Et, follement pompeux dans sa verve indiscrète, Entre ces deux excès la route est difficile. Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés. Telle est de ce poème et la force et la grâce. D'un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace, La plaintive élégie, en longs habits de deuil, Mais, pour bien exprimer ces caprices heureux, Je hais ces vains auteurs dont la muse forcée Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines; Ils ne savent jamais que se charger de chaînes, Que bénir leur martyre, adorer leur prison, Ce n'étoit pas jadis sur ce ton ridicule Qu'Amour dictoit les vers que soupiroit Tibulle, Il faut que le cœur seul parle dans l'élégie. L'ode, avec plus d'éclat, et non moins d'énergie, Élevant jusqu'au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. Aux athlètes dans Pise elle ouvre la barrière, Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière, Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis. Tantôt, comme une abeille ardente à son ouvrage, Elle peint les festins, les danses et les ris, Vante un baiser cueilli sur les lèvres d'Iris, ་ Qui mollement résiste, et, par un doux caprice, Son style impétueux souvent marche au hasard; Loin ces rimeurs craintifs, dont l'esprit flegmatique Garde dans ses fureurs un ordre didactique; Qui, chantant d'un héros les progrès éclatants, Maigres historiens, suivront l'ordre des temps. Ils n'osent un moment perdre un sujet de vue; Pour prendre Dôle, il faut que Lille soit rendue, Et que leur vers, exact ainsi que Mézerai, Ait déjà fait tomber les remparts de Courtrai. Apollon de son feu leur fut toujours avare. On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre, Voulut qu'en deux quatrains de mesure pareille |