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Dans les eaux de Jersey, sous le fort du Cornet, l'Agile enlève en un clin d'oeil un corsaire anglais de douze canons, armé à Saint-Hélier, prend moins d'une heure après un gros transport de Plymouth, puis deux petits interlopes et enfin une galiote de Hambourg. Sur quoi, l'on rentre à bon port.

Beau métier, n'est-ce pas, mon petit Colibri? disait Talabardon; tu es sur notre rôle, tu y restes, je m'en charge; et tu auras part à nos cinq dernières prises comme aux autres. La misère n'est plus en fleur quand elle porte graines pareilles.

Loubet, trop heureux, servait Noëlle avec la plus

ardente vigilance. De son côté, elle le traitait en frère et le charmait en l'appelant son matelot. Entre eux, maître Talabardon était aux anges, devenait moins rude et se rendait d'autant plus cher à tous les gens du bord.

Tandis que Duguay-Trouin courait à de nouveaux succès, les quatorze prises, dont deux frégates, entrèrent toutes à Saint-Malo par un bon vent de nordouest. Chaque matelot du Coëlquen ou de l'Agile avait bien droit sur ce gros lot à mille écus de parts de prises. Quoique Loubet et Colibri ne fussent que simples mousses, il leur revenait sensiblement plus de moitié

de pareille somme, attendu les prises nouvelles faites par l'Agile seul.

Or, l'oncle Loubet ne pouvait manquer d'avoir con.. naissance de la bonne fortune de son neveu:

- Va-t'en sauver le magot, lui dit sa femme. - D'accord! mais la marine qui fait la part du roi et les armateurs qui règlent les comptes ne sont pas si pressés que nous. Sois calme, nous achetons pour le petit quelques bons arpents et, un jour venant, in'est avis que l'une ou l'autre de nos fillettes en profitera.

Il résulta des délais de l'oncle Loubet que l'Agile,

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Du Bocage laissait aux mains de Luc de La Barbinais une lettre de remerciments et d'éloges à l'adresse de son frère René Duguay, dont le post-scriptum était ainsi conçu :

« J'ai recueilli, le soir même, sur le lieu du combat, votre vaillant petit Colibri qui s'était lancé à l'eau pour vous prévenir du contre-abordage. C'est, d'aventure, le fils d'adoption de mon excellent Talabardon, bien connu de vous. Je le garde donc, avec votre agrément, pour leur satisfaction commune. »>

Très-peu de jours après, l'Agile enlevait à l'aborAOUT 1876.

dage un vaisseau de la Compagnie des Indes armé de quarante-six canons et chargé à Bombay de marchandises de grand prix.

Plusieurs autres captures furent le fruit de la même croisière. Les parts de prises de chacun se trouvèrent plus que triplées, ce que sut à merveille la tante Loubet.

- Mais va donc enfin à Saint-Malo, espèce de poltron! dit-elle à son mari; sans quoi, finalement tout nous passera sous le nez.

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LA CURIE ROMAINE.

LES JUBILES.

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Le jubilé, du moins celui qu'on nomme anno santo, est, comme tant d'autres cérémonies de la curie romaine, un produit du moyen âge, car le premier jubilé ne fut célébré que l'an 1300, par Boniface VIII; toutefois, on ne peut guère contester qu'il soit, dans l'espèce, une imitation de la célèbre coutume juive.

Chez le peuple hébreu, chaque cinquantième année était consacrée, selon les écrivains pharisaïques, à un pardon général, à une sorte de rénovation. Pendant ce laps de temps, qui arrivait régulièrement au bout de sept fois sept années, les esclaves, les captifs recouvraient leur liberté, les dettes étaient déclarées payées, les biens aliénés revenaient à leurs premiers propriétaires ou aux héritiers de ceux-ci, les haines cessaient, etc.

Cette grave coutume, sur l'authenticité de laquelle bien des auteurs élèvent des doutes, subsistait, en théorie, à l'époque de l'apostolat du Christ, l'Evangile nous le dit à chaque chapitre, mais il est peu probable qu'elle existât en pratique. On ne l'observa qu'après la mort de Jésus, dans les communions chrétiennes, durant les deux ou trois premiers siècles de l'Eglise, et en vertu des préceptes du divin Maître qui recommandaient à tous l'égalité, la fraternité, la charité, l'humilité, la pauvreté, l'oubli des injures et parfois le partage des biens.

La sainte coutume juive devenue coutume chrétienne disparut, comme tant d'autres excellentes choses, de l'Eglise primitive, puis un beau jour, en plein moyen âge, reparut sous la forme de jubilé.

Alors il ne fut point question d'abolition de dettes, d'affranchissement d'esclaves, de partages de biens, mais simplement de fondations de monastères, le dotations d'églises, de pèlerinages à des sanctuaires fameux, moyennant quoi on obtenait la rémission de ses péchés passés et des indulgences pour ses péchés à venir.

Les savants disputent sur l'étymologie du mot jubilė; les uns pensent qu'il vient de l'hébreu jobel, ou corne à bouquin, parce que la cinquantième année était annoncée, chez les Juifs, avec un instrument de ce genre; les autres affirment qu'il dérive de jobal, qui signifie rémission. Ceux-là sont peut-être dans le

vrai, puisque jubilé est aujourd'hui l'équivalent de ce dernier mot.

L'usage du jubilé n'était plus qu'une légende lorsque Boniface VIII le remit solennellement en vigueur, mù par les réclamations des vieillards, qui ne cessaient de lui représenter qu'autrefois les catholiques se rendaient tous les cent ans à Rome pour obtenir une absolution complète, et qu'il serait bon de rétablir ce pieux voyage à l'occasion de la fin du treizième siècle et du commencement du quatorzième.

Les réclamations des vieillards n'étaient fondées qu'à demi; en réalité, les fidèles pratiquants se rendaient souvent à Rome, qui possédait un grand nombre de corps de saints, de reliques, mais rien ne dit qu'ils y allaient plus particulièrement tous les cent ans.

Quoi qu'il en soit, Boniface VIII, s'appuyant sur cette tradition orale, annonça un jubilė universel, considéré comme le premier par les écrivains ecclésiastiques, qui eut lieu l'an 1300.

Voici le passage le plus important de la bulle d'indiction de ce jubilé :

« Nous avons relevé de relations de vieillards que ceux qui visitent tous les cent ans la basilique du prince des apôtres obtiennent de grands pardons et des indulgences pour leurs péchés. Désirant le salut de chacun et y travaillant volontiers, suivant notre devoir, nous ratifions tous les pardons spéciaux, toutes les indulgences, les confirmons, les approuvons et les renouvelons par la présente constitution. Et afin que les bienheureux Pierre et Paul reçoivent plus d'honneur par le plus grand nombre de fidèles qui visiteront leurs basiliques, nous avertissons lesdits fidèles qu'ils obtiendront une plus copieuse somme de faveurs spirituelles en visitant ces temples durant cette présente année 1300. Confiant dans la miséricorde de Dieu omnipotent, dans les mérites et le pouvoir des apôtres, d'après le conseil de nos frères, les cardinaux de la sainte Eglise, et dans la plénitude de la puissance apostolique, nous concédons non-seulement un large et entier, mais un absolu pardon de tous les péchés à ceux qui pendant cette année, à partir de la dernière fète de la Nativité de Notre-Seigneur JésusChrist, auront visité ou visiteront les lesdites basiliques, vraiment repentants et confessés ou qui se repentiront et se confesseront dans le courant de l'année, voulant qu'il en soit ainsi chaque centième année à venir. Nous décrétons en conséquence que ceux qui désireront mériter les indulgences par nous concédées, devront, s'ils sont Romains, visiter les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul pendant trente jours continus ou interpolés, visitant une basilique au moins par jour; s'ils sont étrangers, faire les mêmes visites pendant quinze jours. Déclarant que plus on visitera de basiliques avec dévotion, plus on aura de mérite et plus on gagnera d'indulgences. Que nul n'ose violer cette bulle de confirmation, d'approbation, de rénovation, de concession, de rémission. Donné à Rome près de Saint-Pierre, le 22 février, septième année de notre pontificat. »

Sauf quelques modifications de détails, par exemple la prescription de la visite de quatre basiliques au lieu de deux, c'est ainsi que les jubilés suivants furent annoncés.

Le jubilé durait un an, toute l'année ecclésiastique, d'une fête de Noël à l'autre. Il commençait aux vêpres de la Nativité, par l'ouverture de la porte sainte quand il y eut une porte sainte, et finissait douze mois après, également aux vêpres de Noël, par la fermeture de cette même porte. Il consistait en pratiques religieuses de toute sorte. Les souverains catholiques étaient invités nominativement à y assister.

Le jubilé universel, l'anno santo, n'avait rien de commun avec les jubilés extraordinaires que publiaient les papes à l'occasion de leur exaltation, d'un concile ou de tout autre événement mémorable, et qui consistaient aussi en visites d'églises, processions, etc. Ces jubilés-là avaient pour but d'implorer l'aide divine en faveur du saint-siége et du pontife; les jubilés universels, au contraire, visaient l'universalité des fidèles.

On compte vingt jubilés universels que nous passerons en revue en nous bornant à signaler les faits importants qui les distinguent particulièrement.

1er JUBILE.

Célébré l'an 1300 par Boniface VIII, il attira à Rome, suivant Guillaume Ventura, témoin oculaire, deux millions de pèlerins, parmi lesquels Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel, roi de France. Dante a parlé de ce jubilé au dix-huitième chant de son Enfer :

Come i Romani per l'esercito molto,

L'anno del giubbileo, su per lo ponte
Danno a passar la gente modo tolto:
Che dall' un lato tutti hanno la fronte

Verso 'l castello, e vanno a Santo Pietro, Dall' altra sponda vanno verso 'l monte. (Comme les Romains, à cause de la grande affluence qui encombra le pont Saint-Ange pendant le jubilé, décidèrent que tous ceux qui iraient à Saint-Pierre suivraient un des côtés et que ceux qui iraient sur la rive opposée, vers monte Giordano, suivraient l'autre.)

Les aumônes offertes à la confession de saint Pierre, en monnaies de cuivre seulement, se montèrent, à la fin de l'année, à la somme de cinquante mille florins d'or. Les pèlerins déposaient leurs sous de chaque côté du maître-autel, et deux clercs, armés de râteaux, les entassaient. Quand les tas étaient trop gros, on les enlevait et on les portait dans une réserve du palais apostolique.

Boniface VIII consacra ces cinquante mille florins d'or à arrondir les domaines, déjà très-riches, des basiliques vaticane et ostiense.

2o JUBILÉ.

Le pape habitait Avignon. Privés des bénéfices résultant de la présence de la cour pontificale et voyant leur ville dépérir, les Romains avaient vainement supplié qu'on leur rendit cette cour, faisant appuyer leur requête par les personnages les plus influents de la Péninsule. Sous le règne de Benoit XII, ils envoyèrent en Provence une ambassade, à laquelle étaient attachés Pétrarque et Cola de Rienzo, pour demander, comme compensation, un jubilé universel dont ils espéraient tirer de grands profits. Benoît XII n'eut pas le temps de

les satisfaire; mais son successeur, Clément VI, leur accorda ce jubilé, qu'il intima en 1349 pour 1350, en prenant pour prétexte de cette dérogation à la loi établie par Boniface VIII, que le jubilé séculaire n'était pas en rapport avec la durée de la vie humaine. Pour donner plus de poids à cette pensée, très-raisonnable d'ailleurs, Clément VI décréta qu'à l'avenir l'anno santo aurait lieu tous les cinquante ans.

Des cardinaux légats représentèrent le saint-père au jubilé de 1350, qui attira à Rome un million deux cent mille pèlerins, au nombre desquels Louis Ier, le Grand, roi de Hongrie, sainte Brigitte et sa fille, plus tard sainte Catherine, Pétrarque, etc.

3o JUBILE.

Encouragés par le succès de l'anno santo précédent, les Romains sollicitèrent bientôt un autre jubilé, alléguant que le terme de cinquante ans était encore trop long pour la moyenne de la vie humaine.

Les circonstances les favorisèrent.

Un schisme qui dura cinquante et un ans s'était déclaré après la mort de Grégoire XI, qui avait restitué le siége pontifical à la ville éternelle; Urbain VI, considéré aujourd'hui comme le pape véritable, n'était reconnu que par une partie de l'Italie, par le Portugal, l'Angleterre et l'Allemagne; on pouvait espérer qu'un grand jubilé aiderait à pacifier la catholicité, à y ramener l'union; dans tous les cas, on était certain qu'il n'en résulterait qu'un bien pour Rome et la curie apostolique; on décida donc, qu'en raison de la brièveté de la vie humaine et en souvenir de l'âge de Jésus sur la croix, le jubilé universel serait célébré désormais tous les trente-trois ans.

Grégoire XI avait eu le premier cette idée à la suite des supplications des Romains, mais ce fut Urbain VI qui la formula en 1389, dans sa bulle Salvator noster unigenitus Dei filius, laquelle intimait le jubilé pour l'année 1390.

Empoisonné à quelque temps de là, Urbain VI laissa à Boniface IX le soin de célébrer l'anno santo, qui ne tomba pas, cette fois, trente-trois ans, mais quarante ans après le dernier jubilé.

Il n'eut pas le succès qu'on espérait et tendit plutôt à accentuer le schisme.

Cent mille pèlerins, au plus, visitèrent Rome pendant sa durée.

4o JUBILÉ.

Il eut lieu après un intervalle de dix ans seulement, l'an 1400; il semble qu'on ait voulu, avec lui, revenir au jubilé séculaire prescrit par Boniface VIII.

Sa bulle d'indiction manque; néanmoins, il est parfaitement authentique.

Comme celui de 1390, c'est Boniface IX qui le célébra.

Il attira sur les bords du Tibre une affluence assez considérable, malgré la peste, les excès des factions et les brigands qui infestaient l'Italie centrale.

Be JUBILE.

L'anno santo que nous venons de résumer paraît n'avoir pas compté pour Martin V, car nous voyons ce pape revenir aux errements d'Urbain VI et célébrer le jubilé universel en 1423, c'est-à-dire trente-trois ans après le jubilé de 1390.

L'anarchie qui désolait la Péninsule, les bandits qui

rendaient les routes impraticables, les guerres que soutenait la France, l'état déplorable de l'Europe, empêchèrent les fidèles de répondre à l'appel de Sa Sainteté.

Cette année-là, Martin V réprimanda vertement l'archevêque de Cantorbery qui avait institué, en faveur de sa cathédrale, un jubilé concédant des indulgences égales à celles accordées aux visiteurs des grandes basiliques de Rome.

6 JUBILE.

Il fut célébré à une date irrégulière, en 1450, vingtsept ans après celui de 1423, par Nicolas V, qui parut ainsi vouloir qu'on en revînt au jubilé cinquantenaire.

Cet anno santo, que la peste troubla, vit un tragique accident dont les chroniqueurs ont longuement parlé.

Un jour que la foule des pèlerins revenait de SaintPierre, où avait eu lieu l'ostension des grandes reliques, suivie de la bénédiction papale, une panique inexplicable engouffra sur le pont Saint-Ange une telle masse d'individus, que les parapets de ce pont, alors dans un état de délabrement complet, cédèrent sous la pression et que quantité d'hommes et de femmes tombèrent dans le Tibre.

Le nombre des victimes, écrasées ou noyées, s'éleva à cent soixante-douze.

Pour empêcher pareil malheur de se reproduire, Nicolas V ordonna le dégagement des abords du pont du côté de la ville et la démolition des maisons qui les obstruaient.

C'est de cette époque que date la place du pont Saint-Ange qui, en raison de sa proximité avec la prison de Tordinone, devint le lieu ordinaire des exécutions.

Ce jubilé attira un grand concours de fidèles.

7° JUBILE.

Paul II ayant décrété, le 19 avril 1470, par sa bulle ineffabilis providentia summi Patris, qu'en raison « de la brièveté de la vie humaine » (la phrase devient sacramentelle), le jubilé universel aurait lieu à l'avenir tous les vingt-cinq ans, des vêpres de Noël d'une année aux vepres de Noël de l'autre, Sixte IV célébra l'anno santo en 1475.

Dans le but de faciliter aux fidèles la visite de la basilique vaticane, ce dernier pape ouvrit la rue appelée Borgo Sant'Angelo, qui, du pont Saint-Ange, mène à Saint-Pierre.

Les guerres qui remplissaient l'Europe de confusion, les brigands, de plus en plus nombreux dans l'Italie centrale, empêchèrent à tel point les pèlerins de se rendre à Rome, que Sixte IV crut devoir, au milieu de l'année, transporter le jubilé dans la seconde ville pontificale, à Bologne, centre plus rapproché du nord de l'Europe, où il était possible d'arriver sans être trop inquiété par les malandrins, quand on était en nombre et armné.

Le jubilé passa à Bologne le 1er mai, sans pour cela abandonner définitivement Rome, où il se traîna tristement et dans le désert, jusqu'au 25 décembre.

Quatre églises de Bologne furent désignées pour tenir lieu des quatre basiliques patriarcales de la ville éternelle, dont la visite était prescrite aux pèlerins.

On vit à Rome, pendant cet anno santo, le roi de Naples Ferdinand et sa femme; Christian Ier, roi de

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Danemark et sa femme, qui accomplissaient un vœu que la chute finale de l'empire grec leur avait inspiré : celui d'engager les princes chrétiens à se liguer contre les Turcs; Charlotte, reine de Chypre, et Catherine, reine de Bosnie, dépossédées toutes les deux par les Osmanlis. Catherine mourut à Rome, léguant son royaume perdu au saint-siége. Le duc Jean de Saxe, Alphonse, duc de Calabre et fils du roi Ferdinand, André Paléologue, prince du Péloponnèse, et beaucoup d'autres nobles personnages chassés par l'invasion ottomane, visitèrent également Bologne, ou la ville éternelle, à ce moment.

8 JUBILÉ.

Il arriva régulièrement à son heure, selon le dixit de la bulie de Paul II. Alexandre VI, qui le célébra l'an 1500, s'attacha à en fixer le cérémonial, particulièrement en ce qui concerne les portes saintes, intimant la visite des quatre basiliques patriarcales et de la confession de chacune de celles-ci, ordonnant que toutes les cloches des églises de Rome sonnassent à fête trois jours avant l'ouverture de l'anno santo, et accordant pleine et entière faculté aux pénitenciers mineurs de Saint-Pierre d'absoudre quiconque, même dans les cas réservés au pape.

L'affluence des pèlerins fut, cette fois, si considérable, que le pontife jugea utile de prolonger de douze jours la durée du jubilé, et de renvoyer la fermeture de la porte sainte aux vêpres de l'Epiphanie.

ge JUBILE.

Clément VII, qui devait voir le sac de Rome par les lansquenets du connétable de Bourbon, le célébra en 1525.

Les guerres, la peste, les brigands, la réforme religieuse le firent passer presque inaperçu, en dépit des indulgences offertes aux fidèles.

10o JUBILE.

Il eut lieu en 1550, Jules III occupant la chaire de Saint-Pierre.

La confrérie de la Trinité des pèlerins, fondée dans le but de secourir les pèlerins pauvres, y fonctionna pour la première fois.

Les cérémonies du couronnement et de la prise de possession de Jules III, élu cette année-là, ajoutèrent à ses splendeurs.

Deux grands artistes: Michel-Ange et Vasari, et deux grands jésuites: Ignace de Loyola et François Borgia, l'un et l'autre canonisés par la suite, y paru

rent.

11e JUBILE.

Célébré par Grégoire XIII en 1575.

Parmi les dispositions que prit ce pape pour assurer son succès, on remarque une ordonnance invitant ceux que cela concernait à réparer les chemins et à les purger des malandrins qui les infestaient, et un décret défendant aux propriétaires d'augmenter leurs loyers ou de congédier leurs locataires pendant l'anno santo. Grégoire XIII, prévoyant que le pain pourrait manquer, fit faire, en outre, de grands achats de grains. Il accomplit également quelques travaux urgents de viabilité.

Torquato Tasso, saint Charles Borromeo, saint Félix de Cantalicio, saint Philippe de Neri assistèrent à ce ́jubilé, qui n'attira guère qu'une centaine de mille de

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