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qui criait de toutes ses forces, car l'apôtre, surtout quand il fut aigri par tant et de si longs mécomptes, avait le tort d'être impérieux, menaçant et d'arriver même jusqu'à l'insolence.

En outre, trois ou quatre ans plus tard, nous avons acheté les Sept Clameurs du désert ou le Socialisme démasqué, brochure de Jean Journet, publiée, comme le porte la couverture, en septembre 1858, et donnant l'adresse de l'auteur, rue Serpente, 21. Le prix distributif de cette brochure était pour les riches, 2 francs et plus; pour les aisés, 1 franc; pour les gênés, 50 centimes. Elle nous a coûté 10 centimes sur les quais. Elle renferme, entre autres pièces de vers, un Cri d'indignation, un Cri d'alarme, un Cri de pitié, un Cri de dégoût, et maltraite fort Pierre Leroux, vieux blagueur, avec la triade, sa balançoire; « seigneur Victor Consi

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J. Journel au Théâtre-Français. Dessin de E. Morin, gravure de Langeval.

vre garçon, banquiste usé et « criquet rétif du char de l'avenir.» Mais surtout il prodigue toutes les richesses de son vocabulaire injurieux à Proudhon, dans une chanson d'une verve intarissable en cinquante-neuf couplets, où il a trouvé contre l'audace inféconde de ce capitan, qui fait la roue, paré des plumes du paon; de cet « Achille de Lilliput, boursouflé de gloriole, qui veut tenir école sans connaître l'alphabet, général Tom-Pouce qui tranche du Goliath, franc prestidigitateur, qui fait la mouche du coche, allant de droite et de gauche, sans synthèse et sans moteur, » et qui n'a réussi qu'à ouvrir une « caverne de bric-a-brac, » plus d'un trait fort juste et qui semble s'ètre inspiré de la verve d'invectives de Proudhon lui-même.

Jean Journet mourut oublié le 1er novembre 1861, à Toulouse.

Une figure toute différente est celle de Liard, le chiffonnier philosophe et érudit, qui avait été jadis quelque chose on n'a jamais bien su quoi et était tombé dans le chiffon, mais sans rien perdre de sa gaieté. Liard n'appartenait même pas à la première. catégorie des chiffonniers, car il ne portait qu'un bissac au lieu de hotte. C'est dans cet appareil que Traviès, l'auteur de Monsieur Mayeux et de tant d'autres types populaires, le crayonna un jour, alerte et guilleret sous ses haillons, avec son œil riant, sa physionomie ouverte et goguenarde. Liard avait fait ses humanités; il aimait à citer quelques bribes de latin;

il lisait les chiffons qu'il avait recueillis et les commentait à ses camarades ou aux curieux qui venaient le voir. Le bruit de ce phénomène un chiffonnier sachant le latin et citant même du grec à l'occasion s'était répandu en s'amplifiant. Le premier qui l'entendit écrivit la nouvelle au Corsaire. Paris, à qui il faut chaque jour un nouvel engouement, s'éprit de Liard. On répétait ses bons mots dans les petits journaux; on lui en faisait chaque matin, comme à un personnage à la mode. Chroniqueurs, romanciers, artistes allaient le visiter et s'efforçaient vainement, par des questions insidieuses, de percer le mystère de son passé Liard demeura une énigme.

Les chiffonniers ont toujours préoccupé l'imagination publique, qui se plaît, bien gratuitement d'ordinaire, à placer des mystères sous les haillons de ces pauvres diables. Le souvenir de Diogène et de sa lanterne, puis le drame fameux de Félix Pyat, ne sont pas sans doute étrangers à cette tendance. Mais Liard est antérieur à la pièce de Pyat, et Christophe aussi. Sans avoir atteint à la popularité du premier, le chiffonnier Christophe, surnommé comme lui le Philosophe, eut aussi, vers la même date, sa part de célébrité. Christophe n'avait pour tout bagage qu'un sac de grosse toile, sans crochet ni lanterne : C'est un homme à part au milieu des siens, écrivait, vers 1840, M. Berthaud dans les Français peints par eux-mêmes; il est fier, il ne s'enivre pas, il marche seul, il vit seul : Christophe tient à la fois du Diogène et du ChodrucDuclos. Les personnes qui ont été à même de l'apprécier ont voué à ce pauvre chiffonnier une estime spéciale. L'un de nos bons physionomistes populaires et l'un des plus spirituels dessinateurs du Charivari, mon camarade Traviès, m'en a fait le plus grand éloge... On rencontre souvent Christophe par les rues de Paris, au milieu d'un groupe serré autour de lui et prêtant l'oreille à ses étranges discours. De sa main gauche, fortement nouée, il soutient sur son épaule un large sac, et, tout en pérorant avec ceux qui l'entourent, il fait jouer à sa main droite le rôle du crochet qui lui manque. Christophe a dù bien souffrir avant de dépouiller sa dignité d'homme, avant de se retirer chez les chiffonniers. Aussi, voyez : il raille, il accuse, il insulte les passants et les curieux, et pourtant il fouille à pleins doigts le fumier sur lequel il s'est établi. Quand il s'éloigne, il vous jette avec dédain un ricanement magnétique dont les vibrations retentissent longtemps dans votre sein et vous font mal (sic).

« L'imagination refaisant d'ordinaire toutes les choses créées par les hommes un peu mieux qu'elles ne sont, il en résulte que Christophe est le chiffonnier de l'imagination, ou plutôt selon l'imagination... Cette élévation naturelle de Christophe lui a valu les honneurs de la peinture. On a fait son portrait, on l'a lithographié, et il s'est trouvé si ressemblant, que tout le monde l'a reconnu, même ceux qui ne le connaissaient pas! »

Dans les premières années de l'Empire, on rencontrait souvent par les rues de la rive gauche une vieille femme qui marchait littéralement ployée ou plutôt cassée en deux, la tête à la hauteur des genoux, s'appuyant sur un bâton plus haut qu'elle, et portant invariablement, quelle que fût la saison, un bouquet au corsage. C'était avec la folle qui cheminait sans cesse d'un pas alerte, tout le long du quaider latin, tenant de la main droite une chaufferette et sur son bras gauche une perruche, avec qui elle s'entretenait

sans relâche une des figures les plus connues de tous les étudiants, rapins et grisettes, depuis la Seine jusqu'à la barrière d'Enfer. Malgré sa brusquerie, son caractère irascible et les rebuffades dont elle accueillait presque toujours les avances des passants, la Vieille au bouquet était populaire dans le quartier. A la fin de juillet 1863, on la trouva étendue sans connaissance sur le quai des Orfèvres; elle fut conduite à l'Hôtel-Dieu, où elle mourut quelques semaines après, le 21 août.

Alors seulement le public, par une notice qui fit le tour de la presse, apprit son histoire, qui jusqu'alors n'était connue que d'un petit nombre de personnes. On sut que Françoise François avait été la fiancée de Bories, ou de Raoulx, l'un des quatre sergents de la Rochelle; son bouquet était un souvenir que le condamné lui avait jeté du haut de la charrette qui le conduisait au supplice, et chaque jour, de sa chambre de la rue du Cherche-Midi, où jamais elle ne recevait personne, elle s'acheminait en pèlerinage à la tombe des sergents, au cimetière Montparnasse (1).

Sous l'Empire encore, deux étrangers ont complé parmi les figures populaires de Paris. L'un est le Persan, que les habitués de l'Opéra virent pendant si longtemps assister, impassible et taciturne, dans sa stalle de balcon, à toutes les représentations de la rue Le Peletier. On avait fini par ne plus prêter la moindre attention à ce mélomane impassible, dont la longue et large barbe aux flots neigeux, le costume oriental et surtout le haut bonnet fourré avaient excité d abord une curiosité si vive. Il en était venu à faire partie, pour ainsi dire, du mobilier même de la salle. Quelque chose eût manqué aux artistes et au public s'ils n'avaient vu à sa place accoutumée ce personnage énigmatique, qui disparut aussi mystérieusement qu'il était venu, et dont on ne connut jamais au juste ni le nom ni l'histoire. Les hypothèses les plus hardies s'égaraient jusqu'à en faire un frère du schah de Perse, réduit à se cacher dans l'exil à la suite d'une révolte malheureuse.

L'autre est l'Arménien Kasangian, qui fut pendant de si longues années l'un des piliers inamovibles de la Bibliothèque nationale, et qui, parson costume étrange, sa maigreur presque phénoménale, sa physionomie sans sexe et sans âge, ressemblait à un personnage fantastique d'Hoffinann. Quelques minutes avant dix heures, les commerçants de la rue Richelieu voyaient arriver Kasangian, vêtu de sa grande robe sans collet, coiffé de sa calotte verte, les besicles au milieu du nez; ils réglaient leurs montres sur son passage, comme jadis les habitants de Koenigsberg sur celui de Kant. A peine la porte ouverte, il se précipitait le premier dans la cour, allait, avec la régularité d'un automate, boire une gorgée d'eau au gobelet suspendu à la fontaine, entrait dans la grande salle encore vide, et se dirigeait, d'un pas à la fois pressé et traînant, vers les casiers en face du bureau central où, depuis l'an 1838 environ, il déposait, après chaque séance, les livres dont il avait besoin pour son travail et qui étaient devenus sa propriété exclusive. Il y avait là à demeure une vingtaine de volumes, dont quelques-uns d'une taille formidable," que Kasangian transportait à sa place la première

(1) Alfred Delvau a publié en 1864, sur Françoise, un petit livre romanesque; suivant lui, c'était l'amie de Raoulx et non de Bories, comme le disent tous les autres biographes de la Vieille au bouquet.

à gauche en faisant face au bureau. On ne comprenait pas la place sans Kasangian ni Kasangian sans sa place. Si quelque intrus s'était permis de l'usurper, il se fût certainement passé quelque chose de grave; mais les curieux qui guettaient cet événement mémorable n'eurent jamais la satisfaction d'y assister, attendu que, pendant plus de vingt-cinq ans, Kasangian arriva invariablement le premier à la Bibliothèque.

Une minute après, Kasangian était enseveli derrière sa barricade d'in-folio, et reprenait la suite de ce grand dictionnaire arabe-français qu'il ne devait jamais terminer. Son travail était entrecoupé de rêveries et même de quelques sommes, que respectaient les garçons de salle. Dans le cours de sa longue carrière, il a eu plusieurs Bescherelle tués sous lui. Dès qu'une difficulté l'arrêtait, et le cas n'avait rien de rare, il allait, le livre en main, consulter un membre du bureau — à moins, toutefois, qu'il ne s'adressat simplement au voisin que sa mauvaise chance avait placé près de lui. Il consultait sur le sens des mots, sur leur prononciation, ne se rendait pas aux réponses, objectait, ergotait d'une voix rauque et avec brusquerie. Dix fois par séance, il se passait une scène comme celle-ci :

«Que signifie faire une niche à quelqu'un?

- Cela signifie lui faire une malice, lui jouer un tour. Malice? tour?... Cela n'est pas exact. »>

Il consultait Bescherelle, et reprenait triomphant: « Vous voyez : niche, enfoncement dans un mur. » Si la victime consultée était naïve, elle s'évertuait à donner des explications et bataillait pendant vingt minutes contre Kasangian; si c'était un sceptique, il répondait : « Vous avez raison. » Dieu sait ce que, de guerre lasse, sans parler des mystifications qui s'en mêlaient parfois, on a laissé mettre de bévues au pauvre savant dans son fam eux Dictionnaire.

A trois heures sonnantes - la Bibliothèque fermait alors à trois heures - Kasangian reportait ses livres dans le casier, esquissait un salut mélancolique en passant devant le bureau, s'arrêtait parfois pour échanger un mot avec le garçon de salle et, les mains dans ses longues manches, demi-courbé, semblant ne rien voir et ne rien entendre, il rasait les maisons pour regagner sa chambre au cinquième, dans le faubourg Poissonnière. Suivant l'un de ses derniers portraitistes, Kasangian était un Arabe d'Alep, desservant de la chapelle arménienne à Paris. Un matin, vers 1865, on ne le vit pas arriver à son heure ordinaire : ce fut presque une révolution à la Bibliothèque. Quelques jours plus tard, on apprit qu'il était mort. Kasangian n'a pas vu la nouvelle salle de travail de la rue Richelieu: il n'aurait jamais pu s'y faire, et s'il ne fût pas mort de vieillesse et d'épuisement, il fût mort de ce changement dans ses habitudes (1).

Que d'autres figures du second plan ne pourrionsnous esquisser encore, parmi celles qui occupèrent plus ou moins vivement l'attention de la foule sous le second Empire et comptèrent, ne fût-ce qu'un moment, au nombre des célébrités de la rue! - depuis cet original qui, dans les dernières années du règne de Napoléon III, venait tous les dimanches patiner sur l'esplanade de la place de la Concorde avec des patins à roulettes, exécutant d'une façon très-adroite les exercices les plus élégants et les plus compliqués, se jouant au

(1) Ch Yiarte, les Célébrités de la rue. Monselet, les Tréteaux, art. sur la BIBLIOTHÈQUE. Lettre d'un Maniaque à Paris-Journal, 18 avril 1874.

milieu des curieux, les enlaçant dans ses replis rapides et ne faisant jamais la culbute, jusqu'au charmeur d'oiseaux, derrière lequel une immense galerie s'amassait, dans le jardin des Tuileries, pour voir tourbillonner autour de lui des nuées de pigeons et de moineaux, dociles à ses moindres signes, venant se percher sur ses épaules, sur sa tête, sur ses bras, et chercher tour à tour leur pàture dans sa main et entre ses lèvres.

Paris est toujours, comme au temps de Rabelais, la capitale du royaume de Badaudois. Il ne lui en faut quelquefois pas tant pour improviser des réputations populaires. Il en a fait une à l'archipoëte Gagne, l'avocat des fous, ce maniaque monotone qui accable les journalistes-soleils de quatrains sur le trium-vir salvat et sur la républiquéïde-empire-royauté; qui, au mois d'octobre 1869, donnait rendez-vous au peuple devant l'obélisque pour représenter l'Assemblée absente et court les clubs, quand les clubs sont ouverts, pour y débiter du haut de la tribune, avec sa vénérable tête blanche, des insanités qui, après tout, ne dépassent guère celles qu'on a l'habitude d'y entendre et d'y applaudir. Il en a fait une autre à la bouquetière du Jockey-Club, Isabelle, qu'on voyait partout où va le monde élégant sur le perron de Tortoni, au café Anglais, dans les couloirs de Bignon ou de la Maison dorée, sous le vestibule de l'Opéra, les jours de grandes représentations, mais surtout aux courses, où elle portait, avec une solennité amusante, les couleurs du jockey qui montait le cheval vainqueur au précédeat Derby. Après un long exercice, Isabelle avait amassé une fortune rondelette, un àge respectable et une corpulence qui lui donnait vaguement l'air d'un dragon habillé en amazone, quand, au mois de mars 1875, l'éclat d'un procès que lui faisait sa mère, pauvre vieille paysanne, pour en obtenir une pension de 500 francs, la précipita du haut de ses grandeurs et la rendit à la vie privée, en lui laissant tout le loisir de méditer amèrement sur ce que peut coûter une économie mal entendue.

Mais comment s'étonner qu'Isabelle fût devenue célèbre en vendant des fleurs, lorsque Mule La Périne a été populaire sur les boulevards et n'est pas encore oubliée aujourd'hui, pour avoir failli en vendre? Me La Périne était une jeune et jolie marchande de journaux installée dans le kiosque qui fait face au Grand-Hotel. Plusieurs membres du Jockey-Club avaient formé le projet de détrôner Isabelle, quadragénaire, pour la remplacer par la plus blonde et la plus séduisante des innombrables rivales qui briguaient son héritage. Cette grande conspiration, dont les péripéties occupèrent quelque temps ce que les chroniqueurs du high-life appellent tout Paris, ne réussit pas; mais Mile La Périne n'en passa pas moins au rang des illustrations de la rue: le Figaro et les autres feuilles à la suite avaient parlé d'elle; je crois même qu'on avait dessiné son portrait; on venait la voir dans son kiosque, dont la calotte imbriquée avait été couverte de dorures, et il était de tradition, dans sa clientèle élégante, de ne jamais l'humilier en lui donnant de la monnaie de cuivre, et de payer ses journaux depuis un franc jusqu'à un louis.

Pour compléter cette esquisse, il faudrait joindre à notre galerie les personnages qui ont dû leur popularité aux inscriptions pariétaires, ceux dont un beau matin tous les murs. de Paris, crayonnés par des mains invisibles, ont exhibé à des milliers d'exemplaires le profil caricatural, ou crié le nom en l'accolant à une épithète grotesque. Sous la Restauration,

Crédeville et le nez de Bouginier se tenaient compagnie dans toutes les rues de Paris. Bouginier, ou Bougenier, était un peintre, élève de Gros, né à Valenciennes vers le commencement de ce siècle et plus fameux par les dimensions exorbitantes de son nez que par son talent. Ce nez phénoménal figurait encore il y a peu d'années sur la frise de l'entablement de la maison égyptienne qui s'élève place du Caire. On assure que des voyageurs l'ont rencontré jusque sur les Pyramides. Quant à Crédeville, sa personnalité est demeurée obscure; ce nom énigmatique, tracé sur chaque coin de mur avec une abondance extraordinaire, intriguait les gens d'imagination et passait, aux yeux des uns, pour le mot de ralliement des libéraux ou des ultra, aux yeux des autres pour la signature d'un forçat évadé qui

prenait plaisir à narguer la police en lui certifiant sa présence. S'il faut en croire l'auteur anonyme des Arabesques populaires (1832), Crédeville était un jeune capitaine de l'armée impériale qui disparut en 1815, probablement tué dans un obscur combat d'avantposte, et c'est sa fiancée, devenue folle, qui aurait commencé à couvrir tous les murs de Paris de ce nom, bientôt répété par le servile troupeau des imitateurs. Mais cette histoire, d'ailleurs parfaitement invraisemblable, n'explique pas comment l'épithète de voleur finit par se trouver accolée presque invariablement au nom de Crédeville.

Quelques-uns de nos lecteurs se souviennent sans doute encore d'avoir lu sur les murs, un peu avant 1840, feu Duponchel allusion à la mystification fa

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BATTUR, et de 1863 à 1876, Bertron, le candidat hu

main.

Kasangian à la Bibliothèque. Dessin de E. Morin, gravure de Soupey. meuse que de lugubres farceurs avaient jouée à ce directeur de l'Opéra, en envoyant des invitations à son enterrement et en commandant son convoi aux pompes funèbres. Cette inscription tumulaire se pavanait en lettres énormes et multicolores jusqu'au sommet des monuments les plus élevés, et Crédeville voleur en fut définitivement enterré du coup. Depuis lors, combien de noms se sont succédé encore sur les pages de cet album des murailles : Alexandre Dumas, Ch. Matharel, le critique dramatique du Siecle; Galimard, Barbey d'Aurevilly, Nadar, Courbet, tous flanqués d'adjectifs plus ou moins malsonnants. Grâce à cette épigraphie effrontée, le nom de Galimard est resté aussi populaire dans les rues de Paris que le fut en 1848 le Battur légendaire des affiches électorales: NOMMONS

Un nouvel appendice pourrait comprendre les personnages purement légendaires des rues de Paris, depuis le Moine bourru, qui courait la nuit en effrayant les femmes et en battant les enfants, jusqu'au Petit Homme rouge, qui apparaissait dans le palais des Tuileries chaque fois qu'une catastrophe en nenaçait les habitants et qui a eu l'honneur d'être chanté par Béranger. Mais les frontières de cet article s'étendraient indéfiniment et notre Musée populaire prendrait des proportions inquiétantes, comme s'il voulait rivaliser avec le Louvre. Il est temps de fermer les écluses: sat prata biberunt.

VICTOR FOURNEL.

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