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-On remarquait dernièrement, dans la boutique d'une fripière de la rue l'Évêque, un faisceau de foudres abandonnées, et reposant doucement sur un habit bariolé qui ressemblait assez à un costume d'arlequin, ou à celui d'un seigneur ultramontain.

-Les toilettes nouvelles, que le froid avait repoussées de Longchamp, se sont réfugiées aux concerts spirituels, et les yeux et les oreilles des dilettanti de vingt ans ont été agréablement occupés à Louvois.

La clôture des théâtres royaux est, à cette époque, une bonne fortune pour tous les théâtres secondaires; la foule s'y porte.... Qui le croirait, pourtant?... Mercredi... mercredi, malgré la Chercheuse d'esprit, les loges du Vaudeville étaient à louer; å la vérité, on jouait le Maître du château... Un plaisant, en sortant de cette représentation, disait qu'il ne voudrait point prendre une hypothèque sur ce château, parce que cette propriété n'était pas assurée. Il n'avait pas vu apparemment avec quelle ardeur les amis indulgents cherchaient à balancer l'effet d'un concert, qui sans doute ne paraissait pas spirituel aux auteurs de ce malheureux ouvrage.

- M. Ch. J. Lafolie, conservateur des monuments publics de Paris, publia en 1819 des Mémoires historiques relatifs à la fonte et à l'élévation de la statue de Henri IV. Le succès que ces Mémoires obtinrent à cette époque, fut attribué bien moins aux circonstances favorables où ils parurent qu'au mérite littéraire, à l'intérêt historique et aux notes curieuses et savantes qui distinguent l'ouvrage.

Les artistes, les savants, et les gens de lettres s'empressèrent de le placer dans leurs bibliothèques. L'édition, tirée à un nombre considérable d'exemplaires, est aujourd'hui presqu'entièrement épuisée, et l'auteur vient de déposer le peu qui lui en reste encore, chez le libraire Lelong, Palais-Royal, galerie de Bois, no. 233 (1).

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A voir comme on traite les employés dans la discussion du budjet, on pourrait les appeler les martyrs du gouvernement représentatif.

A la dernière soirée de M. le comte de Gr., pendant que les hommes se ruinaient à l'écarté, les femmes s'amusaient au jeu de Flore; un jeune officier de la garde, auquel la jolie Mme. de Gr. venait d'expliquer la manière de jouer ce jeu, lui remit, quelques minutes après, un paquet de cartes qui formaient l'impromptu suivant :

A voir cette taille mignonne,

Ce joli pied, cet œil fripon,
On dirait que Flore en personne
Vient de me faire la leçon.

(1) L'ouvrage est suivi d'un Appendice qui renferme toutes les pièces officielles relatives à la Souscription; et il est terminé par la liste de tous les Souscripteurs.

Un vol., format in-8°., orné de deux gravures et d'une planche. Prix: 5 fr. pour les Souscripteurs, et 8 fr. pour les non Souscripteurs.

(Mercredi 10 Avril 1822.-65c. LIVRAISON.)

L'ALBUM.

LA SUISSE, ou Tableau historique, pittoresque et moral des cantons helvétiques, par M. Depping (1), 1822.

« Combien avez-vous de pièces de théâtre? de» mandait Candide. — Cinq ou six mille.-Combien » en avez-vous de bonnes? Environ quinze oụ

» seize.

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C'est beaucoup, dit Martin. » On en peut dire autant des voyages.

Le récit des voyages a toujours été recherché en France: avant les croisades, les pélerins, à leur retour de la Terre-Sainte, les débitaient au petit peuple, accouru à l'aspect de leurs coquilles et de leurs bourdons; puis les seigneurs les appelèrent dans leurs châteaux pour apprendre quelque chose de cette terre de promission. Ces récits furent trouvés plus

(1) Quatre vol. avec 16 gravures; à la librairie d'éducation d'Al. Eymery, rue Mazarine, no.

65e. Livr. l'Alb. Tom. IV.

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intéressants que les tristes histoires de sorciers et de saints, que faisait l'aumônier, le soir, au coin du feu. La vie de château et les pélerinages éveillèrent prodigieusement le goût des relations romanesques : tout voyageur se fit menteur.

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Je ne sais si ce goût existe encore de nos jours à ce point; mais il est certain que la lecture des voyages est excellente. Il importe plus qu'on ne pense de connaître le contraste des passions et des principes chez tous les peuples, pour en être moins blessé chez soi, et ne pas devenir furieux comme Roland, chaque désappointement qu'on éprouve. L'écrivain qui voyage acquiert aussi une supériorité incontestable. Bernardin de St.-Pierre, qui ne savait décrire, comme il le dit lui-même, que ce qu'il voyait, avait beaucoup voyagé, et sa vie aventureuse a jeté sur ses ouvrages un reflet dont le charme est indéfinissable. Est-il rien de plus touchant que sa Chaumière indienne, et Paul et Virginie, où l'on trouve une philosophie si douce, et une sensibilité si profonde, unies à des images toutes neuves qui proviennent de la peinture de mœurs presqu'entièrement inconnues?

La plupart des voyages, antérieurs à trente ans, n'embrassent guère que tous les peuples de l'ancien continent, depuis la Chine jusqu'à l'Écosse: ce qui ne fait qu'un espace de cent quarante degrés de longitude, un peu plus du tiers du globe. Dans les deux cent vingt degrés qui restent à parcourir pour achever le tour, il y a plus d'eau que de terre, plus de poissons que d'hommes. Cela doit d'autant plus pi

quer d'émulation les voyageurs à venir, qu'ils auront quelque difficulté à donner du nouveau.

De son côté la Suisse a souvent été décrite; mais on l'a fait ordinairement avec ces infidèles généralisations qui concluent hardiment de la partie au tout, sans trop s'inquiéter si le berger diffère du cultivateur, le montagnard de l'habitant de la plaine, le Valaisan, qui vit au pied du Grimsel ou des Fourches, de celui qui habite les avenues du St.-Bernard. L'un, charmé de la simplicité de mœurs qui caractérise exclusivement l'habitant privilégié de quelques vallées reculées, crée pour toute la république un sécond âge d'or aussi fabuleux que le premier; l'autre, -épouvanté à la vue des cretins des environs de Sion, -peuple la contrée entière d'idiots et de goîtreux, décrit avec chagrin, censure avec amertume, et attriste le lecteur.

La Suisse est, pour les faiseurs de romans, une forêt enchantée où ils vont chercher des aventures: ils en trouvent beaucoup; le Solitaire, Manfred en sont sortis. C'est encore un des pays où l'ami de la nature et de l'humanité aime le mieux à voyager et à séjourner. On conçoit, dit M. D., comment le pâtre » suisse, au milieu de ses Alpes, peut rester indiffé» rent à ce qui se passe sur le globe, et n'aimer rien >> autant que ses pâturages, ses chalets, ses vallées, » où ses pères ont coulé une vie douce, calme, et » occupée comme la sienne. Où trouverait-il ailleurs » cet air pur et frais, cette végétation vivace, ces »eaux limpides et abondantes, ces paysages pitto» resques des Alpes? Qui ne sait quel effet a souvent

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