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Accident sur le pont Saint-Ange. Dessin de Taluet, gravure de Léveillé.

ostiense. Cette substitution se reproduisit plusieurs fois plus tard, pour la même cause: lo straripamento del Tevere.

14 JUBILE.

Il tomba en 1650, sous Innocent X. La fameuse belle-sœur de ce pontife, donna Olympia, y joua un rôle et présida à ses dispositions les plus importantes. La guerre entre la France et l'Espagne l'entrava considérablement.

15 JUBILE.

Comme les sept précédents, il eut lieu régulièrement au bout de vingt-cinq ans, en 1675, Clément X étant sur le trône,

La reine Christine de Suède, qui s'était établie à Rome après avoir abjuré le protestantisme, les dues de Brunswick, de Baden et d'autres personnages de haut lignage y assistèrent. Un million quatre cent mille pèlerins y vinrent.

Pour engager les fidèles à effectuer le voyage de la ville éternelle, Clément X avait particulièrement facilité l'obtention des indulgences.

16 JUBILE.

Ouvert en 1699 par Innocent XII et fermé en 1700 par Clément XI.

Ce n'était pas la première fois qu'un conclave avait lieu pendant l'anno santo.

Côme III, grand-duc de Toscane; le duc de Parme

et Plaisance, la veuve de Jean Sobieski, roi de Pologne; Marie Casimir, et ses fils Alexandre et Costantin, se montrèrent à ce jubilé qui attira près de quatre cent mille pèlerins, et vers la fin duquel la basilique de Sainte-Marie in Transtevere fut de nouveau substituée à la basilique ostiense, à cause d'une inondation du Tibre.

Notons incidemment que le jubilé séculaire, c'était le cas de celui de l'an 1700, était réputé plus saint que les autres.

17o JUBILE.

Benoît XIII le célébra en 1725. Nous relevons qu'après l'avoir intimé, Sa Sainteté commanda au cardinal grand pénitencier d'inviter, par un édit ad hoc, les apostats et les déserteurs des monastères d'hommes et de femmes, qui, paraît-il, étaient alors très-nombreux, à profiter de l'anno santo pour rentrer dans leurs couvents, où leurs supérieurs les recevraient avec charité.

On promena pompeusement, au milieu de ce jubilé, trois cent soixante esclaves de diverses nations, rachetés à Tunis par les pères della Mercede, moyennant 90 122 écus.

On y vit de plus une solennité fort rare le couronnement d'un poëte au Capitole.

Depuis Pétrarque, couronné en 1341, les Romains n'avaient pas assisté à pareille fête.

Ce fut l'improvisateur Bernardino Perfetti, un Siennois, très-protégé par la grande-duchesse de Toscane, qui out l'honneur de recevoir la couronne de laurier des mains du sénateur de Rome, lequel était en ce temps Mario Frangipane.

La cérémonie eut lieu le 23 mai, avec un magnifique apparat.

Il est resté peu de chose des improvisations de Perfetti.

Un concile des évêques d'Italie qui s'occupa de la discipline ecclésiastique, la canonisation de plusieurs saints, contribuèrent à donner un lustre particulier au jubilé de 1723,

On y compta environ deux cent mille pèlerins.

18e JUBILE.

Célébré par Benoît XIV en 1750. La cour de France

refusa d'abord d'accepter sa bulle d'indiction, parce que le roi Louis XV n'y était pas nommé, tandis que les noms de l'empereur d'Allemagne s'y trouvaient tout au long.

A l'imitation de Benoît XIII, Benoît XIV, par sa bulle Pastoris, accorda aux religieuses et aux religieux apostats huit mois pour rentrer dans les couvents désertés par eux.

Affluence assez grande de pèlerins.

19 JUBILE.

Annoncé par Clément XIV (Ganganelli), il eut lieu sous Pie VI en 1773.

Ce pape y célébra les solennités de son exaltation.

20e JUBILÉ.

Les événements qui se succédèrent en Italie après la Révolution ayant empêché la célébration de l'anno santo séculaire en 1800, le 20 jubilé n'eut lieu qu'en 18-3, sous le pontificat de Léon XII.

Le roi des Deux-Siciles, François Ier; Marie- Elisabeth, infante d'Espagne; Marie-Thérèse, veuve de Victor-Emmanuel Ier, roi de Sardaigne; Marie-Christine, reine de Naples; Marie-Caroline-Pie, future impératrice d'Autriche; Charles-Louis, duc de Luc, etc., et quatre cent mille pèlerins y vinrent. La reine MarieThérèse y reçut la rose d'or.

Pendant toute sa durée le saint-père s'employa activement à débarrasser les provinces de l'Eglise des brigands qui y trònaient et spécialement des bandes du fameux Gasparrone (1).

Le 21° jubilé aurait été célébré en 1850 sans la révolution romaine. Sans les événements de 1870, sans l'annexion de la ville éternelle, Pie IX l'aurait certainement intimé pour 1875. Au lieu de cela, il a prescrit un jubilé qui, n'ayant eu ni ouverture, ni clôture solennelle, ni portes saintes, ni rien de ce qui caractérise vraiment les grands jubilés, ne doit pas être classé comme anno santo, mais comme jubilé extraordinaire.

Le 21 jubilé est donc encore à venir; on ne peut guère l'attendre maintenant que pour l'an 1900. ARMAND DUBARRY.

CHRONIQUE.

HISTOIRE DU MOIS.

Tous les yeux sont tournés vers la Serbie, les Balkans, le Monténégro et la Grèce; le prince Milan est en campagne : les Serbes veulent relever le royaume de Serbie, détruit par les Turcs en 1389, après la célèbre bataille de Kossovo. Jusqu'à l'heure où nous écrivons, les chances de la guerre semblent tourner contre les Serbes; ils avaient compté sur l'appui de la Roumanie, sur un nouveau soulèvement des Bulgares et une prise d'armes de la Grèce; aucune de ces prévisions ne s'est réalisée; le Monténégro seul est entré dans la lice, et les guerriers de la Montague-Noire sont sortis pour envahir les frontières de la Turquie. C'est une diversion, sans doute, mais si nous consul

tons l'excellent ouvrage de MM. Frilley et Wlahovitj 2, nous doutons qu'elle soit suffisante. La Montagne-Noire peut mettre sur pied dix mille combattants, hommes intrépides, marcheurs et tireurs admirables, défenseurs invincibles des vallées profondes qu'ils habitent; mais, hors des rochers qu'ils connaissent si bien et en plaine, que feront-ils? Ne ressembleront-ils pas à ces soldats de don Carlos qui n'ont jamais pu descendre de leurs roches escarpées et sur un terrain plat pour suivre leur victoire? Quant à la Grèce, dont le roi et la

(1) Voir nos Études sur le brigandage en Italie. (2) Le Monténégro contemporain, 1 vol. Plon et Ce.

reine parcourent l'Europe, rien ne fait croire qu'elle veuille prendre part à la lutte. Que ce petit royaume poursuive paisiblement ses destinées, il est bien assuré, dans l'inévitable démembrement de l'empire turc, d'acquérir les provinces qu'il convoite. Qu'il se moralise et s'instruise, là est la grande tâche qu'il a à remplir pour reprendre dans le monde une place à laquelle la mémoire et le génie de ses ancêtres le convient.

Du passé, d'ailleurs, malgré les spirituelles moqueries de M. About, elle semble n'avoir pas tout perdu; elle a conservé, par-ci par-là, de rustiques rapsodes dont les improvisations poétiques mériteraient encore les applaudissements d'Horace. Ecoutez plutôt ces vers d'un ménétrier, le vieux Kouzourdou, que M. G. d'Orcet a traduits. Il se trouvait avec sa fille à une petite fète, et voici par quels vers empreints d'une gràce antique ce poëte salua la présence de la belle étrangère :

Amis, de ce bon vin qu'on emplisse mon verrel Je le vide en l'honneur de la fille du Franc, De l'or de ses cheveux, de son teint rose et blanc. Est-il bleu, notre ciel? Je le croyais naguère; En est-il de plus bleu que le ciel de Cypris? Mais depuis que j'ai vu les yeux de l'étrangère, O mon céleste azur, que tu me parais gris! Anacréon ou Théocrite auraient-ils trouvé une improvisation plus charmante, et, parmi nos poëtes, en est-il beaucoup qui eussent rencontré une inspiration aussi heureuse, un aussi gracieux compliment de bienvenue. En lisant ces vers du rustique Kouzourdou, ne se prend-on pas à espérer le réveil de la Grèce et de ces muses sacrées qui ont été et qui sont encore les délices du monde?

Mais, pendant que l'on chante sur les bords de l'Eurotas, on s'égorge dans les Balkans, et, pour faciliter les recherches de ceux de nos lecteurs qui suivent la marche des armées, nous avons eru leur être agréable en publiant une carte du théâtre de la guerre. Nous | devons leur signaler une difficulté qui se rencontre toujours dans les descriptions géographiques de ces contrées. Les noms des villages, des bourgs, des rivières, varient; les Turcs et les Serbes les nomment d'une façon différente; c'est une source de mécomptes et d'erreurs qu'il est impossible d'éviter, à moins d'écrire à côté de chaque localité sa double appellation, ce que ne nous permettait pas la dimension obligée de notre carte. Nous désirons très-vivement que ce travail ne soit pas trop longtemps consulté par nos abonnés, et que la paix règne sur l'Europe entière. Elle a bien autre chose à faire que de se battre !

Pendant que là-bas on se tue, la France, rend de glorieux honneurs à ceux qui l'ont honorée. Il y a quelque temps Rouen fêtait Boieldieu; Nimes, le poëte Reboul; dans peu de jours ce sera Dijon qui célébrera le centenaire de Rameau; aujourd'hui on inaugure un monument pour perpétuer à Véretz la mémoire d'un des écrivains les plus remarquables de notre siècle naissant. Après Pascal, avec lequel pas un pamphlétaire ne peut être comparé, Paul Louis Courier est un des maîtres de la satire en prose. Erudit profond, helléniste savant, il s'était créé une langue toute pleine du génie de la renaissance, et a laissé des pages qui feront l'admiration et le désespoir des écrivains essayant de marcher sur ses traces.

Fils d'un bourgeois riche et lettré, Paul-Louis Courier est né à Paris en 1773; son enfance se passa en Touraine, où sa famille était venue chercher un refuge contre

la vengeance d'un grand seigneur. Son père le destinait à la carrière du génie, ses premières études de l'enfance furent done tournées vers l'étude des mathématiques; mais, de bonne heure, il témoigna ses préférences pour les historiens et les poëtes; cependant, électrisé par la Révolution et voulant concourir à la défense de la patrie menacée, il entra à l'école d'artillerie de Châlons, d'ou il sortit officier en 1793.

Il possédait quelques-unes des grandes qualités militaires, la bravoure, le sang-froid, le don du commandement, mais il lui en manquait d'indispensables; il n'avait point l'amour du métier; il était d'humeur indépendante, indisciplinable et frondeuse. Il admira le génie militaire de Bonaparte, mais quand le vainqueur de l'Italie se fit consul, Paul-Louis Courier se moquait ouvertement des niaises adulations dont de serviles généraux accablaient le maître nouveau. Ecoutons-le :

« Je déjeunais chez mon camarade Duroc (1), logé en ce temps-là, mais depuis peu, notez, dans une vieille maison (2) fort laide, selon moi, entre cour et jardin, où il occupait le rez-de-chaussée. Nous étions à table plusieurs, joyeux, en devoir de bien faire, quand tout à coup arrive, et sans être annoncé, notre camarade Bonaparte, nouveau propriétaire de la vieille maison, habitant le premier étage. Il venait en voisin, et cette bonhomie nous étonna au point que pas un des convives ne savait ce qu'il faisait. On se lève, et chacun demandait : Qu'y a-t-il? Le héros nous fit rasseoir. Il n'était pas de ces camarades à qui l'on peut dire Mets-toi et mange avec nous. Cela eût été bon avant l'acquisition de la vieille maison. Debout à nous regarder et ne sachant trop que dire, il allait et venait. Ce sont des artichauts dont vous déjeunez là?

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Ah, général! répond celui qui s'appelait alors Savary, vous êtes un grand homme; vous êtes inimitable!... >>

La scène n'est-elle pas digne de Molière?

Les militaires qui ont de l'esprit de cette sorte ne peuvent guère compter sur un rapide avancement; c'était d'ailleurs le dernier souci de Courier, se moquant des exigences du service pour fouiller les musées, les bibliothèques, et déchiffrer un inscription ou un manuscrit. C'est ainsi qu'il découvrit une page que l'on croyait à jamais perdue du charmant roman de Longus, Daphnis et Chloé, dont Amyot a donné une adorable traduction. A son tour, Courier traduisit le fragment reconquis avec une telle science et un tel bonheur, qu'il est impossible de le distinguer de l'œuvre d'Amyot lui-même, tant il a su prendre sa gracieuse bonhomie!

L'état militaire ne tarda point à lasser Courier. Après l'avoir quitté une première fois sans congé, au risque de se faire traiter en déserteur, il l'abandonna définitivement pour se livrer à l'étude de Xénophon et d'Hérodote, et bientôt, à côté de Coraï, il fut compté parmi les hellénistes les plus érudits. Mais il porta

(1) Devenu depuis grand maréchal du palais. (2) Les Tuileries.

(3) Depuis, duc de Rovigo.

parmi les savants le même esprit de moquerie qui lui avait fait tant d'ennemis dans les camps. Aussi, lorsqu'il eut l'idée fort légitime d'entrer à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, se vit-il repoussé par ceux dont il s'était impitoyablement raillé. Il s'en vengea par une lettre étincelante d'esprit, en racontant son échec, et le succès de concurrents qui ne possédaient point ses mérites.

« Ce qui me fàche le plus, dit-il, c'est que je vois s'accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon père « Tu ne seras jamais rien. » Jusqu'à présent je doutais (comme il y a toujours quelque chose d'obscur dans les oracles), je pensais qu'il pouvait avoir dit : Tu ne feras jamais rien, ce qui m'accommodait assez, et me semblait même d'un bon augure pour mon avan

cement dans le monde ; car en ne faisant rien, je pouvais parvenir à tout, et singulièrement à être de l'Académie; je m'abusais. Le bonhomme, sans doute, avait dit, et rarement il se trompa : Tu ne seras jamais rien, c'est-à-dire tu ne seras ni gendarme, ni rat-de-cave, ni espion, ni duc, ni laquais, ni académicien. Tu seras Paul-Louis pour tout potage, id est, rien. Terrible mot. >>

Mais c'est surtout comme écrivain politique, comme pamphlétaire, que Courier, « vigneron de la Chavanière, bûcheron de la forêt de Larçai, laboureur de la Filionière et de la Houssière », ainsi qu'il se plaisait à s'appeler, a conquis une place supérieure dans notre littérature, celle que Swift a méritée en Angleterre. C'est de la forme qu'il employait, et non des opinions

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dont il s'est fait le défenseur, dont nous entendons parler; celles-ci ne regardant point le Musée. Aussi bien, un homme qui a été lié avec Courier, M. E. Delecluze, a-t-il écrit dans ses mémoires : « Une passion absorbait chez lui toutes les autres celle d'écrire... Quand on l'a connu intimement, on a bien de la peine à croire que la composition de ses pamphlets lui ait été inspirée par la violence de ses opinions politiques... Rabelais était son Homère... Il est vraisemblable que l'ultra-royalisme de la Restauration ne lui servit que de prétexte pour s'exercer dans un genre de satires favorables à son talent: les Ménippées et les Proviniales. »

Quoi qu'il en soit, les écrits politiques de Paul-Louis sont des modèles achevés, et le Pamphlet des pamphlets,

un vrai chef-d'œuvre, dont pas un seul mot ne peut être ni changé ni retranché. Il est, en son genre, comparable aux plus belles pages des Petites Lettres es; c'est du Pascal où a passé le souffle du génie gaulois Railleur et faux bonhomme, il fait sourire, il subjugue, il entraîne, et trouve les accents de la plus haute éloquence, de cette éloquence de raison et de bon sens qui va droit au but. D'un caractère bizarre, quinteux, grincheux, mari peu commode, voisin processif, PaulLouis Courier mourut à l'âge de cinquante-deux ans; il fut assassiné près de sa maison de Véretz, le 10 avril 1825.

A. DE VILLENEUVE.

Le directeur gérant : CH. WALLUT.

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Le bouquet de cachimans. Dessin de A. de Bar, gravure de Trichon.
LE BOUQUET DE CACHIMANS.

XIX.
Les nouveaux amis dormirent l'un près de l'autre
sous la tente du Séminole. Grâce aux ordres tout-puis-
(1) Voir, pour les premières parties, les livraisons précéd.
SEPTEMBRE 1876.

sants d'Oskéola, les compagnons de Julien furent reçus en frères par les pauvres Mianis qui, il faut l'avouer, ne comprenaient pas du tout ce que des blancs pouvaient venir faire dans leurs marais, mais qui, sur la parole de leur chef vénéré, les regardèrent comme deux amis. QUARANTE-TROISIÈME VOLUME,

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