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>> produit sur le Suisse, à l'étranger, le simple air » pastoral (1) qu'il entendait sur les montagnes de >> sa patrie, exécuté par le cor des pâtres, et répété » par les rochers au bruissement des sapins agités par le vent, ou des eaux tombant en cascade, et >> au tintement des clochettes du bétail. »

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Bien des auteurs ont cru qu'un voyage ne méritait pas qu'on l'écrivît avec soin; ils se sont trompés. C'est toujours en raison de son utilité qu'un ouvrage doit être soigné. Le voyage doit paraître négligé et ne pas l'être; c'est l'artifice de la coquette: l'art de faire disparaître l'art. Celui-ci est écrit d'un style doux, sans prétention, et offre souvent des recherches curieuses et des détails charmants. Si la narration en était plus animée, plus soutenue, plus concise, on ne saurait lui donner trop d'éloges.

L'ouvrage est accompagné de jolies gravures qui retracent des sites de la Suisse. On distingue entre autres celle qui représente une vue du lac de Genève et le château de Chillon, si célèbre par la captivité de Bonnivard et par le poëme de lord Byron (2).

(1) On sait que le ranz-des-vaches a fait quelquefois sur les soldats suisses une si vive impression, qu'il leur á donné ce qu'on nomme le mal du pays, et les a engagés à déserter pour regagner leurs montagnes. Il était autrefois défendu de jouer cet air dans les régiments, et même de le siffler.

(2) Chillon! thy prison is a holy place, etc.

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M. Depping est membre de plusieurs sociétés savantes, et déjà connu dans le monde littéraire par

de bons ouvrages.

L.-V.

ROMANCE.

LES REGRETS D'EMMA.

Mon faible cœur que le chagrin dévore,
Ce cœur souffrant et surchargé d'ennui,
Dans le passé veut ressaisir encore
Ces biens si chers et déjà loin de lui.

Mais aussitôt la vérité cruelle
Vient m'arracher à ce rêve enchanteur,
Et découvrant son miroir trop fidèle,
Me rend, hélas ! à toute ma douleur !

Je chérissais si tendrement ma chaîne,
Pour moi ses soins avaient tant de douceurs!

Par un regard il dissipait ma peine,

Par un baiser il essuyait mes pleurs.

Aux malheureux il reste l'espérance;
Mais vainement, flatteuse déité,

Tu veux reprendre en mon cœur ta puissance,
J'ai tout perdu! l'amour seul est resté.

Mme. ÉLISA ***

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Mme. de Sartory vient de publier son troisième volume du Petit Tableau de Paris. Cette dame semble avoir commenté l'idée de Mlle. Necker, qui, à l'âge de quinze ans, disait, en parlant de son goût pour Paris: « Je compte mes printemps par mes hivers. Mme. de S. a su faire entrer d'une manière fort ingénieuse dans le tableau qu'elle fait de l'aspect matériel de cette cité, la peinture des mœurs d'une société sans laquelle Paris ne serait tout simplement qu'une fort grande ville. Je ne prétends point rendre compte de cette production, qui me semble devoir intéresser particulièrement les gens du monde; je ne me tirerai pas non plus d'affaire en employant les mots diction élégante, légèreté de style, finesse d'idées; phrases banales dont un journaliste, insouciant ou paresseux, bénit chaque jour l'invention: Je préfère donner une idée du style de Mme. de S., en rapportant une anecdote que je prends au milieu d'une foule d'autres, toutes également bien adaptées

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(1) Par Mme. de Sartory. Tome III. Chez Anthelme Boucher, Imprimeur-Libraire, rue des Bons-Enfants, No. 34; et Pélicier, place du Palais-Royal. Prix: 5 fr., et 5 fr. 50 cent. franc de port.

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au sujet : « L'abbé Maury, dit-elle, s'amusait souvent » à nous parler de l'avarice d'un homme de sa >> connaissance. Le rencontrant un jour à la prome» nade, l'abbé lui dit : Mon cher baron, que vous >> est-il donc arrivé? vous avez l'air triste et soucieux. Ah! la vie m'est à charge depuis que l'abbé » Terray a supprimé les tontines; autrefois je me » levais le matin, j'allais aux Tuileries, je demandais » les affiches, je voyais les morts, j'y trouvais quel, » qu'un de ma classe : c'était 15 fr., 30 fr. de rente » que j'avais gagnés; c'était un plaisir pour toute la

journée; ensuite j'allais dans les rues, je trouvais » un enterrement, je demandais, de qui est-il? C'é»tait justement quelqu'un de ma classe. A présent, » je rencontrerais quarante enterrements sans demander de qui ils sont. Je n'ai plus de goût à >> rien. >>

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J'avais corné quelques pages, je voulais signaler des incorrections; mais, en vérité, après avoir lu le passage suivant, je n'en ai plus trouvé la force : « En » général, beaucoup d'hommes parlent aujourd'hui » des femmes avec une légèreté révoltante, et quelquefois avec un mépris réfléchi; et puis on est >> surpris d'en trouver qui manquent souvent de » modestie, de délicatesse, et de cette élévation » d'âme qui devrait être pour elles un sentiment »‹ habituel. On marche sur des fleurs, et on s'étonne ensuite de les voir flétries! »

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PENSÉES.

La bienveillance est la fleur de l'amitié. -L'autorité des grands noms ne sert que trop souvent de rempart à l'erreur.

Il y a des erreurs accréditées qui mènent à la fortune, et des vérités solitaires qui nous en éloignent.

-Rien n'est agréable comme une amitié nouvelle.

Toutes les primeurs plaisent, et surtout celles du cœur.

Il y a des êtres méchants sans nécessité. On a vu des pies tourner autour des cages des pigeons, uniquement pour leur crever les yeux.

sable.

N'écrivez jamais vos secrets, pas même sur le

L'homme seul a divisé la terre en royaumes, Elle est pour le reste de ses habitants une patrie commune, qui n'a ni frontières, ni barrières, et où chaque espèce parle toujours le même langage et conserve les mêmes mœurs.

- On vient au monde comme on en sort, fermés.

les yeux

Les femmes qui ont la peau très blanche, l'ont rarement fine. C'est la consolation des brunes.

L'homme de bon sens lui-même est quelquefois forcé d'augmenter le déluge des écrits inutiles. -L'esprit humain gagne souvent à revenir sur ses pas; il retrouve des vérités qu'il avait perdues en

chemin.

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