigna reconnaître la puissance de la vapeur; en moins de dix minutes nous serions au bois de Vincennes.

A peine installé dans le wagon, j'ouvris la lettre. Elle était en français, d'une belle écriture, bien qu'un peu tremblée. J'en fis la remarque.

Parbleu! dit mon compagnon, le vladika doit avoir plus de quatre-vingts ans... Ah! le digne homme!

<«< Mon cher enfant, écrivait l'évêque, nous avons appris avec joie ton assiduité, tes succès. Persévère, et tu réaliseras ma promesse que le pays pouvait compter sur toi.

«Il te doit un encouragement, une récompense. Je suis heureux que mes anciennes relations me permettent de te l'offrir, sans qu'il soit besoin de grever notre pauvre petit budget monténégrin.

« L'ambassade russe de Paris tient à ta disposition la somme de mille roubles.

J'y mets pourtant cette condition que, lors du classement par lequel chaque année scolaire se termine, ton nom figurera parmi les dix premiers.

« Ceci n'est qu'entre nous; je te sais trop loyal pour recevoir ce que tu n'aurais pas mérité.

« Tu le mériteras d'autant plus que je t'annonce, comme stimulant, une bonne nouvelle.

«Ta sœur Militza se marie... >>

[blocks in formation]

Puis, avec une poétique exaltation dans la voix et le regard:

Chez nous, poursuivit-il, l'amour fraternel est le premier de tous les amours!... Le premier, d'abord, comme étant le plus ancien... Il est né dès le berceau, qui souvent fut le même... Premiers pas, premiers jeux, premières émotions, tout vous fut commun... y compris les plus chers souvenirs... On n'a pas de secret l'un pour l'autre... Entre fiancés, entre époux, des tiraillements, de la jalousie, mainte occasion de désaccord... Rien de pareil entre frère et sœur. La sœur est la meilleure amie... C'est parfois la mère, avec le charme de l'innocence, de la jeunesse... Telle fut pour moi Militza... Mais continuez la lettre...

«Ta sœur Militza se marie... Elle épouse GeorgeNovak, ton ami, ton frère d'armes... Je ne leur dis rien... Grâce aux mille roubles, tu pourras les surprendre, soit au lendemain, soit à la veille du mariage, qui doit avoir lieu dans les premiers jours de sep

tembre. >>

[blocks in formation]

t'attendre... ou, pour mieux dire, t'espérer: moi et la personne de qui m'est venue cette inspiration... Devine, si tu peux ! »

J'avais fini. Lazare resta pensif et comme cherchant à travers ses souvenirs le nom de l'énigme.

Il n'avait pas encore trouvé quand nous arrivàmes au restaurant. Le repas, dont il avait si grand besoin, lui fit oublier momentanément tout le reste.

A partir de ce jour, Lazare ne se restreignit plus, mais il redoubla d'ardeur au travail.

Le numéro 3, lors du classement de fin d'année, l'en récompensa.

Dès le lendemain, les mille roubles lui furent payés à l'ambassade russe, et nous partîmes.

Le Monténégro ne se trouve-t-il pas à la rigueur sur la route de Constantinople, où j'avais promis de rendre visite à Sélim?

Quant à Lazare, une folle impatience le dévorait, nonseulement de revoir son pays, mais encore de connaître le bon génie, ou plutôt la fée mystérieuse à laquelle il était redevable de ce bonheur.

[blocks in formation]

Je ne vous raconterai pas notre rapide voyage à travers les trois quarts de l'Europe. Sautons à pieds joints jusqu'au port de Trieste, où nous venons de nous embarquer sur un des paquebots du Lloyd qui font le service de l'Adriatique.

Quelle mer bleue! quel ciel bleu! quelle variété de types à bord! Des Hongrois, des Arméniens, des Illyriens, des Grecs avec le bonnet rouge et la veste pailletée sur toutes les coutures. C'est déjà l'Orient!...

Voici la Dalmatie, cette étroite langue de terre qui borde le littoral, et que pour un instant la France avait conquise. Soult et Marmont y gagnèrent leur titre de duc. Cette ville où nous allons toucher, c'est Raguse, autrefois république indépendante, et maintenant simple chef-lieu d'un cercle autrichien. Sic transit gloria mundi.

Tout le long de cette côte, on navigue à travers des archipels, dont les îles portent souvent un nom célèbre dans les annales de Venise. Entre elles s'élèvent des quantités d'ilots, des scogli, rochers presque arides où vit une famille de pêcheurs, comparables à des goëlands nichés sur un écueil.

Enfin, malgré le sirocco, malgré le bora, deux des plus terribles vents qui soient sortis de l'antre d'Eole, voisin de ces parages, nous approchons des bouches du Cattaro.

Lazare, qui s'était enfermé dans notre cabine, remonte sur le pont et s'avance vers moi, tout radieux d'orgueil et de plaisir il a revêtu son costume national, qui lui sied à merveille

Je m'empresse de le questionner relativement à chacune des pièces qui le composent

- Comment nommes-tu cette barrette écarlate à fond brodé d'or et qui, recouverte autour du front d'une bande de soie noire, coiffe si crânement ta tête altière?

[blocks in formation]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Lazare montrait ses longs pistolets damasquinés, ses divers couteaux, parmi lesquels le terrible kandjar à poignée d'ivoire.

Quant à la carabine albanaise, dont la crosse incrustée de nacre, il la portait en bandoulière.

J'appris encore que les sandales s'appelaient apankes, et strouka le manteau drapé sur son épaule, ainsi qu'un plaid d'Ecosse.

Sous cet attirail, quelque peu théâtral, Lazare était vraiment superbe.

Tout à coup, comme le paquebot doublait un promontoire, il me désigna dans l'éloignement une masse que surmontaient, à l'extrême horizon, quelques pics neigeux tout resplendissants de soleil.

Le Dormitor! dit-il, et, plus près, devant lui, le Monténégro... la Tzernagora...

[ocr errors]

Mais, observai-je, elle n'est que grise, ta Montagne-Noire...

-

Jadis, fut sa réponse, il y avait les sapins... souvent encore il y a les orages!...

Une poignante émotion l'oppressait. Sur sa joue bronzée une larme brilla.

Je me tus, respectant son patriotisme et, d'ailleurs, émerveillé par le magnifique spectacle qui se déroulait à mes regards.

Les bouches du Cattaro sont, en quelque sorte, une mer intérieure, formant çà et là de petites baies, des canaux, des golfes à l'eau transparente et profonde. Toutes les flottes réunies de l'Europe y manoeuvreraient à l'aise. Plus de vagues; un tel calme, qu'on pourrait se croire tantôt au milieu d'un fleuve, tantôt dans un de ces fiords des côtes norwégiennes, tantôt enfin sur un des plus beaux lacs de la Suisse.

De même, l'horizon se trouve borné par des remparts de rocs, des pics aigus, des crêtes chauves; mais sur ies premiers contre-forts des montagnes, à leurs pieds, s'étalent et chatoient toutes les richesses de la végétation méridionale : des citronniers, des orangers, des figuiers, force oliviers, quelques palmiers, le magnolia, le pin d'Italie et, jusque dans les landes incultes, un fouillis d'aloès, de cactus, de lentisques et de lauriers-roses.

Sur cette bande verte et fleurie, parfois d'une incomparable fraîcheur, s'égrènent, ainsi que les perles d'un collier défait, des hameaux, quelques bourgs, de riantes villas, des jardins et des terrasses qui, dans le cristal des eaux, se reflètent avec leurs chaudes couleurs ainsi que les rives d'un autre Bosphore.

A l'entrée, c'est Castel-Nuovo, une forteresse armée

en guerre... Plus loin, le premier village... je ne me ra pelle plus son nom, mais je vois encore ses maianettes blanches alignées au bord de la plage, avec es airs de flottille à l'ancre dans une rade. Au delà, eux îles charmantes, l'une surmontée d'un couvent grec, l'autre d'une chapelle catholique, révérée dans tout le pays: la Madone du Scapulaire. Puis la bourgade de Stolivo, avec ses agrestes chaumières en amphithéâtre et son joli clocher qui pointe au milieu des bois. Puis Tré-Sorellé, trois pareilles habitations, les Trois-Sœurs, Risano, Dobrota. Nous côtoyons la lisière d'une forêt. Nous doublons de pittoresques rochers.

[merged small][ocr errors][merged small]
[graphic][subsumed][merged small]

A peine le paquebot fut-il amarré, que les portefaix l'envahirent.

Etonné de leurs étranges allures, j'y regardai de plus près... c'étaient des femmes.

Sur toute cette côte illyrienne ou dalmate, j'en avais déjà fait la remarque, l'homme, seigneur et maître, impose à la femme, son humble servante, les plus rudes travaux. Dans tous les ports où nous avions fait escale, des porteurs du beau sexe avaient embarqué les sacs de charbon. Plus tard, sur le chemin des grèves, nous avions aperçu quelques petites caravanes de famille, à savoir: l'àne, ayant son fardeau; la femme, à peu près chargée de même; un enfant, portant ce

LANGEVAR

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors]
« PreviousContinue »