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Ces lignes définissent assez bien le système qui, à partir de 1841, fut appliqué en grand (107.000 hommes), et avec méthode, par le maréchal Bugeaud. Abd-el-Kader perdait sa smalah en 1843; en 1844, le chérif du Maroc, qui venait à son secours, fut battu sur l'Isly; en 1847, le chef redouté se rendait au général de La Moricière.

Cette guerre n'avait pas seulement entretenu l'esprit militaire de la nation, et permis au peintre H. Vernet de peupler de ses fresques colorées le musée de Versailles (créé en 1837). Elle avait donné à la France une colonie dont on tira réellement, avec le temps, un sérieux parti. Enfin, elle avait amorcé la reconstitution d'un empire colonial la France restait la première puissance mondiale après l'Angleterre. En 1870, on s'aperçut que ce n'était pas là un fait sans conséquence.

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universel. Journées de juin 1848. - Cavaignac.

Suffrage Louis-Napoléon

Bonaparte (10 décembre 1848). L'Assemblée législative (1849-1851). Coup d'État du 2 décembre 1851. L'Empire autoritaire.

Guerre de

II. POLITIQUe extérieure. Napoléon III et l'Europe.
Crimée (1854). Sébastopol (1855). Congrès de Paris (1856).
Orsini (1858). — Guerre d'Italie (1859). -
Thiers et l'Italie.

L'unité italienne, Rome.

- Colonies. Le Mexique (1863).

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III. POLITIQUE INTÉRIEURE. — L'Empire libéral. Les affaires. - Les es prits. Solidité de l'Empire.

La monarchie constitutionnelle avait fait quelques grandes choses. Au dehors, elle avait rouvert la voie de l'expansion coloniale. Au dedans, elle avait maintenu l'étatisme napoléonien, devenu d'ailleurs difficile à supprimer en France, mais elle avait su tirer souvent bon parti de la machine administrative au point de vue économique et intellectuel. Cependant, la révolution de 1830 avait déjà sapé dans l'armée et dans la nation la base sérieuse de ce gouvernement : le loyalisme. Et surtout le système qu'on avait adopté pour la représentation, en croyant imiter l'Angleterre, avait fait naître une opposition grandissante.

Au lieu qu'en Angleterre un ensemble d'institutions sagement incohérentes atténuait, et surtout masquait, le privi

1. La Gorce, Hist. de la deuxième République. Id., Hist. du deuxième Empire. Taine, Carnets de voyage.

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lège de la richesse, la Charte avait porté dans le régime constitutionnel les habitudes de précision imprudente qui caractérisent l'esprit français. Le système censitaire divisait crûment, brutalement, la nation en deux fractions, le pays légal et l'autre :

<< Pendant 35 ans, dira un orateur en 1850 (le général Cavaignac), les hommes politiques qui ont dirigé le pays, rédigé ses constitutions, ont imaginé ce qu'ils appelaient le pays légal... Cette fiction du pays légal est souverainement impuissante. Elle a bien pu taquiner, embarrasser, combattre, avec raison très souvent, le pouvoir; je ne l'ai jamais vue ni le fortifier ni le contenir; toujours, dans ces querelles plus ou moins sérieuses, qui s'élevaient entre le pays légal et le pouvoir constitué, à côté, derrière, après, venait cette masse de la nation qui ajoutait à tout cela [au moins par sa passivité] l'appoint d'une révolution nouvelle... >>

Il arriva naturellement que ce système attira les regards de l'opposition sur la propriété même. Les démocrates se bornaient à demander la suppression du privilège politique de la richesse. D'autres allaient jusqu'aux théories plus ou moins nuageuses qu'on commençait à appeler socialistes, et qui toutes tendaient à imaginer un état social dont la propriété héréditaire (c'est-à-dire, au fond, la famille) serait absente. Ces idées étaient répandues par l'action des sociétés secrètes et de la presse dans les milieux particulièrement disposés à les recevoir, par exemple dans les masses ouvrières que l'éclosion de l'industrie à machines commençait à grossir dans les villes, à Paris notamment 1. Il en résulte que le pouvoir central se trouvait à la merci de la plèbe de la capitale, à la moindre défaillance du pouvoir militaire. Dans les campagnes, il est vrai, la division extrême de la propriété foncière, résultat de la Révolution, rendait les paysans réfractaires à ces théories: ils acceptaient seulement d'assez mauvaise grâce, les changements brusques que la centralisation leur imposait. L'instabilité,

1. En 1848, Paris ne dépassait guère encore le chiffre de 1.000.000 d'habitants.

si préjudiciable au développement de la civilisation française, allait continuer.

I

Révolution et réaction.

Nous avons dit que le ministère Guizot avait indisposé contre lui une partie de la bourgeoisie même par sa résistance à toute modification électorale: la campagne des banquets devenait de plus en plus séditieuse. Le gouvernement, justement alarmé, finit par interdire le banquet préparé à Paris pour le 22 février 1848: ce fut le signal de l'émeute. Le roi Louis-Philippe montra tout de suite une pusillanimité qu'expliquait son grand âge, renvoya Guizot, laissa les troupes sans ordres. Le soir du 23 février, les soldats énervés ayant fait usage de leurs armes, les barricades se relevèrent. Le roi abdiqua tout de suite : il avait perdu en 1842, dans un accident de voiture, son fils le duc d'Orléans ; il abdiqua donc en faveur de l'enfant laissé par celuici, le comte de Paris. Mais la foule avait déjà envahi la Chambre des députés, réclamant la République, désignant des hommes pour un gouvernement provisoire; d'autres groupes avaient fait de même à l'Hôtel de Ville. La famille royale dut s'enfuir (24 février 1848).

Le nouveau gouvernement comprenait des rêveurs comme le poète Lamartine, des hommes qui s'étaient signalés dans la presse radicale, même des ouvriers ou soi-disant tels. Un de ses premiers actes fut d'accorder le droit de suffrage à tous les citoyens âgés de 21 ans au moins (4 mars 1848); la campagne commencée pour l'adjonction des capacités aboutissait ainsi à l'établissement du suffrage universel! Les socialistes avaient prévu ce qui en résulterait d'abord ils demandaient la prolongation du provisoire pour « convertir »> le pays. Mais le gouvernement se hâta de faire élire une Assemblée Constituante chargée d'organiser définitivement

FÉVRIER ET JUIN 1848

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les pouvoirs publics. Les petits et moyens propriétaires étaient encore disposés à voir dans les grands leurs représentants naturels. D'autre part, le clergé catholique conservait une influence considérable. Aussi, sur 800 députés, la plupart étaient-ils ouvertement ou timidement royalistes en tout cas hostiles à la Révolution.

Dès le début, ils furent donc antipathiques à la plèbe parisienne qui l'avait faite le 15 mai 1848, un premier attentat fut commis contre les députés. Chose plus grave, le gouvernement provisoire s'était laissé entraîner par les socialistes (qui proclamaient le droit au travail) à organiser des ateliers nationaux, où la foule entassée dans Paris était em. ployée par l'État à un travail inutile. L'Assemblée fut acculée par le désordre des finances à fermer ces ateliers (22 juin 1848); elle offrit aux ouvriers de s'enrôler ou d'aller travailler en Sologne. Aussitôt, la plus formidable insurrection qu'on eût encore vue éclata dans tout l'est de la capitale. Il fallut confier des pouvoirs dictatoriaux au général Cavaignac, ministre de la guerre, pour obtenir que l'armée, ulcérée depuis les humiliations du 24 février, donnât avec vigueur. L'action fut aussi sanglante que n'importe quelle bataille du premier Empire: sept généraux furent tués. Le 26 juin seulement, le faubourg Saint-Antoine se rendit. Le nombre des prisonniers était si grand que, pour ne pas ouvrir d'interminables procédures, beaucoup furent transportés par voie administrative.

Cavaignac conserva quelques mois le pouvoir. - Au dehors, des mouvements avaient déjà éclaté en Suisse, en Italie, avant le 24 février: le soulèvement de Paris avait achevé d'ébranler l'Europe, l'Autriche surtout. Un point attirait particulièrement l'attention des Français: Rome, d'où le pape Pie IX avait dû fuir devant la révolution. Cavaignac offrit de lui donner asile, sans aller jusqu'à proposer l'intervention armée réclamée par la droite. — Au dedans, il s'occupa de prévenir le retour des événements de juin, s'efforçant de ramener une partie de la population urbaine vers les campagnes, et de l'employer à la colonisation de

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