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Plusieurs planches de cet ouvrage ont déjà paru. La publication des autres aura lieu successivement.

Le soin et l'exactitude avec lesquels ces dessins sont exécutés, leur mériteront sans doute une place dans le portefeuille de l'artiste et de l'amateur, et le format sur lequel ils sont tirés les rend susceptibles d'être joints aux pièces imprimées auxquelles ils se rapportent.

Le prix de chaque planche est de 75 centimes; elles se vendent à la lithographie de G. Engelmann, rue Louis-le-Grand, no. 27.

VARIÉTÉS.

A sept heures, lundi, l'Opéra était comble: les jolies femmes, un peu paresseuses, furent réduites à aller au cintre; peut-être n'eurent-elles point à s'en repentir, la perspective y est charmante, et la Lampe Merveilleuse produit un effet magique de loin comme de près.

Les toilettes étaient fort négligées; on aurait dit qu'on était à un petit théâtre, et même à un de ses petits jours: dix ou douze élégantes seulement brillaient d'un vif éclat, et luttaient avec le soleil de MM. Ciceri et Daguerre; les autres étaient du parti de Timorkan, et ressemblaient aux filles des ténèbres.

Nourrit, soit à cause de la chaleur, soit par toute autre raison, n'a plus la voix aussi étendue et aussi pure qu'aux premières représentations; on dirait

qu'il fatigue en chantant, et il serait bien que Lavigne vint le seconder, et de temps en temps le remplacer. Mlle. Sainville est fort belle sur la scène; le rôle d'Almasie lui convient tout-à-fait. Elle est grande, bien taillée, elle a un port de princesse, et son action dramatique annonce de la passion et de l'âme; ses moyens la trahissent quelquefois dans les tons élevés; mais mieux vaut encore à notre avis des sons moins purs, avec un accent animé, que les roulades perlées d'un automate.

· Theatre des Variétés. - Pauline est ronde et courte dans le pied léger de l'Intérieur de l'Étude; elle devrait abandonner ce rôle qui lui est si peu avantageux, mais il faut qu'elle garde celui d'Annette dans la pièce ayant pour titre : le Code et l'Amour; elle y est fraîche, potelée, mignonne et charmante. Cependant, qu'un jeune homme riche de trente mille livres de rentes vienne mettre sa fortune à ses pieds! cela est rude par le temps qui court, et nous n'oserions donner à l'auteur d'une invention pareille un brevet d'observation de mœurs.

Potier, à propos de code, a cité la Charte; il a risqué le mot élection, et deux ou trois salves d'applaudissements ont montré qu'il y avait là des amateurs. Mallebranche eût dit : qu'est-ce que cela prouve?

Les Frères Féroces ont été sifflés, et ils le méritaient bien. C'est une rapsodie qui n'est plus de mode: plus courte de moitié, elle serait encore trop longue. Ce n'est plus assez de deux ou trois mots piquants pour faire passer vingt tristes quolibets.

Il y a des remarques que l'on a oublié de faire

sur la salle : les entrepreneurs sont si opulents qu'ils poussent l'économie jusqu'à la lésine; ils ont fait repeindre les loges et ils ont négligé le plafond: cela produit un effet désagréable de vieux et de neuf, qui choque les yeux. La peinture des loges mêmes et des colonnes est trop maigre et trop mesquine : on dirait l'ébauche d'un travail qui a besoin d'être achevé. L'arc de l'avant-scène est nu et terne; l'écusson qui le couronne est étroit et placé dans le haut comme un cerf-volant. Enfin le rideau a plutôt l'air d'un devant-de-cheminée, et il serait bon tout au plus pour un théâtre de marionnettes.

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A Angers on bâtit une salle de spectacle dans un ancien amphithéâtre de chirurgie. De mauvais comédiens vont remplacer d'excellents docteurs. Là où l'on disséquait il y a peu d'années des sujets obscurs, on va massacrer à présent Racine, Méhul et Molière.

-M. Batton vient d'arriver à Paris. Quel est-il? demandera-t-on. C'est un jeune homme qui a remporté à l'Institut le prix de composition musicale; qui est allé ensuite en Italie, en Allemagne, poursuivre ses classiques études; qui avait donné, avant son départ, la Fenétre secrète, à Feydeau, et qui, après avoir pris les leçons des grands maîtres de Rome, de Naples, de Vienne, de Paris, veut, se formant un genre à part, un système à lui, donner à notre Opéra quelque grand ouvrage de sa façon.

Fort bien! fasse le ciel qu'il trouve un bon poëme, qu'il écrive une belle partition, et qu'ensuite il n'éprouve pas mille obstacles et mille lenteurs pour faire représenter son œuvre, distribuer ses rôles, etc., etc.

M. Batton a vu toute l'Allemagne folle de Rossini. A peine apparaît-il à Vienne de temps à autre quelque peu de Mozart. Paris m'a bien l'air emporté par le même engouement; mais ce qui est remarquable, c'est qu'à Milan, aujourd'hui, ce n'est pas Rossini qui règne, c'est un étranger, c'est Maillarberg, arrivé de Berlin, et qui fait au-delà des Alpes pâmer tous les dilettanti!

M. Wolfram a donné un concert à Rouen. Cet artiste joue de la flûte, instrument, comme on sait, fort doux, mais qui porte à la rêverie. Après la flùte est venue la basse, après la basse le basson; le tout entrecoupé des chants d'une basse-tuille pleine, sonore et pathétique; en sorte que l'assemblée, aú milieu de cette mélodie un peu sourde, se croyait à un office des morts.

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- Par le plus beau temps du monde, au milieu d'une assemblée aussi nombreuse qu'élégante, Mme. Margat a fait mardi dernier sa majestueuse ascension à Tivoli. L'intrépide aéronaute, après avoir adressé ses adieux aux spectateurs, qui lui répondirent par leurs applaudissements, s'éleva rapidement dans l'air, disparut aux yeux... Cette fête extraordinaire a présenté un ensemble admirable... Mais parmi les spectacles qui attirent le plus nos dames, il faut citer les combats simulés de nos modernes gladiateurs, les hercules du nord... Les plus jeunes filles même se pressent pour les admirer... Qui osera maintenant blâmer le goût des femmes de l'ancienne Rome, quand il sera prouvé que c'est le même qui guide nos aimables Parisiennes?

( Jeudi 30 Mai 1822. — 77°. Livraison.)

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Lorsque le Salon s'ouvrit, de toutes parts un cri d'alarme se fit entendre sur la décadence de la peinture en France, et les critiques plus ou moins amères, plus ou moins intéressées, ne furent pas épargnées à la nouvelle école. Au milieu de ces voix confuses qui portaient, comme des échos obligés, le blâme en tous lieux, il eût été difficile de faire entendre les éloges que méritent des ouvrages du premier ordre....; mais la censure est sans doute satisfaite, et la voix de la vérité peut être écoutée maintenant.

Saint-Louis, médiateur entre le roi d'Angleterre et les barons (1); Ruth et Booz (2); Corine au cap de Misène (3); la mort d'Hypolite, les Amours de Sapho et de Phaon (4); Ariadne et Bacchus (5); les

(1) De M. Rouget.

(2) De M. Hersent.

(3) De M. le baron Gérard.

(4) De M. Guillemot.

(5) De M. Gros.

77o. Livr. l'Alb. Tom. IV.

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