Jupiter et Minos. Mon fils, disait un jour, Jupiter à Minos, FLORIAN. L'Aveugle et le Paralytique. Aidons-nous mutuellement, La charge des malheurs en sera plus légère; Dans une ville de l'Asie Il existait deux malheureux, L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux. Etait sans guide, sans soutien, Un certain jour il arriva Que l'aveugle à tâtons, au détour d'une rue, Il entendit ses cris, son âme en fut émue. -Hélas! dit le perclus, vous ignorez, mon frère, A quoi! nous servirait d'unir notre misère? Moi, je vais vous porter; vous, vous serez mon guide; Le Perroquet Confiant. Cela ne sera rien, disent certaines gens, FLORIAN. Pourquoi nous affliger avant que le mal vienne? Fort brave homme, mais peu prudent, Le pilote avait beau lui dire Qu'il risquait sa vie et son bien, Notre homme ne faisait qu'en rire, Et répétait toujours: Cela ne sera rien. A force d'entendre ces mots Les retint, et les dit pendant tout le voyage, Les vivres tiraient à leur fin; Point de terre voisine, et bientôt plus de pain. Cela ne sera rien, criait le perroquet. On mange les oiseaux, triste et dernier moyen Perruches, cardinaux, catakois, tout y passe; Disait plus doucement: Cela ne sera rien. Le Miroir de la Vérité. FLORIAN. Dans le beau siècle d'or, quand les premiers humains, La vérité courait le monde Avec son miroir dans les mains. Chacun s'y regardait, et le miroir sincère Retraçait à chacun son plus secret désir Sans jamais le faire rougir; Temps heureux, qui ne dura guère ! En jetant de dépit son miroir sur la terre. Ses débris qu'au hasard la chute dispersa, Plusieurs siècles après on en connut le prix; Les retrouver parfois; mais ils sont si petits, Le Savant et le Fermier. Que j'aime les héros dont je conte l'histoire! FLORIAN. Je conviens cependant, et c'est avec douleur, Plusieurs que l'on connaît, sans qu'ici je les nomme, Mais je les trouve encore moins dangereux que l'homme Depuis quatre-vingts ans, de tout le voisinage Chaque mot qu'il disait était une sentence. Il jugeait les procès ou réglait les familles, Qui dit au bon vieillard: mon père, enseignez-moi C'est mon cœur. Je vois les animaux, j'y trouve le modèle La colombe m'apprit à devenir fidèle ; Mes brebis la douceur, mes chiens la vigilance; Pour aimer mes filles, mes fils, La poule et ses poussins me serviraient d'exemple. Je fais souvent du bien pour avoir du plaisir; Ma raison sait régler mes vœux, FLORIAN. Le Combat de Taureaux. Au milieu du champ est un vaste cirque, environné de nombreux gradins; c'est là que l'auguste Reine, habile dans cet art si doux de gagner les cœurs de son peuple en s'occupant de ses plaisirs, invite souvent ses guerriers au spectacle le plus chéri des Espagnols. Là les jeunes chefs, sans cuirasse, vêtus d'un simple habit de soie, armés seulement d'une lance, viennent sur de rapides coursiers attaquer et vaincre des taureaux sauvages. Des soldats à pied, plus légers encore, les cheveux enveloppés dans des réseaux, tiennent d'une main un voile de pourpre, de l'autre des lances aiguës. L'alcade proclame la loi de ne secourir aucun combattant, de ne leur laisser d'autres armes que la lance pour immoler, le voile de pourpre pour se défendre. Les rois, entourés de leur cour, président à ces jeux sanglants; et l'armée entière, occupant les immenses amphithéâtres, témoigne par des cris de joie, par des transports de plaisir et d'ivresse, quel est son amour effréné pour ces antiques combats. Le signal se donne, la barrière s'ouvre, le taureau s'élance au milieu du cirque; mais au bruit de mille fanfares, aux cris, à la vue des spectateurs il s'arrête inquiet et troublé ses naseaux fument; ses regards brûlants errent sur les amphithéâtres: il semble également en proie à la surprise, à la fureur. Tout à coup il se précipite sur un cavalier qui le blesse et fuit rapidement à l'autre bout: le taureau s'irrite, le poursuit de près, frappe à coups redoublés la terre, et fond sur le voile éclatant que lui présente un combattant à pied. L'adroit Espagnol, dans le même instant, évite à la fois sa rencontre, suspend à ses cornes le voile léger, et lui darde une flèche aiguë, qui de nouveau fait couler son sang. |