Pour eux un tel ouvrage est un monstre odieux, Mais, bien que d'un faux zele ils masquent leur foi, blesse, Chacun voit qu'en effet la vérité les blesse: En vain d'un lâche orgueil leur esprit revêtu Mais pourquoi sur ce point sans raison m'écarter? Et, quelque grand que soit ton pouvoir souverain, Mais lorsque je te vois, d'une si noble ardeur, Nous faire de la mer une campagne libre; Et tes braves guerriers, secondant ton grand cœur, Et nos vaisseaux, domtant l'un et l'autre Neptune, finissant mon ouvrage, Et, sans passer plus loin, (1) Le roi se fit faire satisfaction dans ce temps-là des deux insultes faites à ses ambassadeurs à Rome et à Londres, et ses troupes envoyées au secours de l'empereur défirent les Turcs sur les bords du Raab. SUR LA SATIRE (1). QUAND je donnai la premiere fois mes satires au public, je m'étois bien préparé au tumulte que l'impression de mon livre a excité sur le Parnasse. Je savois que la nation des poëtes, et sur-tout des mau= vais poëtes (2), est une nation farouche qui prend fen aisément, et que ces esprits avides de louanges ne digéreroient pas facilement une raillerie, quelque douce qu'elle pût être. Aussi oserai-je dire, à mon avantage, que j'ai regardé avec des yeux assez stoïs ques les libelles diffamatoires qu'on a publiés contre moi. Quelques calomnies dont on ait voulu me noircir, quelques faux bruits qu'on ait semés de ma pers sonne, j'ai pardonné sans peine ces petites vengeances au déplaisir d'un auteur irrité qui se voyoit attaqué par l'endroit le plus sensible d'un poëte, je veux dire par ses ouvrages. Mais j'avoue que j'ai été un peu surpris du chagrin bizarre de certains lecteurs, qui, au lieu de se divertir d'une querelle du Parnasse dont ils pouvoient être spectateurs indifférents, ont mieux aimé prendre parti et s'affliger avec les ridicules, que de se réjouir avec (1) Ce discours parut pour la premiere fois en 1666, avec la satire IX. (2) Ceci regarde particulièrement Cotin, qui avoit pu blié une satire contre l'auteur. |