Page images
PDF
EPUB

constamment la préférence. Les feuilles périodiques ou quotidiennes qui offrent le plus d'énigmes à deviner, le plus d'allusions à saisir, le plus de pathos et d'amphigouri, sont celles qui font fureur dans les régions de la pâle Phœbé.

Nous nous plaignons ici-bas de la légèreté des femmes; mais là-haut c'est bien une autre affaire! Les nymphes du domaine aérien sont diaphanes et fragiles comme des Sylphides et des Élodies; on dirait qu'elles voltigent sur les nuages, tant elles out le pied et la jambe lestes, et tant elles marchent avec adresse et rapidité. Il n'y a point de liens qui les puissent retenir, point de devoirs qui les asservissent. Elles ne parlent que de leurs droits, de leur pouvoir, de leurs desirs. Quoique faibles en apparence, elles sont (par le fait) fortes comme des Turcs; leur santé résiste à tout, et il faut que les plus braves leur cèdent, sans quoi tout serait en combustion. Elles se plaisent aux folles intrigues; elles ont fomenté plus d'une guerre; elles ne vivent que d'agitation, et il y a, dans l'orbite de la lune, plus d'un prince et plus d'un héros qu'elles mènent par le bout du nez.

vements,

Nous avons notre justice terrestre qui siège modestement sur les velours d'Utrecht, et s'efforce, comme on sait, de tenir ses balances en équilibre. Mais la Thémis céleste est plus libre dans ses mouet moins austère dans ses principes; si le matin elle se montre un moment avec la simple toge et le bonuet, elle est le soir en toilette galante; et à voir son odorante chevelure ou son manteau brillaut de paillettes d'or, ou reconnaît bien alors en elle une dame de cour et une déesse.

Enfin il paraît que dans la lune rien ne se retrouve de ce qui frappe ordinairement nos regards en Europe, en France et surtout à Paris. Tout ce qui chez nous est bien, là-haut est mal; tout ce qui là-haut est mal, chez nous est bien; c'est un renversement général, et qui est très propre à exciter la curiosité.

S'il nous tombe encore sous la main quelque gazette officielle de ce pays singulier, nous promettons de ne pas la laisser perdre, et d'en donner à nos lecteurs la traduction franche et fidèle.

ÉVARISTE.

www

VARIÉTÉS.

9

Presque tous les théâtres de Paris, à l'exemple du Gymnase, ont chacun leur petit prodige ; et voilà que ceux de la province suivent l'élan donné. Bordeaux, Marseilles, Nantes, ont vu des acteurs de à 10 ans, et de deux pieds et demi à trois environ. Troyes, à son tour, offre aux amateurs une merveille: c'est la petite Amélie d'Harmeville, qui aspire à balancer la réputation européenne de Léontine. Jamais l'espèce des Myrmidons ne fut, sur nos théâtres, plus en faveur qu'aujourd'hui.

-Le baron de G*. est un de nos abonnés qui observe le plus religieusement les caprices éphémères de la mode; il trouve tout naturel qu'on parle en riant de la peste et du massacre des Grecs, du budjet et des jeux de la Bourse, des débats de la chambre et des arrêts des cours d'assises; mais il veut

qu'on ne parle de la mode que très sérieusement : il n'y a pas à plaisanter avec lui súr ce chapitre.

-On vantait le goût exquis dont un jeune homme, qui touche au ci-devant, avait fait preuve dans le choix et dans l'arrangement de ses meubles. On remarquait pourtant qu'il y manquait un peu d'ordre et de propreté. Eh! mon Dieu, dit quelqu'un: il est comme les marquises d'autrefois, il aime à vivre dans la poussière (1).

On trouvait naguère, rue Saint-Marc, no. 2, de fort jolies modes chez Mlle. Armand, mariée à M. Delaunay; elle demeure maintenant rue de Richelieu, no. 60: en changeant de nom, en changeant de domicile, elle n'a changé ni de goût, ni de tact; et nous venons de voir chez elle des chapeaux qui seront sans doute remarqués à Longchamp par la grâce et l'élégance de leur forme!

-

ད་

Paris renferme un bon nombre d'êtres rares qui seraient tout-à-fait ignorés, s'ils ne prenaient eux-mêmes le soin de révéler leur miraculeuse existence par d'obligeants prospectus qu'ils font répandre partout avec profusion. C'est ce que vient de faire un M. Antonie, que l'on trouve toujours seul (2). Ce vaste génie offre aux deux sexes, et ses

:

ans,

(1) La remarque est fort juste en effet les femmes d'un rang supérieur auraient, il y a trente cru au-dessous d'elles de s'occuper du soin de l'intérieur de leurs maisons. Nos grandes dames d'aujourd'hui entendent mieux leurs intérêts, et elles savent qu'il n'y a ni vrai luxe, ni véritable élégance, sans un ordre parfait, sans une propreté très recherchée dans les meubles et la décoration des appartements. (2) Rue Montmartre, No. 154.

soins touchants, et ses précieuses découvertes. Hâtezvous d'en profiter; car c'est à ses connaissances profondes que l'on doit l'eau veloutée de Cypris, les pastilles de Capoue, la páte d'ébène, l'essence merveilleuse de Cythère, l'essence sublime du sérail, etc., etc. Nous renvoyons pour le détail des admirables propriétés de ces divers cosmétiques. Ce prospectus de M. Antonie présente des articles fort curieux, un entre autres sur les corsets de sú

'reté.

Le Moniteur annonçait dernièrement qu'un roulier de Felletin ( département de la Creuse), âgé seulement de 39 ans, avait eu 21 enfants d'une seule femme qui les avait tous mis au monde par deux et trois à-la-fois. Madame L***, qui connaît le système de M. Azaïs, dit en soupirant, après avoir lu cet article: « Voilà le compensateur de beaucoup de maris!

-Nous croyons devoir donner avis à une de nos jolies abonnées de la Chaussée-d'Antin, qui doit aller demain à Longchamp dans la calèche fond vert du jeune D*****, qu'un gros-major, arrivant de la Belgique, est attendu ce soir à l'un des hôtels de la rue de Richelieu.

(Samedi 6 Avril 1822.-64. LIVRAISON.)

L'ALBUM.

LES ÉQUILIBRISTES.

Un observateur, à Paris, découvre à tout moment des choses plus surprenantes, et dont il eût été d'abord à mille lieues de soupçonner l'existence.

Les monuments, les jardins, les musées, ne sont pas, à beaucoup près, ce qu'il y a de plus curieux. Ce qui est digne de recherche et d'étude, ce sont les mœurs, le mouvement des esprits, les coteries, les ligues, les associations, les congrégations qui s'animent, s'agitent, se combattent, se confondent, et, parfois, voudraient se cacher. Mais l'ocil perçant les devine, et s'amuse à tous ces spectacles.

On a vu les économistes, que l'abbé Galiani prétendit vouer à jamais au ridicule, mais qui depuis s'en sont bien relevés.

On a eu des notions exactes sur les initiés du GrandOrient, qui long-temps firent peur aux puissances avec leurs banquets symboliques, mais qui n'ont plus rien de l'importance que jadis on leur attribuait, et qui font hausser les épaules, avec la grávité de leurs rites, comparés au plaisant de leur objet.

64o. Livr. l'Alb. Tom. IV.

« PreviousContinue »