Va chercher un repos qu'il ne trouva jamais ; П distilla sa rage en ces tristes adieux : Puisqu'en ce lieu, jadis aux muses si commode, Le mérite et l'esprit ne sont plus à la mode; Et qu'ici la vertu n'a plus ni feu ni lieu, Allons du moins chercher quelque antre ou quelque roche A plus causé de maux que la guerre et la peste ; Du temps que cette satire fut faite, un débiteur insolvable pouvait sortir de prison en faisant cession qu'on lui mit en pleine rue un bonnet vert sur la tête. Peut fournir aisément un calepin complet ; Qu'il règne dans ces lieux ; il a droit de s'y plaire. Mais moi, vivre à Paris! Eh! qu'y voudrois-je faire? Je ne sais ni tromper, ni feindre, ni mentir; Et, quand je le pourrois, je n'y puis consentir. Je ne sais point en lâche essuyer les outrages C'est par là qu'un auteur que presse l'indigence Peut des astres malins corriger l'influence, Et que le sort burlesque, en ce siècle de fer, D'un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair Ainsi de la vertu la fortune se joue : Tel aujourd'hui triomphe au plus haut de sa roue, Qu'on verroit, de couleurs bizarrement orné, Conduire le carrosse où l'on le voit traîné, Si dans les droits du roi sa funeste science Par deux ou trois avis n'eût ravagé la France. Je sais qu'un juste effroi, l'éloignant de ces lieux, L'a fait pour quelques mois disparoître à nos yeux : Mais en vain pour un temps une taxe l'exile; On le verra bientôt pompeux, en cette ville, Marcher encor chargé des dépouilles d'autrui, Et jouir du ciel même irrité contre lui; Tandis que Colletet, crotté jusqu'à l'échine, S'en va chercher son pain de cuisine en cuisine, Savant en ce métier, si cher aux beaux esprits, Dont Montmaur autrefois fit leçon dans Paris 1. Il est vrai que du roi la bonté secourable Jette enfin sur la muse un regard favorable, Et, réparant du sort l'aveuglement fatal, Va tirer désormais Phébus de l'hôpital. On doit tout espérer d'un monarque si juste : Mais sans un Mécénas à quoi sert un Auguste? Et fait comme je suis, au siècle d'aujourd'hui, Qui voudra s'abaisser à me servir d'appui? Et puis, comment percer cette foule effroyable De rimeurs affamés dont le nombre l'accable; Qui, dès que sa main s'ouvre, y courent les premiers, Et ravissent un bien qu'on devoit aux derniers ; Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille? Cessons donc d'aspirer à ce prix tant vanté Que donne la faveur à l'importunité. Saint-Amand n'eut du ciel que sa veine en partage : 1 Pierre de Montmaur, parasite célèbre. Un lit et deux placets composoient tout son bien, Ou, pour en mieux parler, Saint-Amand n'avoit rien. Mais quoi! las de traîner une vie importune, Il engagea ce rien pour chercher la fortune, Et, tout chargé de vers qu'il devoit mettre au jour, Conduit d'un vain espoir, il parut à la cour. Qu'arriva-t-il enfin de sa muse abusée ? Il en revint couvert de honte et de risée ; Et la fièvre, au retour terminant son destin, Fit par avance en lui ce qu'auroit fait la faim. Un poète à la cour fut jadis à la mode; Mais des fous aujourd'hui c'est le plus incommode : Faut-il donc désormais jouer un nouveau rôle ? Et, dans l'amas confus des chicanes énormes, Avant On qu'un tel dessein m'entre dans la pensée, pourra voir la Seine à la Saint-Jean glacée, Arnauld à Charenton devenir huguenot, Tout beau, dira quelqu'un, vous entrez en furie. A quoi bon ces grands mots? doucement, je vous prie : Ou bien montez en chaire, et là, comme un docteur, Allez de vos sermons endormir l'auditeur : C'est là que bien ou mal on a droit de tout dire. Ainsi parle un esprit qu'irrite la satire, Qui contre ses défauts croit être en sûreté En raillant d'un censeur la triste austérité; Qui fait l'homme intrépide, et, tremblant de foiblesse, Dès |