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La Normandie.

La Normandie est jointe à la Picardie; ses plus grandes villes sont Rouen et Caen. Il y croît une infinité de pommes, dont ils font du cidre: car pour du vin, on n'y en fait guère, non plus qu'en Picardie; parce qu'étant trop au nord, les raisins ne deviennent pas assez mûrs. Les Normands sont fameux pour les procès et la chicane. Ils ne répondent jamais directement à ce qu'on leur demande; de sorte qu'il est passé en proverbe, quand un homme ne répond pas directement, de dire, qu'il répond en Normand.

L'Ile-de-France.

Paris, le capitale de tout le royaume, est dans l'Ile-deFrance; elle est située sur la rivière de Seine. C'est une grande ville, mais pas si grande que Londres.

La Champagne.

Reims est la principale ville de la Champagne; et c'est dans cette ville que les rois de France sont couronnés. Cette province fournit le meilleur vin du royaume, le vin de Champagne.

La Bretagne.

La Bretagne est partagée en Haute et Basse. Dans la Haute se trouve la ville de Nantes, où l'on fait d'excellente eau-de-vie; et la ville de St. Malo, qui est un bon port de mer. Dans la Basse Bretagne, on parle un langage qui ressemble plus au gallois, qu'au français.

L'Orléannais.

Il y a dans l'Orléannais plusieurs grandes et belles villes. Orléans, fameuse à cause de Jeanne d'Arc, qui chassa les Anglais de la France. Il y a encore la ville de Blois, dont la situation est charmante. Près d'ici commence cette riante contrée de la Touraine que les Anglais, grands connaisseurs en beautés pittoresques et en climats sains, ont baptisé le jardin de la France.

La Bourgogne.

Dijon est la ville capitale de cette province. Bourgogne est un des meilleurs vins de France.

Le vin de

JLyonnais.

Lyon en est la capitale: c'est une très grande et belle ville: elle est aussi très riche à cause des manufactures d'étoffes de soie, d'or et d'argent, qui y sont établies, et qui en fournissent presque à toute l'Europe.

La Guienne et la Gascogne.

La Guienne contient plusieurs villes très considérables, comme Bordeaux, ville très grande et très riche. La plupart du vin qu'on boit à Londres, et qu'on appelle en anglais claret, vient de là. On y fait grande et bonne chère, les ortolans et les perdrix rouges y abondent. Il y a la ville de Périgueux, où l'on fait des pâtés délicieux, de perdrix rouges, et de truffes; celle de Bayonne, d'où l'on tire des jambons excellents.

Les Gascons sont un peu fanfarons; de sorte qu'on dit d'un homme qui se vante, et qui est présomptueux, C'est un Gascon.

Le Languedoc.

Le Languedoc est la province la plus méridionale de la France, et par conséquent celle où il fait le plus chaud. Elle renferme un grand nombre de belles villes; entre autres Narbonne, fameuse par l'excellent miel qu'on y recueille; Nîmes, célèbre à cause d'un ancien amphithéâtre romain, qui y subsiste encore; Montpellier, dont l'air est si pur, et le climat si beau, qu'on y envoie souvent les malades, même d'Angleterre, pour se rétablir.

Le Dauphiné.

Grenoble en est la ville capitale. Le fils aîné du roi de France, qui s'appelle toujours le Dauphin, prend le titre de cette province.-(Depuis la révolution de 1830, le fils aîné du roi des Français porte le titre de Duc d'Orléans.)

La Provence.

La Provence est un très beau pays et très fertile. On y fait la meilleure huile, et elle en fournit à tous les autres pays. La campagne est remplie d'orangers, de citronniers, et d'oliviers. La capitale s'appelle Aix. Il

y a aussi Marseille, très grande et très belle ville, et port célèbre de la mer Méditerranée; c'est là où l'on tient les galères du roi de France: les galères sont de grands vaisseaux à rames, et les rameurs sont des gens condamnés pour quelque crime, à y ramer.

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I. Au commencement du siècle dernier, un négociant français qui était aux Indes orientales, où il avait fait une grande fortune, s'embarqua pour revenir en France. Il avait avec lui sa femme et deux enfants, un garçon et une fille; le garçon, âgé de quatre ans, se nommait Jean, et la fille, qui n'en avait que trois, s'appelait Marie.

Quand ils furent à moitié chemin, il s'éleva une violente tempête, et le pilote dit qu'ils étaient en grand danger, parce que le vent les poussait vers des iles, où immanquablement leur vaisseau se briserait. Le négociant entendant cela, prit une grande planche, et lia fortement dessus, sa femme et ses deux enfants. Il voulait s'y attacher aussi, mais il n'en eut pas le temps, car le vaisseau ayant frappé contre un rocher, s'ouvrit en deux, et tous ceux qui étaient à bord tombèrent dans la mer.

La planche sur laquelle étaient la femme et les deux enfants, flotta sur la mer, comme un petit bateau, et le vent les poussa vers une île. Alors, la femme détacha les cordes, et après avoir remercié Dieu de l'avoir sauvée, elle examina la plage sur laquelle elle se trouvait : elle aperçut des sites agréables et des arbres chargés de fruits; elle en cueillit quelques-uns, et s'avança dans les terres pour voir si elle ne découvrirait point quelque habitation; mais elle reconnut qu'elle était dans une île déserte.

Elle trouva dans son chemin un gros arbre qui était creux, et elle résolut de s'y retirer pendant la nuit avec ses enfants. Le jour suivant elle avança encore autant qu'ils purent marcher; elle rencontra des nids d'oiseaux, dont elle prit les œufs; et, voyant qu'elle ne trouvait ni

hommes ni bêtes féroces, elle résolut de se soumettre à la volonté de Dieu, et de faire son possible pour bien élever ses enfants. Elle avait sauvé du naufrage une Bible, et un livre de prières; elle s'en servit pour leur apprendre à lire, et à connaître Dieu.

II. Quelquefois le petit garçon disait à sa mère: "Où est mon père? Pourquoi nous a-t-il fait quitter notre maison pour venir dans cette île? Est-ce qu'il ne viendra pas nous chercher ?"—" Mes enfants," répondait cette pauvre femme, les larmes aux yeux, "votre père est allé dans le ciel; mais vous avez un autre père, qui est Dieu. Il est ici, quoique vous ne le voyiez pas; c'est lui qui nous envoie des fruits et des œufs, et il aura soin de nous, tant que nous l'aimerons et que nous le servirons fidèlement."

Au bout de deux ans, cette femme tomba malade, et comme elle savait qu'elle allait mourir, elle était bien inquiète pour ses pauvres enfants. Elle était couchée dans

le creux de son arbre, où, les ayant appelés, elle leur dit: "Je vais bientôt mourir, mes chers enfants, et vous n'aurez plus de mère: souvenez-vous pourtant que vous ne serez pas seuls, et que Dieu verra tout ce que vous ferez. Ne manquez jamais à le prier matin et soir. Mon cher Jean, vous êtes plus grand et plus fort que votre sœur; ayez bien soin d'elle, ne la grondez pas, ne la battez jamais." Elle voulait aussi dire quelque chose à Marie, mais elle n'en eut pas le temps, elle expira.

Ces pauvres orphelins ne savaient pas ce que c'était que de mourir. Ils crurent que leur mère dormait, et ils n'osaient faire du bruit, crainte de la réveiller. Le lende main, ils furent fort étonnés de ce que leur mère dormait encore, et la tirèrent par le bras pour la réveiller; mais comme elle ne leur répondait pas, ils crurent qu'elle était fâchée contre eux. Ils lui demandèrent pardon, et lui promirent d'être plus sages. Au bout de quelques jours, le corps commença à se corrompre, alors ils furent contraints d'aller chercher un autre arbre pour y coucher.

III. Il y avait onze ans que Jean et Marie habitaient cette île, lorsqu'un jour qu'ils étaient assis au bord de la mer, ils virent venir dans un bateau plusieurs hommes

noirs. D'abord Marie eut peur, et voulut se sauver, mais Jean la retint et lui dit: "Restez, ma sœur, ne savez-vous pas que Dieu est ici, et qu'il empêchera ces hommes de nous faire du mal?"

Ces hommes noirs étant descendus à terre, furent surpris de voir ces enfants qui étaient d'une autre couleur qu'eux. Ils les environnèrent et leur parlèrent, mais ce fut inutilement, le frère et la sœur n'entendaient pas leur langage. Enfin, les noirs leur montrèrent leur bateau, et leur firent signe d'y entrer. "Je n'oserais," dit Marie, ces gens-là me font peur." Jean lui dit: "Rassurezvous, ma sœur, mon père avait des domestiques de la même couleur que ces hommes; peut-être qu'ils ont été envoyés pour nous chercher." Ils entrèrent donc dans le bateau, qui les conduisit dans une île peu éloignée de celle qu'ils venaient de quitter.

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Jean et Marie eurent bientôt appris la langue de ces noirs, et ils connurent qu'ils faisaient la guerre aux peuples des îles voisines, qu'ils mangeaient leurs prisonniers, et qu'ils adoraient un grand vilain singe; en sorte qu'ils se repentaient beaucoup d'être venus parmi ces méchantes gens.

Cependant le roi demandait à épouser Marie, qui disait a son frère: "J'aimerais mieux mourir que d'être la femme de cet homme-là."-"C'est parce qu'il est bien laid, que vous ne voudriez pas l'épouser ?"—" Non, mon frère, c'est parce qu'il est méchant. D'ailleurs, ne voyez-vous pas qu'il ne connaît pas Dieu, et qu'au lieu de le prier, il inet à genoux devant ce vilain singe."-"Il me vient une pensée," dit Jean; "si nous tuïons cet animal, ces sauvages verraient bien que ce n'est qu'une chétive créature " "Faisons mieux," reprit Marie; " prions Dieu de tuer lui-même le singe; alors on ne s'en prendra point à nous, et on ne nous fera pas mourir."

IV. Jean approuva ce que sa sœur proposait, et ils se nirent tous deux à prier Dieu. Ils étaient encore à genoux, lorsqu'ils entendirent de grands cris; et s'étant informés de ce qui y donnait lieu, on leur apprit que le grand singe venait de mourir. Les prêtres qui en avaient soin, dirent au roi que Marie et son frère étaient la cause

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