wwwwww LA PRÉVOYANCE. Un Gascon reçut un soufflet, Qui n'était pas donné, comme on dit, de main morte: Assurément. Hé bien, je vais vous satisfaire. » Pourquoi donc êtes-vous sorti ? Ah! sandis, lé tour est joli ; » Voyez un pu lé bon apôtre ! »Sans aucuné raison il mé donne un soufflet, » Et moi jé vidé lé parquet » Dé pur d'en attraper un autre. » RÉFLEXION. A combien de maux dans la vie Et, qui pis est, au médecin. H. VILARIERE. ÉPIGRAMME. Je viens de voir madame Saint-Julien : Mon Dieu ! comme elle a les dents blanches! Parbleu, vraiment je le crois bien, C'est son râtelier des dimanches. BRAZIER. (Samedi 27 Avril 1822.—70°. Livraison. ) wwww им L'ALBUM. SALON DE 1822. C'est la solennité des arts et souvent la ruine des artistes; c'est l'écueil de la réputation ou le marchepied de la fortune; c'est l'heure de la gloire ou de la honte; c'est l'instant où les doutes s'éclaircissent, où les craintes et les espérances se réalisent, où les triomphes d'atelier s'évanouissent en fumée, où les critiques de coterie cessent devant la faveur publique. Là, on prend le rang et la place qu'assignent les talents acquis. L'argent, les cadeaux, les médailles ne sont pas les plus nobles récompenses. Il y a une opinion souveraine qui se forme dans le mouvement; il y a un succès spontané que ni la brigue ni l'adresse ne peuvent jamais obtenir, et qui est le prix véritable auquel aspire l'homme généreux. Les grâces de l'autorité, les dons (quoiqu'utiles) des princes, ne sont qu'une règle incertaine pour classer les mérites divers. Le vrai juge ici, c'est la foule; c'est le flot de ce peuple inculte; c'est l'essaim de ces curieux que l'instinct pousse, qui s'exalte à l'aspect du sim70°. Livr. l'Alb. Tom. IV. 8 ple et du beau, que le sentiment seul inspire, que nulle intrigue ne séduit, que n'aveugle nul intérêt. Vous qui êtes sur le livret, et dont l'ouvrage est en spectacle, suivez de l'œil les groupes épars, écoutez bien les confidences que chacun se fait à l'oreille, consultez les signes de tête, voyez enfin, de bonne foi, si l'on passe ou si l'on s'arrête devant votre composition, et selon vos propres remarques, persévérez dans vos travaux ou jetez la palette aux vents. C'est dans la galerie d'Apollon que sont entassés les portraits, dessins, émaux, lavis, aquarelles, portraits de toutes les façons, portraits en pied, portraits en buste. Le dieu doit en être épouvanté, car il y en a d'épouvantables. Quelles figures enluminées! que d'autres qui poussent au noir ! que d'autres qui ont la jaunissc! que de bleu, de blanc et de rose! Hélas! que de couleurs perdues! on se demande lequel a le plus de courage, ou de tel visage qui se fait peindre, ou de l'artiste malheureux qui se condamne à peindre tel visage. Il y a beaucoup de beauté's nues, mais qui repoussent loin d'attirer. Quel art il faut pour faire braver les saintes lois de la pudeur! Montaigne a écrit quelque part qu'il fallait, pour agir sagement, que femme fit trève à modestie quand elle avait quitté sa jupe. Mais il parlait alors des droits et des devoirs de l'alcôve maritale, et il n'entendait pas donner cette leçon pour l'exposition du Musée. Ces Psyché devant leur écran; ces Hersé qui attendent Mercure; ces nymphes de la suite de Vénus qui sonnent l'heure du berger, ces Laïs en mol équipage, et ces prétendues innocences qui affrontent tous les regards, font dire mille impertinences, qu'un jury un peu plus sévère aurait aisément évitées. On ne pardonne qu'à Sapho (1) ou bien à la belle Ariadne (2) de se montrer à nous sans voile, et de nous initier aux mystères de leurs divines amours. Voici un singulier sujet : c'est Girodet peignant à la lueur d'une lampe antique son tableau de Pyg malion et de Galathée. Galathée est là dans un coin qui refait un peu sa toilette, c'est-à-dire que le modèle qui servit à peindre la déesse, remet ses bas et sa ceinture tout auprès du réchaud sacré. L'effet en est original, et M. de Juines, auteur de ce piquant ouvrage, sera payé non-seulement (comme nous le disions tout-à-l'heure) par les ducats de M. de Sommariva, mais par les groupes d'amateurs qui entourent le fruit de sa verve. Je lève les yeux au plafond, je vois le Temps qui vole sur les nuages et qui avertit les mortels de la vanité de leurs grandeurs; tout fuit, tout disparaît, tout tombe, et il ne reste sur l'abîme que l'œuvre adorée du génie! Vaste pensée, leçon sublime, que M. Mauzaisse a traitée avec ce talent supérieur et cette touche vigoureuse qu'il avait déjà fait connaître. Plusieurs portraits, demi-nature, qu'on voit (r) Tableau de M. Guillemot, destiné à la ville de Rennes. (2) Tableau de M. Gros, membre de l'institut. ROYAL de lui dans le grand salon, prouvent qu'il sait varier ses tons, et ne lui font pas moins d'honneur (1). M. Swebach vient avec sa Malle-Poste, sa Course départementale, et quelques autres scènes variées (2), qui nous font remercier le ciel de nous avoir renvoyé ce peintre du fond de la froide Moscovie, où je ne sais quelle spéculation l'avait fait naguère s'exiler. La Néva eût glacé sa veine, il serait mort pour les beaux-arts; il a bien fait de reparaître aux champs féconds de la patrie. C'est là qu'il vit sa renommée naître, s'élever et s'étendre. Je sais qu'un peu d'or ne nuit pas. Pourtant qu'il renonce aux voyages, qu'il vende au loin ses productions, rien de mieux, notre France y gagne, et je voudrais que tout le salon passât, à ce compte, l'Elbe et la Manche. Mais qu'il demeure, de sa personne, au milieu de ses vieux amis, et qu'il n'interrompe plus ses séances du soir au Caveau, où l'on voit arriver constamment Vatelet, Demarne, de Bucourt, et même aussi Carle Vernet. Mais, Vernet, que faites-vous donc? quoi! pas un tableau de M. Carle? qu'est donc devenu ce pinceau facile qui enchantait les connaisseurs? Le fauteuil de l'académie agit-il déjà sur vos sens? Mais non, vous avez travaillé, vous avez animé la toile; et c'est (1) Sous le n°. 915, on voit en robe noire une femme qui est celle de l'auteur. Cet ouvrage est sans contredit un des plus remarquables de l'exposition de cette année. (2) Il y a une Vue du Tyrol pour le musée de Lyon. |